Fonction liouvillienne
En mathématiques, et plus précisément en analyse, les fonctions liouvilliennes sont un ensemble de fonctions plus générales que les fonctions élémentaires, obtenues à partir de celles-ci en itérant l'opération d'antidérivation. Elles ont été introduites par Joseph Liouville dans une série d'articles entre 1833 et 1841[1].
DĂ©finition
Partant de l'ensemble des fonctions élémentaires (fonctions à valeurs complexes d'une variable réelle) on construit successivement des ensembles (avec ) en appelant l'ensemble des primitives de , puis en appliquant à les opérations définissant les fonctions élémentaires (clÎture algébrique et clÎture par composition), obtenant ; les fonctions liouvilliennes sont celles appartenant à la réunion des .
Plus gĂ©nĂ©ralement, on peut prendre comme corps de base un corps diffĂ©rentiel quelconque (la dĂ©finition prĂ©cĂ©dente prend pour le corps des fractions rationnelles Ă coefficients complexes), et en introduisant Ă chaque Ă©tape de la construction de nouvelles fonctions « primitives » des prĂ©cĂ©dentes ( est une primitive de si , oĂč est l'opĂ©rateur de dĂ©rivation) ; la thĂ©orie algĂ©brique correspondante, appelĂ©e algĂšbre diffĂ©rentielle (en), permet en particulier de dĂ©montrer que certaines fonctions ne sont pas liouvilliennes, en gĂ©nĂ©ralisant le thĂ©orĂšme analogue sur les primitives de fonctions Ă©lĂ©mentaires.
Exemples
Par définition, toutes les fonctions élémentaires et leurs primitives sont liouvilliennes, en particulier les fonctions spéciales Si (sinus intégral) et Li (logarithme intégral) ou encore la fonction d'erreur .
On voit facilement par rĂ©currence que toutes les fonctions liouvilliennes sont solutions d'Ă©quations diffĂ©rentielles algĂ©briques (en), mais la rĂ©ciproque est fausse : en dehors de quelques cas particuliers, les fonctions de Bessel et les fonctions hypergĂ©omĂ©triques ne sont pas liouvilliennes[2]. A fortiori, les fonctions hypertranscendantes (en), comme la fonction gamma (c'est le thĂ©orĂšme de Hölder) ou la fonction zĂȘta, ne sont pas liouvilliennes.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Liouvillian fonction » (voir la liste des auteurs).
- Voir par exemple Joseph Liouville, « MĂ©moire sur l'intĂ©gration d'une classe de fonctions transcendantes », J. reine angew. Math., vol. 13,â , p. 93-118 (lire en ligne).
- (en) L. Chan, E.S. Cheb-Terrab, « Non-liouvillian solutions for second order Linear ODEs », Proceedings of the 2004 international symposium on Symbolic and algebraic computation (ISSAC '04), 2004, pp. 80â86 DOI 10.1145/1005285.1005299
Bibliographie
- J. H. Davenport, Towards Mechanized Mathematical Assistants, Berlin/Heidelberg, Springer, , 55â65 (ISBN 3-540-73083-4, lire en ligne ), « What Might âUnderstand a Functionâ Mean »