Fonction de Liouville
La fonction de Liouville, notée λ et nommée ainsi en l'honneur du mathématicien français Joseph Liouville, est une fonction arithmétique de la théorie des nombres, définie par[1]
oĂč Ω (n) dĂ©signe le nombre de facteurs premiers comptĂ©s avec multiplicitĂ© de l'entier n > 0 :
Par exemple 12 = 2ÂČ Ă 3, d'oĂč Ω (12) = 3).
Propriétés
- La fonction λ est complÚtement multiplicative car la fonction Ω est complÚtement additive. Par conséquent λ(1) = 1.
- Elle satisfait l'identitĂ© suivante, oĂč â» dĂ©signe la convolution de Dirichlet, 1 la fonction constante 1 et ÏC la fonction indicatrice de l'ensemble C des carrĂ©s parfaits :
En effet, ces deux fonctions de n sont multiplicatives et coĂŻncident clairement sur les puissances de nombres premiers. - La fonction de Liouville est l'inverse, pour â», de la valeur absolue de la fonction de Möbius ÎŒ.
Cette propriĂ©tĂ© se dĂ©duit de la prĂ©cĂ©dente en remarquant que ÏC â» |ÎŒ| = 1. - La sĂ©rie de Dirichlet de λ est reliĂ©e Ă la fonction zĂȘta de Riemann par la formule :
- La série de Lambert de λ est :
oĂč est une fonction thĂȘta de Jacobi.
Conjectures
Conjecture de PĂłlya
On note . PĂłlya avait conjecturĂ© en 1919[2] que ,ce qui fut rĂ©futĂ© en 1958 par Colin Brian Haselgrove[3]. Minoru Tanaka trouva en 1980 le plus petit contre-exemple n[4] - [2] : L (906 150 257) = 1. On a mĂȘme L(n) > 0,061867 ân pour une infinitĂ© d'entiers n[4]. On ignore si le nombre de changements de signes de L est fini[2], et pour cause : l'hypothĂšse de Riemann et la simplicitĂ© de tous les zĂ©ros de la fonction zĂȘta de Riemann en rĂ©sulteraient[4].
Autre conjecture (parfois attribuée à tort à Pål Turån) : si l'on définit , alors il semblait plausible que M(n) ℠0 pour n suffisamment grand, ce qui a été aussi réfuté en 1958 par Haselgrove[3] - [4]. Cette propriété, si elle avait été vraie, aurait entraßné, comme l'avait montré Pål Turån, la véracité de l'hypothÚse de Riemann.
Conjecture de Chowla
Une conjecture de Sarvadaman Chowla Ă©nonce que, pour nombres entiers strictement positifs tous distincts et nombres entiers strictement positifs avec pour , on a :
- quand ,
oĂč dĂ©signe le symbole de Landau.
La conjecture est vraie pour puisque équivalente au théorÚme des nombres premiers ; elle est ouverte pour .
En 2015, Kaisa MatomĂ€ki, Maksym Radziwill et Terence Tao ont rĂ©alisĂ© des progrĂšs, en ce qui concerne une version moyenne de la conjecture[5]. En 2016, Terence Tao a dĂ©montrĂ© une version logarithmique de la conjecture dans le cas [6]. Une conjecture similaire se formule de la mĂȘme façon, en remplaçant la fonction de Liouville par la fonction de Möbius.
Notes et références
- Suite âA008836 de l'OEIS.
- (en) Eric W. Weisstein, « Pólya Conjecture », sur MathWorld.
- (en) C. B. Haselgrove, « A disproof of a conjecture of PĂłlya », Mathematika, vol. 5,â , p. 141-145 (DOI 10.1112/S0025579300001480).
- (en) Peter Borwein, Ron Ferguson et Michael J. Mossinghoff, « Sign Changes in Sums of the Liouville Function », Math. Comp., vol. 77, no 263,â , p. 1681-1694 (lire en ligne).
- (en) K. MatomĂ€ki, M. Radziwill et Terence Tao, « An averaged form of ChowlaÂŽs conjecture », Algebra & Number Theory, vol. 9,â , p. 2167-2196 (arXiv 1503.05121)
- (en) T. Tao, « The logarithmically averaged Chowla and Elliott Conjectures for two-point correlations », Forum of Mathematics, Pi, vol. 4,â (DOI 10.1017/fmp.2016.6), 36 pages.