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Fonction d'Ă©tat

Une fonction d'état est une fonction de grandeurs appelées variables d'état, qui définissent l'état d'équilibre d'un systÚme thermodynamique. Les variables d'état sont par exemple la température , la pression , le volume ou le nombre de moles . Une telle fonction possÚde donc la propriété de ne dépendre que de l'état d'équilibre dans lequel se trouve le systÚme, quel que soit le chemin emprunté par le systÚme pour arriver à cet état. En particulier, au cours d'une transformation entre deux états d'équilibre, la variation d'une fonction d'état ne dépend pas du chemin suivi par le systÚme pendant la transformation, mais uniquement des états d'équilibre initial et final. Ceci permet de déterminer cette variation pour n'importe quelle transformation, y compris une transformation irréversible, en imaginant un chemin réversible pour lequel le calcul est possible.

L’énergie interne et l’entropie sont des exemples de fonctions d'Ă©tat. D'une façon gĂ©nĂ©rale, les potentiels thermodynamiques sont Ă©galement des fonctions d'Ă©tat particuliĂšrement importantes en physique et en chimie.

Quant au travail et Ă  la chaleur Ă©changĂ©s pendant une transformation, ils ne peuvent pas ĂȘtre assimilĂ©s Ă  la variation d'une fonction d'Ă©tat car ils dĂ©pendent de la nature de la transformation. Au cas gĂ©nĂ©ral, le travail et la chaleur sont plutĂŽt les fonctions de parcours parce que leurs valeurs dĂ©pendent du chemin parcouru entre l'Ă©tat initial et l'Ă©tat final du systĂšme. NĂ©anmoins, il existe des cas particuliers oĂč la chaleur et le travail ne dĂ©pendent plus du chemin suivi, qu'il soit rĂ©versible ou irrĂ©versible, lorsque les transformations s’effectuent soit Ă  pression constante (voir enthalpie) ou Ă  volume constant.

Mathématiquement, la possibilité de représenter une grandeur physique par une fonction d'état est liée aux propriétés de sa forme différentielle, c'est-à-dire sa variation dans une transformation infinitésimale autour d'un état d'équilibre.

Exemple de compréhension

ConsidĂ©rons la fonction altitude A lors d’une randonnĂ©e en montagne. L'« Ă©tat » du groupe de randonneurs peut ĂȘtre dĂ©fini par exemple, par ses coordonnĂ©es GPS permettant de le situer sur le chemin de randonnĂ©e. Supposons que pour aller d’un sommet (1) Ă  2 500 m Ă  un sommet (2) Ă  2 600 m, deux chemins s’offrent au groupe :

  • un premier chemin qui suit la ligne de crĂȘte presque au niveau des deux sommets ;
  • un deuxiĂšme chemin qui redescend dans la vallĂ©e Ă  500 m d’altitude.

La variation d’altitude ΔA est la mĂȘme pour les deux chemins :

  • ∆A = A(2) – A(1) = 100 m

La fonction altitude pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une fonction d’état de la randonnĂ©e. En revanche, les efforts consentis, travail et chaleur dĂ©gagĂ©e par les randonneurs ne seront pas identiques ! Ces grandeurs ne seraient donc pas des fonctions d’état mais des grandeurs liĂ©es au chemin suivi.

Variables d’état

Certaines fonctions d’état jouent un rĂŽle particulier dans la dĂ©finition des Ă©tats d’équilibre d’un systĂšme. Ce sont des grandeurs accessibles, Ă  l’échelle macroscopique, directement ou indirectement grĂące Ă  des instruments de mesure :

Ces fonctions d’état particuliĂšres sont appelĂ©es variables d’état d’équilibre d’un systĂšme thermodynamique.

Certaines de ces variables d’état sont des grandeurs intensives, comme la tempĂ©rature et la pression. Cela signifie qu’elles ne dĂ©pendent pas de l'extension du systĂšme, en d'autres termes de la quantitĂ© de matiĂšre du systĂšme.

Exemple : si on mĂ©lange deux bouteilles contenant 1 litre d’eau chacune, Ă  la tempĂ©rature de 20 °C, la tempĂ©rature finale est 20 °C et non pas 40 °C. Il en serait de mĂȘme avec la pression qui ne prĂ©sente pas non plus la propriĂ©tĂ© d’additivitĂ©. En revanche, le volume V final sera Ă©gal Ă  2 l. Le volume n’est pas une grandeur intensive mais une grandeur extensive qui dĂ©pend de l'extension du systĂšme et donc de la quantitĂ© de matiĂšre. La quantitĂ© de matiĂšre n, possĂšde elle-mĂȘme cette propriĂ©tĂ© d'additivitĂ© et est donc Ă©galement une grandeur extensive.

Les variables intensives sont importantes pour définir l'état d'équilibre d'un systÚme physico-chimique. En effet l'équilibre est atteint lorsque la valeur des variables intensives est homogÚne dans tout le systÚme et ne varie pas au cours du temps.

Remarque: Dans le cas des systĂšmes chimiques comportant plusieurs espĂšces chimiques en rĂ©action, une autre variable doit ĂȘtre prise en compte. Il s'agit de la variable de composition Ο qui permet de dĂ©terminer la composition du systĂšme chimique pour un avancement donnĂ© de la rĂ©action.

Équation d’état

Les variables d’état dĂ©finissant l’état d’équilibre d’un systĂšme, p, V, T, n, ne sont pas indĂ©pendantes. Elles sont liĂ©es par une relation appelĂ©e Ă©quation d’état du systĂšme, plus ou moins complexe.

Par exemple, l’équation d’état la plus simple est celle du gaz parfait. C'est le modĂšle idĂ©alisĂ© d'un gaz constituĂ© de particules suffisamment Ă©loignĂ©es les unes des autres pour considĂ©rer qu'il n'y a aucune interaction d'ordre Ă©lectrostatique entre elles ; cela implique que la pression est faible. Dans ces conditions, l'Ă©quation d'Ă©tat est indĂ©pendante de la nature chimique du gaz considĂ©rĂ© comme parfait. De nombreux gaz rĂ©els dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression vĂ©rifient, avec une excellente approximation, le modĂšle du gaz parfait ; c'est le cas des gaz constituants de l'air : le diazote (N2) et le dioxygĂšne (O2).

Elle s'exprime par la relation :

En mesurant T et p pour n (mol.) de gaz parfait on peut alors calculer le volume et définir parfaitement son état d'équilibre :

Pour dĂ©finir l’état d’une quantitĂ© donnĂ©e d'un gaz parfait (n fixĂ©), 2 variables indĂ©pendantes suffisent (cette propriĂ©tĂ© peut ĂȘtre Ă©tendue Ă  tous les corps purs, qu'ils soient solides, liquides ou gazeux).

Propriété fondamentale des fonctions d'état

Rappel de définitions mathématiques

La différentielle d'une fonction d'état, fonction de plusieurs variables indépendantes, est une différentielle totale exacte. Cela signifie qu'elle est égale à la somme de ses différentielles partielles par rapport à chaque variable. Pour une fonction de deux variables notée :

est la dĂ©rivĂ©e partielle de F par rapport Ă  x et de mĂȘme pour y.

Application : si F est fonction de plusieurs variables au cours d'une transformation, on peut décomposer cette transformation en plusieurs étapes de telle maniÚre que pour chaque étape une seule variable indépendante varie, ce qui rend l'étude plus simple. La variation globale de F sera égale à la somme des variations partielles de chaque étape et sera bien évidemment identique à la variation obtenue au cours de la transformation effectuée en une seule étape; toutes les variables variant simultanément.

Considérons une transformation définie par l'état initial A : F(A) ; x(A) ; y(A) et l'état final C : F(C) ; x(C) ; y(C).

On définit un état intermédiaire B : F(B) ; x(B) = x(C) ; y(B) = y(A).

On dit alors que la variation de la fonction d'état ne dépend pas du chemin suivi.

Calculons la variation de la fonction :

Remarque : L'ordre de variation des variables indépendantes x et y n'a aucune incidence sur le résultat. Cela se traduit mathématiquement par le fait que les dérivées secondes croisées de la fonction F par rapport à x et y sont égales.

Exemple d'application : cas du gaz parfait

On considÚre un gaz parfait dont l'état est donné par sa température T et sa pression p. Pour effectuer une transformation, on fait varier la pression ou la température du gaz de valeurs initiales notées et à des valeurs finales et . La quantité de matiÚre est considérée comme constante.

Cas du volume

L'Ă©quation d'Ă©tat du gaz parfait nous donne une expression explicite du volume en fonction de ces deux paramĂštres :

.

Le volume apparaĂźt donc comme une fonction d'Ă©tat. On peut calculer Ă  partir de cette expression la variation de volume du gaz pendant la transformation de l'Ă©tat initial vers l'Ă©tat final :

On peut vĂ©rifier qu'on retrouve la mĂȘme variation en suivant deux chemins diffĂ©rents pour la transformation. Pour le premier chemin, on fait varier la pression de Ă  en maintenant la tempĂ©rature constante et Ă©gale Ă  , puis on fait varier la tempĂ©rature de Ă  en maintenant la pression constante et Ă©gale Ă  puis l'inverse. Dans le second chemin, on procĂšde de la mĂȘme maniĂšre, mais en faisant varier la tempĂ©rature avant la pression.

Pour une petite variation infinitésimale de la pression et de la température, on peut écrire :

soit, en utilisant l'Ă©quation d'Ă©tat :

On considÚre les deux chemins différents définis par l'ordre de variation de p et T

  • Pour le premier chemin, on peut Ă©crire la variation totale de volume comme suit en faisant varier d'abord la pression :

ce qui donne

  • Pour le second chemin, on fait varier la tempĂ©rature en premier :

On retrouve le mĂȘme rĂ©sultat que pour le premier chemin, qui est Ă©videmment le mĂȘme que celui obtenu directement Ă  partir de l'Ă©quation d'Ă©tat.

Pour que la forme différentielle dV de la fonction V(T, p) soit une différentielle exacte, il faut que l'ordre de la dérivation de V par rapport à T et p soit indifférent ou encore que les dérivées secondes croisées soient égales, ce qui est le cas :

Cas du travail

En revanche, le travail des forces de pression dĂ©pend du chemin suivi, il ne peut donc pas ĂȘtre Ă©crit comme la variation d'une fonction d'Ă©tat, et le travail fourni au cours d'une transformation infinitĂ©simale n'est pas une diffĂ©rentielle exacte.

Nous avons établi précédemment la différentielle du volume d'un gaz parfait :

or le travail des forces de pression

donc la forme différentielle du travail associé à un gaz parfait, est égale à :

On peut démontrer que n'est pas une différentielle exacte en remarquant que les dérivées secondes croisées ne sont pas égales.

Ceci est confirmé par le calcul du travail fourni au cours de la transformation en suivant les deux chemins différents décrits précédemment. On trouve alors pour le premier chemin un travail fourni

et pour le second

Le travail total obtenu dans les deux cas envisagĂ©s est diffĂ©rent. Il dĂ©pend donc du chemin suivi et ne peut pas ĂȘtre Ă©crit sous la forme de la variation d'une fonction d'Ă©tat.

Remarque :

Si la pression est constante, le travail mis en jeu ne dépend plus du chemin suivi puisqu'il ne dépend plus que de la variation d'une variable d'état.

Cette propriĂ©tĂ© est similaire Ă  celle concernant la chaleur mise en jeu Ă  pression constante Ă©gale Ă  une variation d'enthalpie (ΔH = Qp) ou Ă  volume constant, Ă©gale Ă  une variation d'Ă©nergie interne (ΔU = Qv). Dans ces deux cas, la chaleur ne dĂ©pend plus du chemin suivi puisqu'elle est Ă©gale Ă  la variation d'une fonction d'Ă©tat. PrĂ©cisons qu'Ă  volume constant le travail des forces de pression est nul.

IntĂ©rĂȘt de la propriĂ©tĂ© des fonctions d'Ă©tat en thermodynamique

Les transformations rĂ©elles sont irrĂ©versibles et leur dĂ©roulement dĂ©pend de la façon de procĂ©der. Elles ne sont donc pas modĂ©lisables mathĂ©matiquement et le calcul des grandeurs thermodynamiques qui leur sont associĂ©es, est impossible. NĂ©anmoins, si cette grandeur est une fonction d'Ă©tat, sa variation ne dĂ©pend que de l'Ă©tat final et de l'Ă©tat initial d'Ă©quilibre. Pour calculer cette variation il suffit alors d'imaginer une transformation rĂ©versible, partant du mĂȘme Ă©tat initial pour aboutir au mĂȘme Ă©tat final que pour la transformation rĂ©elle. Cette transformation rĂ©versible est caractĂ©risĂ©e par une succession d'Ă©tats d'Ă©quilibres. Elle est modĂ©lisable mathĂ©matiquement et sa variation est donc calculable.

Cette variation est identique à celle observée pour la transformation irréversible et le problÚme est résolu.

En outre si la fonction d'état est fonction de plusieurs variables, on pourra décomposer la transformation en autant d'étapes intermédiaires réversibles qu'il y a de variables; chaque étape étant caractérisée par la variation d'une seule variable indépendante. Cela simplifie grandement les calculs.

Fonctions d’état usuelles en thermodynamique

Bibliographie

  • (en) Walter Greiner, Ludwig Neise; et Horst Stöcker, Thermodynamics and statistical mechanics, New York, Springer-Verlag, coll. « Classical theoretical physics », , 463 p. (ISBN 978-0-387-94299-5 et 978-3-540-94299-3, OCLC 30814519, lire en ligne), p. 25-32
  • Paul Arnaud, Cours de chimie physique, Paris, Dunod, , 529 p. (ISBN 978-2-10-001640-2, OCLC 2100016407).
  • Peter Atkins et Julio De Paula (trad. de l'anglais par Jean Toullec et Monique Mottet), Chimie Physique, Bruxelles, De Boeck, , 4e Ă©d., 973 p. (ISBN 978-2-8041-6651-9, BNF 43642948, lire en ligne), p. 47.
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