Fonction convexe-concave
En mathĂ©matiques, une fonction convexe-concave est une fonction dĂ©finie sur un produit d'espaces vectoriels rĂ©els, qui est convexe par rapport Ă la premiĂšre variable (quelle que soit la seconde variable) et concave par rapport Ă la seconde (quelle que soit la premiĂšre). Une fonction concave-convexe est une fonction dont l'opposĂ©e est convexe-concave. On rassemble parfois ces deux types de fonctions sous le vocable de fonction de point-selle, qui est donc une notion moins prĂ©cise (on ne dit pas si la convexitĂ© a lieu par rapport Ă la premiĂšre ou la seconde variable) et qui prĂȘte Ă confusion (ces fonctions n'ont pas nĂ©cessairement de point-selle).
Les fonctions convexes-concaves apparaissent en optimisation (le lagrangien en est un exemple), dans les problÚmes d'équilibre (théorie des jeux), etc.
Connaissances supposées : notions de fonctions convexe et concave, de sous-différentiabilité.
DĂ©finitions
Soient et deux espaces vectoriels sur l'ensemble des réels . On note la droite réelle achevée.
Fonction convexe-concave â Une fonction est dite convexe-concave, si
Une fonction convexe-concave est dite propre s'il existe un point tel que ne prend pas la valeur et ne prend pas la valeur (donc ) ; le domaine effectif de est l'ensemble des points vérifiant cette propriété ; on le note .
Fonction convexe-concave fermée
La dĂ©finition d'une fonction convexe-concave fermĂ©e ne doit pas ĂȘtre confondue avec celle d'une fonction convexe fermĂ©e. Si la fermeture d'une fonction (convexe) est Ă©quivalente Ă sa semi-continuitĂ© infĂ©rieure, la fermeture d'une fonction convexe-concave ne l'est pas. Cette derniĂšre notion est aussi plus gĂ©nĂ©rale (i.e., moins forte) que la semi-continuitĂ© infĂ©rieure par rapport Ă la premiĂšre variable jointe Ă la semi-continuitĂ© supĂ©rieure par rapport Ă la seconde variable. Elle donne en fait des conditions assez gĂ©nĂ©rales assurant la monotonie maximale d'un « opĂ©rateur dĂ©rivĂ© » associĂ©. On s'y prend de la maniĂšre suivante[1].
Fonction convexe-concave fermĂ©e â Soit une fonction convexe-concave.
- On note
la fonction telle que, pour tout , est la fermeture de la fonction convexe . De mĂȘme, on note la fonction telle que, pour tout , est la fermeture de la fonction convexe . - On dit que est Ă©quivalente Ă la fonction convexe-concave si
C'est une relation d'équivalence. - On dit que est fermée, si et sont équivalentes à , ce qui revient à dire que
Monotonie
On sait qu'une fonction réelle d'une variable réelle différentiable et convexe a sa dérivée croissante. Ce fait se généralise aux fonctions convexes propres, définies sur un espace vectoriel, par le fait que leur sous-différentiel est un opérateur monotone (voir ici). Le résultat ci-dessous[2] montre que l'on a aussi une relation de monotonie pour un opérateur sous-différentiel associé à une fonction convexe-concave.
On note le sous-différentiel de la fonction convexe en , le sous-différentiel de la fonction convexe en et le domaine de l'opérateur multivoque .
Monotonie â Soient et deux espaces vectoriels topologiques localement convexes sĂ©parĂ©s et une fonction convexe-concave propre. Alors, l'opĂ©rateur multivoque dĂ©fini en par
est monotone. De plus
L'opérateur introduit dans le résultat de monotonie ci-dessus est appelé l'opérateur monotone associé à . On vérifie aisément que
En particulier
Monotonie maximale
Dans cette section, on examine la monotonie maximale de l'opérateur monotone associé à une fonction convexe-concave introduit dans la section précédente. Cette propriété joue un rÎle essentiel dans le fait que l'inclusion puisse avoir une solution , ainsi que dans la convergence des algorithmes calculant de telle solution ; elle est en quelque sorte le pendant de la semi-continuité inférieure des fonctions en optimisation.
On commence par un résultat pour les fonctions convexes-concaves ne prenant que des valeurs finies[3].
Monotonie maximale I (fonction Ă valeurs finies) â Soient et deux espaces vectoriels topologiques localement convexes sĂ©parĂ©s et une fonction convexe-concave prenant des valeurs finies et telle que
- pour tout , est continue,
- pour tout , est continue.
Alors, l'opérateur monotone associé à est monotone maximal. De plus, pour tout , est un convexe non vide faible- compact de .
Sachant qu'une fonction convexe ne prenant que des valeurs finies et définie sur un espace vectoriel de dimension finie est nécessairement continue, on obtient tout de suite le corollaire suivant[4].
Corollaire (dimension finie) â Soient et deux espaces vectoriels de dimension finies et une fonction convexe-concave prenant des valeurs finies. Alors, l'opĂ©rateur monotone associĂ© Ă est monotone maximal et, pour tout , est un convexe non vide compact de .
Le rĂ©sultat de monotonie maximale ci-dessous gĂ©nĂ©ralise le prĂ©cĂ©dent en permettant la fonction convexe-concave de prendre des valeurs infinies. Cependant cette fonction doit ĂȘtre fermĂ©e et les espaces doivent ĂȘtre des espaces de Banach (l'un Ă©tant rĂ©flexif)[5].
Monotonie maximale II (fonction avec des valeurs infinies) â Soient et deux espaces de Banach dont l'un au moins est rĂ©flexif et une fonction convexe-concave propre fermĂ©e. Alors, l'opĂ©rateur monotone associĂ© Ă est monotone maximal.
Si est une fonction convexe-concave propre fermée, n'est pas nécessairement semi-continue inférieurement et n'est pas nécessairement semi-continue supérieurement[1], mais si l'on fait ces hypothÚses de semi-continuité quels que soient et , alors est fermée et on peut appliquer le théorÚme.
Corollaire (fonction sci-scs) â Soient et deux espaces de Banach dont l'un au moins est rĂ©flexif et une fonction convexe-concave propre telle que
- pour tout , est semi-continue inférieurement,
- pour tout , est semi-continue supérieurement.
Alors, est fermée et l'opérateur monotone associé est monotone maximal.
On peut encore particulariser le rĂ©sultat donnĂ© dans le corollaire prĂ©cĂ©dent au cas oĂč la fonction convexe-concave est obtenue par restriction Ă un produit de convexes et d'une fonction convexe-concave ne prenant que des valeurs finies.
Corollaire (restriction d'une fonction Ă valeurs finies) â Soient et deux espaces de Banach dont l'un au moins est rĂ©flexif et une fonction convexe-concave propre dĂ©finie en par
oĂč et sont deux convexes fermĂ©s non vides et est une fonction convexe-concave ne prenant que des valeurs finies et telle que, quels que soient , est semi-continue infĂ©rieurement et est semi-continue supĂ©rieurement. Alors, est une fonction convexe-concave propre et l'opĂ©rateur monotone associĂ© est monotone maximal.
Annexes
Notes
- Section 34 chez Rockafellar (1970a).
- ThéorÚme 1 chez Rockafellar (1970b).
- ThéorÚme 2 chez Rockafellar (1970b).
- Corollaire 1 chez Rockafellar (1970b).
- ThéorÚme 3 chez Rockafellar (1970b).
Articles connexes
Bibliographie
- (en) R.T. Rockafellar (1970a). Convex Analysis. Princeton Mathematics Ser. 28. Princeton University Press, Princeton, New Jersey.
- (en) R.T. Rockafellar (1970b). Monotone operator associated with saddle functions and minimax problems. In F.E. Browder, Ă©diteur, Nonlinear Functional Analysis, Part 1, pages 397â407. Symposia in Pure Math., vol. 18, Amer. Math. Soc., Providence, R.I.