Fodil El Ouartilani
Fodil El Ouartilani (en arabe : Ù۶ÙÙ Ű§ÙÙ۱ŰȘÙÙۧÙÙ) ; de son vrai noms Ibrahim Ben Mustapha El-DjazaĂŻri (en arabe : ۄۚ۱ۧÙÙÙ ŰšÙ Ù Ű”Ű·ÙÙ Ű§ÙŰŹŰČۧۊ۱Ù) est nĂ© le Ă At Ourtilane en Kabylie et dĂ©cĂ©dĂ© le Ă Istanbul en Turquie, Ă©tait un militant panarabe, penseur et militant anti-colonialiste algĂ©rien proche des FrĂšres musulmans.
Nom de naissance | Fodil El Ouartilani |
---|---|
Alias |
El-Ouartilani |
Naissance |
At Ourtilane (Kabylie) |
DĂ©cĂšs |
(Ă 53 ans) Istanbul (Turquie) |
Nationalité |
Algérienne Yémenite |
DiplĂŽme | |
Profession |
Ouléma Musulman Homme politique du Yémen Conseiller générale du Royaume Mutawakkilite du Yémen et de sa majesté le Yahya Muhammad Hamid ed-Din Secrétaire du Front de Défense de l'Afrique du Nord |
Activité principale |
Compléments
Conflit (coup d'Ătat de 1948 au YĂ©men du Nord)
Brillant orateur et homme de culture, il a été membre de l'Association des oulémas algériens. Il officie comme conseiller général de sa majesté Yahya Muhammad Hamid ed-Din, gouverneur du Royaume mutawakkilite du Yémen, et joue un rÎle central dans la révolution yéménite de 1948[1].
Biographie
Jeunesse et engagements en France
NĂ© le [2] Ă At Ourtilane, en Kabylie, Fodil el Ouartilani est issu dâune famille aisĂ©e, de tradition lettrĂ©e. Il fait ses Ă©tudes au "kuttĂąb", puis Ă lâĂ©cole franco-musulmane et dans les institutions religieuses fondĂ©es par les oulĂ©ma de sa ville natale. Il sâinscrit Ă l'universitĂ© Zitouna de Tunis et fait partie de lâentourage de cheikh Abdelhamid Ben Badis fondateur de lâAssociation des oulĂ©mas musulmans algĂ©riens, quâil prend pour maĂźtre. Aussi fait-il partie de cette association dĂšs sa crĂ©ation en 1931 et en devient un militant trĂšs actif. Vers 1934, l'association le dĂ©signe pour encadrer les expatriĂ©s algĂ©riens en France en les sensibilisant Ă l'idĂ©e nationale algĂ©rienne et aux idĂ©aux du rĂ©formisme musulman (Nahda) dâAfghani, Mohamed Abduh et Rachid Ridha. Il fonde ainsi une dizaine dâassociations et de clubs oĂč lâon apprend la langue arabe, lâhistoire musulmane, les rĂšgles Ă©lĂ©mentaires de la religion et de la morale, et les rudiments du nationalisme, insĂ©parable de lâarabisme et de lâislam. Son activitĂ© apostolique et militante le rend trĂšs vite suspect aux yeux des autoritĂ©s françaises qui cherchent dĂ©sormais Ă le neutraliser. Se sentant menacĂ©, il se rĂ©fugie clandestinement en Suisse, passe en Allemagne, se rend en Italie sous prĂ©texte de rencontrer personnellement le Duce, sâenfuit en GrĂšce pour enfin arriver Ă Port-SaĂŻd en Ăgypte, Ă la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Exil en Ăgypte
Il sâinscrit aussitĂŽt Ă al-Azhar pour justifier son sĂ©jour au Caire et Ă©chapper Ă la persĂ©cution des Anglais, lesquels, sur dĂ©nonciation française, pouvaient lâaccuser dâintelligence avec les forces de l'Axe. Il obtient la âAlimiyya et poursuit des Ă©tudes spĂ©cialisĂ©es dâabord Ă la FacultĂ© de thĂ©ologie puis Ă celle de la Sharia. Pendant ce temps il ne cesse son combat pour la cause nationale. En 1941, il est prĂ©sentĂ© comme le « prĂ©sident de la Mission des Ă©tudiants algĂ©riens au Caire » et fonde le « ComitĂ© de dĂ©fense de lâAlgĂ©rie » et participe avec le Tunisien Muhammed al-Khidhr ibn Husayn Ă la crĂ©ation du « Front de dĂ©fense de lâAfrique du Nord ». Pendant ce temps il frĂ©quente assidĂ»ment le siĂšge central des FrĂšres musulmans, celui des « Jeunes Musulmans » et le cercle politico-intellectuel de Chekib Arslan et du journaliste Muhammad Ali Tahir, câest-Ă -dire le point de ralliement de lâensemble des mouvements de libĂ©ration arabe, au Maghreb comme au Machrek. C'est durant cette pĂ©riode qu'il noue des liens solide avec les YĂ©mĂ©nites Muhammad Nouman et Mahmmud al Zubayri.
Implication dans la politique du YĂ©men
Ă la suite du rapprochement entre les FrĂšres musulmans et le rĂ©gime de l'imam Yahya (Yahya Muhammad Hamid ed-Din), Fodil part visiter le YĂ©men avec pour motif officiel la crĂ©ation d'une entreprise commerciale. AccompagnĂ© de lâarchĂ©ologue Ahmed Fakhry, lui-mĂȘme FrĂšre musulman, il pĂ©nĂštre dans lâentourage du prince hĂ©ritier Ă Taez et subjugue tout le monde. Il anime dans le pays une sĂ©rie de confĂ©rences et causeries littĂ©raires et a l'occasion de rencontrer les jeunes contestataires. Durant son sĂ©jour, il rencontre tous les responsables de lâĂtat, tous les grands oulĂ©ma, toutes les tĂȘtes de lâopposition et tous ceux qui souhaitent un changement de rĂ©gime, y compris des commerçants et des chefs de tribus. Il rĂ©dige le pacte national sacrĂ©[3] qui vise Ă instaurer un rĂ©gime parlementaire et rĂ©publicain Ă la mort de l'imam. Cette charte est approuvĂ©e par tous les opposants au rĂ©gime. Hassan el-Banna et el Ouartilani la soumettent au patron de la Ligue arabe Abdul Rahman Hassan Azzam ainsi qu'Ă certains hommes politiques dâĂgypte, de Palestine, de Syrie et dâIrak. Tous donnent leur aval, manifestent leur accord et promettent leur aide pour le futur gouvernement qui succĂ©dera Ă lâimam Yahya. Une rumeur propagĂ©e par le prince hĂ©ritier Ahmad bin Yahya, annonce la mort de l'imam. Les conspirateurs se montrent au grand jour et sont obligĂ©s de presser le coup d'Ătat. Le , lâimam Yahya est assassinĂ© et le nouveau rĂ©gime constitutionnel proclamĂ©. ConformĂ©ment au Pacte sacrĂ©, prĂ©maturĂ©ment annoncĂ©, le nouvel imam, le nouveau gouvernement et les nouveaux hauts fonctionnaires entrent en fonction. Fodil el Ouartilani est nommĂ© « Conseiller gĂ©nĂ©ral de lâĂtat yĂ©mĂ©nite ».
Fuite et Fin de vie
Le prince hĂ©ritier parvient Ă soulever les tribus contre la jeune rĂ©publique et reprend bientĂŽt la capitale devant des pays arabes hiĂ©ratiques. Fodil doit assurĂ©ment quitter le YĂ©men aprĂšs lâĂ©chec du mouvement dont il a Ă©tĂ© lâinstigateur. Il embarque sur le al-ZamĂąlek, mais Ă sa grande surprise il apprend quâil est « persona non grata » partout oĂč il va : les Britanniques Ă Aden, la police Ă©gyptienne et les autoritĂ©s libanaises lui interdisent de dĂ©barquer sur leur territoire. Pendant plusieurs mois, il sillonne les mers avec lâĂ©quipage du al-ZamĂąlek en adressant des dizaines de messages Ă tous ses amis, parmi lesquels se trouvent de hauts responsables en Ăgypte et au Liban, ainsi que les nationalistes nord-africains du Caire (Allal El Fassi, Habib Bourguiba, Abdelkrim al-Khattabi entre autres). Enfin, avec la complaisance de Riad el Solh, chef du gouvernement libanais, et lâintervention de hautes personnalitĂ©s arabes, al-Wartilani arrive finalement Ă se rĂ©fugier Ă Beyrouth en .
La lutte armée pour l'indépendance éclate en Algérie le 1er novembre 1954 et Fodil annonce son adhésion à la déclaration du FLN et se voue corps et ùme à cette lutte, à partir de son exil libanais. Il multiplie conférences, articles et interviews, au Liban comme en Syrie en faveur de la cause algérienne.
Il meurt le dans la solitude d'un hĂŽtel Ă Istanbul : « La mort lâa rejoint dans la solitude, exceptĂ© deux amis arabes qui ont assistĂ© Ă la modeste cĂ©rĂ©monie dâenterrement ; dans la pauvretĂ© exceptĂ© cinq guinĂ©es que les mĂȘmes amis ont distribuĂ©es aux pauvres prĂ©sents lors de lâenterrement »[4]
Postérité
Sa dépouille repose, depuis le , au cimetiÚre des martyrs de At Ouartilane.
« Je crois que câest le savant et combattant algĂ©rien Sayyid al-Fudhayl al-Wartilani qui a changĂ© le cours de lâhistoire du YĂ©men au XIVe siĂšcle de lâhĂ©gire (XXe siĂšcle), et quand il a mis les pieds sur la terre du YĂ©men câest comme sâil les avait posĂ©s sur le bouton de la marche de son histoire, il lui fit faire un tour dans une nouvelle direction. Car la rĂ©volution constitutionnelle de 1367/1948 est lâĆuvre dâal-Wartilani. » [5]
Notes et références
- http://cy.revues.org/44#ftn3 La quasi-intégralité de cet article a été rédigée à partir de cette source.
- Achour Cheurfi, La classe politique algérienne : de 1900 à nos jours : dictionnaire biographique, Casbah éditions, , 511 p. (ISBN 978-9961-64-292-4, présentation en ligne)
- http://cy.revues.org/44#ftn3 voir annexe
- Maqalih, 1988, p. 169
- ShĂąmĂź (1985) p. 194