Fernand Grégoire
Fernand Grégoire, né le à La Flèche (Sarthe) et mort le à Alger, est un journaliste socialiste et antisémite français.
Biographie
Fils d'Adélaïde Pinot et de Théodore-Édouard Grégoire, marchand-revendeur, Fernand-Alphonse Grégoire naît à La Flèche, rue Basse, le [1]. Il est tout d'abord apprenti puis ouvrier typographe[2].
Installé très jeune en Algérie, il y fonde en 1885 son propre journal, le Courrier de Blida, dans lequel il attaque vivement la politique du puissant sénateur-maire opportuniste de Blida, Alexandre Mauguin[3]. Il collabore également au Petit colon de Charles Marchal[4] et fonde Le Tocsin, journal socialiste révolutionnaire[5]. Recommandé par son ami Ernest Mallebay à Jules d'Armès, rédacteur en chef du Radical algérien, quotidien républicain intransigeant dirigé par Victor Basset[6], il en devient bientôt le secrétaire de rédaction. Entre 1888 et 1889, il y travaille avec le guesdiste Duc-Quercy, qu'il suit à Paris.
En , Grégoire aide le couple Duc-Quercy à organiser la fuite du nihiliste Stanislas Padlewski, recherché pour l'assassinat du général Seliverstov. Grégoire est encore à Palerme, d'où le fugitif a embarqué pour Malte, quand s'ouvre le procès des complices de cette cavale. Il est par conséquent condamné par défaut à huit mois de prison.
De retour en Algérie, où il prononce des conférences en tant que délégué du parti guesdiste[4], Grégoire reprend sa collaboration au Radical algérien et devient le rédacteur en chef du Bônois et du Progrès d'Algérie.
De sensibilité radicale-socialiste puis socialiste révolutionnaire[4], Fernand Grégoire est également un « antijuif » et milite pour le retrait du décret Crémieux[7] ainsi que pour la suppression du code de l'indigénat[8]. En , alors qu'il est déjà le vice-président d'une « Ligue socialiste des travailleurs » présidée par Émile Morinaud[9], il fonde la « Ligue socialiste antijuive », dont il prend la présidence. Cette fondation est saluée par André de Boisandré dans un article de La Libre Parole[8], journal dont le directeur, Édouard Drumont, est nommé président d'honneur de la ligue, de même que le marquis de Morès[10]. Le secrétaire de la ligue est Joseph Martin Saint-Léon (d) (1867-1913), futur collaborateur de La Libre Parole[11] et du Petit Caporal (sous le pseudonyme de « Bois-Gauthier »). L'organisation comptera bientôt entre 50 et 300 adhérents[12].
Grégoire se présente sans succès à plusieurs élections. En , il brigue un siège de conseiller municipal d'Alger. Au second tour, le , il est battu par le restaurateur Marius Jaumon (18..-1922), candidat soutenu par le maire Auguste Guillemin[13]. Le , Grégoire se présente à l'élection cantonale de la 4e circonscription d'Alger[14] mais il est battu par le radical André Serpaggi (d)[15], colistier de Guillemin soutenu par le journal Akhbar[16].
En 1893, Grégoire dirige la rédaction du Combat (puis Combat socialiste antijuif), qu'il relance en 1895 après avoir définitivement quitté le Radical algérien[17].
Phtisique, Fernand Grégoire meurt à l'âge de 33 ans. Sa tombe, au cimetière de Mustapha, devient quelques années plus tard un lieu de pèlerinage pour l'agitateur antisémite Max Régis et ses partisans[18] - [19], qui revendiquent l'héritage politique du journaliste[2].
Notes et références
- Archives de la Sarthe, état civil de La Flèche, acte de naissance no 16 du 28 février 1862 (vue 200 sur 229).
- Supplément illustré de l'Antijuif, 25 septembre 1898, p. 2.
- Ernest Mallebay, L'Écho d'Alger, 13 mai 1929, p. 2.
- Le Cri social, 26 avril 1891, p. 2.
- Le Turco, 17 mars 1895, p. 2.
- Émile Mermet, Annuaire de la presse française, 1886, p. 557.
- Fernand Grégoire, La Juiverie algérienne, Alger, 1888, p. 4.
- La Libre Parole, 21 août 1892, p. 2.
- Le Progrès de l'Algérie, 23 avril 1892, p. 2.
- La Libre Parole, 13 août 1892, p. 2.
- Le Combat socialiste antijuif, 29 mars 1895, p. 3.
- Bertrand Joly, Dictionnaire biographique et géographique du nationalisme français (1880-1900), Paris, Honoré Champion, 2005, p. 666.
- La Libre Parole, 19 octobre 1892, p. 3.
- La Libre Parole, 30 novembre 1893, p. 2.
- Le Constitutionnel, 20 décembre 1893, p. 1.
- Le Tirailleur algérien, 9 décembre 1892, p. 1-2.
- Le Combat socialiste antijuif, 15 mars 1895, p. 1.
- L'Aurore, 8 novembre 1897, p. 2.
- L'Intransigeant, 8 février 1899, p. 1.