Famille de Bruce
La famille de Bruce, initialement de Bruis puis de Brus, est une importante famille normande qui trouve son origine Ă Brix (jadis Bruis, 1042, 1198 et 1280), au sud de Cherbourg-en-Cotentin.
Maison de Bruce | ||
Armes de la famille. | ||
Blasonnement | D'or, au sautoir de gueules, au chef du mĂŞme | |
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Devise | Fuimus (Nous fûmes) | |
Période | XIe siècle - aujourd'hui | |
Pays ou province d’origine | Brix | |
Fiefs tenus | Skelton Annandale Carrick Liddesdale Clackmannan Elgin Kincardine |
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Demeures | Skelton Annandale |
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Charges | Roi d'Écosse Roi d'Irlande Vice-roi des Indes Gouverneur général du Canada |
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Fonctions ecclésiastiques | Évêque de Coutances | |
Histoire
En Normandie
Les Bruce restés en Normandie disparaissent du fief familial d'origine au plus tard en 1204, date à laquelle le roi de France Philippe Auguste, confisqua la châtellenie et la remit à Luce de Bruce, femme de Guillaume du Hommet (†1209)[1]. Le château de Brix construit par Adam Bruce, mal entretenu, se dégrada au fil des siècles. Guillaume de Brix, construisit après 1180 le château de la Luthumière. La baronnie de la Luthumière s'agrandit de ces domaines, c'est ainsi qu'apparut le nom de la forêt de la Luthumière[1].
En Angleterre, Écosse et Irlande
Dans le contexte de la conquête de l'Angleterre par les normands, une famille de Bruce s'installe d'abord en Angleterre au XIe siècle, avant de s'implanter en Écosse à partir de la première moitié du XIIe siècle, y formant ainsi l'un des plus puissants clans du pays.
Robert Ier Bruce est couronné roi d'Écosse en 1306. En 1326, l'Auld Alliance est renouvelée par le traité de Corbeil, entre Robert Ier Bruce et Charles IV le Bel.
La soeur aînée de Robert Ier devint reine consort de Norvège en épousant le roi Éric II de Norvège.
Un de ses frères, Édouard Bruce, lutte contre les Anglais en Irlande et est victorieux. Couronné roi d'Irlande en 1316, son règne ne dure pas. En 1318, il est vaincu par les Anglais à Dundalk et meurt au combat.
David II d'Écosse, fils de Robert Ier, succède à son père en 1329. À sa mort sans descendance directe en 1371, ce sont les Stuart qui héritent du trône.
Le mariage de Marjorie Bruce (fille aînée de Robert Ier) avec Walter, grand sénéchal d'Écosse, a en effet conféré la couronne d'Écosse à la Maison Stuart.
Ascendances de Robert Ier
Robert Ier (†1142), 1er lord d'Annandale, est le fondateur de la maison de Bruce[2]. Il a été dit, sans preuves et depuis plusieurs siècles, être le fils d'Adelme de Bruce (†1094), compagnon d'armes de Guillaume le Conquérant durant la conquête de l'Angleterre, qui aurait combattu à Hastings en 1066 pour devenir le seigneur de Skelton, époux d'Agnès de Sourdeval, dont il eu Robert (†1141/1142), Guillaume (†1155), prieur de Guisborough, Richard (†1131), évêque de Coutances, et Adam(†1143), seigneur de Brix qui bâtit le château fort laissant deux fils[3]. Mais Adelme de Bruce est considéré par certains auteurs comme une invention permettant de légitimer les prétentions des Bruce au trône d'Écosse en enjolivant son histoire[4].
Robert Ier est un allié d’Henri Ier Beauclerc, dont il est présumé avoir soutenu la conquête de la Normandie en 1105-1106. Peut-être aussitôt après la bataille de Tinchebray en , Henri Ier lui donne 80 manoirs dans le Yorkshire, principalement dans le wapentake de Claro[5], puis 13 manoirs de plus autour de Skelton, et quelques autres dans le comté de Durham. La seigneurie de Skelton, était l’un des points d’ancrage du contrôle normand dans le nord de l’Angleterre. Probablement en 1124-1125, le roi David Ier d'Écosse lui donne Annandale avec son château.
Son fils Adam (†1143) lui succède comme lord de Skelton. Il épouse Agnès, fille d’Étienne, comte d’Aumale. Ses descendants tiennent Skipton encore quatre générations après lui, jusqu’en 1272.
Robert II (†v. 1194), deuxième fils de Robert Ier, lui succède comme lord d'Annandale.
Robert de Bruce (Robert VI Bruce) (1243–1304), 6e lord d'Annandale et comte de Carrick (par son mariage), est le père de Robert Ier. Il accompagna Édouard Ier d'Angleterre lors de sa croisade de 1269/1270.
Références autour de Robert Ier
Le film Outlaw King, sorti sur Netflix en 2018, est consacré à l'histoire de Robert Ier Bruce.
Une marche militaire est connue sous le nom de « Marche des soldats de Robert Bruce ». Elle aurait été exécutée pour la première fois à la bataille de Bannockburn en 1314. La tradition nous enseigne que l'entrée de Jeanne d'Arc à Orléans en 1429 se serait faite aux sons des cornemuses et de cette marche[6].
Après David II
La plupart des branches de la famille Bruce existantes après le décès de David II descendent de Thomas Bruce, qui reçut de David II la seigneurie de Clackmannan. Si ce Thomas était indubitablement apparenté à la famille royale[7], sa filiation est indéterminée. Il pourrait être un petit-fils ou un petit-neveu de Robert Ier[8].
Ce Thomas Bruce laissa un fils, Robert (seigneur de Clackmannan), décédé avant 1389, qui est appelé dilectus consanguineus (cher parent) dans une charte que lui octroya en 1359 le roi David II Bruce. Ce Robert laissa trois fils dont les deux aînés, Robert et Edouard, furent les auteurs de deux grandes branches.
Les descendants de la première branche tiennent aujourd'hui les titres de comte d'Elgin (depuis 1633) et comte de Kincardine (1643), baronnets de Stenhouse (1628) et de Downhill (1804). C'est à cette branche qu'appartiennent notamment :
- Thomas Bruce (†1841), ambassadeur à Constantinople (et connu pour avoir transporté le décor sculpté du Parthénon d'Athènes à Londres) ;
- James Bruce (†1863), gouverneur général du Canada puis Vice-roi des Indes ;
- Victor Bruce (†1917), également Vice-roi des Indes de 1894 à 1899.
L'auteur de la seconde branche, Edouard Bruce de Clackmannan, épousa avant 1417 Agnès, héritière de la seigneurie d'Airth. Le rameau de la famille Bruce établi en France est issu de cette branche[9].
Branche française
Un rameau de la famille Bruce est venu se fixer en France au début du XVIIe siècle. Arrivé en France comme étudiant en 1602, Adam de Bruce fut engagé en 1608 par Charlotte-Brabantine d'Orange Nassau comme précepteur de son fils, Henri de La Trémoille, jeune duc de Thouars.
Adam de Bruce se maria le , avec postérité[9]. En 1633, Adam de Bruce reçut d'Angleterre des lettres patentes sur parchemin, le rattachant de manière authentique aux Bruce de Clackmannan, en Écosse. Ces lettres, octroyées à Holyrood House par Charles Ier, sont scellées du grand sceau royal d’Écosse. Elles sont accompagnées d'un extrait généalogique d'Adam de Bruce jusqu'à Robert, seigneur de Clackmannan[7].
Après leur naturalisation en 1634 et la reconnaissance de leur filiation (1715) les Bruce de France sont confirmés dans leur noblesse[9] et portent le titre de comtes de Bruce.
Cette branche a compté de nombreux militaires (notamment un capitaine des mousquetaires du roi au XVIIIe siècle, un chef d'escadron de cavalerie sous le Ier Empire, un lieutenant aviateur pendant la Première Guerre mondiale). Certains membre exercèrent également des charges à la Cour.
Il est également intéressant de noter que le Comte de Bruce descend, par les Croÿ, de Thomas Bruce, aristocrate jacobite et mémorialiste anglais.
Cette branche française subsiste encore de nos jours.
Une famille Bruce en Russie
Une famille, certainement issue des barons de Clackmannan et Airth, s'installe en Russie avant 1647 pour fuir les purges des Cromwell et chercher fortune ailleurs[10] - [note 1]. Elle fournit de nombreux cadres à l'armée russe et à la haute administration du jeune empire des Romanov[11].
Armoiries
La maison de Bruce portait d'or au sautoir de gueules, au chef du même. Aujourd'hui les différentes branches portent des armoiries issues de ce blason.
- Comtes d'Elgin et de Kincardine.
- Marquis d'Ailesbury.
- Comtes de Bruce (branche française).
- Barons d'Aberdare.
- Baronets Bruce, de Stenhouse.
Personnalités
- Robert Ier (†1142), 1er lord d'Annandale, est amené en Angleterre par le roi Henri Ier d'Angleterre après sa victoire décisive de Tinchebray en 1106. Il reçoit de lui de nombreuses terres dans le Yorkshire et le comté de Durham. Il est aussi l'un des Normands sur lesquels s'appuie le nouveau roi d'Écosse David Ier pour installer son autorité, son gouvernement et son administration. Il lui donne la seigneurie d'Annandale et son château, probablement dès 1124. En 1138, il participe à la bataille de l'Étendard qui voit la victoire des forces anglaises du roi Étienne d'Angleterre sur celles de David Ier d'Écosse.
- Adam Bruce, le fils aîné du précédent, lui succède dans ses fiefs anglais. Sa descendance s'éteindra en 1272 avec Peter Bruce connétable de Scarborough.
- Robert II (†1194 ?), 2e lord d'Annandale.
- Robert III (†av. 1191), épouse en 1183 une princesse scote, Isabelle de Dunkeld, fille naturelle de Guillaume Ier, roi d'Écosse.
- William Bruce (†1211/1212), 3e lord d'Annandale, succéda à son père Robert II.
- Robert IV dit le Noble (†entre 1226 et 1233), 4e lord d'Annandale, succéda à son père William. Il épouse Isabelle, fille de David, comte de Huntingdon, frère des rois Malcolm IV d'Écosse et Guillaume Ier d'Écosse. Ce mariage est à l'origine des prétentions de la famille au trône.
- Robert V dit le Compétiteur (†1295), 5e lord d'Annandale, fils de Robert IV, et prétendant au trône d'Écosse contre Jean Baliol en 1290.
- Robert VI Bruce (†1304), comte de Carrick, par son mariage. Son fils Robert VII Bruce sera finalement reconnu roi d'Écosse en 1306.
- William Bruce of Airth (†1490). Envoyé par Jacques III en France à la tête de troupes auxiliaires, il y eut une brillante conduite, si bien que Charles VIII le fit chevalier de l'ordre de Saint-Michel, lui permettant d'ajouter une fleur de lys à ses armes, et lui donna la seigneurie de Concressault, dans le Berry[7].
- James Bruce (†1794), diplomate, explorateur et géographe écossais.
- Robert de Bruce (†1917). Après avoir été blessé dans l'infanterie, il devient pilote de chasse en novembre 1916 pour continuer à combattre. Successivement à l'escadrille N69 et à la N75, lieutenant, il trouve une mort glorieuse, à l'âge de 27 ans, le , dans un combat aérien mené au-dessus des lignes ennemies, à Consenvoye. Il est décoré de la Croix de Guerre et de la Légion d'honneur[12].
Filiation
- En Normandie[note 2]
- Adelme de Bruce (†1094)
× Agnès de Sourdeval- Robert II(†1141/1142), seigneur de Skelton, branche d'Angleterre
- Guillaume (†1155), prieur de Guisborough
- Richard (†1131), évêque de Coutances
- Adam (†1143), seigneur de Brix, constructeur du château de Brix
- Guillaume (†1140)
- Pierre, seigneur de Brix
- Robert, seigneur de Brix
- Luce
Ă— Guillaume II, baron du Hommet (cf. famille du Hommet)
- Luce
- Guillaume (†1140)
- Branche d'Angleterre
- Robert Ier (†1142), 1er lord d'Annandale
- Adam Ier (†1143), lord de Skelton
- Adam II (†v. 1198), lord de Skelton
- Peter Ier (†1222), lord de Skelton
- Peter II (†1240), lord de Skelton
- Peter III (†1272), lord de Skelton
- Peter II (†1240), lord de Skelton
- Peter Ier (†1222), lord de Skelton
- Adam II (†v. 1198), lord de Skelton
- Robert II (†1194 ?), 2e lord d'Annandale
- Robert III (†avant 1191)
- William Bruce (†1211/1212), 3e lord d'Annandale
- Robert IV (†entre 1226 et 1233), 4e lord d'Annandale
- Robert V (†1295), 5e lord d'Annandale
- Robert VI (†1304), 6e lord d'Annandale, comte de Carrick
- Édouard (v. 1275-1318), comte de Carrick, roi d'Irlande en 1316
- Alexandre (†1333), illégitime, devenu comte de Carrick en 1330
- Robert VII (1274-1329), 7e lord d'Annandale, monte sur le trĂ´ne Ă©cossais en 1306 sous le nom de Robert Ier[note 3]
- Robert (v.1293-1332), lord de Liddesdale, enfant illégitime
- David II (1324-1371), roi d'Écosse (1329-1371)
- Marjorie (v.1296-1316), épouse Walter Stuart (v.1296–1327), 6e grand sénéchal d'Écosse
- Robert II Stuart (1316-1390), roi d'Écosse (1371-1390)
- Édouard (v. 1275-1318), comte de Carrick, roi d'Irlande en 1316
- Robert VI (†1304), 6e lord d'Annandale, comte de Carrick
- Robert V (†1295), 5e lord d'Annandale
- Robert IV (†entre 1226 et 1233), 4e lord d'Annandale
- Adam Ier (†1143), lord de Skelton
Notes et références
Notes
- William y choisit la carrière des armes, et finit colonel (†1680). Les deux fils de William, Romain et Jacques Bruce, s'illustrèrent aussi militairement. En 1721, Jacques Bruce fut élevé au titre de comte de l'Empire pour ses mérites militaires et fut dépêché avec le comte Ostermann pour négocier la paix de Nystadt (été 1721). À sa mort, le titre fut reversé à son neveu, Jacques Romanovitch.
- D'après André Davy[13].
- Le futur Robert Ier d’Écosse apparaît dans le film Braveheart, de Mel Gibson, en tant que « Robert le Bruce », héritier présomptif au titre de roi d’Écosse. Il est interprété par Angus MacFadyen.
Références
- Davy 2014, p. 66.
- A. A. M. Duncan, « de Brus, Robert (I), Lord of Annandale (d. 1142) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- André Davy, Les barons du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits et introuvables du patrimoine Normand », , 319 p. (ISBN 978-2-91454-196-1), p. 65.
- Emma Cownie, « Brus, Robert de (supp. d. 1094) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- Claro Ă©tait une centaine (en anglais : hundred ou wapentake) du West Riding du Yorkshire (cf. Riding).
- Patrick Gilles, Quand le Chardon d'Écosse sauva les Lys de France (1419-1429), Au Loup Éditions, , p. 167.
- Claude Pithois, De Normandie au trône d’Écosse, la Saga des Bruce, , p. 547
- Pour Medieval Lands, il serait un fils illégitime de Edward Bruce, Voir Bruces.
- Gustave Chaix d'Est-Ange, « Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle », tome 7, pages 238 à 242, Évreux, 1903-1929.
- Dimitri G. Fedosoc, « The First Russian Bruces », The Scottish soldier abroad, 1247-1967, éditeur : Grant G. Simpson (Edinburgh, Scottland: 1992 ; chapitre 5, p. 55 et suivantes.
- Illustrations de la Russie, Dmitri Bantish-Kamensky, 1821.
- Consenvoye, « Hommage au lieutenant aviateur Robert de Bruce », Plaque commémorative,‎ .
- Davy 2014, p. 65-66.
Voir aussi
Bibliographie
- Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 7, pages 238 à 242 Bruce (de), Évreux, 1903-1929
- Ruth Margaret Blakely, The Brus family in England and Scotland, 1100-1295, Boydell Press, 2005.
- Claude Pithois, De Normandie au trĂ´ne d'Ecosse, La Saga des Bruce, Editions Charles Corlet, 1998
Articles connexes
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :