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F… comme Fairbanks

F… comme Fairbanks[1] (également graphié F comme Fairbanks[2]) est un film français réalisé par Maurice Dugowson, sorti en 1976.

F… comme Fairbanks
Description de cette image, également commentée ci-après
Logo de l'affiche du film de 1976
RĂ©alisation Maurice Dugowson
Scénario Jacques Dugowson
Maurice Dugowson
Musique Patrick Dewaere
Roland Vincent
Acteurs principaux
Sociétés de production Caméra One
Gaumont
FR3 Cinéma
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Comédie dramatique
DurĂ©e 110 minutes
Sortie 1976

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le récit évoque un jeune chômeur, nourri de rêves et d'idéaux, qui perd les pédales au contact de la réalité et d'une passion d'amour désenchantée.

Synopsis détaillé

DiplĂ´mĂ© en ingĂ©nierie chimique et dĂ©gagĂ© des obligations du service militaire, AndrĂ© Fragman retourne auprès de son père, un projectionniste d'une petite salle de cinĂ©ma d'origine amĂ©ricaine et cinĂ©phile. Le jeune homme apprĂ©cie chaleureusement son père, qui surnomme son fils « Fairbanks Â» en hommage Ă  l'acteur Douglas Fairbanks, et s'installe dans son appartement après que sa petite amie, Sylvie, a refait sa vie durant son service militaire. Convaincu que son diplĂ´me d'ingĂ©nieur chimique peut lui ouvrir des portes et lui procurer du travail, il retrouve son ancien professeur et ami, Étienne Lambert, qui lui a promis des opportunitĂ©s. Mais durant l'absence d'AndrĂ©, la situation Ă©conomique très dĂ©favorable a Ă©voluĂ© et les promesses d'embauches de Lambert auprès d'AndrĂ© sont tombĂ©es Ă  l'eau.

Peu après, André retrouve un ami, Jean-Pierre, dans une salle de théâtre. Ce dernier, metteur en scène, vient de monter une nouvelle adaptation d'Alice au pays des merveilles. Durant les répétitions, il fait la connaissance de Marie, apprentie comédienne qui travaille à mi-temps dans une agence de voyages. Le courant passe immédiatement entre André et Marie, qui tombent amoureux. Alors que leur idylle démarre très bien, André n'arrive toujours pas à trouver un emploi dans le génie chimique, et les ennuis qu'il a connus dans l'armée compromettent ses chances. À mesure de ses échecs, André, d'un naturel optimiste et jovial, commence à perdre ses illusions et son moral baisse. Il se retrouve contraint de s'inscrire à l'ANPE et d'exercer des petits boulots tels qu'ouvrier sur un chantier, videur de boîte de nuit, porteur dans une gare de train ou employé dans un garage. La frustration d'André entraîne des crises de colère auprès de Marie, qui commence à supporter de moins en moins cette situation.

André retrouve son père, qui lui annonce qu'il va prendre sa retraite — la salle de cinéma où il travaille va fermer pour être détruite et remplacée par un mutliplexe — et se remarier. S'enfonçant de plus en plus dans la dépression, André décide de tout quitter et veut emmener Marie avec lui. Il la rejoint mais cette dernière, s'apprêtant à jouer la pièce, refuse de l'accompagner. Alors que Marie se trouve sur scène, André débarque en pleine pièce et tente d'emmener Marie de force avec lui, mais celle-ci parvient à se réfugier dans sa loge. Le jeune homme, en pleine crise, tente de pénétrer de force dans la loge en hurlant avant d'être maîtrisé. Blessé, André est emmené en ambulance. Dans son délire, il s'imagine avec Marie survoler Paris sur un tapis volant, comme Douglas Fairbanks.

Fiche technique

Distribution

Sortie et accueil

Ă€ sa sortie, F... comme Fairbanks connaĂ®t de bonnes critiques de la presse, qui salue notamment la prestation de Patrick Dewaere[4]. Le film ne connait qu'un accueil limitĂ© au box-office avec 429 966 entrĂ©es durant l'annĂ©e de sa sortie[5] et 458 557 entrĂ©es en fin d'exploitation, dont 194 311 entrĂ©es sur Paris[6]. Pour sa première annĂ©e d'exploitation, il se hisse Ă  la 87e place du box-office annuel[5].

Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : « BO hebdo France 1976 » sur Les Archives du box-office , d'après le CNC.
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
1du 5 au 1431 77731 777Vol au-dessus d'un nid de coucou
2du 12 au 1045 25877 035
3du 19 au 765 772142 807Le Sixième Continent
4du 26 mai au 963 480206 287
5du 2 au 1146 906253 193
6du 9 au 1036 953290 146Cadavres exquis
7du 17 au 1825 188315 334Taxi Driver
8du 23 au 2015 479330 813

Distinctions

RĂ©compense

Nominations

Ă€ noter

  • Second long-mĂ©trage de Dugowson avec une partie des mĂŞmes acteurs principaux, dont Patrick Dewaere, Miou-Miou et Jean-Michel Folon.
  • Le surnom donnĂ© par Fragman Ă  son fils est une rĂ©fĂ©rence Ă  l'acteur amĂ©ricain Douglas Fairbanks. « Les mythes correspondent Ă  leurs Ă©poques. Des Fairbanks, on n'en fait plus », dira Jean-Pierre, le metteur en scène, en expliquant Ă  Marie, qui est Douglas Fairbanks.
  • Quelques mois avant la production du film, alors que Miou-Miou vient d'ĂŞtre choisie pour le tournage du film D'amour et d'eau fraĂ®che, elle tente sans succès d'imposer Patrick Dewaere pour le premier rĂ´le[7] au rĂ©alisateur Jean-Pierre Blanc qui choisit Julien Clerc pourtant acteur inexpĂ©rimentĂ©. Le chanteur sĂ©duit Miou-Miou, laquelle rompt avec Patrick Dewaere. Le dĂ©chirement est profond et l'acteur va jusqu'Ă  « casser la figure » du chanteur. L'affiche du film F comme Fairbanks rĂ©unit cependant Miou-Miou et Dewaere dans une histoire oĂą la fiction rejoint la rĂ©alitĂ©. En 1992, dans le film de Marc Esposito, « Patrick Dewaere », Miou-Miou avoue combien ce tournage aura Ă©tĂ© Ă©prouvant pour elle et pour son ex-compagnon, un souvenir d'autant plus douloureux que l'acteur mettra fin Ă  ses jours quelques annĂ©es plus tard, en 1982.
  • Le , Philippe Caloni reçoit Patrick Dewaere sur France Inter pour la sortie du film La Meilleure Façon de marcher[8]. La journaliste Sophie Dumoulin prĂ©cise qu'il vient d'achever le tournage de F… comme Fairbanks de Maurice Dugowson. Il compare : « Dans le film de Claude Miller, je suis un type que rien n'abat alors que pour le film de Dugowson, je deviens fou Ă  la fin », soulignant combien les Ă©vĂ©nements dramatiques d'une existence peuvent affecter un ĂŞtre humain aussi fragile et sensible que le personnage de F… comme Fairbanks. Concernant sa technique d'acteur, Dewaere confirme qu'il refuse de « faire semblant ». Il prĂ©tend que ce serait plus simple et qu'il procĂ©derait ainsi par paresse. Il confirme littĂ©ralement vivre les Ă©motions du personnage et agir en fonction du rĂ´le. Il rĂ©fute en revanche, la notion d'improvisation et confirme un choix dĂ©libĂ©rĂ©, une rĂ©flexion et une certaine prĂ©paration.
  • Dans le documentaire « La ballade de Fairbainks »[9] rĂ©alisĂ© par Alexandre Moix en 2004, une archive dĂ©voile comment Patrick Dewaere incarne son rĂ´le. Dans l'interview, il s'exprime Ă  la première personne, comme si le personnage parlait par sa bouche : « Moi, je suis le contraire d'un Fairbanks; C'est ce qui m'agace, en fait. Moi, je supporte pas que mon père m'appelle Fairbanks toujours... Parce que moi, il m'arrive des ennuis tout le temps... ». Il tente de se reprendre aussitĂ´t et dĂ©clare que c'est un film oĂą, il ne cesse de tomber, il n'a pas de boulot, sa compagne vient de le quitter, ce qui l'affecte profondĂ©ment alors que selon lui, au contraire, Fairbanks rĂ©agit formidablement face aux Ă©vĂ©nements, il a une posture « de gagnant, de roi, de chef » et rien ne peut l'atteindre. Dewaere poursuit : « Alors que moi, tout me diminue complètement et je finis par devenir complètement dingue Ă  la fin. ».
  • Le mĂŞme documentaire met en Ă©vidence que pour Maurice Dugowson depuis longtemps, Patrick Dewaere lui faisait penser Ă  Douglas Fairbanks et que ce sujet a Ă©tĂ© Ă©crit spĂ©cifiquement pour lui. Film Ă  message social comme le prĂ©cĂ©dent (Lily aime-moi), F comme Fairbanks traite Ă  nouveau du chĂ´mage, comme flĂ©au majeur de notre Ă©poque.
  • Selon, le scĂ©nariste Jacques Dugowson, mĂŞme un hĂ©ros Ă  la carrure de Fairbanks aurait Ă©tĂ© totalement handicapĂ© dans une telle sociĂ©tĂ©, ce qu'entend de dĂ©montrer le film. Le documentaire prĂ©sente l'extrait d'une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision oĂą Dewaere, interrogĂ© en plateau par Michel Drucker au sujet du film, dĂ©clare : « ĂŞtre chĂ´meur, ça finit par taper sur la tĂŞte d'un mec ». Il ajoute que c'est un phĂ©nomène qu'on vit comme un Ă©chec personnel.
  • Le producteur Michel Seydoux relate qu'il existe « une certaine souffrance dans ce film », Ă  l'opposĂ© du film prĂ©cĂ©dent, Lily aime-moi. Une douleur que ressent aussi Michel Piccoli devant interprĂ©ter un rĂ´le plutĂ´t antipathique et qui hĂ©site avant d'accepter le rĂ´le qui sort quelque peu du genre de ses films d'alors, parmi lesquels on remarque ceux de Claude Sautet comme le souligne le scĂ©nariste.
  • Le producteur prĂ©cise qu'en phase de prĂ©paration du film, le couple est alors encore uni. Ă€ quelques jours du dĂ©but du tournage, Miou-Miou est sĂ©duite par Julien Clerc. Le couple va alors vivre et interprĂ©ter en parallèle sur les tournages et hors des plateaux, leur sĂ©paration.
  • Pour Jean-Michel Folon, c'est le plus beau film de Dewaere car il est chargĂ© d'Ă©motions vĂ©cues. Il rĂ©vèle que le soir, après le tournage, la toute petite fille nĂ©e de l'union avec Miou-Miou doit tantĂ´t repartir avec l'un ou l'autre de ses parents, ce qui est dĂ©chirant pour toute l'Ă©quipe. La tragĂ©die perceptible dans leur interprĂ©tation se mĂ©lange aux faits rĂ©els de leur propre existence, ce qui procure au film, selon Folon, une particulière intensitĂ©.
  • Lors d'une interview, Miou-Miou qui dĂ©clare que « Dewaere est l'un des plus grands acteurs » qu'elle a jamais connu, prĂ©cise que devant la camĂ©ra, le couple qu'elle formait avec Dewaere Ă©tait Ă  l'unisson, en Ă©cho et en parfaite harmonie d'interprĂ©tation, y compris en improvisant parfois. Mais rĂ©pondant Ă  cette remarque de Miou-Miou, Dewaere met en lumière que l'improvisation est relativement limitĂ©e au jeu d'interprĂ©tation, du fait de la lourdeur des tournages, de la camĂ©ra, de la lumière et de la scĂ©nographie. La force intense du drame personnel que vit alors Patrick Dewaere trouve son paroxysme dans l'une des scènes essentielles du film, lorsqu'il surgit sur une scène de théâtre, interrompt la pièce oĂą le personnage que Miou-Miou joue en public et l'entraĂ®ne en coulisse devant tous, pour rĂ©gler ses comptes avec elle. Jean-Michel Folon prĂ©cise que quelques instants avant de tourner ce long plan, Dewaere dĂ©clare au rĂ©alisateur qu'il ne sera en mesure de faire qu'une seule prise, compte tenu de l'intensitĂ© dramatique de la sĂ©quence. L'acteur dĂ©clare Ă  Dugowson : « Je vais tout donner... Arrange-toi pour qu'il n'y ait personne sur mon passage ». Lors de la scène, il hurle et se prĂ©cipite Ă  plusieurs reprises, la tĂŞte en avant contre une cloison, sans qu'il soit possible d'ĂŞtre doublĂ© par un cascadeur.
  • Lors d'interruptions du tournage sur un plateau, Patrick Dewaere patiente en jouant quelques airs sur un piano laissĂ© lĂ  pour la dĂ©coration. Il compose alors directement ce qui va devenir le thème musical du film, au milieu de l'Ă©quipe technique et de production. Comme le relate le producteur, Ă  la fin du morceau, une larme coule sur sa joue.
  • Jean-Michel Folon dĂ©voile que durant cette pĂ©riode, l'acteur lui a confiĂ© s'ĂŞtre retrouvĂ© tout seul Ă  la cathĂ©drale Notre-Dame de Paris, au milieu de la nuit pour prier. Le documentaire s'achève sur une phrase de Jean-Michel Folon, son ami : « Patrick Ă©tait une flamme. Une flamme, c'est fragile et ça peut s'Ă©teindre au moindre courant d'air. Et il y a eu un courant d'air... Et Patrick s'est Ă©teint ».

Notes et références

  1. Graphie utilisée dans le film et dans certaines encyclopédies.
  2. Affiche du film et autres encyclopédies.
  3. « F... COMME FAIRBANKS — Visas et Classification », sur CNC.fr, (consulté le ).
  4. « F... comme Fairbanks (1976) : fiche du film », sur dewaere.online.fr (consulté le ).
  5. Fabrice BO, « Box-Office Annuel 1976 », sur Les Archives du Box-office, (consulté le ).
  6. Renaud Soyer, « Box-office PATRICK DEWAERE », sur Box Office Story, (consulté le ).
  7. (fr) Karin, « Miou-Miou compagne de Julien Clerc », sur julienclerc.net,
  8. « Entretien avec Patrick Dewaere » dans l'émission Inter actualités de 13h sur France Inter, le 1er mars 1976, sur le site de l'INA
  9. Fiche IMDB du documentaire d'Alexandre Moix : La ballade de Fairbanks

Liens externes

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