Fédération internationale des journalistes
La Fédération internationale des journalistes ou FIJ (en anglais, International Federation of Journalists ou IFJ) est une fédération syndicale internationale qui rassemble plus de 600 000 professionnels des médias dans 187 syndicats et organisations dans 146 pays du monde[1]. Son siège social est à Bruxelles (155, rue de la Loi).
Fédération internationale des journalistes | |
Situation | |
---|---|
Région | International |
Création | 1926 |
Type | Fédération syndicale |
Domaine | Liberté de la presse, droits des journalistes |
Siège | Bruxelles |
Langue | anglais, français, espagnol |
Organisation | |
Membres | 600 000, issus de 187 organisations dans plus de 140 pays |
Président | Dominique Pradalié (d) |
Secrétaire général | Anthony Bellanger |
Site web | https://www.ifj.org/fr.html |
Elle est membre associée de l'Unesco[2] et représente les journalistes auprès des Nations Unies depuis 1953 (ONU/OIT). Elle travaille avec la Confédération syndicale internationale et la Commission syndicale consultative auprès de l'OCDE.
La Fédération est présidée depuis le par Dominique Pradalié (d) qui succède au journaliste et syndicaliste marocain Younès Mjahed (d) et a pour secrétaire général Anthony Bellanger[3], journaliste et syndicaliste français.
La Fédération délivre aux membres de ses organisations affiliées qui en font la demande la carte de presse internationale, la seule carte de presse approuvée par les groupes de journalistes nationaux dans plus de 130 pays[4].
Histoire
La Fédération internationale des journalistes est fondée en 1926 à Paris, à l’initiative du Syndicat national des journalistes (SNJ). Elle rassemble alors environ 25 000 journalistes issus d’une vingtaine d’États et a pour premier président le grand reporter français Georges Bourdon. Ses bureaux se trouvent alors à Paris[5].
Avec l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, la Deuxième Guerre mondiale met de fait fin aux activités de la Fédération à Paris. Quelques syndicats décident alors de former à Londres la Fédération internationale des journalistes des pays alliés ou libres (FIJPAL), dont le premier congrès a lieu en 1941. La FIJPAL est dissoute en 1946, au terme du conflit mondial, et devient alors l’Organisation internationale des journalistes (OIJ)[5].
Sous l’effet de la Guerre froide, la Fédération internationale des journalistes est relancée en 1952 lors d’un Congrès mondial à Bruxelles auquel participent 49 délégués. Elle sera concurrencée par l’OIJ, basée à Prague et composée essentiellement de syndicats nationaux de journalistes d’Europe centrale et orientale et de pays en développement, jusque dans les années 1990.
La FIJ est reconnue officiellement par le Conseil économique et social des Nations unies[6] (Ecosoc) et par l’Unesco[2].
En 1954, à Bordeaux, le deuxième Congrès de la Fédération aboutit à l’adoption par 21 syndicats issus de 18 pays et représentant plus de 43 000 professionnels des médias du Code de principe de la FIJ sur la Conduite des journalistes[7], le premier texte déontologique pour les journalistes à bénéficier d’une reconnaisse internationale[5].
La mort progressive de l’OIJ dans les années 1990 donne un nouvel élan à la FIJ, qui se nourrit des adhésions de syndicats nationaux d’États non-alignés ou appartenant à l’ex-bloc soviétique. À cette période, la Fédération amorce aussi un mouvement de régionalisation et encourage la formation de bureaux régionaux en Europe, en Afrique, en Asie-Pacifique et en Amérique latine[5].
En 2019, le 30e Congrès de la Fédération est organisé en Tunisie, à Tunis, un choix historique : c’est la première fois qu’il se déroule en Afrique et dans le monde arabe[8]. À cette occasion, 300 délégués issus de plus de 100 pays adoptent la Charte mondiale d’éthique des journalistes[9], qui renforce les normes définies par le Code de principe de 1954[10].
Priorités et campagnes
La Fédération internationale des journalistes soutient et coordonne l’action des syndicats de journalistes à travers le monde dans la défense de leurs droits et la promotion de la liberté de la presse[1].
Elle lutte pour l’amélioration des conditions de travail des journalistes et de leurs droits : liberté d'expression, rémunération équitable, stabilité de l’emploi et salaire décent, égalité femmes-hommes et lutte contre toute forme de discrimination, protection des droits d'auteur, liberté syndicale, sécurité… En ce sens, elle fait campagne pour l’adoption de normes visant à protéger les droits des journalistes et renforcer les conventions collectives[1].
La situation des journalistes indépendants est au cœur des préoccupations de la FIJ qui encourage notamment ses affiliés à les intégrer dans leurs structures[11].
La Fédération lutte contre les différentes menaces qui pèsent sur la liberté de la presse : concentration des médias, lois liberticides, censure, intimidations, impunité autour des assassinats de journalistes[12]…
Égalité femmes-hommes
La Fédération défend l'égalité entre les femmes et hommes journalistes dans les rédactions et sur le lieu de travail, dans les syndicats et dans le contenu de l'information[13].
Le Conseil du genre de la FIJ est composé de représentants et représentantes des affiliés de la FIJ et a été créé en 2001. Il s’agit d’un organe consultatif qui fixe les priorités de l'organisation en termes d'égalité femmes-hommes et de représentation des LGBTI[14].
Les objectifs de la FIJ pour instaurer l’égalité comprennent : l’égalité salariale, l'accès des femmes aux postes à responsabilité à la fois dans les médias et dans les syndicats, la conciliation vie privée-vie professionnelle, la lutte contre toute forme de harcèlement, discrimination et violence à l'encontre des femmes journalistes, une représentation équilibrée et non biaisée des femmes et des hommes dans le contenu informatif et à tous les échelons de l'industrie médiatique[13].
Sécurité
Depuis 1990, la Fédération publie un rapport annuel, (la « Killed list »), recensant les professionnels des médias qui ont perdu la vie dans le cadre de leur fonction. Ces données lui permettent de mener des campagnes en faveur de la sécurité des journalistes, en particulier ceux qui manquent de ressources pour se protéger dans les zones de conflit – les professionnels des médias indépendants par exemple. Les rapports annuels sont archivés sur le site web de l’organisation[15].
Depuis 1992, la Fédération dispose aussi d’un Fonds de sécurité destiné à soutenir les journalistes (et leurs familles) lorsqu’ils sont confrontés à des persécutions. Il constitue à ce jour le seul fonds d’assistance international établi par des journalistes[16].
Le Fonds de sécurité est un élément essentiel du Programme de sécurité de la Fédération, qui inclut aussi des actions ciblées, y compris des manifestations, des campagnes et la production de publications variées.
En outre, la FIJ organise des formations à la sécurité à destination des journalistes qui opèrent dans des zones dangereuses.
Organisation
Le Secrétariat central de la Fédération internationale des journalistes se trouve à Bruxelles[17].
La Fédération comprend des groupes régionaux : Asie-Pacifique, Afrique (Fédération africaine des journalistes - FAJ)[18], Amérique latine (Federación de Periodistas de América Latina y el Caribe -FEPALC)[19] et Europe (Fédération européenne des journalistes - FEJ). Elle dispose de bureaux régionaux à Bruxelles, Dakar (Sénégal), Sydney (Australie) et Buenos Aires (Argentine)[20].
Le Congrès est l'organe suprême de la Fédération. Tous les trois ans, il réunit les délégués de tous ses syndicats membres[21].
Du Congrès de Tunis en 2019 à celui de Mascate en 2022, le président de la Fédération était le journaliste et syndicaliste marocain Younès Mjahed (d)[22]. Il a succédé au journaliste belge Philippe Leruth, élu au Congrès d'Angers en 2016.
La journaliste et syndicaliste française Dominique Pradalié (d), qui a fait sa carrière à l'ORTF et à France Télévisions et était depuis 6 ans au comité exécutif de la FIJ, a remplacé Younès Mjahed en juin 2022[23].
Le journaliste et syndicaliste français Anthony Bellanger est secrétaire général de la FIJ depuis 2015. Il a été secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ) français de 2011 à 2014 et secrétaire général adjoint de la FIJ entre 2014 et 2015.
Liste des présidents[5]
Président | Période d'activité | Nationalité |
---|---|---|
Georges Bourdon | 1926-1928 | France |
Georg Bernhard | 1928-1930 | Allemagne |
H.M. Richardson | 1930-1932 | Royaume-Uni |
Herman Dons | 1932-1934 | Belgique |
Paul Bourguin | 1934-1936 | Suisse |
Karl Eskelund | 1936-1938 | Danemark |
Archibald Kenyon | 1939-1949 | Royaume-Uni |
Clement-J. Bundock | 1952-1956 | Royaume-Uni |
Marcel Stijns | 1956-1964 | Belgique |
Henry-J. Bradley | 1964-1970 | Royaume-Uni |
Karl Gustav Michanek (d) | 1970-1974 | Suède |
Helmut Aurel Crous (d) | 1974-1978 | Allemagne |
Paul Parisot | 1978-1982 | France |
Ken Ashton (en) | 1982-1986 | Royaume-Uni |
Mia Doornaert (d) | 1986-1990 | Belgique |
Jens Linde (d) | 1990-1998 | Danemark |
Chris Warren | 1998-2007 | Australie |
Jim Boumelha (d) | 2007-2016 | Royaume-Uni |
Philippe Leruth (d) | 2016-2019 | Belgique |
Younès Mjahed (d) | 2019-2022 | Maroc |
Dominique Pradalié (d) | 2022-2026 | France |
Liste des Secrétaires généraux[5]
Secrétaire général | Période d'activité | Nationalité |
---|---|---|
Stephen Valot | 1926-1940 | France |
L.-A. Berry | 1941-1947 | Australie |
Jiří Hronek (en) | 1947-1952 (OIJ) | Tchécoslovaquie |
Theo Bogaerts (d) | 1952-1985 | Belgique |
Hans Larsen | 1985-1987 | Danemark |
Aidan White (d) | 1987-2011 | Royaume-Uni |
Beth Costa (d) | 2011-2015 | Brésil |
Anthony Bellanger | 2015-aujourd'hui | France |
Référence
- « À propos de la FIJ », sur ifj.org (consulté le )
- « Le Comité directeur international », sur unesco.org (consulté le )
- « Anthony Bellanger, nouveau Secrétaire général de la FIJ », sur ifj.org (consulté le )
- « Carte de presse », sur ifj.org (consulté le )
- (en) « IFJ Special Magazine "90 years of stories" », sur ifj.org (consulté le )
- (en) « List of non-governmental organizations in consultative status with the Economic and Social Council as of 1 September 2018* », sur csonet.org, (consulté le )
- « Les chartes du journaliste - Code de Principes de la FIJ, Déclaration de Bordeaux, 1954 », sur snj.fr (consulté le )
- « Le 30e Congrès de la FIJ débute la semaine prochaine à Tunis », sur ifj.org (consulté le )
- « La FIJ propose une nouvelle Charte mondiale d’éthique des journalistes », sur ifj.org (consulté le )
- « Charte mondiale d’éthique des journalistes », sur ifj.org (consulté le )
- « Les droits des indépendants », sur ifj.org (consulté le )
- « La liberté de la presse », sur ifj.org (consulté le )
- « Égalité des sexes », sur ifj.org (consulté le )
- (en) « IFJ Gender Council elects its new executive committee », sur ifj.org (consulté le )
- « Sécurité », sur ifj.org (consulté le )
- (en) « Donate », sur ifj.org (consulté le )
- « SECRÉTARIAT DE LA FIJ », sur ifj.org (consulté le )
- « À propos de la FAJ », sur ifj.org (consulté le )
- « La Fédération des journalistes d'Amérique latine et des Caraïbes (FEPALC) », sur ifj.org (consulté le )
- « Où », sur ifj.org (consulté le )
- « Statuts », sur ifj.org (consulté le )
- Mahad, « Fédération Internationale des Journalistes : Younes Mjahed élu à la tête de la FIJ », sur lanation.dj (consulté le )
- Une ex-journaliste de France Télévision élue à la présidence de la FIJ publié le , Agence Belga sur rtl.be