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Explosion d'Halifax

L'explosion d'Halifax se produit le Ă  Halifax, en Nouvelle-Écosse au Canada, lorsque le cargo français Mont-Blanc, transportant des tonnes de munitions (benzol, acide picrique, TNT et fulmicoton) Ă  destination de l'Europe alors en guerre, entre en collision avec un navire norvĂ©gien, l'Imo. Le Mont-Blanc prend feu et explose vingt minutes plus tard, tuant 1 946 personnes et en blessant des milliers d'autres. L'explosion provoque un tsunami et une onde de choc si puissante qu'elle casse des arbres, plie des rails de chemin de fer et dĂ©molit des Ă©difices, projetant des dĂ©bris Ă  des centaines de mètres. L'explosion se fait entendre Ă  420 kilomètres de distance.

Explosion d'Halifax
Photographie du nuage peu après l'explosion.
Photographie du nuage peu après l'explosion.

Type Explosion
Pays Drapeau du Canada Canada
Localisation Halifax (Nouvelle-Écosse)
CoordonnĂ©es 44° 40′ 09″ nord, 63° 35′ 47″ ouest
Date
Bilan
BlessĂ©s environ 9 000
Morts environ 2 000, 1 946 selon l'Ă©valuation de 2004

GĂ©olocalisation sur la carte : Canada
(Voir situation sur carte : Canada)
Explosion d'Halifax
Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Écosse
(Voir situation sur carte : Nouvelle-Écosse)
Explosion d'Halifax

Il s'agit de la plus puissante explosion d'origine humaine jusqu'au premier essai atomique en . Hormis les explosions atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, elle reste à ce jour celle qui a fait le plus de dégâts et celle d'origine accidentelle ayant fait le plus de victimes ; le record de l'explosion accidentelle la plus forte, estimée à 10 kilotonnes d'équivalent TNT, est détenu par l'explosion le de la seconde version du lanceur lunaire N-1 soviétique qui retombe sur son pas de tir et le détruit totalement, mais sans faire de victimes.

Événements

En 1917, Halifax est alors avec Sydney le principal port canadien pour l'acheminement de troupes et de matĂ©riels vers l'Europe en guerre. La population d'Halifax et de Dartmouth situĂ©e juste sur l'autre rive est alors d'environ 65 000 personnes.

Bâtiment partiellement soufflé par l'explosion.
Maison partiellement détruite par l'explosion.

Le , Ă  8 h 45, le navire de transport français Mont-Blanc, un cargo de 3 100 t et de 98 m de long appartenant Ă  la Compagnie gĂ©nĂ©rale transatlantique et le navire de secours norvĂ©gien Imo entrèrent en collision dans les dĂ©troits du port d'Halifax. Le Mont-Blanc, en provenance de New York oĂą il avait chargĂ© des munitions, arrivait Ă  Halifax afin de joindre un convoi pour traverser l'Atlantique. Il attendait d'ĂŞtre admis au port le , car il Ă©tait arrivĂ© trop tard. Le port Ă©tait protĂ©gĂ© par des filets qui empĂŞchaient les sous-marins allemands d'entrer ainsi que les autres navires. Au mĂŞme moment, le Imo attendait de pouvoir sortir du port. Le , le Imo tenta de sortir par le canal droit, mais un autre navire bloquait le passage. Il s'engagea donc dans le canal gauche. Le Mont-Blanc Ă©tait Ă  ce moment en train d'entrer par le canal droit, et aucun des deux navires n'accepta de cĂ©der le passage. Finalement, le Mont-Blanc dĂ©cida de passer Ă  cĂ´tĂ© du Imo par le centre. Le Imo stoppa alors complètement ses machines, mais cette action sur les propulseurs poussa le navire au centre, et les deux navires entrèrent en collision. Le Imo tenta alors de faire marche arrière, ce qui crĂ©a des Ă©tincelles qui mirent le feu au Mont-Blanc.

Les vapeurs du benzène qui Ă©tait entreposĂ© sur le pont du Mont-Blanc s'Ă©taient rĂ©pandues sur le cĂ´tĂ© du navire, et elles furent enflammĂ©es par les Ă©tincelles provoquĂ©es par la collision. Le Mont-Blanc transportait de grandes quantitĂ©s de munitions pour l'Europe, qui Ă©tait plongĂ©e dans la Première Guerre mondiale. Sa cale contenait plus de 2 400 tonnes d'explosifs, incluant du TNT, du fulmicoton et de l'acide picrique. Le feu, en se propageant, empĂŞcha l'Ă©quipage d'accĂ©der Ă  l'Ă©quipement de lutte contre l'incendie et les marins abandonnèrent rapidement le navire sur les ordres du capitaine. L'Ă©quipage s'enfuit dans deux canots de sauvetage, rejoignant le rivage de Dartmouth, tandis que le navire en feu continuait de dĂ©river vers le rivage d'Halifax. Pendant qu'il brĂ»lait, d'autres navires tentèrent de lui venir en aide, et des spectateurs s'assemblèrent sur le rivage. Par la suite, le vaisseau en feu frappa la jetĂ©e, et le feu se propagea Ă  terre. Ă€ 9 h 4 min 35 s prĂ©cisĂ©ment, le contenu du Mont-Blanc explosa. Le navire fut instantanĂ©ment pulvĂ©risĂ©, la plus grande partie Ă©tant vaporisĂ©e en une gigantesque boule de feu qui s'Ă©leva Ă  plus de 6,1 km dans les airs, formant l'un des premiers nuages champignons faits par l'homme. La puissance de la dĂ©tonation dĂ©clencha un raz-de-marĂ©e qui s'Ă©leva Ă  plus de 18 m au-dessus du niveau des hautes eaux. Le raz-de-marĂ©e emporta le Imo jusqu'au rivage.

Plus de 2,5 km2 de la ville d'Halifax furent rasĂ©s et des vitres furent fracassĂ©es jusqu'Ă  16 km de distance. Une ancre provenant du Mont-Blanc fut retrouvĂ©e Ă  près de quatre kilomètres[Note 1] du port. On a retrouvĂ©, dans les archives de la Bedford Academy d'Halifax, une correspondance entre deux instituteurs traitant de l'Ă©vĂ©nement : selon ces lettres, lors d'une sortie scolaire près de la ville, 11 enfants ont Ă©tĂ© balayĂ©s par un canot de sauvetage pneumatique en feu provenant du Imo[1].

Approximativement 2 000 personnes sont mortes dans le dĂ©sastre (dont environ 1 600 sur le coup), et 9 000 blessĂ©es (dont 6 000 gravement). Selon une estimation minimale, environ 35 millions de dollars (en dollars canadiens de 1917) de dommages ont Ă©tĂ© occasionnĂ©s. Quelque 160 ha d'aire urbaine furent dĂ©truits, laissant 6 000 sans-abris. Un recensement des victimes montrait que parmi les personnes tuĂ©es : 600 avaient moins de 15 ans ; 166 Ă©taient des travailleurs manuels, 134 des soldats et/ou marins, 125 des artisans et 39 des travailleurs du chemin de fer[2]. Beaucoup des blessures furent handicapantes Ă  vie, bien des gens Ă©tant rendus partiellement aveugles par les Ă©clats de verre. Le très grand nombre de blessures oculaires entraĂ®na de grands efforts de la part des mĂ©decins, Ă  l'origine de grands progrès accomplis dans le traitement des yeux endommagĂ©s.

vue générale de la ville dévastée, des personnes sont visibles dans les décombres
Vue vers le nord après l'explosion.

Suite et séquelles

Vue du port après le blizzard.
Autre explosion Ă  Halifax, moins importante, d'un magasin d'explosifs (le 18 juillet 1945).

Le lendemain, un blizzard frappa la ville, faisant obstacle aux secours. De l'aide immédiate arriva rapidement du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve. Dans la semaine qui suivit, de l'assistance arriva de partout en Amérique du Nord, et des dons parvinrent de partout dans le monde. L'effort le plus célèbre et le plus complet vint de la Croix-Rouge de Boston et du Comité de sécurité publique du Massachusetts. Depuis ce jour, les citoyens d'Halifax font don d'un grand sapin de Noël chaque année à la ville de Boston. Cette amitié explique aussi pourquoi bon nombre de Néo-Écossais sont, encore aujourd'hui, fans des équipes sportives bostoniennes comme les Bruins et les Red Sox.

Une bonne partie du folklore local contemporain s'inspire de cet événement. Une histoire concerne une fenêtre du côté à l'abri du vent, dans l'église St. Paul, sur Parade Square : le trou fait par l'explosion dans la vitre ressemble au buste d'un moine, et un morceau des débris provenant du désastre est encore incrusté dans le mur du vestibule au-dessus de l'entrée du sanctuaire. Un des héros les plus célèbres de l'événement fut Vince Coleman ; il prit le risque de retourner à son bureau du télégraphe pour envoyer un message à un train de passagers qui se rendait à la station de North Street pour les alerter du danger imminent. Il fut tué dans la déflagration, mais les trains reçurent son avertissement et s'arrêtèrent à l'orée de la ville de Rockingham ; ils échappèrent aux dommages de l'explosion et relayèrent le message pour appeler à l'aide.

Avant l'explosion d'Halifax, l'explosion minière de Nanaimo en 1887 avait été la plus grande explosion artificielle au Canada.

Plus d'un siècle après la catastrophe, on trouve encore au fond du port de la cordite (très peu soluble dans l'eau) et des munitions non-explosées qui polluent le milieu avec les oxydes de cuivre (colorant les douilles en bleu)[3]. Les munitions contenaient par ailleurs du mercure (sous forme de fulminate de mercure) et du plomb qui risquent un jour de contaminer l'environnement marin, la faune et la flore du port et des environs[4].

Filmographie

  • Un tĂ©lĂ©film fut rĂ©alisĂ© en 2003 sur l'explosion d'Halifax : TouchĂ©e en plein cĹ“ur (Shattered City: The Halifax Explosion), rĂ©alisĂ© par Bruce Pittman.
  • The Flying Sailor (Le matelot volant) d'Amanda Forbis et de Wendy Tilby, sorti en 2022, a reçu une nomination pour un Oscars 2023 dans la catĂ©gorie meilleur court-mĂ©trage d’animation. Le film d'une durĂ©e de 7 minutes et 45 secondes, produit par l'Office national du film du Canada, raconte l’histoire d’un marin qui a rĂ©ellement survĂ©cu Ă  l’explosion[5].

Littérature

Romans où l'explosion est évoquée :

  • 1941 : Barometers Rising (Le temps tournera au beau) de Hugh MacLennan.
  • 2002 : Sea Glass (La maison du bord de mer) de Anita Shreve.
  • 2004 : A Century of November (Un siècle de novembre) de W.D. Wetherell.
  • 2007 : The Birth House (L'Accoucheuse de Scots Bay) de Ami McKay (en).
  • 2013 : Der Fälscher, die Spionin und der Bombenbauer (Le Faussaire, l'Espionne et le faiseur de bombes) de Alex Capus.
  • 2022 : Le Blues des phalènes de Valentine Imhof.

Musique

La chanson Fire and Flame du groupe folk The Longest Johns raconte l'histoire de l'évènement.

Voir aussi

Notes

  1. Exactement 2,35 miles, soit 3,78 kilomètres.

Références

  1. (en) .
  2. (en) Les chiffres cités dans ce paragraphe sont tirés du Halifax Explosion Remembrance Book, base de données officielle publiée en 2002 par la Nova Scotia Archives.
  3. « Photo de balles et cordite, sur le fond du port d'Halifax où l'explosion du 6 décembre 1917 a détruit le cargo Mont-Blanc ; cargo chargé d'explosifs et de munitions à destination du front de la Première Guerre mondiale ».
  4. « Mont-Blanc », Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux, mis à jour le 27 juillet 2011, consulté le 25 janvier 2014.
  5. « Un court-métrage d’animation lié à l’explosion d'Halifax en 1917 est nommé aux Oscars », Société Radio-Canada,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

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