Eva Mozes Kor
Eva Mozes Kor, née le à Porț (Roumanie) et morte le à Cracovie (Pologne)[1], est une Roumaine naturalisée Américaine, survivante de la Shoah.
Naissance | Porț (d) ou États-Unis |
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Décès |
(à 85 ans) Cracovie |
Nationalités |
américaine (à partir de ) roumaine hongroise |
Domicile | |
Activités |
Écrivaine, formatrice pour adultes |
Fratrie |
Miriam Mozes Zeiger (d) |
Arme |
Combat Engineering Corps (en) |
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Grade militaire | |
Lieu de détention |
Elle a été victime des expérimentations médicales de Josef Mengele.
Biographie
Née dans un petit village de Transylvanie (alors en Roumanie avant d'être cédée à la Hongrie[2]) où ils sont la seule famille juive[3], Eva Mozes Kor est la dernière fille d'Alexander et Jaffa Mozes : ses deux sœurs aînées, Edit et Aliz ainsi que sa sœur jumelle, Miriam[4]. Ses premières années d'études se font dans une école comprenant une seule pièce[4].
Eva Mozes Kor a six ans lorsque son pays est envahi par les Hongrois à la solde des nazis[3]. La famille est envoyée dans le ghetto de Șimleu Silvaniei [3]. De là, elle est déportée avec toute sa famille à Auschwitz en mai 1944. Sur le quai à la descente du train, elles sont, avec sa sœur jumelle Miriam, choisies par Josef Mengele pour devenir ses cobayes[5]. Elles ont alors dix ans[5]. Leurs parents et leurs deux sœurs de douze et quatorze sont gazés[6].
Elle est victime de deux types d'expériences : l'une consistait à comparer la taille de toutes les parties de son corps avec sa sœur jumelle[5] et l'autre consistait en des prises de sang importantes et des injections d'une substance figeant la croissance des reins[6]. Après les premières injections, elle tombe malade et passe deux semaines sur un lit de mort mais finit par se rétablir. Après sa guérison, les expérimentations recommencent[7].
Les jumelles sont finalement libérées par l'Armée rouge lors de la libération du camp, le 12 janvier 1945[5].
Sa sœur Miriam meurt en 1993 d'un cancer de la vessie dû aux expérimentations médicales subies dans son enfance[7]. Ses reins avaient gardé la taille des reins d'un enfant[2].
Le pardon
Eva Mozes Kor commence à raconter son histoire en 1978 avec la diffusion de la mini-série de NBCUniversal, Holocauste[2]. Elle a ensuite écrit ses mémoires en 2000, intitulées Echoes of Auschwitz et participe à des conférences pour témoigner auprès du grand public[2].
Ayant décidé de pardonner aux nazis, elle rencontre Hans Wilhelm Münch, un ancien médecin d'Auschwitz en 1993, après qu'il a été acquitté des accusations de crimes de guerre[2]. Elle l'invite à venir à Auschwitz avec elle et lui fait signer un document où il admet reconnaître l’existence des chambres à gaz[2]. Elle serre la main d'Oskar Gröning, le comptable d'Auschwitz lors du procès de celui-ci en 2015, bien qu'elle soit parmi la partie civile du procès[8]. Elle demande que sa condamnation à la prison soit transformée en service civique, sous forme de conférences données auprès des plus jeunes[9]. La même année, elle adopte Rainer Höss, le petit fils de Rudolf Höss, membre de la SS[10]. En 2017, elle publie une vidéo avec l'aide du site BuzzFeed où elle annonce avoir pardonné à Josef Mengele[11].
En 1985, elle fonde avec sa sœur le Candles Holocaust Museum and Education Center pour réunir et retrouver les enfants ayant survécu aux expériences nazies pendant la guerre[12]. Le musée se situe à Terre Haute dans l'Indiana[13]. Depuis sa création, le centre a réussi à retrouver une centaine de paires de jumeaux victimes des expériences de Mengele[2]. Le musée est détruit en 2003 — par ce qui semble être des suprématistes blancs — mais est finalement reconstruit deux ans plus tard[2].
Elle avoue qu'elle a décidé de pardonner aux nazis pour « neutraliser » le pouvoir qu'ils pouvaient avoir sur sa vie[9]. Aux accusations de traîtrise émises par d'anciens déportés, Eva Mozes Kor répond : « Ils me traitent de traîtresse et m'accusent de parler en leur nom. Je n'ai jamais fait ça. Je le fais pour moi-même. Je le fais non parce qu'ils le méritent, mais parce que je le mérite. »[2] Elle considère que les préjugés contre les Juifs sont « une des raisons de l'Holocauste »[14].
Elle décède le à Cracovie lors d'un voyage annuel en Pologne organisé par son musée[2]. Cinq jours auparavant, elle avait enregistré son témoignage pour le Musée national Auschwitz-Birkenau[6].
Œuvres
- (en) Surviving the Angel of Death: The Story of a Mengele Twin in Auschwitz, Traduit en français par Blandine Longre sous le titre Survivre un jour de plus - Le récit d'une jumelle de Mengele à Auschwitz, éd. Notes de Nuit, coll. « Le passé immédiat », 2018, 140 p, (ISBN 979-10-93176-11-6)
- (en) Little Eva & Miriam in First Grade, 1994.
Filmographie
- Forgiving Dr. Mengele (en), 2006.
Notes et références
- (en) London Gibson, « Holocaust survivor and beloved Hoosier Eva Kor dies at 85 », sur Indianapolis Star, (consulté le )
- (en-US) Richard Goldstein, « Eva Kor, Survivor of Twin Experiments at Auschwitz, Dies at 85 », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Read about Eva and her family's last days before the war », sur candlesholocaustmuseum.org (consulté le )
- (en) « The Story of Eva Mozes Kor », sur candlesholocaustmuseum.org (consulté le )
- David Sedley, « Une vidéo d’une survivante de la Shoah pardonnant à Mengele devient virale », sur The Times of Israël, (consulté le )
- « Décès d'Eva Mozes Kor, survivante d'Auschwitz, fondatrice de CANDLES Holocaust Museum », sur Le Point, (consulté le )
- (en) « Eva Kor », sur The Forgiveness Project (consulté le )
- « Je ne voulais pas être impliquée dans des poursuites contre un nazi, car j'ai pardonné aux nazis », sur Slate.fr, (consulté le )
- « La survivante d'Auschwitz qui avait embrassé l'ancien nazi déplore la peine de prison qu'il encourt à 96 ans », sur The Times of Israël, (consulté le )
- « Une survivante d’Auschwitz adopte le petit fils du commandant du camp où elle avait été victime d’atroces expériences scientifiques », sur Atlantico.fr (consulté le )
- BuzzFeedVideo, « I Survived The Holocaust Twin Experiments », (consulté le )
- « Une survivante des camps adopte le petit fils du commandant d'Auschwitz », sur Madame Figaro, (consulté le )
- (en) « CANDLES Holocaust Museum & Education Center » (consulté le )
- « Survivante d'Auschwitz et des expériences de Mengele, Eva Mozes Kor meurt à 85 ans », sur BFMTV (consulté le )