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Eugène Soudan

Eugène Edouard César Gaëtan Soudan (Renaix, - Uccle, ) était un avocat, juriste et homme politique flamand du POB puis du PSB, bourgmestre de Renaix de 1927 à 1958 (sauf durant la guerre).

Eugène Soudan
Fonctions
Ministre de l'Instruction publique
–
Gouvernement Gouvernement Pierlot III
Prédécesseur Jules Duesberg
Successeur Julius Hoste, Jr.
Ministre de la Justice
–
Gouvernement Gouvernement Pierlot III
Prédécesseur Paul-Emile Janson
Successeur Paul-Emile Janson
Député de l’arrondissement d’Audenaerde
–
Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur
–
Gouvernement Gouvernement Pierlot I
Prédécesseur Paul-Henri Spaak
Successeur Hubert Pierlot
Ministre des finances
–
Gouvernement Gouvernement Janson
Prédécesseur Henri De Man
Successeur Max-LĂ©o GĂ©rard
Sénateur coopté
–
Ministre de la Justice
–
Gouvernement Gouvernement Van Zeeland I
Prédécesseur François Bovesse
Successeur François Bovesse
Député de l’arrondissement d’Audenaerde
–
Biographie
Nom de naissance Eugène Edouard César Gaëtan Soudan
Date de naissance
Date de décès
Parti politique Parti ouvrier belge puis Parti socialiste belge

Le juriste et l’universitaire

Eugène Soudan est né dans une famille bourgeoise libérale de Renaix. Il effectue ses études primaires dans sa ville natale, il fera ensuite ses études secondaires à l’athénée royal de Tournai et à celle de Gand. À l'université de Gand, alors uniquement francophone, il obtient le diplôme de candidat en Philosophie pour continuer ensuite à l'ULB dont il devient Docteur en Droit avec la plus grande distinction le . Il commence alors une carrière d'avocat à Bruxelles auprès du bureau de Charles Dejongh, un des juristes les plus éminents du pays qui sera en 1917 le chef de cabinet d'Émile Vandervelde. Durant la première guerre mondiale, Soudan est délégué de la commission interministérielle du ravitaillement qui fait partie du département de l’intendance militaire et civile du gouvernement belge en exil. Après la guerre, Il fait partie de la commission de révision du Code Civil (1919) et devient avocat auprès de la Cour d’appel de Bruxelles (1928). Parallèlement, Eugène Soudan est depuis , chargé de cours à l'ULB puis professeur ordinaire en 1922. Il sera deux fois Doyen de la faculté de Droit, de 1936 à 1939 puis de 1945 à 1946 où il siègera simultanément comme vice-président du conseil d’administration.

Le procès le plus connu dans lequel il plaida est celui de Fernando De Rosa (1908 - 1936), un jeune Milanais de 21 ans qui s’était établi dans la banlieue du nord de Paris. Le 24 octobre 1929, lors d’une cérémonie devant la tombe du Soldat inconnu à Bruxelles, De Rosa tira très maladroitement une balle de revolver en direction du prince de Piémont, l’héritier du trône d’Italie, venu à Bruxelles pour ses fiançailles avec la princesse Marie-José, fille du roi Albert et de la reine Elisabeth. Le procès s’ouvrit le 25 septembre 1930 devant la cour d’assises du Brabant. Eugène Soudan plaida avec Paul-Henri Spaak et Paul De Bock. Alors que De Rosa risquait les travaux forcés à perpétuité, il ne fut condamné qu’à la peine minimale de cinq ans de prison et fut gracié deux ans plus tard par le roi Albert à la demande du prince Humbert. Eugène Soudan, était un éminent plaideur, qui avait fait usage d’un langage simple, sans pathos, et qui avait savamment bâti sa défense.

Dans son cabinet d'avocats, une équipe d'où sortiront plusieurs avocats actifs dans la Résistance ou inscrits au Parti communiste, et où exerçaient notamment Robert Lejour[1] et Andrée Grandjean, Eugène Soudan eut aussi comme stagiaire Jean Deguent, qui épousera à Londres en 1941 Marthe Huysmans, la seconde fille de Camille Huysmans.

Carrière politique

Soudan reste domicilié dans sa commune natale et est très tôt actif dans le mouvement socialiste. Après avoir été membre de la Jeune Garde Libérale, dès 1899 il rejoint le POB avec une grande partie de l'aile progressiste du parti libéral de Renaix. Soudan devient rapidement l’un des dirigeants locaux du POB le plus important, il est élu député pour l'arrondissement d’Audenarde le , fonction qu’il occupe jusqu'aux élections législatives de 1936.

Lors de ces élections Eugène Soudan perd son siège par suite de la poussée soudaine du parti Rex dont le dirigeant local est le chevalier Philippe Behaghel de Bueren. Il devient alors Sénateur coopté et vice-président de la haute assemblée. Il redevient député en pour l’arrondissement d’Audenarde, il siégera sans interruption jusqu’en 1958.

Au niveau local, Eugène Soudan est élu conseiller communal de Renaix dès 1921, il siégera sans interruption jusqu'à son décès en 1960. Il sera bourgmestre de la ville de Renaix de 1927 à 1958 sauf durant la période allant de à la fin de la seconde guerre mondiale. Durant cette période, et jusqu'à la libération de Renaix le 3 septembre 1944, Leo Vindevogel fut bourgmestre de Renaix dès le 2 janvier 1941, nommé à ce poste par les autorités nazies.

Le Ministre

La carrière politique nationale d’Eugène Soudan connu son apogée au cours de la seconde moitié des années 1930. Juriste de renom, il est nommé ministre de la justice dans le gouvernement Van Zeeland I, son échec aux élections législatives de 1936 l’écarte provisoirement du gouvernement. Le , Eugène Soudan redevient ministre, cette fois il s’occupe des Finances en remplacement d’Henri De Man dans le gouvernement Janson dont il est le chef de file des ministres socialistes. Il ne fait pas partie du gouvernement Spaak I mais à la suite de la chute en du gouvernement provoquée par l’affaire Martens, Soudan est chargé par le chef de l’État de former un gouvernement, il se heurte à l’opposition des libéraux. Soudan redevient, malgré tout, le chef de file des ministres socialiste dans le gouvernement Pierlot I dont il est le ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur. Le POB refusant de prendre part au gouvernement Pierlot II, Soudan est nommé Ministre de la Justice dans le gouvernement Pierlot III en , poste qu’il abandonne au profit de l’instruction publique en . Il suit le gouvernement belge dans son exil français mais refuse de prendre le chemin de Londres. Eugène Soudan s'est établi à Nice où il aurait été en contact avec la résistance française. À la suite de l'invasion de la zone dite libre en , il demande au gouvernement de Londres de lui faire quitter la France afin de rejoindre Londres mais il est arrêté en et détenu à Pont-de-Claix d’où, sur ordre de la Gestapo, il sera transféré le à la prison de Fresnes. Eugène Soudan est ensuite déporté le avec Paul-Emile Janson à Buchenwald. Il est libéré par les troupes américaines le . Après la guerre, Soudan est fait Ministre d'État le mais il ne sera plus jamais membre du gouvernement. En 1948, il est nommé président du centre Harmel créé comme « Centre de recherche pour la solution nationale des problèmes sociaux, politiques et juridiques en régions wallonnes et flamandes ».

Franc-maçon, il a été membre du Grand Orient de Belgique[2].

Famille

Les lointaines origines des Soudan sont à trouver à Frasnes-lez-Buissenal, un village roman à quelques kilomètres de Renaix. Gilles Soudan, ascendant agnatique à la huitième génération d'Eugène Soudan, était le père de Gilles Soudan junior. Ce dernier quitta ce village pour s'établir à Renaix, épousa Jacoba Piers, et fut inhumé à Renaix dans l’église Saint-Martin le 31 mars 1702. Leur fils, Jean Baptiste Soudan, marchand à Renaix, bourgeois forain d’Alost en 1720, est mort à Lille, et fut inhumé dans la paroisse Saint-Etienne. Il eut des funérailles solennelles à Renaix (Saint-Martin) le 24 septembre 1726. Il avait épousé à Renaix (Saint-Martin) le 15 juillet 1708 Barbe Hyacinte Foucart. Cette dernière avait été baptisée à Renaix (Saint-Martin) le 31 mars 1689, et fut inhumée à Renaix dans l’église Saint-Martin le 15 mars 1771. Ils eurent dix enfants. Parmi ceux-ci, Jean Baptiste Soudan, baptisé à Renaix (Saint-Martin) le 20 septembre 1709. Il fut inhumé à Renaix (Saint-Martin) le 3 avril 1751. Il avait épousé à Renaix (Saint-Martin) le 6 juillet 1735 Jeanne Thérèse Demalander (Renaix 1704 - Renaix 1765). Ils eurent également dix enfants et notamment Gaspart François Soudan, marchand à Renaix, qui fut baptisé à Renaix (Saint-Martin) le 6 janvier 1744, et qui est l'arrière-grand-père du Ministre (voyez ensuite ci-dessous les ascendants du Ministre).

Le Ministre

Eugène Edouard César Gaëtan Soudan, est né à Renaix le 4 décembre 1880 à 1 h. ½ de l’après-midi. Il avait épousé à Londres le 2 janvier 1918 Joséphine Van Geel, née à Saint-Gilles le 4 avril 1889 et morte à Bruxelles le 30 janvier 1966. Il est mort à Uccle le 3 octobre 1960 à 4 heures de l’après-midi. De son mariage, il eut deux filles :

1. Marie Jeanne Lydie Soudan, née à Bruxelles le 11 juin 1920 et morte à Braine-l’Alleud le 12 mars 2008. Elle épousa à Bruxelles le 15 octobre 1946 le comte Jacques-Henri Pirenne (fils de Jacques Pirenne et petit-fils de l'historien Henri Pirenne), né à Ault, dans la Somme, en France, le 28 juillet 1918. De son mariage, elle eut deux enfants :
a. Comte Jean Jacques Eugène Pirenne, né à Uccle en 1947,
b. Françoise Jenny Pirenne, née à Uccle en 1949, épouse de Jacques Lemmers, dont deux fils
2. Nicole Soudan, née en 1922, qui épousa en 1948 Robert Léonard, avocat, collaborateur et premier stagiaire d’Eugène Soudan. De son mariage, elle eut trois enfants :
a. Michèle Léonard, qui eut un fils .
b. Catherine LĂ©onard,
c. Pierre LĂ©onard.

Ses parents

  • Eugène François Soudan, industriel, fabricant de tissus, agent de change en 1894, domiciliĂ© au MarchĂ©-au-BĂ©tail, 5ème section Ă  Renaix en 1880, nĂ© Ă  Renaix le 25 aoĂ»t 1852 Ă  2 h. ½ du matin . Il Ă©pousa Ă  Écaussinnes-d'Enghien le 23 avril 1877 Lydie Paillot. Il mourut Ă  Renaix le 10 fĂ©vrier 1908.
  • Lydie Marie Alphonsine Françoise Paillot, mĂ©nagère, nĂ©e Ă  Ecaussines-d’Enghien le 13 mars 1841 Ă  2 heures du matin.

Ses quatre grands-parents

  • Charles Casimir Soudan, fut baptisĂ© Ă  Renaix (Saint-Martin) le 25 fĂ©vrier 1789 . Il Ă©tait marchand en 1818 et cabaretier en 1852, date Ă  laquelle son domicile se situait Ă  Renaix, 3ème section, n° 27, Grand-Place. Il Ă©pousa en 1ères noces Ă  Renaix le 8 juillet 1818 Marie Catherine Willequet, particulière, baptisĂ©e Ă  Renaix le 19 mai 1792, fille de Pierre Augustin, cabaretier Ă  Renaix, et de Marie Françoise Velghe. Marie Catherine Willequet mourut Ă  Renaix le 28 dĂ©cembre 1834. En 2èmes noces, le 27 avril 1836, Charles Casimir Ă©pousa Romanie Poulain. Il mourut Ă  Renaix, en sa demeure Ă  la 3ème section le 16 octobre 1870 Ă  2 h. ½ de l’après-midi.
  • Romanie ou Romaine Poulain, mĂ©nagère, nĂ©e Ă  Ellezelles le 12 novembre 1808 Ă  11 heures du soir. Elle sera lĂ©gitimĂ©e par mariage subsĂ©quent. Elle mourut Ă  Renaix le 4 fĂ©vrier 1863 Ă  10 h. du matin.
  • Cajetan Pierre Louis Xavier Paillot, chirurgien, nĂ© Ă  Montignies-lez-Lens vers 1808. Il Ă©tait domiciliĂ© Ă  Ecaussines-d’Enghien en 1834. Il mourut subitement le 13 septembre 1883 Ă  4 heures du soir en sa demeure sise Ă  la section A Ă  Ecaussines-d’Enghien. Il avait Ă©pousĂ© Ă  Ecaussines-d’Enghien le 6 aoĂ»t 1834 Ferdinande Dupont.
  • Ferdinande Dupont, nĂ©e Ă  Neufvilles le 14 janvier 1813. Elle Ă©tait domiciliĂ©e Ă  Ecaussines-d’Enghien en 1834. Elle mourut Ă  Renaix, 5ème section, en la demeure de son beau-fils Eugène Soudan, le 15 juin 1894.

Ses huit arrière-grands-parents

  • Gaspart François Soudan, marchand Ă  Renaix, fut baptisĂ© Ă  Renaix (Saint-Martin) le 6 janvier 1744 . Il est mort Ă  Renaix le 5 janvier 1812 , Ă  5 h. du soir, en sa demeure Ă  la 3ème section. Il Ă©pousa Ă  Renaix (Saint-Pierre) le 4 fĂ©vrier 1777 Barbe ThĂ©rèse Battaille. Il eut onze enfants.
  • Barbe ThĂ©rèse Battaille, boutiquière Ă  Renaix, baptisĂ©e Ă  Renaix (Saint-Martin) le 8 mai 1752 . Elle est morte Ă  Renaix après juin 1818.
  • Philippe François Poulain, tisserand en 1811, joueur de musique en 1813, nĂ© Ă  Ellezelles le 29 fĂ©vrier 1776. Il ne savait pas Ă©crire. Il est mort Ă  Ellezelles le 19 fĂ©vrier 1813 Ă  2 heures du matin, au hameau du Breucq, section 4ème. Il avait Ă©pousĂ© Ă  Ellezelles le 19 mars 1811 Rosalie De Keyser.
  • Rosalie Dekeyser, fileuse de lin en 1811, fut baptisĂ©e Ă  Quaremont le 11 avril 1782 . Elle ne savait pas Ă©crire. A son mariage en 1811, elle habitait depuis neuf ans Ă  Ellezelles. Elle est morte Ă  Renaix le 16 mai 1852 Ă  huit heures du matin, Ă  l’HĂ´pital civil de la ville de Renaix. Elle avait Ă©pousĂ© en 1ères noces Philippe François Poulain. En 2èmes noces, Ă  Renaix le 23 janvier 1815 , elle Ă©pousa Louis Fourneau, fileur, mort Ă  Zarlardinge le 28 fĂ©vrier 1823. Ensuite, en 3èmes noces, Ă  Renaix le 11 mai 1831, elle Ă©pousa Jean Baptiste Plahiers, charpentier, qui lui survivra.
  • Maximilien Xavier Joseph, usuellement prĂ©nommĂ© Xavier, Paillot, cultivateur, nĂ© Ă  Montignies-lez-Lens le 7 dĂ©cembre 1757 et mort Ă  Montignies-lez-Lens le 13 novembre 1809 Ă  7 heures du matin, âgĂ© de cinquante ans. Il Ă©pousa CĂ©lestine Cattiez.
  • CĂ©lestine Cattiez ou Cattier, cultivatrice, baptisĂ©e Ă  Montignies-lez-Lens le 24 mars 1767 sous le prĂ©nom de JosĂ©phine. Elle est morte Ă  Montignies-lez-Lens le 10 juillet 1809 Ă  11 heures du soir, âgĂ©e de quarante ans.
  • Nicolas Joseph Dupont, officier de santĂ©, nĂ© Ă  Neufvilles le 4 juin 1786 et mort Ă  Ecaussines-d’Enghien en sa demeure, Section A, le 5 juin 1830 vers 5 heures du soir, âgĂ© de quarante-quatre ans.
  • Marie Joseph Crusiaux, marchande, nĂ©e Ă  Bassilly le 25 octobre 1789. Elle est qualifiĂ©e de rentière Ă  son dĂ©cès. Elle Ă©tait domiciliĂ©e Ă  Ecaussines-d’Enghien en 1834. Elle mourut Ă  Ecaussines-d’Enghien le 6 mai 1874 , Ă  10 heures du soir, en sa demeure, section A.

Bibliographie

  • Basile Jean Risopoulos, Le bâtonnier Eugène Soudan, dans le Journal des Tribunaux, 1960, page 569,
  • Jules Senny, premier prĂ©sident de la Cour d’appel de Bruxelles, et AndrĂ© Delvaux, bâtonnier de l’Ordre des avocats, L’éloge funèbre du bâtonnier Eugène Soudan, dans le Journal des Tribunaux, 1960, pages 654 et 656,
  • Armand Dekeyser, Eugène Soudan, burgmeester van Ronse (1927-1958), Drukhuis De Grote Arend, Renaix, 2003, 56 pages,
  • AndrĂ© Roekeloos, Eugène Soudan, dans les Annales de Renaix (C.H.A.R.T.I.), 1962, tome XI, 1962, pages 15 Ă  25.

Notes

  1. Robert Lejour, avocat, qui sera Résistant communiste, fut assassiné en 1944 par le SD. Voyez le lien
  2. Nicoletta Casano, Libres et persécutés. Francs-maçons et laïques italiens en exil pendant le fascisme, Paris, Garnier, 2015, p. 154.

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