Eugène Motte (homme politique, 1860-1932)
Eugène Motte, né le à Roubaix (Nord) et mort le dans la même ville, est un industriel du textile et un homme politique français.
Eugène Motte | |
(Le Pèlerin[2], 1902) | |
Fonctions | |
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Député de la 7e circonscription de Lille[3] | |
– | |
Gouvernement | IIIe RĂ©publique |
Prédécesseur | Jules Guesde (PSDF) |
Successeur | Jules Guesde (SFIO) |
Conseiller général du Nord (élu pour le Canton de Roubaix-Est) | |
– | |
Prédécesseur | Henri Carette (Socialiste) |
Successeur | Henri Watremez (POF) |
Maire de Roubaix | |
– | |
Prédécesseur | Édouard Roussel (père) |
Successeur | Jean-Baptiste Lebas (SFIO) |
Biographie | |
Nom de naissance | Eugène Alfred Motte |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Roubaix (Nord) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Roubaix (Nord) |
Nationalité | Français |
Parti politique | RĂ©publicains progressistes |
Profession | Industriel |
Religion | Catholique |
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Maires de Roubaix | |
Biographie
Fils de l'industriel Alfred Motte-Grimonprez, neveu de Louis Motte-Bossut et beau-frère d'Eugène Mathon, il fut à son tour un puissant homme d'affaires, président de la Chambre de commerce de Roubaix-Tourcoing, président du Crédit du Nord (1928-1932), administrateur des Chemins de fer du Nord, de la Compagnie internationale de Suez, etc. Il développa ses entreprises à Roubaix, mais aussi en Russie et en Pologne (dans la partie alors occupée par la Russie). En 1902 le journal catholique Le Pèlerin en dresse ce portrait édifiant :
« Industriel, fils d'industriel, enfant de Roubaix, marié à vingt-quatre ans, il est, à quarante et un ans, chef de neuf usines donnant du pain à 8 000 ouvriers et père de huit enfants. Il a, en outre, fondé deux usines en Pologne et des plus considérables[4]. »
On le décrit aussi comme « sachant parlant aux ouvriers leur langage (leur patois) » et d'abord peu enclin à envisager une carrière politique.
Il sera pourtant conseiller général (1895-1907), député du Nord (1898-1906), maire de Roubaix (1902-1912) et longtemps l'adversaire local du socialiste Jules Guesde. Il fonda et présida en 1903 la Fédération républicaine qui regroupait les républicains modérés et libéraux de centre-droit hostiles au Bloc des gauches. En , il prend brièvement la présidence de l'Union du commerce et de l'industrie pour la défense sociale, une association patronale politisée hostile au programme économique des partis de gauche[5]. Il a été invité à discourir devant les membres de l'Union l'année précédente, pour y présenter son action à Roubaix[6].
Alors qu'il était à la mairie de Roubaix, on lui doit les derniers aménagements du Parc Barbieux et la construction du nouvel Hôtel de Ville. C'est aussi sous son mandant que se déroule l'Exposition internationale du Nord de la France en 1911. Les critiques concernant le coût de cette exposition expliquent en partie la défaite d'Eugène Motte aux élections municipales de 1912 face au socialiste Jean-Baptiste Lebas.
En 1930, il regrette que « la frugalité ait partout disparu » et condamne « l'aguichage exercé par les vitrines des petits magasins », voyant dans ce besoin de se détendre et de jouir de la vie un « bouillon de culture » tout préparé pour les théories révolutionnaires[7].
Son attitude patriotique pendant la Grande Guerre durant l'occupation de Roubaix par les Allemands lui valut d'être interné en Allemagne en 1915[8]. (Il refuse de confectionner des sacs destinés à la protection des tranchées allemandes). Toutefois, il parvient à s'échapper et regagne la Belgique où il organise le ravitaillement de la France occupée[9].
Par ailleurs, il s'est constitué prisonnier le lorsque les Allemands occupent Roubaix et exigent des otages parmi les notables[9].
Postérité
Marié à Julie Duthoit, il est le beau-père d'Édouard Roussel. Parmi ses petits-enfants figurent Eugène Motte (1910-1983), sénateur UNR (Union pour la nouvelle République) du Nord (1959-1965) et Bertrand Motte, député de Roubaix de 1958 à 1962 et président du CNI (Centre national des indépendants) de 1975 à 1980.
En 1893 le sculpteur Corneille Theunissen (1863-1918) réalise un buste d'Eugène Motte en plâtre platiné, qui est aujourd'hui exposé au Musée d'Art et d'Industrie à Roubaix dit « La Piscine », auquel il a été donné en 1932.
Un monument à la mémoire d'Eugène Motte est érigé à Roubaix, à l'angle de la rue de la Poste et du boulevard du Général Leclerc. Il est inauguré en 1935[10].
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Amaury de Baudus, Eugène Motte, député-maire de Roubaix, dans la Revue du Nord, 1993, vol. 75, n° 302 ( Lire en ligne )
- « M. Motte : Catholique, patron, député, défenseur du peuple », dans Le Pèlerin, no 1310, , p. 83.
- Jacques Bonte, Patrons textiles : Un siècle de conduite des entreprises textiles à Roubaix-Tourcoing 1900-2000, éditions La Voix du Nord, 2002, 542 p. (ISBN 2-84393-054-5).
- Michel David (dir.), Roubaix : Cinquante ans de transformations urbaines et de mutations sociales (colloque, Roubaix, ), Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve-d'Ascq, 2006, 296 p. (ISBN 2-85939-926-7)
- Jean-Luc Mastin, Eugène Motte 1860-1932, dans le Dictionnaire historique des patrons français, Flammarion, 2010, p. 492-493.
- « Eugène Motte (homme politique, 1860-1932) », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 ( Lire en ligne sur le site de l'Assemblée nationale )
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :
- Claudine Dillys et l'équipe de rédaction, Des renvideurs aux fonds d’archives : Histoire d’une filature : Motte-Bossut à Roubaix, Centre des archives du monde du travail, non daté (consulté le ).
Notes
- Légende de la photo en couverture du Pèlerin du 9 février 1902 : « M. Motte, député du Nord, vainqueur des collectivistes de Roubaix, les chasse de la mairie, est nommé maire, et inaugure, par un triomphe, les prochaines luttes électorales »
- Légende de la photo en couverture du Pèlerin du 9 février 1902 : « M. Motte, député du Nord, vainqueur des collectivistes de Roubaix, les chasse de la mairie, est nommé maire, et inaugure, par un triomphe, les prochaines luttes électorales »
- « Eugène Motte - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
- Le Pèlerin, 9 février 1902, p. 83
- Journal des débats, 2 juillet 1903, Journal des chambres de commerce, 10 juillet 1903.
- Le Temps, 12 avril 1902, Le Figaro, 11 avril 1902. L'Union, fondée en 1897-98, était alors présidée depuis 1902 par le banquier Ferdinand Perier, administrateur des mines d'Anzin, qui avait succédé à Ernest Lefébure, fabricant de dentelles
- Le Point.fr, « A bas la croissance, vive le progrès ! », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- Dictionnaire historique des patrons français sous la direction de Jean-Claude Daumas, en collaboration avec Alain Chatriot, Danièle Fraboulet, Patrick Fridenson et Hervé Joly, p. 493
- @F3nord, « Histoires 14-18 : Eugène Motte l'industriel résistant », sur francetvinfo.fr, France 3 Hauts-de-France, (consulté le ).
- Inauguration de monument élevé à Monsieur Eugène Motte, Journaux et Imprimeries du Nord, Lille, 1935, 61 p.