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Enclaves bigourdanes

Le nom d'enclaves bigourdanes est employé pour désigner deux entités territoriales appartenant au département français des Hautes-Pyrénées (Bigorre historique), entièrement enclavées dans le département voisin des Pyrénées-Atlantiques (Béarn historique et Pays basque français). Il s'agit à proprement parler d'exclaves des Hautes-Pyrénées au sein des Pyrénées-Atlantiques, et donc de la région Occitanie en Nouvelle-Aquitaine (seul cas d'enclaves régionales en France avec l'enclave des Papes).

Enclaves de Bigorre en Béarn, Carte de Cassini (XVIIIe siècle).

GĂ©ographie

Paysage rural faiblement vallonné, agreste, au pied des Pyrénées, typique des enclaves bigourdanes (ici Luquet).

Les enclaves bigourdanes sont au nombre de deux, et rassemblent au total cinq communes :

Elles se situent Ă  l'est du dĂ©partement des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques et Ă  l'ouest des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, auxquelles elles appartiennent. Elles sont distantes d'une vingtaine de kilomètres de Pau (Ă  l'est), et d'environ quinze kilomètres de Tarbes, au sud-ouest. Elles s'Ă©tablissent sur le piĂ©mont pyrĂ©nĂ©en, entre 300 et 400 m d'altitude, dans un espace de transition entre le plateau de Ger au sud et les coteaux du Madiranais au nord[1], et sont arrosĂ©es au sud par le Gabas (qui alimente le lac du mĂŞme nom Ă  Luquet) et au nord par le Louet, tous deux affluents de l'Adour.

Les deux enclaves sont distantes au minimum de seulement 200 mètres. La distance minimale entre les enclaves et leur département (entre Séron et Oroix) est d'un peu plus de 2 kilomètres.

Administration

Liste des communes
Nom Code
Insee
Intercommunalité Superficie
(km2)
Population
(dernière pop. légale)
Densité
(hab./km2)
Escaunets65160CC Adour Madiran6,24125 (2014)20
Gardères65185CA Tarbes-Lourdes-Pyrénées15,23438 (2014)29
Luquet65292CA Tarbes-Lourdes-Pyrénées8,17410 (2014)50
Villenave-près-Béarn65476CC Adour Madiran3,0953 (2014)17
Séron65422CA Tarbes-Lourdes-Pyrénées9,29329 (2014)35
Les cinq communes

Histoire

Carte du Comté de Bigorre de l'Ancien régime, faisant apparaître les enclaves à l'ouest.
Carte du Béarn historique, montrant notamment le Montanérès, rattaché au XIe siècle.

Le territoire en question constitue dès 1085 une double enclave du ComtĂ© de Bigorre en VicomtĂ© de BĂ©arn. Les communes bĂ©arnaises du secteur de Montaner constituent la dot apportĂ©e par Talèze, vicomtesse de Montaner et vassale du comte de Bigorre, Ă  Gaston IV de BĂ©arn, Ă  qui elle est promise. Les villages en question rejoignent donc le BĂ©arn, mais les cinq paroisses aujourd'hui enclavĂ©es Ă©chappent au contrat[2]. Les raisons de cette exception sont dĂ©battues : volontĂ© de la Bigorre de se prĂ©munir des attaques Ă©ventuelles du BĂ©arn, ou souhait de conserver des terres agricoles et des ressources minières notables[3].

À plusieurs reprises, au cours de l'histoire, le Béarn a tenté de réunir les enclaves à son territoire, en vain[4].

À la création des départements en 1790, la création d'un département bigourdan indépendant et détaché du Béarn paraît sauvée par l'adjonction des enclaves qui permettent aux Hautes-Pyrénées d'atteindre une taille critique suffisante[3].

Après la Seconde guerre mondiale, un rĂ©fĂ©rendum local est organisĂ© pour sonder la volontĂ© de la population d'un rattachement aux PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques ; la perspective est refusĂ©e[3].

Au début des années 2010, les mouvements successifs de remodelage de la carte intercommunale suscitent l'inquiétude de plusieurs maires des communes, soucieux de préserver leur spécificité administrative et exigeant que soit faite une dérogation à l'exigence de continuité territoriale[5] - [6]. Évoqué au Sénat sur demande de Josette Durieu, élue des Hautes-Pyrénées, le débat suscite dans un premier temps le refus du gouvernement, qui renvoie la responsabilité d'un choix satisfaisant aux Commissions départementales de coopération intercommunale[7]. Cette dernière suit l'avis des maires opposés au rattachement à une intercommunalité des Pyrénées-Atlantiques[8].

Fonctionnement spécifique

Le particularisme gĂ©ographique des enclaves bigourdanes a gĂ©nĂ©rĂ© un mode d'organisation spĂ©cifique pour certaines politiques publiques. Ainsi, la gestion de l'eau de trois des cinq communes est assurĂ©e par un « Syndicat des enclaves Â», le regroupement pĂ©dagogique associe des Ă©lèves de deux acadĂ©mies diffĂ©rentes, et la route dĂ©partementale qui relie les deux enclaves est gĂ©rĂ©e par le Conseil dĂ©partemental des Hautes-PyrĂ©nĂ©es, bien que gĂ©ographiquement situĂ©e sur le territoire de la commune bĂ©arnaise de Saubole[3] - [9].

Notes et références

  1. Union régionale des CAUE Midi-Pyrénées, « Clefs de lecture des paysages hauts-pyrénéens », sur Préfecture des Hautes-Pyrénées, (consulté le ).
  2. Michel Abhervé, « Enclaves, exclave et intercommunalité », sur Alternatives économiques, (consulté le ).
  3. Laurent Marcaillou, « La Bigorre se méfie du Béarn », sur Les Échos, (consulté le ).
  4. Pierre Tucoo-Chala, « Principautés et frontières. Le cas du Béarn », Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public : les principautés au Moyen Âge,‎ , p. 117-126 (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Les enclaves des Hautes-Pyrénées disent non au 64 », sur La République des Pyrénées, (consulté le ).
  6. « Des villages enclavés des Hautes-Pyrénées contre leur rattachement au Béarn », sur Le Parisien, (consulté le ).
  7. « Enclaves historiques. Question orale n° 1354S de Mme Josette Durrieu », sur senat.fr, (consultĂ© le ).
  8. « Ici, on est Bigourdan et on veut le rester », sur La Dépêche du midi, (consulté le ).
  9. Régis Cothias, « Les enclaves des Hautes-Pyrénées : une curiosité politique », sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Tucoo-Chala, « Origine et maintien des enclaves des Hautes-PyrĂ©nĂ©es dans les Basses-PyrĂ©nĂ©es », Bulletin de la SociĂ©tĂ© des Sciences, Lettres et Arts de Pau,‎ , p. 52-58.
  • Pierre Tucoo-Chala, « Les querelles pastorales entre BĂ©arnais et Bigourdans et les origines des enclaves des Hautes-PyrĂ©nĂ©es dans les Basses-PyrĂ©nĂ©es (fin XIIe - dĂ©but XIIIe siècle) », Bigorre et France mĂ©ridionale. Actes du XIIIe Congrès d'Ă©tudes de la fĂ©dĂ©ration des sociĂ©tĂ©s acadĂ©miques et savantes Languedoc PyrĂ©nĂ©es Gascogne. Tarbes 15 - 17 juin 1957,‎ .

Articles connexes

Liens externes

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