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Empilement de cercles

En gĂ©omĂ©trie, un empilement de cercles ou empilement de disques est un arrangement de cercles ou de disques, de tailles identiques ou non, dans un domaine donnĂ©, de telle sorte qu'aucun chevauchement ne se produise et qu'aucun cercle/disque ne puisse ĂȘtre agrandi sans crĂ©er de chevauchement. On se pose Ă  leur sujet divers problĂšmes comme la recherche d'empilements de densitĂ© maximale, ou au contraire, minimale.

Il n'est pas évident de regrouper des cercles de tailles différentes de la façon la plus compacte.

DĂ©finitions

Un empilement d'une partie fermée X du plan euclidien dont toute intersection avec un disque est quarrable (i.e. possÚde une aire), est un ensemble de cercles de rayons non nuls inclus dans X dont les disques fermés associés ont les propriétés suivantes :

- deux disques de l'empilement sont tangents ou d'intersection vide,

- tout disque est tangent Ă  au moins un autre.

L'empilement est dit localement rigide (localy jammed en anglais) si tout disque est coincé par ses voisins, autrement dit si deux disques tangents à un disque D sans aucun autre disque tangent à D entre eux ont des centres formant un angle aigu avec le centre de D [1].

L'empilement est dit compact si tout disque tangent Ă  un disque D est tangent Ă  deux autres disques tangents Ă  D ou ce qui est Ă©quivalent, si le graphe planaire dont les sommets sont les centres des disques et les arĂȘtes les segments joignant les centres de deux disques tangents a des faces triangulaires [2].

Empilement complet de cercles dans un triangle.

La densité d'un empilement est le rapport de l'aire couverte par les disques à l'aire de la partie X (si X est non bornée, c'est la limite, si elle existe, de la densité de l'intersection avec un disque de rayon tendant vers l'infini).

L'empilement est dit complet si on ne peut lui rajouter de disque, autrement dit si sa densité est égale à 1 [3].

Un empilement est forcément dénombrable ou fini, tout disque contenant un point à coordonnées rationnelles.

Cercles de mĂȘme taille dans le plan

Empilement le plus dense

Cercles identiques d'un empilement hexagonal, empilement le plus dense.

Dans le plan euclidien, Joseph Louis Lagrange a prouvĂ© en 1773 que l'empilement de cercles de mĂȘme rayon le plus dense est l'empilement hexagonal [4] : les centres des cercles sont disposĂ©s en un rĂ©seau hexagonal (rangĂ©es dĂ©calĂ©es, comme un nid d'abeille) ; chaque cercle est entourĂ© de 6 autres. Sa densitĂ© est de ; voir la suite A093766 de l'OEIS.

Il avait supposé que les centres des cercles formaient un réseau du plan. Sans cette supposition, Axel Thue donne une preuve incomplÚte du théorÚme en 1910,Toth en donne une preuve complÚte en 1943, et Chang et Wang une preuve en moins de 4 pages en 2010 [4] - [5] - [6].

Autres empilements

À l'autre extrĂȘme, Böröczky a dĂ©montrĂ© en 1964 qu'il existe des empilements de cercles de mĂȘme rayon d'une partie bornĂ©e du plan, localement rigides, de densitĂ© arbitrairement faible [7] - [1].

Pour le plan tout entier, la densité la plus faible pour de tels empilements serait égale à [8].

Il existe 11 empilements de cercles de mĂȘmes rayons basĂ©s sur les 11 pavages rĂ©guliers ou semi-rĂ©guliers du plan, obtenus en dessinant des cercles identiques centrĂ©s aux sommets du pavage [8] - [9].

Cercles de deux tailles données dans le plan

Empilement binaire compact de cercles avec deux types de cercles de tailles les plus proches possibles [2]. C'est aussi l’empilement binaire le plus dense de disques avec ce rapport de taille (rapport de 0,6375559772 avec une densitĂ© de 0,910683) [10].

Un problĂšme concernant les empilements consiste Ă  trouver la densitĂ© maximale d'un empilement comportant des cercles de deux tailles diffĂ©rentes (un empilement binaire). Seules neuf possibilitĂ©s pour les rapports des rayons des deux types de cercles permettent un empilement compact [2]. Pour ces neuf rapports de rayons, on connaĂźt un empilement compact qui atteint la densitĂ© maximale thĂ©orique, laquelle est plus forte que celle de l'empilement optimal des disques de mĂȘme taille [11] - [12].

On sait Ă©galement que si le rapport des rayons est supĂ©rieur Ă  0,742, un empilement binaire compact est toujours moins dense que l'empilement optimal des disques de mĂȘme taille[10] - [13].

Un exemple avec cinq tailles de cercles dans le plan

L'empilement prĂ©sentĂ© ci-contre est issu d'une Ɠuvre rĂ©alisĂ©e par Daniel Buren, dĂ©nommĂ©e "Excentrique(s), travail in situ", qu'il a rĂ©alisĂ©e au Grand Palais Ă  Paris en 2012. Elle est issue d'un pavage du Palais de l'Alhambra Ă  Grenade.

L'empilement comporte cinq types de cercles dont les rapports des rayons ont des expressions irrationnelles complexes. Sa densité est de 0,908 environ[14].

Cercles de mĂȘme rayon dans des domaines bornĂ©s

Quinze cercles identiques empilés dans le plus petit carré possible. Il existe seulement quatre arrangements de ces cercles en triangles équilatéraux.
On peut placer N biscuits ronds de rayon 1 dans une boite rectangulaire de taille N x 4, mais pour , on peut en placer [15].

Empiler des cercles de mĂȘme rayon dans des parties bornĂ©es simples est un problĂšme courant en mathĂ©matiques rĂ©crĂ©atives. La frontiĂšre de la partie jouent alors un rĂŽle important, et le remplissage hexagonal n'est gĂ©nĂ©ralement pas optimal lorsqu'il y a un petit nombre de cercles[16].

Voir les pages wikipedia suivantes :

Voir aussi

Références

  1. (en) Kahle, « Sparse locally-jammed disk packings », Annals of Combinatorics, vol. 16, no 4,‎ , p. 773–780 (DOI 10.1007/s00026-012-0159-0, S2CID 1559383, lire en ligne)
  2. Tom Kennedy, « Compact packings of the plane with two sizes of discs », Discrete and Computational Geometry, vol. 35, no 2,‎ , p. 255–267 (DOI 10.1007/s00454-005-1172-4, arXiv math/0407145, S2CID 11688453)
  3. (en) Peter Sarnak, « Integral Apollonian Packings », American Mathematical Monthly,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Hai-Chau Chang, Lih-Chung Wang, « A Simple Proof of Thue’s Theorem on Circle Packing », Arxiv,‎ (lire en ligne)
  5. David Gontier, « EMPILEMENT DE SPHÈRES/BOULES, RÉSULTATS DE MARYNA VIAZOVSKA », Publications Ă©cole polytechnique,‎ (lire en ligne)
  6. Thomas Fernique, « Empilements de disques de densité maximale »,
  7. Böröczky, « Über stabile Kreis- und Kugelsysteme », Annales Universitatis Scientiarum Budapestinensis de Rolando Eötvös Nominatae, Sectio Mathematica, vol. 7,‎ , p. 79–82
  8. David wells, Le dictionnaire Penguin des curiosités géométriques, Eyrolles, , p. 73 (1), 37 (2)
  9. (en) Robert Williams, The Geometrical Foundation of Natural Structure: A Source Book of Design, Dover Publications, (ISBN 0-486-23729-X, lire en ligne), p. 35-39
  10. Heppes, « Some Densest Two-Size Disc Packings in the Plane », Discrete and Computational Geometry, vol. 30, no 2,‎ , p. 241–262 (DOI 10.1007/s00454-003-0007-6)
  11. BĂ©daride et Fernique, Thomas, « Density of Binary Compact Disc Packings », Arxiv,‎ (arXiv 2002.07168)
  12. Kennedy, « Circle Packings », (consulté le )
  13. de Laat, de Oliveira Filho, Fernando Mario et Vallentin, Frank, « Upper bounds for packings of spheres of several radii », Forum of Mathematics, Sigma, vol. 2,‎ (DOI 10.1017/fms.2014.24, arXiv 1206.2608, S2CID 11082628)
  14. Romain Attal, « Formes mathĂ©matiques : Excentrique(s) mais », Revue du Palais de la DĂ©couverte, no 382,‎ septembre - octobre 2012, p. 40-45 (lire en ligne)
  15. David Gontier, « Les biscuits dans la boite »
  16. (en) « Packomania »

Bibliographie

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