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Conjecture de Kepler

La conjecture de Kepler est une ancienne conjecture (démontrée en 1998 et certifiée[1] en 2014) formulée par le physicien, astronome et mathématicien Johannes Kepler en 1611. Cette conjecture énonce que, pour un empilement de sphÚres égales, en espace libre, la densité maximale est atteinte pour un empilement compact de plans compacts. Cette densité d vaut environ 74 % :

.
empilement de trois plans compacts de sphĂšres: succession A,B,C ou succession A,B,A.
Empilement compact de 35 sphĂšres.

Dans un plan compact chaque sphĂšre est au contact de six autres. Dans l'empilement compact de deux plans compacts chaque sphĂšre du plan supĂ©rieur est posĂ©e dans le creux formĂ© par trois sphĂšres du plan infĂ©rieur en contact deux Ă  deux. Si un plan compact est notĂ© A, les autres plans compacts peuvent ĂȘtre de type A, B ou C selon leur dĂ©calage horizontal par rapport au plan A. L'empilement compact est rĂ©alisĂ© par l'empilement de plans A, B ou C de telle sorte que deux plans successifs ne soient pas du mĂȘme type : ABABAB
 (empilement hc, pour hexagonal compact), ABCABCABC
 (empilement cfc, pour cubique Ă  faces centrĂ©es) mais aussi ABCBABCBABCB
 et n'importe quel autre succession vĂ©rifiant la condition ci-dessus, mĂȘme non pĂ©riodique.

LĂĄszlĂł Fejes TĂłth dĂ©montre en 1953 que la conjecture de Kepler peut ĂȘtre rĂ©duite Ă  un problĂšme Ă  un nombre fini de paramĂštres[2].

Preuve par ordinateur

En 1998, Thomas Hales annonce avoir dĂ©montrĂ© cette conjecture. Pour ce faire, il suit la voie ouverte par TĂłth et rĂ©duit la dĂ©monstration Ă  la recherche d'une borne infĂ©rieure Ă  une fonction Ă  150 variables, pour un nombre Ă©levĂ© de configurations (plus de 5000), effectuĂ©e Ă  l'aide de calculs par ordinateur impliquant la rĂ©solution d'environ 100 000 problĂšmes d'optimisation linĂ©aire. Cette preuve reposait sur deux parties : l'une, classique, en forme de dĂ©monstration mathĂ©matique, l'autre basĂ©e sur des calculs fait Ă  l'ordinateur. Mais la partie informatique n'Ă©tait pas vĂ©rifiable, laissant un doute sur la validĂ© du travail[3].

En 2003, au terme de 5 ans de vĂ©rifications, un groupe de 12 mathĂ©maticiens chargĂ©s de valider l'article de Hales affirment ĂȘtre « certains Ă  99 % » que cette dĂ©monstration est valide[4]. L'article de Hales est alors publiĂ© par la revue Annals of Mathematics. Cependant, le fait que de nombreux cas soient vĂ©rifiĂ©s Ă  l'aide de calculs par ordinateur, et de façon liĂ©e, la comprĂ©hension rĂ©duite des principes gĂ©nĂ©raux qui gouvernent la preuve, font que le doute subsiste qu'une erreur de dĂ©tail qui n'a pas Ă©tĂ© repĂ©rĂ©e puisse affecter l'ensemble de la dĂ©monstration[4] (contrairement Ă  une dĂ©monstration mathĂ©matique usuelle soigneusement relue, mĂȘme si elle est trĂšs complexe comme celle du thĂ©orĂšme de Fermat-Wiles[4]).

Pour cette raison, Hales lance le projet Flyspeck, visant Ă  Ă©tablir une preuve formelle de son thĂ©orĂšme, qui puisse ĂȘtre validĂ©e Ă  l'aide d'un assistant de preuve sur ordinateur, capable de vĂ©rifier que les Ă©tapes de la dĂ©monstration sont logiquement valides. Ce projet rĂ©unit des informaticiens et mathĂ©maticiens de plusieurs laboratoires.

En 2009, le prix Fulkerson est attribué à Hales (et conjointement à Samuel P. Ferguson, responsable des aspects calculatoires) pour cette démonstration, qui, bien que non encore validée par Flyspeck à ce moment, est considérée par la communauté mathématique comme complÚte.

Celle-ci est désormais validée[5] : Flyspeck est achevé en août et le rapport, inséré dans ArXiv[6], signé par 22 auteurs dont Hales, est proposé en janvier 2015. La preuve formelle est acceptée par le Forum of Mathematics en 2017[7].

ProblĂšme voisin

Le problĂšme posĂ© par Kepler se rapproche d'une autre question qui, selon la tradition, aurait surgi vers 1690 d'une polĂ©mique entre Newton et Gregory[8] : combien de sphĂšres unitĂ©s peut-on disposer autour d'une sphĂšre centrale de mĂȘme rayon ? Il est possible d'en disposer 12, mais la question est de savoir s'il est possible d'en disposer 13. Une rĂ©ponse nĂ©gative a Ă©tĂ© apportĂ©e en 1953 par Kurt SchĂŒtte et Bartel Leendert van der Waerden[9].

Notes et références

  1. Sean Bailly, « La conjecture de Kepler formellement démontrée », Pour la science, (consulté le ).
  2. (de) L. Fejes Tóth, Lagerungen in der Ebene, auf der Kugel und im Raum, Berlin, Springer, coll. « Grundlehren der mathematischen Wissenschaften » (no 65), (présentation en ligne), lien Math Reviews.
  3. Patrick Massot, « Pourquoi raconter des maths à un ordinateur », sur www.larecherche.fr (consulté le )
  4. (en) « The Flyspeck Project Fact Sheet ».
  5. (en) « Proof confirmed of 400-year-old fruit-stacking problem », sur New Scientist, .
  6. Thomas Hales, Mark Adams, Gertrud Bauer, Dat Tat Dang, John Harrison, Truong Le Hoang, Cezary Kaliszyk, Victor Magron, Sean McLaughlin, Thang Tat Nguyen, Truong Quang Nguyen, Tobias Nipkow, Steven Obua, Joseph Pleso, Jason Rute, Alexey Solovyev, An Hoai Thi Ta, Trung Nam Tran, Diep Thi Trieu, Josef Urban, Ky Khac Vu, Roland Zumkeller, « A formal proof of the Kepler conjecture », arXiv.org,‎ (lire en ligne)
  7. https://doi.org/10.1017%2Ffmp.2017.1
  8. (en) Bill Casselman, « The Difficulties of Kissing in Three Dimensions », Notices of the AMS, vol. 51, no 8,‎ , p. 884-885 (lire en ligne)
  9. Brian Hayes, « Les grappes de sphÚres collantes », Pour la Science, no 427, mai 2013, p. 64-71.
(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Kepler conjecture » (voir la liste des auteurs)

, dont les références étaient :

  • (en) Tomaso Aste et Denis Weaire (en), The Pursuit of Perfect Packing, Institute of Physics Publishing, 2000 (ISBN 978-0-7503-0647-8)
  • (en) Thomas C. Hales, « A Proof of the Kepler Conjecture », Ann. of Math., vol. 162, 2005, p. 1065-1185 [lire en ligne]
  • (en) Thomas C. Hales, « Cannonballs and honeycombs », Notices Amer. Math. Soc., vol. 47, no 4, p. 440-449, [lire en ligne]
    « An elementary exposition of the proof of the Kepler conjecture. »
  • (en) George G. Szpiro (de), Kepler's Conjecture, John Wiley & Sons, 2003 (ISBN 978-0-471-08601-7)
  • (en) Thomas C. Hales, Mark Adams, Gertrud Bauer, Dat Tat Dang, John Harrison, Truong Le Hoang, Cezary Kaliszyk, Victor Magron, Sean McLaughlin, Thang Tat Nguyen, Truong Quang Nguyen, Tobias Nipkow, Steven Obua, Joseph Pleso, Jason Rute, Alexey Solovyev, An Hoai Thi Ta, Trung Nam Tran, Diep Thi Trieu, Josef Urban, Ky Khac Vu, Roland Zumkeller: A formal proof of the Kepler conjecture. CoRR abs/1501.02155 (2015)

Annexes

Articles connexes

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