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Dominatrice

femme dominante dans le BDSM

Une dominatrice ou maîtresse est une femme qui accepte le rôle dominant dans le cadre du BDSM, et donc utilise la douleur, la contrainte, l'humiliation ou la mise en scène de divers fantasmes dans un but érogène, sous forme d'échange contractuel. La dominatrice a pour partenaire un masochiste. Elle doit comprendre comment mener son sujet, sans qu'il ne l'explique clairement. Une dominatrice doit être une sorte de médium, et être fine psychologue.

Johann Heinrich Füssli, Brünhild beobachtet Gunther (Brunehilde observant Gunther[1]) (1807), lavis, château de Nottingham.

L'équivalent homme (mâle) est un « dominant » ou « maître ».

Jeux de rĂ´les et pratiques

Catégories

Au sein du couple

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Scène de domination entre une dominatrice et son esclave à Cologne, en Allemagne.

Lorsque ce type de relation existe les séances interviennent plus ou moins fréquemment, mais sont des parenthèses dans la vie de couple.

Quelques pratiquants affirment que la relation peut aussi se vivre en permanence, au quotidien. Cette relation permanente ne peut pas se vivre ainsi sans certaines dérives.

De la volonté d'un maître ou d'une maîtresse qui chercherait à gouverner entièrement son partenaire. Il arriverait également à un paradoxe, celui d'abêtir sa compagne, son compagnon. On a longtemps refusé aux femmes, aux esclaves le droit d'apprendre. Pendant des millénaires on a cherché à ce que la femme soit un robot, à la maison pour les tâches ménagères. Dans les relations SM, certains cherchent à posséder pleinement leur esclave. Ils voudraient les voir enfants. Certains maîtres, maîtresses sont sûrement amoureu(x) (ses), sincères et ne cherchent finalement qu'à posséder totalement l'être aimé, en oubliant la régression dans laquelle ils ou elles l'installent.

Dans son livre L'Exil intérieur, Roland Jaccard[2], à l'aide de citations de Georges Devereux, parle justement de cette régression au stade enfantin, d'une sur-protection ainsi que le rôle joué par les médias, les clubs de vacances, l'utilisation sadique anale de la voiture, etc. Tout ce qui rend l'individu dans « la passivité béate de sa position assise. […] l'infantilisme est lui aussi, profondément enraciné dans notre modèle socio-culturel. […] car rien n'est plus difficile à gouverner que des adultes intelligents conclue Georges Devereux. »

Dans le cas où l'homme est dominateur, la situation peut être plus facilement mise en scène, car le dominateur ne perd pas sa casquette d'homme fort et viril tel que notre civilisation l'a éduqué. Et nombre de femmes fortes dans la vie sociale s'abandonnent au plaisir de se sentir prises en charge et déresponsabilisées.

Bien Ă©videmment, il faut exclure le cas oĂą la femme ou l'homme serait sadique et martyriserait moralement ou physiquement son Ă©pouse ou Ă©poux sans consentement.

Professionnelles

Maîtresse Jada exerçant sa domination sur Maîtresse Veronica dans une scène de S&M Dungeon.

On les appelles "Dominatrix" et elles se divisent elles-mêmes en différentes catégories :

  • Celle qui renonce Ă  son propre masochisme en devenant « masochisante[3] ». Elle n’est pas sadique et l’erreur serait de croire qu’elle l’est[4]. Cette dominatrice joint l’utile Ă  l’agrĂ©able. Souvent d’excellentes techniciennes, lorsqu’elles sont appliquĂ©es. Lorsqu’elles ont assimilĂ© leur rĂ´le et sont attentives au moindre signe du sujet pour comprendre ce qu’elles doivent ordonner.
  • D'autres ne s'intĂ©ressent qu'Ă  l'argent qu'elles vont gagner et dĂ©penser.

Il existe également de par le monde des « Maisons de domination » : autorisées en Allemagne, aux Pays-Bas, aux États-Unis, etc., elles sont interdites en France et sont passibles de condamnations pour proxénétisme.

Au Japon, les dominatrices sont dites « joosama », qui signifie « reine » ou « queen ». Dans certains clubs à hôtesses, dits SM, elles accueillent les clients en costume de dominatrice, leur servent à boire, leur donne des petits coups de cravache, font parfois des démonstrations de shibari (art de ligoter) ; mais les véritables séances de domination ont lieu dans une « playroom ». Le magazine Kitan Club (littéralement « club étrange »), créé en 1948, rend compte de ces multiples pratiques et mises en scène, où le fétichisme du caoutchouc, la « babyphilie », le bondage, les scènes de torture, les « travestissements » d'hommes en objets ou jouets sexuels (comme les « hommes-chaises », etc.) abondent[5].

Amatrices

Il en existe de toutes sortes, certaines ont envie de s’amuser, d'avoir l'impression d'être la reine d'un jour. Elles peuvent pratiquer avec dextérité. D’autres ont envie de notoriété.

L'approche philosophique et psychanalytique

Rapports aux pratiques et aux jeux de rĂ´le

Bien que la dominatrice soit la représentation de la seconde mère, le masochiste s'adresse souvent à une proche de la famille ou de l'éducation, la tante, l'institutrice et enfin l'amie de la mère, c'est le cas du rugbyman dans Françoise Maîtresse[6] Dans le cas de Masoch lui-même nous dit Deleuze, c'est de la tante qu'il s'agit, « c’est une de ses tantes qui joua le rôle de seconde mère : Masoch enfant se cache, pour l’épier, dans une armoire à fourrures »[7]. L’épisode est transposé dans La Vénus[8].

« La dominatrice a ainsi une approche de psychologue ou psychanalyste mais en aucun cas ne peut les remplacer. »

Anne Larue[9] évoque et démontre ce qu’une dominatrice ne doit pas faire : se prendre pour une vraie psychologue ou psychanalyste : « « théâtreuse » dans l’âme, elle monte tous les jours sur les planches » : « quelles que soient mes misères de clown, le spectacle doit continuer. » À un amant qui retrouve trop facilement à son goût de la maman sous la dominatrice, elle rétorque : « ne comptez pas sur moi pour vous aider à ranger vos petits soldats de plomb. Restons ludique. Fouet ? Jeux théâtralisés ? »[6].

La figure de la dominatrice dans la culture

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Littérature

Jusqu'au XIXe siècle, rares sont les femmes dominatrices dans la littérature, mais peu à peu, avec la libération des mœurs et l'émancipation de la femme, surtout dans des milieux privilégiés, apparaissent des figures de dominatrices. Rachilde exprime ses envies de domination dans Monsieur Vénus, roman matérialiste (1884)[11], à travers un mélange des genres inédit, selon lequel la vénéneuse Raoule de Vénérande se veut homme et fait de l'homme qu'elle aime une femme. Sacher Masoch passe des petites annonces dans les journaux pour rencontrer une femme qu'il pourrait transformer en dominatrice et peuple ses écrits d'héroïnes cruelles. Dans La Vénus à la fourrure (1870), Séverin caresse l'idéal romanesque de l'appartenance totale. L'inversion des rôles attribue le pouvoir à la femme, investie dès lors d'une vertu fascinatrice.

Dans Cérémonies de femmes (1985), Jeanne de Berg, pseudonyme de Catherine Robbe-Grillet, réserve aux dominants l'art de la mise en scène. La dominatrice fonctionne souvent par osmose ou par empathie ; elle devient instrumentalisée le jour où son engouement à jouer la même partition s'émousse, comme le raconte Wanda dans Confession de ma vie (1907) de Angelika Aürora Rümelin, l'épouse de Sacher-Masoch.

Cinéma

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Cinéma underground

Il existe très peu de films underground traitant de la dominatrice dans le masochisme festif. On en note cinq principaux :

  1. Preaching to the Perverted[12]
  2. Maîtresse, de Barbet Schroeder[13]
  3. Sick: The Life & Death of Bob Flanagan, Supermasochist. Sick est un documentaire. Se sachant atteint d’une maladie douloureuse et incurable, Bob Flanagan va soulager le mal par le mal. Ce documentaire met en scène des pratiques extrêmes dans lesquelles le sujet atténue la douleur de la maladie en se livrant à la douleur orgiaque.
  4. La Femme flambée, de Robert Van Ackeren
  5. The Duke of Burgundy, de Peter Strickland[14]

Outre ces cinq films on peut citer VerfĂĽhrung: Die grausame Frau, de Monika Treut.

Cinéma grand public

Film australien de Stephen Lance qui met en scène une folle passion entre un adolescent et une dominatrice française interprétée par Emmanuelle Béart.

Scènes de domination dans des films grand public

Dans Lunes de fiel de Roman Polanski, la scène où Oscar est cagoulé en cochon et celle où Mimi coupe les vêtements d'Oscar à coups de rasoir, la tenue luisante en vinyle noir de Mimi font penser au monde du BDSM. Mais ce n'est qu'illusion, l'univers est tout autre. Lunes de fiel montre des relations d'une extrême cruauté, sans consensus entre les protagonistes. Le handicap n'a pas été choisi. La dépendance qui s'ensuit n'est pas jouée. On est aux antipodes de l'univers BDSM. Le film met en scène une relation passionnelle. Les personnages sont dans un sadisme déterminé, ascensionnel et qui finit en tuerie. C'est très différent de ce que vivent les partenaires dans une relation masochiste festive dominant/dominé.

Depuis une certaine évolution des mœurs, dont Barbet Schroeder, avec Maîtresse, fut l'un des pionniers, on voit des scènes réellement masochistes au cinéma, mais ce sont juste de courts passages. Une scène de domination dans un donjon par exemple. Bien avant, le sadisme et le masochisme étaient mis en scène de façon plus discrète : tortures de pirates, scènes de fouet (Angélique, marquise des anges), fessées administrées par John Wayne, etc.

Bande dessinée

Dans l'univers de la bande dessinée et des magazines populaires, un cas particulier est représenté par les Men’s adventure magazines, publications périodiques destinées aux hommes et publiées aux États-Unis, du début des années 1950 jusqu’au milieu des années 1970[15]. Ces magazines sont considérés comme les derniers des magazines pulp. Dans ces représentations, souvent érotiques, les femmes sont le plus souvent en détresse, victimes de tortionnaires, notamment nazis, ou autres personnages dominants. Mais il existe aussi deux autres stéréotypes inverses, situés du côté nazi, représentant des femmes fortes : les « dominatrices » et les « amazones guerrières »[16].

Dans une imagerie BDSM, les dominatrices nazies sont presque toujours des femmes sadiques, très souvent représentées avec un fouet. La plupart du temps, elles font subir des sévices à des hommes, plus rarement à des femmes. Ilsa, le personnage du film Ilsa, la louve des SS (1975), en est la figure emblématique, qui correspond dans les films d’exploitation (notamment ceux de la nazisploitation) à ce stéréotype de papier.

Télévision

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Parmi les représentations de dominatrices à la télévision, on peut citer Irène Adler, le célèbre personnage de Conan Doyle qui est réimaginé en dominatrice (interprétée par Lara Pulver) dans l'épisode de Sherlock, Un scandale à Buckingham. La série américaine Les Experts comporte un personnage récurrent de dominatrice, Lady Heather. D'autres séries télévisées font appel à un personnage de dominatrice, comme Castle (épisode Domination et Soumission) mais pour un épisode seulement.

Références

  1. Ayant découvert que Gunther avait utilisé la ruse pour l'épouser, Brunehilde se venge en le faisant attacher nu au plafond de la chambre nuptiale.
  2. Roland Jaccard, L'Exil intérieur : schizoïdie et civilisation, PUF, coll. « Perspectives critiques », , 123 p. (ISBN 2130809162) .
  3. Deleuze 1967.
  4. Deleuze 1967, p. 38.
  5. Agnès Giard, Dictionnaire de l'amour et du plaisir au Japon, Paris, Glénat Bd, , 338 p. (ISBN 2356260870), p. 294-297 .
  6. Annick Foucault, Maîtresse Françoise, Gallimard, coll. « Digraphe », (ISBN 2070738345) , « Jeux de rôles ».
  7. « Choses vécues », dans la Revue Bleue, Paris, 1888.
  8. « Multitudes Web - 02. De Sacher-Masoch au masochisme ».
  9. Anne Larue, Le Masochisme, ou comment ne pas devenir un suicidé de la société, Talus d’approche, (ISBN 2872460918), p. 131 .
  10. Daniel Grojnowski, Eugénie Guillou, religieuse et putain : Textes, lettres et dossier de police présentés par Daniel Grojnowski, Paris, Fayard/Pauvert, , 182 p. (ISBN 978-2-7202-1532-2)
  11. Rachilde et Francis Talman, Monsieur Vénus: roman matérialiste, A. Brancart, (lire en ligne) .
  12. Fiche du film sur le site du distributeur.
  13. Fiche du film sur cinemovies.fr.
  14. « The Duke Of Burgundy, de Peter Strickland », Cinétrange,‎ (lire en ligne, consulté le 7 janvier 2017)
  15. (en) Steven Heller, Rich Oberg, Max Allan Collins et George Hagenauer, Men’s adventure magazines in postwar America : The Rich Oberg collection, Taschen GmbH, (ISBN 3836503123) .
  16. Patrick Peccatte, « Nazisme, sadisme, érotisme – les origines de la nazi sexploitation », sur dejavu.hypotheses.org (consulté le 26 janvier 2021).

Annexes

Bibliographie

Articles connexes