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Djaïli Amadou Amal

Djaïli Amadou Amal, née en 1975 à Maroua, est une militante féministe et femme de lettres camerounaise d'expression française.

Djaïli Amadou Amal
Description de cette image, également commentée ci-après
Djaïli Amadou Amal au festival Atlantide à Nantes, en 2021.
Naissance
Maroua, Cameroun
Nationalité Cameroun
Activité principale
écrivaine
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Mouvement Association Femmes du Sahel
Genres
romanesque

Œuvres principales

Walaande, l'art de partager un mari
Mistiriijo, la mangeuse d'âmes
Les Impatientes

Biographie

Jeunesse

Djaïli Amadou Amal naît en 1975 à Maroua[1], dans le département du Diamaré situé dans la région de l'Extrême-Nord du Cameroun. Son père est un juriste camerounais professeur d'arabe et sa mère est égyptienne[2] - [3]. Son prénom leur a été inspiré par la chanson Amal Hayati de Oum Kalthoum[1].

Mariée à dix-sept ans dans le cadre d'un mariage forcé, elle parvient à quitter son mari en 1998, après cinq ans de vie commune[2].

Dix ans plus tard, elle quitte un deuxième époux, violent, et s'installe à Yaoundé. Au moment de la rupture, celui-ci kidnappe ses deux filles par vengeance[2]. Djaïli Amadou Amal trouve un travail grâce à son diplôme de BTS en gestion, et vend ses bijoux afin de financer son projet d'écrire[2].

Œuvre littéraire

Walaande, l'art de partager un mari

Son premier roman publié s'intitule Walaande, l'art de partager un mari, et parait en 2010. Témoignage autobiographique, il raconte l’histoire de quatre femmes vivant dans la même concession et qui ne font qu’attendre leur tour auprès de leur époux[4]. Le prix du jury de la Fondation Prince Claus à Amsterdam permet à l'ouvrage d'être traduit en langue arabe et diffusé dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient[5].

Djaïli Amal dénonce les pesanteurs sociales liées aux traditions et aux religions[6]. À travers l'écriture, elle dénonce les problèmes sociaux de sa région, notamment les discriminations faites aux femmes.

En 2012, au lendemain de son retour des États-Unis où elle a pris part à un programme du gouvernement américain, International Visitor Leadership Program (IVLP) axé sur la société civile et les femmes leaders aux États-Unis, elle crée l'association Femmes du Sahel soutenue par l'ambassade des États-Unis au Cameroun[7].

Mistiriijo, la mangeuse d'âmes

En 2013, Djaïli Amadou Amal fait paraître un deuxième roman intitulé Mistiriijo, la mangeuse d'âmes. À la suite de cette parution, le bimensuel camerounais L’Œil du Sahel, la classe en 2014 parmi les cinq femmes influentes du Nord-Cameroun[8].

Munyal, les larmes de la patience

Son troisième roman, Munyal, les larmes de la patience, paraît en et remporte en 2018 la sélection de l'Alliance internationale des éditeurs indépendants, récompensé par la publication sous le label de la collection Terres Solidaires pour une large diffusion et promotion dans les pays d'Afrique francophone.

En , elle est lauréate du prix de la presse panafricaine de littérature 2019[9] qui lui est décerné au salon Paris Livre. Deux mois plus tard, elle est la lauréate du 1er Prix Orange du Livre en Afrique[10].

Pour terminer l'année 2019, le quotidien Cameroun Tribune désigne Munyal, les larmes de la patience Livre de l'année. L'ouvrage est inscrit au programme scolaire camerounais[11].

Les Impatientes

La maison d'édition française Emmanuelle Collas[1] souhaite retravailler le texte de Munyal pour « qu'il devienne universel, qu'il puisse être lu partout dans le monde ». Il paraît en septembre 2020 sous le titre Les Impatientes et fait partie de la sélection du prix Goncourt 2020[2]. Ceci fait d'elle la première Africaine à accéder en finale du Goncourt, le deuxième écrivain de l'Afrique subsaharienne depuis le Guinéen Saïdou Bokoum en 1975 pour son roman, Chaînes et le premier écrivain à partir du continent à être présélectionné au Goncourt. Les impatientes obtiennent finalement le prix Goncourt des lycéens le 2 décembre 2020[12] - [1]. Elle est également lauréate du Prix du Roman Métis des Lycéens[13].

Les Impatientes figurent parmi les best-sellers[14] de la rentrée littéraire 2020, se hissant au deuxième rang des romans les plus vendus[15] derrière le Prix Goncourt, L'Anomalie d'Hervé Le Tellier[16]. Le livre audio des impatientes[17], paru en avril 2021 en France, est lauréat du Prix France Culture 2022[18]. Le 23 septembre 2022 l'ouvrage obtient le Prix des Grands D'Monts[19].

De retour au Cameroun à la suite de l'obtention du Goncourt des Lycéens, elle est accueillie à l'aéroport[20] et malgré l'heure tardive par les médias et une importante foule de sympathisants aux côtés du Délégué régional des Arts et de la Culture[21]. Elle reçoit des mains du Ministre des Arts et de la Culture[22] la lettre des félicitations du Président de la République Paul Biya[23] - [22] et est reçue en audience par la Première Dame Chantal Biya[24]. Le Chef de l'État la cite en modèle pour la jeunesse[25] camerounaise dans son traditionnel discours à la nation[9] à l'occasion de la fête nationale du 11 février 2021.

Elle est désignée par la chaîne de télévision France 24 parmi les dix femmes qui ont marqué l'année 2020[26]. Elle est faite Ambassadrice de l'Unicef le 9 mars 2021[27]. À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le , le quotidien suisse Le Temps la désigne parmi les dix figures porteuses d'avenir en matière d'égalité de genres[28].

Le de la même année elle reçoit à Paris, au cours d'une cérémonie tenue au Palais Brongniart, le prix de la Femme d'influence culturelle 2021[29], un prix qui met en lumière des femmes de talents incarnant un modèle de réussite[30]. Le , elle est sacrée Autrice de l'année 2021[31] en France lors de la cérémonie des Trophées de l’Édition tenue au théâtre de l'Odéon à Paris.

Cœur du Sahel

Son quatrième roman paraît le 15 avril 2022 aux éditions Emmanuelle Collas[32] - [33]. C'est à nouveau un roman sur la condition des femmes[34] dans le Sahel à travers la vie, non plus des « Impatientes » mais de leurs domestiques. Avec ce roman, l'autrice marque encore plus son engagement contre les injustices subies par les femmes[35].

Dans ses ouvrages, Djaïli Amadou Amal milite contre le viol dans la société camerounaise. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, elle déclare :

Dans Cœur du Sahel, il est question de mariage par le rapt. Suivant une tradition qui perdure dans les montagnes du Nord-Cameroun, un homme qui désire une femme peut s’arroger le droit de l’enlever pour l’épouser. Pour s’assurer que rien ne viendra entraver son projet, il la viole parfois publiquement – ce qui en fait d’emblée son épouse –, en toute impunité, au vu et au su de tout le monde, sans que nul ne songe à s’en indigner. Même l’État apparaît assez permissif : pas plus les rapts que les viols ne sont punis. Le sujet reste tabou. De la même manière, les femmes domestiques sont souvent la proie de leurs employeurs et subissent parfois le viol de différents membres de la famille, sans jamais oser porter plainte. Honteuses d’être des victimes, elles se murent dans le silence, ce qui conforte leurs bourreaux dans l’idée que violer une domestique ne prête pas à conséquence[36].

Doctorat Honoris Causa

Le 28 novembre 2022, au cours d'une cérémonie tenue dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, Djaïli Amadou Amal reçoit un Doctorat Honoris Causa de l'Université de Sorbonne Nouvelle en hommage à son parcours et pour sa contribution aux arts et aux lettres, notamment en faveur de la francophonie et de la cause des femmes[37].

Vie privée

Djaïli Amadou Amal réside dans son pays, à Douala, sur la côte littorale, en compagnie de son époux, Hamadou Baba, un ingénieur issu comme elle de la région septentrionale du Cameroun, et également écrivain sous le pseudonyme de Badiadji Horrétowdo[38] - [12], qu'elle rencontre après la publication de son premier roman Walaande.

Publications

Notes et références

  1. « [Série] La playlist de Djaïli Amadou Amal – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  2. La Camerounaise Djaïli Amadou Amal, surprise de la sélection du prix Goncourt, Le Monde, 23 octobre 2020
  3. Anne Fulda, « Djaïli Amadou Amal, l'impatiente combative », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous, 28-29 mai 2022, p. 38 (lire en ligne).
  4. Walaande, l'art de partager un mari, un livre, un combat, site de "A vos livres, citoyennes !" la littérature au féminin
  5. Notice chez l'éditeur, [lire en ligne]
  6. La voix des femmes du Cameroun, Breizh Femmes, le Magazine du féminisme et de l'égalité à Rennes et en Bretagne
  7. Site de l’association Femmes du Sahel, consulté le 7 mars 2021
  8. Page de la revue l'Œil du Sahel.
  9. « Littérature : Paul Biya encourage Djaili Amadou Amal », sur www.cameroon-tribune.cm (consulté le )
  10. « Djaïli Amadou Amal, lauréate du 1ère Prix Orange du Livre en Afrique », sur ActuaLitté.com (consulté le )
  11. « Manuels scolaires : Djaïli au programme », sur www.cameroon-tribune.cm (consulté le )
  12. Clarisse Juompan-Yakam, « Avec Les Impatientes, Djaïli Amadou Amal remporte le Goncourt des lycéens », sur jeuneafrique.com, (consulté le )
  13. « Prix du Roman Métis des Lycéens 2021 | La Réunion des Livres » (consulté le )
  14. (en) Ed Nawotka, « Prize Winners Score in Europe », sur www.publishersweekly.com, (consulté le )
  15. (en) « Prize Winners Score in Europe », sur PublishersWeekly.com (consulté le )
  16. (en) Ed Nawotka |, « Prize Winners Score in Europe », sur PublishersWeekly.com (consulté le )
  17. Les Impatientes | Lisez! (lire en ligne)
  18. « Patti Smith, Paule Latorre et Djaïli Amadou Amal, lauréates du Prix France Culture Lire dans le noir 2022 / France Culture », sur France Culture (consulté le )
  19. La Rédaction, « Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal à nouveau distingué », sur Culturebene, (consulté le )
  20. « Djaili Amadou Amal accueillie comme une star au Cameroun », sur CamerounWeb, (consulté le )
  21. « Djaïli Amadou Amal : retour triomphal au pays natal », sur www.cameroon-tribune.cm (consulté le )
  22. « Djaïli Amadou Amal : les félicitations du chef de l’Etat », sur www.cameroon-tribune.cm (consulté le )
  23. Prc, « Djaïli Amadou Amal : les félicitations du chef de l’Etat » (consulté le )
  24. « Le Prix Goncourt des Lycéens 2020 présenté à Madame Chantal BIYA », sur www.prc.cm (consulté le )
  25. « DISCOURS À LA JEUNESSE: PAUL BIYA CITE DJAÏLI AMADOU AMAL COMME UN EXEMPLE À SUIVRE », sur Griote TV (consulté le )
  26. « Dix femmes qui ont marqué l'année 2020 », sur France 24, (consulté le )
  27. Team Declik, « Djaïli Amadou Amal nommée Ambassadrice de l’UNICEF », sur Culturebene, (consulté le )
  28. « Égalité : dix figures porteuses d’avenir », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
  29. Anne-Marie Rocco;Claire Bouleau, « Qui sont les lauréates du Prix 2021 de la femme d’influence? », sur Challenges, (consulté le )
  30. « Distinction: Djaïli Amadou Amal remporte le Prix de la Femme d’Influence Culturelle 2021 », sur Actu Cameroun, (consulté le ).
  31. « Djaïli Amadou Amal, sacrée autrice de l’année 2021 », sur LEFIGARO, (consulté le )
  32. « Cœur du Sahel - Emmanuelle Collas éditions », sur www.emmanuelle-collas-editions.com (consulté le )
  33. « Djaili Amadou Amal : «La différence entre mes camarades de classe, qui sont restées soumises, et moi, c'est que j'avais lu» », sur MADAME, (consulté le )
  34. « Avec « Cœur du Sahel », Djaïli Amadou Amal scrute à nouveau le sort des femmes dans le nord du Cameroun », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  35. « Djaïli Amadou Amal, l’auteure camerounaise qui dynamite le patriarcat », sur Marie Claire (consulté le )
  36. « Xénophobie, esclavage moderne, viol : Djaïli Amadou Amal, porte-voix insoumise – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  37. Sophie Schmeyer, « Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 - Cérémonie de remise des insignes du Doctorat Honoris Causa de la Sorbonne Nouvelle - 2022 », sur www.univ-paris3.fr (consulté le )
  38. Fiche biographique sur le site Africultures.com, consultée en ligne le 22.05.16.
  39. Présentation de Walaande
  40. Présentation de Mistiriijo la mangeuse d'âmes
  41. Raphaëlle Leyris, « Djaïli Amadou Amal récompensée du prix Goncourt des lycéens pour Les Impatientes », Le Monde, 2 décembre2020 (lire en ligne)
  42. Djaili Amadou Amal, Cœur du Sahel, Paris, arisEmmanuelle Collas, , 364 p. (ISBN 2490155490)

Annexes

Bibliographie

  • Marcelline Nnomo Zanga, Pierre Suzanne Eyenga Onana, Le Genre dans tous ses états : perspectives littéraires africaines, éd. Publibook, 2017, 221 p. (ISBN 978-2-75390-516-0)
  • [entretien] Annick Cojean, « Djaïli Amadou Amal, lauréate du prix Goncourt des lycéens : « Avec les livres, une petite graine d’insoumission a germé en moi » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  • Simon Ngono (2020), La communication de l'État en Afrique : Discours, ressorts et positionnements, Paris, L'Harmattan, 368 p.

Articles connexes

Liens externes

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