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Divine adoratrice d'Amon

Le titre de Divine adoratrice (dwȝt-nṯr) puis d'Épouse du dieu (ḥmt-nṯr)[1], ou Main du Dieu (ḏrt-nṯr), fut successivement porté par des catégories totalement différentes de femmes égyptiennes. Il désigne des prêtresses consacrées au service d'Amon, tout comme d'autres divines adoratrices sont attachées à la déesse Hathor ou placées au service d'Atoum, de Min et de Sobek. Il semble qu’en leur qualité de « Main du dieu »[2] elles aient pour rôle d’« éveiller la pulsion sexuelle »[3] du dieu créateur.

Divine
adoratrice
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Les épouses du dieu sont des dames du plus haut rang, membres de la famille royale. Pendant le Nouvel Empire, le titre est porté notamment par Ahmès-Néfertary, sœur et grande épouse d’Ahmôsis Ier, puis par leur fille Méritamon, et, après elle, par Hatchepsout et Néférourê. Ainsi, malgré le titre, qui suggère un attachement exclusif à Amon, « le mariage mystique [avec le dieu] n'exclut pas (…) le mariage avec un roi et la maternité »[3].

Sous la XXIe dynastie, l'institution se transforme : désormais, les épouses d'Amon sont des vierges qui se vouent exclusivement au dieu. Elles se succèdent par voie d'adoption, transmettant la prêtrise à leur « fille », souvent leur nièce, et, à partir de la Troisième Période intermédiaire jusqu'à l'époque saïte, elles forment d’authentiques dynasties sacerdotales, dont le pouvoir temporel est sans doute considérable. En effet, sur les reliefs, leur nom[4] est inscrit dans un cartouche royal. Elles sont représentées en train d’assumer des fonctions proprement monarchiques, présentant Maât à Amon et lui consacrant des offrandes ; ou encore, on les voit associées aux rites de fondation des sanctuaires, habituellement une prérogative du roi ritualiste. Dans d’autres scènes, elles sont aussi liées à l’iconographie royale traditionnelle, le dieu les étreint, ou leur tend le signe ânkh, tout comme il en fait ailleurs don à pharaon[5].

Apparemment, l’autorité des divines adoratrices d'Amon, épouses du dieu, est restée limitée à la région thébaine. Pendant la XXIIe dynastie, elles se font enterrer à proximité du Ramesséum, puis, pendant les dynasties kouchite et saïte, à Médinet Habou. La fonction de divine adoratrice est abolie sous la domination perse, après -525.

Elles étaient assistées d'un grand majordome comme l'atteste le relevé des titres d'un personnage sur une statue de l'époque saïte conservée au Musée du Louvre[6].

Divines adoratrices d'Amon Ă  dater de la Basse Ă©poque

Nom Commentaires Dates
Chepenoupet Ire fille d'Osorkon III -754 Ă  -714 ou -750 Ă  -715
Amenardis Ire fille de Kachta, sœur de Piânkhy -740 à -720 ou -700
Chepenoupet II nièce d'Amenardis Ire, fille de Piânkhy, sœur de Taharqa -710 à -650
Amenardis II fille de Taharqa -650 Ă  -640
Nitocris Ire fille de Psammétique Ier -640 à -586
Ânkhnesnéferibrê fille de Psammétique II, petite-nièce de Nitocris Ire qui l'avait adoptée -586 à -525
Nitocris II pas de règne, le poste étant aboli sous la conquête perse -525

Hommage

En octobre 2018, le Musée de Grenoble a organisé une exposition de trois mois, Servir les dieux d'Égypte, consacrée au culte d'Amon et à ses divines adoratrices[7].

Notes et références

  1. Ces deux titres ne sont associés qu’à partir de la Troisième Période intermédiaire.
  2. R8D46
    X1 Z1
    , ḏrt-nṯr
  3. P. Vernus, J. Yoyotte, p. 9.
  4. Nom souvent formé sur celui de Mout, la parèdre d’Amon.
  5. G. Robins, p. 156.
  6. Olivier Perdu, La statuaire des époques tardives au Musée du Louvre.
  7. « Le plus puissant temple d'Égypte antique exposé à Grenoble », sur www.lepoint.fr, (consulté le )

Références bibliographiques

  • Jean Yoyotte, « Les vierges consacrĂ©es d'Amon thĂ©bain », Comptes rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres,‎ , p. 43-52 ;
  • Pascal Vernus et Jean Yoyotte, Dictionnaire des pharaons, Éditions NoĂŞsis, ;
  • G. Robins, Women in Ancient Egypt, Harvard University Press, .

Lien externe

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