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Diversité des tactiques

La diversitĂ© des tactiques est une pratique stratĂ©gique des mouvements sociaux qui consiste Ă  utiliser pĂ©riodiquement la force Ă  des fins perturbatrices ou dĂ©fensives, en dĂ©passant les limites de la stricte non-violence, mais en s'arrĂȘtant avant une militarisation totale[1] - [2]. Elle a pour but de trouver la stratĂ©gie de dĂ©sobĂ©issance civile la plus efficace pour obtenir des changements sociaux[3]. La diversitĂ© des tactiques peut utiliser des mĂ©thodes non violentes, la rĂ©sistance armĂ©e, ou une gamme de mĂ©thodes intermĂ©diaires, en fonction du niveau de rĂ©pression auquel le mouvement fait face. Elle est parfois dĂ©fendue comme permettant «des formes de rĂ©sistance qui maximisent le respect de la vie»[4].

Le sous-commandant Marcos avec des membres des zapatistes, qui combinent non-violence et formes de résistance plus combatives

DĂ©veloppement du concept

La premiĂšre vĂ©ritable thĂ©orisation de la diversitĂ© des tactiques semble ĂȘtre l’Ɠuvre de Malcolm X et d'autres dirigeants radicaux du mouvement des droits civiques du dĂ©but des annĂ©es 1960 aux États-Unis. Peu de temps aprĂšs son dĂ©part de la Nation de l'Islam Malcolm X a prononcĂ© un discours intitulĂ© «La RĂ©volution Noire» oĂč il promeut la solidaritĂ© entre les partisans de la rĂ©sistance armĂ©e contre le racisme et ceux de la non-violence. Il dĂ©clare:

«Les nĂŽtres ont commis l’erreur de confondre mĂ©thodes et objectifs. Tant que nous sommes d’accord sur les objectifs, nous ne devons jamais laisser la discorde s’installer entre nous, sous le seul prĂ©texte que nous sommes en dĂ©saccord quant Ă  la mĂ©thode, Ă  la tactique ou Ă  la stratĂ©gie qui doit nous permettre d’atteindre l’objectif commun[5].»

En , Gloria Richardson, leader de la section de Cambridge Maryland du mouvement non-violent pour les droits civiques Student Nonviolent Coordination Committee (SNCC), accepte la demande de Malcolm X d'unir ses forces avec les organisations de dĂ©fense des droits civiques. Richardson dĂ©clare au journal Baltimore Afro-American : «Malcolm est trĂšs pragmatique
 Le gouvernement fĂ©dĂ©ral n'est entrĂ© dans des situations de conflit que lorsque les choses approchaient de l'insurrection. L'auto-dĂ©fense peut forcer Washington Ă  agir plus rapidement[6].»

La mĂȘme annĂ©e, l'historien amĂ©ricain Howard Zinn (alors membre du Conseil consultatif du SNCC) publie son essai «The Limits of Nonviolence», dans la revue pour les droits civiques Freedomways. Dans l'article, l'historien conclut que l'action directe non violente n'est pas suffisante pour briser les lois Jim Crow dans les États du Sud[7]. Dans son livre de 1965, SNCC: The New Abolitionists, Zinn explique la philosophie qui a dominĂ© le mouvement:

«Les membres du SNCC - et en fait tout le mouvement des droits civiques - a Ă©tĂ© confrontĂ©s pendant leur action au dilemme qui dĂ©soriente l'homme dans la sociĂ©tĂ©: on ne peut pas toujours avoir Ă  la fois la paix et la justice. Insister sur une tranquillitĂ© parfaite et rejeter absolument toute violence peut conduire Ă  renoncer au droit de changer un ordre social injuste. D'un autre cĂŽtĂ©, rechercher la justice par n'importe quel moyen peut conduire Ă  une effusion de sang si grande et horrible qu'elle Ă©clipse tout le reste et Ă©clabousse l'objectif, le rendant mĂ©connaissable. Le problĂšme est d’étudier soigneusement les diffĂ©rentes possibilitĂ©s, de maniĂšre Ă  atteindre le maximum de progrĂšs social avec un minimum de souffrance. La sociĂ©tĂ© a Ă©tĂ© coupable d'un jugement plutĂŽt rapide et imprudente dans le passé  d'un autre cĂŽtĂ©, elle a permis les injustices les plus monstrueuses qu'elle aurait pu Ă©liminer avec peu de peine[8].»

La désobéissance et la démocratie de Zinn

En 1968, Zinn approfondi la diversitĂ© tactique avec son livre «DĂ©sobĂ©issance et dĂ©mocratie: neuf erreurs sur la loi et l'ordre» . Le texte est publiĂ© en rĂ©ponse au juge libĂ©ral de la Cour suprĂȘme Abe Fortas, qui Ă©crit dans son livre «Concerning Dissent and Civil Disobedience», qu'il soutiens les formes «gandhiennes» d'action directe, mais pas les tactiques qui implique de rĂ©sister aux arrestations; Fortas rejette Ă©galement les stratĂ©gies politiques impliquant la violation de la loi, la destruction de biens privĂ©s, ou la violence physique, y compris en cas d'auto-dĂ©fense face Ă  la rĂ©pression. Toutes ces tactiques se gĂ©nĂ©ralisaient alors au sein du mouvement amĂ©ricain des droits civiques, du mouvement Black Power et des campagnes contre la guerre du ViĂȘt Nam .

Zinn rĂ©fute la position de Fortas Ă  propos de la rĂ©sistance face Ă  l'arrestation et au jugement, Zinn rĂ©plique que Gandhi avait acceptĂ© la mauvaise influence de Platon, qui, dans son dialogue philosophique Criton, dĂ©crivait Socrate comme acceptant joyeusement sa condamnation Ă  mort au motif que le citoyen est obligĂ© de se soumettre Ă  la dĂ©cision du gouvernement, qui est comme un maĂźtre pour le peuple. Zinn souligne que ce sont «les arguments du lĂ©galiste, de l' Ă©tatiste, pas du libertaire», et note que Platon mĂ©prise la dĂ©mocratie. Face Ă  l'inquiĂ©tude de Platon selon laquelle la dĂ©sobĂ©issance durable Ă  la loi pourrait renverser les fondements du gouvernement, Zinn soutient au contraire que: «Quand des dĂ©cisions injustes deviennent la rĂšgle, alors le gouvernement et ses reprĂ©sentants doivent ĂȘtre renversĂ©s.»

À propos la violation des lois et des conventions dans le cadre de protestations, Zinn note que certains des pires problĂšmes de la sociĂ©tĂ© - «comme la faim, le mal logement ou le manque de soins mĂ©dicaux» - ne sont pas le rĂ©sultat de lois particuliĂšres, mais des conditions de l’ensemble d'un systĂšme; par consĂ©quent, les cibles ne peuvent pas toujours ĂȘtre prĂ©cises: «Nos problĂšmes les plus profonds ne sont pas reprĂ©sentĂ©s par des lois spĂ©cifiques, mais sont tellement entrelacĂ©s dans la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine que le seul moyen de les atteindre est d'attaquer le tissu Ă  tous ses points vulnĂ©rables[9].»

Zinn réfute le «rejet légitime et facile de la violence» de la part des libéraux, notant qu'Henry Thoreau, qui a popularisé la notion de désobéissance civile, a soutenu l'insurrection armée de John Brown. Zinn reconnaßt que «la non-violence est plus désirable que la violence en tant que moyen», mais affirme aussi que:

«  dans la tension inĂ©vitable qui accompagne le passage d'un monde violent Ă  un monde non-violent, le choix des moyens ne sera presque jamais pur, et impliquera des complexitĂ©s telles que la simple distinction entre violence et non-violence ne suffit pas comme guide ... Les actes mĂȘmes par lesquels nous cherchons Ă  faire le bien ne peuvent Ă©chapper aux imperfections du monde que nous essayons de changer.»

Zinn rejette en particulier la condamnation morale de la destruction de propriĂ©tĂ©s, comme Ă©tant historiquement ignorante et Ă©thiquement irrĂ©flĂ©chie. Il soutient que fasse Ă  la violence massive de l'État, le bris de vitres est une perturbation heureusement restreinte:

«Le degrĂ© de dĂ©sordre dans la dĂ©sobĂ©issance civile ne doit pas ĂȘtre comparĂ© Ă  une fausse «paix» prĂ©sumĂ©e exister dans le statu quo, mais avec le dĂ©sordre et la violence rĂ©els qui font partie de la vie quotidienne, ouvertement exprimĂ©s au niveau international dans les guerres, mais cachĂ©s localement sous la façade de «l'ordre» qui masque l'injustice de la sociĂ©tĂ© contemporaine.»

Zinn s'attaque ensuite à l'affirmation selon laquelle la violence dessert la cause d'un mouvement, en affirment que l'histoire montre à plusieurs reprises à la fois les limites de la non-violence et l'efficacité des méthodes combatives: « Ce n'est que lorsque les manifestations de noires ont donné lieu à des violences que le gouvernement national a commencé à travailler sérieusement sur les droits civiques, » note l'historien, prenant comme exemple l'émeute de Birmingham de 1963. Les méthodes pacifiques «suffisaient à soulever le problÚme, mais non à le résoudre.»

Dans le mĂȘme temps, Zinn propose «un code morale sur la violence dans la dĂ©sobĂ©issance civile», qui allait «dĂ©terminer si les troubles ou la violence est contrĂŽlĂ©e ou aveugle...» Cela engendrerait une insurrection en partie violente, encore majoritairement non-lĂ©tale, ce qui serait prĂ©fĂ©rable Ă  une guerre civile sanglante et entiĂšrement militarisĂ©e. Finalement, Zinn se retrouve complĂ©tement dans l'idĂ©e de la diversitĂ© des tactiques:

«Chaque situation dans le monde est unique et nĂ©cessite des combinaisons uniques de tactiques
 toute la vaste gamme de tactiques possibles au-delĂ  de la stricte non-violence[10].»

«Désobéissance et démocratie» s'est vendu à plus de 70 000 exemplaires (ce qui en fait le livre le plus populaire de Zinn avant «A People's History of the United States») [11] et a servi de «support théorique aux nombreux actes de désobéissance civile commis pendant ces années de guerre au Vietnam[12].»

DĂ©bat autour de la fermeture de l'OMC en 1999

Dans les annĂ©es qui suivent la fin de la guerre du Vietnam, la contestation aux États-Unis prend des formes plus ordonnĂ©es et est de plus en plus dominĂ©e par la classe moyenne[13]. Lorsque le mouvement anti-nuclĂ©aire progresse aprĂšs l'effondrement partiel de Three Mile Island, une stratĂ©gie rigoureusement non-violente, (promue par Bill Moyer et le Mouvement pour une nouvelle sociĂ©tĂ©, et incarnĂ©e par la Clamshell Alliance), est souvent crĂ©ditĂ© pour ce progrĂ©s, et ces mĂ©thodes finissent par dominer le mouvement pour la justice sociale[14] - [15]. Cela correspond Ă  l'Ă©mergence d'une stratĂ©gie policiĂšre trĂšs efficace de contrĂŽle des foules appelĂ©e «gestion nĂ©gociĂ©e»[16]. De nombreux spĂ©cialistes des sciences sociales note «l'institutionnalisation des mouvements» Ă  cette Ă©poque[17].

Ces courants ont largement limité la portée perturbatrices des protestations jusqu'aux manifestations de 1999 contre l'Organisation mondiale du commerce. Dans un succÚs sans précédent pour la désobéissance civile post-vietnamienne, la cérémonie d'ouverture de la Conférence ministérielle de l'OMC est complÚtement fermé, la ville hÎte de Seattle déclare l'état d'urgence pendant prÚs d'une semaine, les négociations commerciales multilatérales entre les pays riches et les pays en développement s'effondrent, et tous cela sans victimes. Cela s'est produit au milieu d'émeutes de masse qui ont été provoquées par des militants anarchistes (certains se sont regroupés pour former des Black Bloc), diverses ONG de désobéissance civile non-violente (comme Public Citizen et Global Exchange ) et le Seattle Direct Action Network (DAN), et une marche de masse légale organisée par l'AFL-CIO[18] - [19] - [20].

Avant sa fermeture, le groupe local Seattle Anarchist Response (SAR) fait circuler librement le texte de Ward Churchill «Pacifism as Pathology» parmi les manifestants. SAR promeut activement la diversitĂ© des tactiques parmi la base de DAN et critique l'hĂ©gĂ©monie des ONG sur les manifestations. Ils reçoivent souvent des rĂ©actions enthousiaste[21]. Un organisateur de DAN dĂ©clare au journal Seattle Weekly : «Je sort moins fermement convaincu de ce qui est bien et de ce qui est mal, et j'utilise des tactiques diffĂ©rentes tant qu'elles sont utilisĂ©es Ă  bon escient. Je n'en n'Ă©tait pas lĂ  oĂč j'en suis aujourd'hui il y a un an.» L'appel Ă  la manifestation de Seattle vient Ă  l'origine de Peoples Global Action (un rĂ©seau cofondĂ© par les zapatistes ) qui soutiens la diversitĂ© des tactiques et une dĂ©finition trĂšs flexible de la non-violence[22].

Au lendemain de la victoire, divers porte-parole d'ONG associĂ©s Ă  Seattle DAN affirme que l'aspect Ă©meutier des manifestations contre l'OMC est contre-productive et antidĂ©mocratique. Ils affirment Ă©galement que seul un petit groupe minoritaire d'Eugene et d'Oregon, ont participĂ© Ă  la destruction de propriĂ©tĂ©s. Medea Benjamin dit au New York Times que «ces anarchistes auraient dĂ» ĂȘtre arrĂȘtĂ©s» [23] - [24] tandis que Lori Wallach de Public Citizen dĂ©clare qu'elle a ordonnĂ© aux Teamsters d'agresser les participants au Black Bloc[25]. En rĂ©ponse, cinq universitaires dont Christian Parenti, Robin Hahnel et Ward Churchill signe une lettre ouverte dĂ©nonçant la «vague de rĂ©action» que le secteur des ONG organise contre les militants protestataires. «Ceux qui rabaissent et se distancient des actions des« anarchistes d'EugĂšne» ont soit ignorĂ©, soit simplement ne se sont pas rendu compte du niveau de contributions des anarchistes (habillĂ© de noir ou autrement) pour faire du Festival de la rĂ©sistance du une rĂ©alitĂ©. Ils affirment Ă©galement que la gauche Ă©tablie, en prĂŽnant la violence contre certains manifestants afin de protĂ©ger la propriĂ©tĂ© privĂ©e des entreprises, renforce «une acceptation sans rĂ©serve du systĂšme de valeurs dominant de la sociĂ©tĂ© de consommation amĂ©ricaine: la propriĂ©tĂ© privĂ©e a une valeur plus Ă©levĂ©e que la vie»[26].

Dans sa rĂ©ponse Ă  la controverse, Barbara Ehrenreich prĂ©sente les dirigeants des ONG comme des «hypocrites» et Ă©crit que les militants non violents devraient «traiter les jeunes lanceurs de pierres comme des sƓurs et des frĂšres dans la lutte». Elle critique Ă©galement le dogme de la non-violence comme Ă©tant «ridiculement ritualisé», ainsi qu'Ă©litiste car ils prĂ©tend rejeter tout manifestant qui n'a pas suivi une formation Ă  la non-violence «pendant des heures, voire des jours». Ehrenreich conclu que: «Les membres du Direct Action Network, du Global Exchange et d'autres groupes ont Ă©tĂ© suffisamment intelligents pour comprendre le fonctionnement de l'OMC, du FMI et de la Banque mondiale. Il est maintenant temps pour eux de comprendre comment un grand nombre de personnes peuvent protester contre la cabale capitaliste internationale sans se faire Ă©craser (ou saccager par leurs camarades manifestants) dans le processus [27].»

La solution d'Ehrenreich à l'impasse est l'acceptation croissante de la diversité des tactiques dans le mouvement anti-mondialisation[28]. La premiÚre indication majeure est en , lorsque la coalition d'ONG impliquée dans des manifestations contre la Banque mondiale à Washington DC résiste aux appels des médias pour dénoncer les manifestants qui ne pratiquaient pas la non-violence stricte. La porte-parole Nadine Bloch a déclaré à la presse que: «Ce qu'il y avait parmi les manifestants (à Seattle), c'était des tactiques alternatives. La destruction de biens est quelque chose qui affecte des biens, pas des gens. Je ne pense pas que la destruction de propriétés dans le contexte de cette manifestation de Washington serait quelque chose de trÚs constructif. Mais quand nous regardons ce qui s'est passé à Seattle, nous devons bien dire que cela a contribué à la couverture médiatique que nous avons obtenue, y compris grùce à ceux qui, selon vous, ont dépassé les limites[29].»

À la veille des manifestations contre le sommet de la Zone de libre-Ă©change des AmĂ©riques (ZLEA) de 2001 Ă  la ville de QuĂ©bec, une importante organisation d'action directe connue sous le nom de SalAMI subi une dĂ©fection massive en raison de son dĂ©saccord avec la diversitĂ© des tactiques. De nombreux participants (dont Jaggi Singh ) critique SalAMI pour son «dogmatisme de la non-violence» ainsi que pour les hiĂ©rarchies au sein de l'organisation. De cette scission nĂ© le Convergence des luttes anti-capitalistes (CLAC). La «Bases de l'unité» du CLAC dĂ©clare: «Dans le respect d'une diversitĂ© de tactiques, le CLAC soutient l'utilisation d'une variĂ©tĂ© d'initiatives crĂ©atives, allant de l'Ă©ducation populaire Ă  l'action directe.» Les manifestations anti-ZLEA sont massives, impliquant soixante mille personnes Ă  leur apogĂ©e, et reçoivent une couverture mĂ©diatique largement positive, mĂȘme si elles comprennent des affrontements gĂ©nĂ©ralisĂ©s avec la police et la destruction de biens gouvernementaux. Cindy Milstein observe que les succĂšs du CLAC Ă  QuĂ©bec dĂ©coule de l'utilisation d'un vaste rĂ©pertoire qui englobe l'organisation communautaire, la sensibilisation internationale et la confrontation musclĂ©e[30] (le CLAC continue d'ĂȘtre actif au QuĂ©bec Ă  ce jour et a composĂ© une partie du flanc radical de la GrĂšve Ă©tudiante quĂ©bĂ©coise de 2012[31] - [32].

«L'Action mondiale des peuples» a consolidé son soutien à la diversité des tactiques à ce moment en supprimant le mot «non-violent» de leur charte sur la désobéissance civile. Ils ont expliqué que:

«Le problĂšme avec l'ancienne formulation Ă©tait d'abord que le terme de «non-violence» a des significations trĂšs diffĂ©rentes en Inde (oĂč il signifie respect de la vie) et en Occident (oĂč il signifie Ă©galement respect de la propriĂ©tĂ© privĂ©e). Ce malentendu fondamental s'est avĂ©rĂ© tout Ă  fait impossible Ă  corriger dans les mĂ©dias - ou mĂȘme dans le mouvement lui-mĂȘme. Le mouvement nord-amĂ©ricain a estimĂ© que le terme pouvait ĂȘtre compris comme ne permettant pas une diversitĂ© de tactiques ou mĂȘme de contribuer Ă  la criminalisation d'une partie du mouvement. Les organisations latino-amĂ©ricaines s'Ă©taient Ă©galement opposĂ©es Ă  ce terme dans leur confĂ©rence rĂ©gionale, affirmant qu'un «appel Ă  la dĂ©sobĂ©issance civile» Ă©tait assez clair, alors que la «non-violence» semblait impliquer un rejet d'Ă©normes pans de l'histoire de la rĂ©sistance de ces peuples et a donc Ă©tĂ© mal pris par une grande partie du mouvement »
«En fait, il a Ă©tĂ© toujours compris Ă  l'AMP que la non-violence doit ĂȘtre prise comme un principe directeur ou un idĂ©al qui doit toujours ĂȘtre interprĂ©tĂ© par rapport Ă  une situation politique et culturelle particuliĂšre. Des actions parfaitement lĂ©gitimes dans un contexte peuvent ĂȘtre inutilement violentes dans un autre (contribuant Ă  brutaliser les relations sociales). Et vice versa. PrĂ©cisĂ©ment pour rendre cela clair, l'armĂ©e zapatiste (EZLN) a Ă©tĂ© invitĂ©e Ă  faire partie de la premiĂšre gĂ©nĂ©ration de coordinateur. La formulation finalement trouvĂ©e semble respecter cette position fondamentale, puisqu'elle prĂŽne explicitement la MAXIMISATION du respect de la vie[33].»
La section locale 574 des Teamsters affrontant la police dans la grÚve générale de Minneapolis de 1934

Études rĂ©centes

Ces derniÚres années, de nombreux universitaires ont étudié la diversité des tactiques. L'éminent sociologue Francis Fox Piven a écrit, en analysant les stratégies des manifestations offensives, que:

«Les mouvements de protestation peuvent ou non se livrer Ă  des violences contre des biens ou des personnes. Les chercheurs sur les mouvements sociaux amĂ©ricains ont Ă©tĂ© trĂšs timides sur cette question. Ils ont tendance Ă  ignorer les Ă©pisodes de violence qui se produisent, les excluant par dĂ©cret de leur dĂ©finition des mouvements sociaux. Je soupçonne qu'ils sont influencĂ©s par leur sympathie pour ... la tant proclamĂ©e «non-violence» du mouvement des droits civiques ... Tout comme la non-violence peut ĂȘtre stratĂ©gique, la violence peut aussi ĂȘtre utilisĂ©e de maniĂšre stratĂ©gique, et souvent dĂ©fensivement pour permettre l'action perturbatrice, l'abandon de la coopĂ©ration, pour continuer[34].»

Les dĂ©couvertes de Piven confirment celles d'autres chercheurs sur les mouvements sociaux, comme William Gamson et Pamela Oliver. Oliver Ă©crit que «les jeunes d'aujourd'hui apprennent gĂ©nĂ©ralement une histoire Ă©logieuse du mouvement des droits civiques
 Nos jeunes sont rarement informĂ©s sur les Ă©meutes, et mĂȘme de nombreuses sources universitaires sur le mouvement noir ignorent ou minimisent ces rĂ©voltes. Il semble que ceux qui sont assez vieux pour se souvenir des Ă©meutes tentent de les oublier[35].» Toutefois dans le domaine de la sociologie, les rĂ©sultats positifs de « l'effet de flanc radical » sont largement reconnus. L'effet de flanc radical a Ă©tĂ© nommĂ© pour la premiĂšre fois par Herbert H. Haines dans son livre «Black Radicalism and the Civil Rights Mainstream», oĂč il dĂ©clare que «l'agitation que les militants ont crĂ©Ă©e Ă©tait indispensable au progrĂšs des Noirs et, en effet, la radicalisation des Noirs a eu le net effet de renforcer les positions de nĂ©gociation des groupes de dĂ©fense des droits civiques classique et d'accĂ©lĂ©rer l’obtention d'un grand nombre de leurs objectifs [
] [cette constatation] a des implications pour tout mouvement social composĂ© de factions modĂ©rĂ©es et radicales
[36]»

Ces derniĂšres annĂ©es, les historiens universitaires sont devenus plus francs sur le rĂŽle de la force dans le mouvement des droits civiques. Des universitaires tels que Charles M. Payne, Akinyele Umoja et Timothy Tyson ont expliquĂ© l'utilitĂ© de l'activitĂ© militante (allant de la dissuasion armĂ©e aux Ă©meutes de masse) pour mettre fin Ă  la sĂ©grĂ©gation officielle aux États-Unis. Dans son livre «I've Got the Light of Freedom», Payne rĂ©flĂ©chit Ă  la maniĂšre dont le militantisme noir coexistait avec les idĂ©aux non violents:

«À un certain niveau, il y a quelque chose d'incohĂ©rent Ă  propos de Medgar Evers qui envisage la guĂ©rilla contre les Blancs dans le Delta et croie simultanĂ©ment qu'il peut parler aux [blancs] assez longtemps pour pouvoir les changer. L'incohĂ©rence n'est qu'apparente, elle dĂ©pend de la largeur de la vision sociale dĂ©veloppĂ©e par certains Noirs du Sud. Ils pourraient, comme Malcolm X, envisager un Ă©ventail de tactiques d'opposition plus large, mais comme MLK, ils n'ont jamais perdu un sens de l'humanitĂ© communes plus Ă©tendue[37].»

L'historien Robin Kelley a écrit que «l'autodéfense armée a en réalité sauvé des vies, réduit les attaques terroristes contre les communautés afro-américaines et jeté les bases d'une solidarité communautaire sans précédent»[38]. Bien que cette idée ait été trÚs acclamée, pratiquement aucune de ses découvertes n'a été utilisée jusqu'à présent dans les représentations populaires du mouvement[39].

Écrit rĂ©cent

Dans le texte anticapitaliste influent «L'Insurrection qui vient» les auteurs prescrivent une rĂ©sistance armĂ©e qui Ă©vite nĂ©anmoins la militarisation: «Les armes sont nĂ©cessaires: il s'agit de tout mettre en Ɠuvre pour rendre leur utilisation inutile
 la perspective d'une guĂ©rilla urbaine du genre de celle menĂ©e en Irak, traĂźnant sans possibilitĂ© de prendre l'offensive, est plus Ă  craindre qu'Ă  dĂ©sirer. La militarisation de la guerre civile est la dĂ©faite de l'insurrection[40].»

De nombreux commentateurs considÚrent les émeutes de Ferguson et de Baltimore associées au mouvement Black Lives Matter comme des formes de protestation productives[41] - [42]. Un membre de la Commission Ferguson du gouverneur du Missouri a déclaré au Huffington Post que «sans les troubles, nous n'aurions pas vu la réforme des tribunaux municipaux. Cela a certainement changé la donne»[43]. Les leaders populaires du mouvement ont refusé de condamner les épisodes de violente protestation[44] - [45], et largement «embrasser une diversité de tactiques»[46] - [47] - [48].

Exemples réussis

Les suffragettes

Le mouvement des droits des femmes en Grande-Bretagne est devenu de plus en plus combatif dans les années qui ont précédé l'adoption du suffrage féminin. La principale instigatrice de cette tendance était Emmeline Pankhurst. L'organisation de Pankhurst, l' Union sociale et politique des femmes (WSPU), a commencé à perturber les réunions politiques et à pratiquer la désobéissance civile non violente en 1904. Les médias traditionnels ont fait une distinction entre les suffragistes légalistes et les «suffragettes» qui enfreignent la loi; Pankhurst et ses partisanes ont néanmoins accepté cette derniÚre étiquette[49].

À partir de 1908, la WSPU s'est engagĂ©e dans de violentes manifestations: brisant des vitres, combattant des policiers et allant jusqu'Ă  commettre des attentats Ă  la bombe non meurtriers[50] - [51]. Pankhurst a dĂ©clarĂ© que «une vitre cassĂ©e est l'argument le plus prĂ©cieux de la politique moderne» et a considĂ©rĂ© la lutte des suffragettes comme une forme de «guerre civile»[52] - [53]. Lorsqu'elles Ă©taient emprisonnĂ©es, les suffragettes se livraient souvent Ă  des grĂšves de la faim et Ă©taient le premier groupe de haut niveau Ă  s'engager systĂ©matiquement dans cette tactique, devançant Mohandas Gandhi d'une dĂ©cennie[54].

L'historien Trevor Lloyd a écrit que «en [1913] les suffragettes ne cherchaient plus à faire de martyre. Elles voulaient lutter contre la société[55].» Ces activités ont chassé certains de leurs sympathisants, mais Pankhurst était inébranlable, déclarant que:

«  Si vous voulez vraiment faire quelque chose, ce n'est pas tant une question de savoir si vous attirez ou non la sympathie; la sympathie est une chose trĂšs insatisfaisante si ce n'est pas une forme de solidaritĂ©. Peu importe Ă  la suffragiste pragmatique qu'elle atire ou non une sympathie qui ne lui a jamais Ă©tĂ© d'aucune utilitĂ©. Ce qu'elle veut, c'est obtenir quelque chose de concret, et que ce soit fait par sympathie ou par peur
 n'a pas particuliĂšrement d'importance tant que vous l'obtenez. Nous en avons eu assez de sympathie pendant cinquante ans; cela ne ne nous a jamais rien apportĂ©, et nous prĂ©fĂ©rerions qu'un homme en colĂšre se rende au gouvernement et dise que ces affaires sont gĂȘnĂ©es et qu'il n'acceptera pas qu'elles le soient plus longtemps parce que vous ne voulez pas donner pas le droit de vote aux femmes, plutĂŽt qu'un gentleman vienne sur nos plates-formes annĂ©e aprĂšs annĂ©e et parle de son ardente sympathie pour le droit de vote des femmes[56].»

La fĂ©ministe amĂ©ricaine Alice Paul a commencĂ© son activisme avec WSPU en Grande-Bretagne et a participĂ© Ă  des manifestations destructrices lĂ -bas, brisant elle mĂȘme plus de quarante fenĂȘtres[57] De retour aux États-Unis, Paul a commencĂ© Ă  introduire des tactiques de suffragette dans le mouvement fĂ©ministe de son pays d'origine. L'organisation de Paul, le Parti national des femmes, Ă©tait principalement non-violente dans ses activitĂ©s, mais Paul a travaillĂ© en Ă©troite solidaritĂ© avec Emmeline Pankhurst jusqu'Ă  l'adoption du suffrage et a accueilli des apparitions de Pankhurst aux États-Unis Ă  plusieurs reprises[58]. En 1912, Harriot Stanton Blanch a changĂ© le nom de son organisation de la Ligue pour l'Ă©galitĂ© Ă  l'Union politique des femmes afin de dĂ©montrer sa solidaritĂ© avec la dĂ©sormais violente WSPU[59]. Dans les mois qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le passage du dix-neuviĂšme amendement, les suffragistes amĂ©ricains ont expĂ©rimentĂ© des tactiques plus combatives, brisant une fenĂȘtre dans une lutte avec un policier en [60], et brĂ»lant une effigie du prĂ©sident devant la Maison Blanche en . En , le prĂ©sident Wilson convoqua une session spĂ©ciale du CongrĂšs pour l'amendement du suffrage. Il sera validĂ© par les deux chembres le mois suivant[61].

Mouvement des droits civiques

Le mouvement des droits civiques n'Ă©tait pas systĂ©matiquement non-violent, au sens gandhien du terme (qui refuse la dĂ©struction matĂ©rielle); mĂȘme pendant le boycott des bus de Montgomery de 1955 Ă  1956, la plupart des militants, y compris Martin Luther King Jr., gardaient des armes chez eux. Sous l'influence des pacifistes Bayard Rustin et Glen Smiley, un code de non-violence plus strict s'est imposĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1950[62]. La pĂ©riode 1957–1959 a Ă©tĂ© un point critique pour le mouvement: moins d'Ă©coles ont subi une dĂ©sĂ©grĂ©gation dans les trois annĂ©es suivant le boycott des bus que dans les trois annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, et l'inscription des Ă©lecteurs noirs et la dĂ©sĂ©grĂ©gation des bus sont restĂ©es stagnantes. L'activisme est tombĂ© Ă  l'un de ses points les plus bas de l'aprĂšs-guerre, la plupart des Afro-AmĂ©ricains du Sud Ă©tant terrorisĂ©s et soumis par le Ku Klux Klan[63] - [64]. En 1959, Robert F. Williams, prĂ©sident de la section de Monroe, en Caroline du Nord, de la NAACP, a fait la une des journaux nationaux lorsqu'il a dĂ©clarĂ© Ă  la presse que sa section Ă©tait armĂ©e et prĂȘte Ă  «affronter la violence par la violence»[65]. Les militants de la Caroline du Nord avaient eu des affrontements armĂ©s contre le KKK pendant plusieurs mois auparavant, y compris une action amĂ©rindienne Ă  « La bataille de Hayes Pond »[66]. Williams a Ă©tĂ© suspendu pour sa radicalitĂ© par le prĂ©sident de la NAACP Roy Wilkins, mais sa politique est devenue populaire au niveau national parmi la base et l'assemblĂ©e des dĂ©lĂ©guĂ©s de la NAACP a adoptĂ© une rĂ©solution dĂ©clarant «nous ne nions pas, mais rĂ©affirmons le droit de l'individu et du collectif Ă  l'auto-dĂ©fense contre les agressions illĂ©gales.» Williams a continuĂ© Ă  promouvoir la rĂ©sistance armĂ©e avec sa publication «The Crusader» et a finalement repris la direction de la branche de Monroe NAACP[67].

Le mouvement national de sit-in Ă©tudiant a commencĂ© avec les sit-ins de Greensboro en Caroline du Nord visant les bistrot plusieurs mois plus tard. Bien qu'initiĂ©s comme une campagne non-violente qui ne rĂ©pondrait pas Ă  la violence blanche, dans certains endroits, comme Portsmouth en Virginie et Chattanooga auTennessee, les Noirs se sont dĂ©fendus avec force contre les agressions[68]. Robert F. Williams a menĂ© une campagne de sit-in rĂ©ussie Ă  Monroe oĂč, a-t-il rapportĂ©, aucun raciste n'a osĂ© attaquer son groupe car il Ă©tait bien connu que son application de la non-violence Ă©tait strictement conditionnelle[69]. À Jacksonville, en Floride, la NAACP locale s'est prĂ©parĂ©e Ă  dĂ©fendre les militants non violents en faisant apelle Ă  un gang de rue local pour rĂ©pondre Ă  toute attaque[70]. Cela a conduit Ă  un affrontement dans toute la ville, couvert au niveau national comme «Axe-handle Saturday», oĂč des dizaines de noirs et de blancs ont Ă©tĂ© blessĂ©s en . Les bars ont Ă©tĂ© dĂ©sĂ©grĂ©gĂ©s Ă  Jacksonville et dans de nombreux autres sites de protestation dans les mois suivants[71]. Doug McAdam a citĂ© «Axe-handle Saturday» comme exemple du spectre de la crise violente qui planait gĂ©nĂ©ralement sur les sit-in des bistrots, trouvant que la menace d'une escalade du chaos poussait les autoritĂ©s Ă  faire des concessions[72].

Les Freedom Rides de 1961 ont été conçus à l'origine comme une campagne non-violente. AprÚs quatre mois sans décision sur la déségrégation des bus de la Commission Interstate Commerce (ICC), James Forman, secrétaire exécutif du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), a conduit une délégation de grévistes non-violents à Monroe pour travailler avec Robert F. Williams[73]. (Freedom Riders à Anniston, Alabama, avait déjà bénéficié de la protection d'un groupe armé dirigé par le colonel Stone Johnson)[74]. Les Monroe Freedom Riders ont été brutalement agressés lors d'un piquet de grÚve à l'hÎtel de ville, mais ont été secourus par Williams et son groupe, qui ont procédé à des échanges de coups de feu avec des civils suprémacistes blancs et la police. De nombreux Freedom Riders ont exprimé leur gratitude à Williams pour avoir sauvé leur vie ce jour-là[75] - [76]. La CPI a tranché en faveur des Freedom Riders moins d'un mois aprÚs le conflit de Monroe. En 1962, le Freedom Rider John Lowry a publiquement fait l'éloge de Williams et a affirmé qu'une action non-violente ne pouvait réussir sans «menace de violence»[77]. D'autres figures de droits civiques ont loué la contribution de Robert F. William au mouvement comme Rosa Parks[78], Julian Bond[79], Howard Zinn[80], Stanley Levison[81], et Ella Baker[82]. Ces deux derniers étaient cofondateurs de la Southern Christian Leadership Conference pacifiste.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Références

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