Disparition (droit français)
En droit français, la disparition est dĂ©finie comme « Le dĂ©cĂšs de tout Français (...) dans des circonstances de nature Ă mettre sa vie en danger, lorsque son corps n'a pu ĂȘtre retrouvĂ© » (art. 88 al.1er du Code civil).
Le droit civil organise trois régimes :
- la non-prĂ©sence, quand une personne n'est pas lĂ mais que sa vie ne fait pas de doute. Ce qui conduit Ă la dĂ©signation d'un reprĂ©sentant pour gĂ©rer les biens et les intĂ©rĂȘts du non-prĂ©sent.
- l'absence, « lorsqu'une personne a cessé de paraßtre au lieu de son domicile ou de sa résidence sans que l'on en ait eu de nouvelles » (art. 112 du Code civil). Ce régime permet au bout de 10 ou 20 ans de déclarer la personne décédée.
- la disparition, « lorsque le dĂ©cĂšs est certain, ou quasi-certain, mais que le corps n'a pu ĂȘtre retrouvĂ© » (art. 88 al. 3 du Code civil). Ce rĂ©gime permet de dĂ©clarer rapidement la personne dĂ©cĂ©dĂ©e.
NOTA BENE : S'il s'agit simplement de reprendre contact avec une personne, une recherche dans l'intĂ©rĂȘt des familles (RIF) pouvait ĂȘtre entreprise ; cette procĂ©dure est aujourd'hui supprimĂ©e[1].
Le droit pĂ©nal utilise la procĂ©dure d'enquĂȘte de flagrance pour enquĂȘter sur les disparitions inquiĂ©tantes.
Pour finir, il existe aussi un dispositif particulier pour les disparitions de mineurs : l'alerte enlĂšvement.
Histoire de la disparition en droit français
Lors de l'adoption du code civil de 1804, seule la procĂ©dure d'absence Ă©tait prĂ©vue pour le cas oĂč une personne disparaissait. Pourtant, lorsque le dĂ©cĂšs de la personne Ă©tait hautement probable en raison des circonstances qui entourait sa disparition, le systĂšme organisĂ© par les articles 112 et suivant du Code civil paraissait inappropriĂ©[2].
Le législateur est intervenu par deux ordonnances : une premiÚre du 30 octobre 1945 et la seconde le 23 août 1958. Ces ordonnances ont modifié les articles 88 à 92 du code civil.
Ces dispositions permettent de dĂ©clarer judiciairement le dĂ©cĂšs. La procĂ©dure s'applique Ă©galement lorsque le dĂ©cĂšs est certain, mais que le corps n'a pu ĂȘtre retrouvĂ© (art. 88 al. 3 du Code civil).
La quasi-certitude apparaĂźt notamment dans le cadre d'accident oĂč le cadavre a Ă©tĂ© consumĂ© totalement (incendie, accident d'avion, etc.) ou lorsqu'il s'agit de cadavre non-identifiĂ©.
EnquĂȘte disparition
Si la disparition laisse croire que « quelque chose est arrivĂ© », une enquĂȘte pĂ©nale peut ĂȘtre ouverte. Sinon, il existait auparavant, une procĂ©dure administrative de recherche dans l'intĂ©rĂȘt des familles (RIF) qui pouvait ĂȘtre entreprise[1].
EnquĂȘte pĂ©nale
La loi du dans l'article 74-1 du code de procĂ©dure pĂ©nale a amĂ©nagĂ© un cadre d'enquĂȘte sui generis pour trois cas de disparition :
- disparition d'un mineur;
- disparition d'un majeur protégé;
- disparition d'un majeur présentant un caractÚre inquiétant ou suspect eu égard aux circonstances, à l'ùge de l'intéressé ou à son état de santé (art. 74-1 du code de procédure pénale).
L'opportunité de recherches est en cas de conflit laissée à l'appréciation du procureur de la République (art. 26 de la loi du lire en ligne).
Ce mĂȘme article prĂ©voit que par principe :
- toute personne déclarée disparue est immédiatement inscrite au fichier des personnes recherchées;
- le déclarant est tenu informé du résultat des recherches entreprises, sous réserve du droit de la personne majeure déclarée disparue et retrouvée de s'opposer expressément à la communication de son adresse au déclarant en signant devant un officier de police judiciaire un document spécifiquement établi à cet effet.
Lors de la déclaration de disparition, le déclarant s'engage à prévenir immédiatement les services de police ou de gendarmerie de toutes nouvelles qu'il pourrait avoir.
L'adresse d'une personne mineure ou majeure protĂ©gĂ©e dĂ©clarĂ©e disparue ne peut ĂȘtre communiquĂ©e Ă son reprĂ©sentant lĂ©gal qu'avec l'autorisation du juge des enfants ou du juge des tutelles, lequel apprĂ©cie, au regard des Ă©lĂ©ments du dossier, si cette communication prĂ©senterait un danger pour le mineur ou le majeur protĂ©gĂ©.
Ă dĂ©faut de dĂ©couverte, dans le dĂ©lai d'un an, soit de la personne dĂ©clarĂ©e disparue, soit de la preuve de sa mort, un certificat de vaines recherches peut ĂȘtre dĂ©livrĂ© au dĂ©clarant Ă sa demande. Ce certificat est dĂ©livrĂ© pour faire valoir ce que de droit, mais n'arrĂȘte pas la poursuite des recherches.
Lorsque le procureur de la République fait application des dispositions de l'article 74-1 du code de procédure pénale, il est mis fin aux recherches administratives prévues par le présent article.
Histoire du droit : recherche dans l'intĂ©rĂȘt des familles (RIF)
Une recherche dans l'intĂ©rĂȘt des familles (RIF) Ă©tait une procĂ©dure administrative française organisĂ©e par la circulaire ministĂ©rielle no 83-52 du . Il s'agissait d'une requĂȘte dĂ©posĂ©e par une personne majeure dans le but de pouvoir reprendre contact avec une personne de sa famille.
Cette procĂ©dure est abrogĂ©e[1] car ne correspondant plus Ă notre Ă©poque. Comme l'indique la circulaire d'annulation en date du : « La procĂ©dure de recherche dans l'intĂ©rĂȘt des familles a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e Ă l'issue de la PremiĂšre Guerre mondiale pour permettre aux membres d'une famille de se retrouver avec l'aide de la puissance publique. Compte tenu du dĂ©veloppement des moyens de tĂ©lĂ©communications et en particulier l'internet, le nombre de demandes de recherches dans l'intĂ©rĂȘt des familles a considĂ©rablement chutĂ© ces derniĂšres annĂ©es de telle sorte que cette procĂ©dure tombe peu Ă peu en dĂ©shĂ©rence »[3].
Déclaration judiciaire de décÚs
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Protection des mineurs Protection des majeurs
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L'article 88 du code civil Ă ce sujet est limpide :
- « Peut ĂȘtre judiciairement dĂ©clarĂ©, Ă la requĂȘte du procureur de la RĂ©publique ou des parties intĂ©ressĂ©es, le dĂ©cĂšs de tout Français disparu en France ou hors de France, dans des circonstances de nature Ă mettre sa vie en danger, lorsque son corps n'a pu ĂȘtre retrouvĂ©.
- Peut, dans les mĂȘmes conditions, ĂȘtre judiciairement dĂ©clarĂ© le dĂ©cĂšs de tout Ă©tranger ou apatride disparu soit sur un territoire relevant de l'autoritĂ© de la France, soit Ă bord d'un bĂątiment ou aĂ©ronef français, soit mĂȘme Ă l'Ă©tranger s'il avait son domicile ou sa rĂ©sidence habituelle en France.
- La procĂ©dure de dĂ©claration judiciaire de dĂ©cĂšs est Ă©galement applicable lorsque le dĂ©cĂšs est certain mais que le corps n'a pu ĂȘtre retrouvĂ©. »
Il s'agit du cas oĂč le corps peut difficilement ĂȘtre retrouvĂ© mais oĂč le dĂ©cĂšs est plus que probable comme lors d'un crash d'avion.
Par contre, si elle est le fruit d'un enlĂšvement il n'y a aucune prĂ©somption de dĂ©cĂšs. En fait, tant qu'aucune preuve n'indique que la personne peut ĂȘtre dĂ©cĂ©dĂ©e, il y a tout lieu de croire qu'elle puisse ĂȘtre encore en vie.
Disparition (biens sans maĂźtre)
Dans le cadre de l'article 713 du code civil les biens immobiliers d'une personne disparue peuvent ĂȘtre incorporĂ©s par une commune dans son domaine privĂ© si la taxe fonciĂšre n'a pas Ă©tĂ© payĂ©e pendant plus de trois ans. Il existe une procĂ©dure spĂ©cifique de publicitĂ© et d'incorporation. La commune peut par un vote du conseil municipal renoncer Ă ce droit au profit de l'Ă©tablissement public de coopĂ©ration intercommunale dont elle est membre[4].
Dans le cas oĂč la commune ou l'EPCI refusent un bien prĂ©sumĂ© sans maĂźtre la propriĂ©tĂ© de celui-ci est dĂ©volue Ă l'Ătat. Cette situation se prĂ©sente lorsque l'immeuble est dangereux (contamination nuclĂ©aire, chimique etc.)[4].
Dans le cas oĂč l'immeuble se trouve dans une zone listĂ©e Ă l'article L322-1 du Code de l'environnement et que la commune ou l'EPCI y ont renoncĂ©, "celui-ci est transfĂ©rĂ© au Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres lorsqu'il en fait la demande ou, Ă dĂ©faut au conservatoire rĂ©gional d'espaces naturels agrĂ©Ă©". En dernier recours l'immeuble revient Ă l'Ătat[4].
Notes et références
- « Peut-on encore demander une recherche dans l'intĂ©rĂȘt des familles (Rif) ? », Disparition et enlĂšvement de personnes, sur Service-public.fr, Dila, (consultĂ© le ) ;
« Suppression de la procĂ©dure de recherches dans lâintĂ©rĂȘt des familles (Rif) », ActualitĂ©s, sur Service-public.fr, Dila, (consultĂ© le ) - Marais, Astrid (19..-...; juriste)., Droit des personnes, Dalloz, (ISBN 978-2-247-09099-0 et 2247090990, OCLC 946576568, lire en ligne)
- Laurent Touvet, « Circulaire portant abrogation de la circulaire no 83-52 du 21 fĂ©vrier 1983 relative aux recherche dans l'intĂ©rĂȘt des familles » [PDF], sur LĂ©gifrance, (consultĂ© le )
- « Article 713 du code civil », sur https://www.legifrance.gouv.fr/, (consulté le )
Articles connexes
- ProcĂ©dure pĂ©nale : enquĂȘte de flagrance
- Droit civil : absence
- Cadavre non identifié
- Affaire des disparus de Mourmelon
Liens externes
- Disparition d'un adulte (service-public.fr)