Daphnis et Alcimadure (opéra)
Daphnis et Alcimadure (DafnĂs e Alcimadura en graphie occitane classique ou Daphnis Ă© Alcimaduro dans l'ancienne graphie du livret originel) est un opĂ©ra en occitan dont la musique et le livret ont Ă©tĂ© composĂ©s par le violoniste, chef d'orchestre et compositeur Jean-Joseph CassanĂ©a de Mondonville. L'opĂ©ra, qui s'inspire de la fable du mĂŞme nom de Jean de La Fontaine[1], est divisĂ© en trois actes et comprend aussi un prologue en français de Claude-Henri de FusĂ©e de Voisenon, intitulĂ© Les Jeux floraux.
DafnĂs e Alcimadura
Genre | Opéra (pastorale) |
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Nbre d'actes | 3 |
Musique | Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville |
Livret |
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Langue originale |
occitan (français dans le prologue) |
Sources littéraires |
Fable de Jean de La Fontaine, Daphnis et Alcimadure, livre XII, no. 24 |
Dates de composition |
1754 |
Création |
Fontainebleau |
Personnages
- Clémence Isaure, patronne des Jeux Floraux (soprano)
- Daphnis, jeune berger (haute-contre)
- Alcimadure, bergère (soprano)
- Janet, frère d'Alcimadure (ténor)
- Jardiniers, Jardinières, Pueples, Nobles; Bergers, Bergères, Pastres, Chasseurs, Chasseresses, Mariniers, Marinières (chœur et ballet)
Histoire et interprétations
L'opéra fut interprété pour la première fois le à Fontainebleau devant la cour et le roi Louis XV.
Largement commenté dans le Mercure de France et également par Melchior Grimm, cet opéra fut remonté plusieurs fois dans d'autres villes et même ensuite traduit en français, plagié et parodié. Mondonville, originaire du Languedoc, s'entoura, pour monter cet opéra, d'artistes de premier plan originaires de diverses régions de langue occitane : la prima donna bordelaise Marie Fel, le prim'uomo béarnais Pierre de Jélyotte, le secondo uomo Jean-Paul Spesoller dit La Tour (ou Latour), qui venait également de l'Occitanie, probablement de la région de Carcassonne[2].
Il faut signaler que la date de 1754 place cet opéra en plein dans la Querelle des Bouffons dans laquelle Mondonville fut identifié comme étant du côté de la musique française, ce qui justifia des critiques de la part de Grimm qui, néanmoins, loua la langue, l'occitan se rapprochant davantage, par son origine géographique et son accentuation, de l'italien que du français. Grimm rapporte les doutes qu'on eut sur l'originalité de Daphnis et Alcimadure, l'œuvre étant d'abord vue comme un plagiat de l'Opéra de Frountignan, de Nicolas Fizes, resté très populaire. Grimm conclut qu'« il paraît toujours vraisemblable que M. Mondonville a arrangé les paroles à sa façon et qu'à peu de chose près il peut s'en dire l'auteur. Pour la musique, on convient, ce me semble assez, qu'elle est pillée des différents intermèdes italiens qu'on a représentés ici pendant un an et demi, et que le reste consiste dans des airs que tout le monde en Languedoc sait par cœur[3] ».
Daphnis et Alcimadure a été monté et enregistré sur disque vinyle à Montpellier au début des années 1980[4] et quelques morceaux ont été enregistrés (sur disque compact cette fois) en 1999. Voir Musique aux états du Languedoc dans la discographie.
Synopsis
Un prologue en français invoque Clémence Isaure (patronne allégorique de l'occitan) ainsi que les Jeux Floraux afin de pourvoir évoquer l'histoire idéalisée de la langue occitane. Le livret se poursuit ensuite exclusivement en occitan.
- Acte I : Daphnis est un jeune pâtre amoureux d'Alcimadure. Mais cette dernière refuse cet amour, car elle ne croit pas à sa sincérité. Janet, le frère d'Alcimadure se propose de prouver que cet amour est honnête.
- Acte II : Janet déguisé en soldat vient trouver Daphnis en se vantant, pour l'impressionner, d'avoir brillé sur maints champs de bataille avant de lui conter qu'il va épouser Alcimadure, une fois qu'il aura tué un certain berger du nom de Daphnis. Ce dernier, loin d'être impressionné, confirme son attachement envers la bergère dont il est amoureux et que l'on entend alors pousser un cri d'effroi car un loup la poursuit. Daphnis part à son secours, tue la bête et sauve Alcimadure : reconnaissante, elle ne lui accorde cependant toujours pas son amour.
- Acte III : Janet essaie en vain à nouveau de raisonner Alcimadure. Daphnis, en désespoir de cause, annonce qu'il désire mourir. Quand Janet annonce la mort du berger à sa sœur, cette dernière se plaint à son tour de ne plus vouloir vivre, tout en confessant son amour. Cependant, la mort de Daphnis n'était qu'un subterfuge et les deux bergers peuvent désormais s'aimer.
Éditions
- Nicolau Fizes e Joan Josèp Cassanea de Mondovila, DafnĂs e Alcimadura e l'OperĂ de Frontinhan, coll. « A Tots, 67 », Montpellier, Institut d'estudis occitans, 1981 — Livret en graphie classique
- Dimitri Aguero : Edition pour l'Orchestre de l'AMA Pays d'Aix de l'introduction instrumentale du prologue(2017)
Bibliographie
- Roberte Machard, Jean Joseph Cassanea de Mondonville, virtuose, compositeur et chef d'orchestre, étude biographique, thèse, 1977
Discographie
- Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, Daphnis et Alcimadure, Béziers, Ventadorn, 1981.
- Hugo Reyne, Musique aux états du Languedoc, Astrée, 1999.
Liens externes
- Ressources relatives Ă la musique :
- Extrait sur youtube.com
- Le livret sur Gallica.bnf.fr
- Le livre dans la collection A Tots 67 aux Ă©ditions IEO
- Chronique critique et contemporaine du Mercure de France
- Partitions libres de Daphnis et Alcimadure (opéra) sur l'International Music Score Library Project
- Article encyclopédique consacré à l'opéra Daphnis et Alcimadure sur Occitanica, le portail collectif de la culture occitane
- Film d'animation documentaire consacré à l'opéra Daphnis et Alcimadure sur Occitanica
Notes et références
- Daphnis & Alcimadure, livre XII, n. 24 (David Charlton, Opera in the age of Rousseau. Music, confrontation, realism, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 338 (ISBN 978-0-521-88760-1)).
- Lors d'une reprise de la version occitane originelle à la cour de Versailles en 1764, La Tour, qui avait pris sa retraite de la troupe de l'Académie Royale de Musique, fut remplacé par un nouvel engagé de la Comédie Italienne, le ténor comique avignonnais Antoine Trial.
- Correspondance littéraire, philosophique et critique par Grimm, Diderot, Raynal, Meister, etc…, vol. 12, Garnier frères, 1877, p. 429.
- Georges Frêche rappelle cet évènement dans son prologue de l'édition de A. Tots.