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DĂ©sinfection solaire de l'eau

La désinfection solaire de l’eau, aussi connue sous le nom de SODIS (pour Solar Disinfection), est une méthode pour désinfecter l’eau en utilisant seulement les rayons solaires et des bouteilles en polytéréphtalate d'éthylène (PET)[1]. La désinfection solaire de l’eau est une méthode bon marché et efficace pour un traitement d’eau décentralisé, normalement utilisé au niveau des ménages. Elle est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme méthode de traitement de l’eau et de bonne conservation à domicile. La méthode SODIS est appliquée par de nombreux pays en voie de développement.

Application de la désinfection solaire de l’eau en Indonésie.

Principe

L’exposition au soleil entraîne l'inactivation des organismes pathogènes causant la diarrhée dans de l’eau non polluée. Trois actions des rayonnements solaires contribuent à l'effet germicide :

  • les UV-A interfèrent avec le mĂ©tabolisme et dĂ©truisent la structure de la cellule de la bactĂ©rie ;
  • les UV-A de longueur d’onde 320-400 nm rĂ©agissent avec l’oxygène dissous dans l’eau et produisent une forme très rĂ©active d’oxygène – le radical d’oxygène libre – et des peroxydes d’hydrogène ; ceux-ci dĂ©truisent les germes pathogènes ;
  • les radiations infrarouges chauffent l’eau. Quand la tempĂ©rature de l’eau dĂ©passe les 50 °C, le processus de dĂ©sinfection est trois fois plus rapide qu'Ă  20 °C.

Ă€ une tempĂ©rature d’environ 30 °C, une intensitĂ© de radiation solaire d’au moins 500 W/m2 (lumière de tout spectre) est nĂ©cessaire pendant 5 heures pour que la mĂ©thode SODIS soit efficace. Cette dose contient une Ă©nergie de 555 Wh/m2 dans les rayons d’UV-A et violet (350 nm Ă  450 nm), ce qui correspond Ă  environ 6 heures de soleil d’étĂ© sous une latitude moyenne (Europe).

Si la température de l’eau monte à plus de 45 °C, l’effet synergique des radiations UV et de la température augmente l’efficacité de la désinfection.

Directives pour l’application à domicile

Procédure SODIS de désinfection de l'eau.
  • L’eau d’une source contaminĂ©e est remplie dans une bouteille transparente. Pour une saturation de l'eau en oxygène, la bouteille peut d'abord ĂŞtre remplie aux trois quarts et secouĂ©e pendant 20 secondes (avec le bouchon dessus), pour ensuite ĂŞtre remplie complètement. De l’eau avec une grande turbiditĂ© (turbiditĂ© de plus de 30 NTU) doit ĂŞtre filtrĂ©e avant l’exposition au soleil.
  • Les bouteilles remplies sont exposĂ©es au soleil. Il est possible de dĂ©multiplier l’effet du soleil en plaçant les bouteilles sur une surface rĂ©flĂ©chissante.
  • L’eau traitĂ©e peut ĂŞtre consommĂ©e. Le risque de contamination peut ĂŞtre minimisĂ© si l’eau est stockĂ©e dans les bouteilles mĂŞmes. L’eau doit ĂŞtre consommĂ©e directement de la bouteille ou après avoir Ă©tĂ© versĂ©e dans un verre propre. Le stockage dans d’autres rĂ©cipients augmente le risque de re-contamination.

Suggestion de traitement

Condition météorologique Durée minimale de traitement
EnsoleillĂ© 6 heures
50 % de nuages 6 heures
50-100 % de nuages 2 jours
Pluies continuelles Traitement non satisfaisant, utiliser une autre méthode de traitement ou de l’eau de pluie

Application de SODIS

La désinfection solaire de l’eau est une méthode efficace pour traiter l’eau là où le carburant ou les réchauds ne sont pas disponibles ou trop coûteux. Même si le carburant est disponible, SODIS est une option plus économique et écologique. L’application de SODIS est limitée s’il n’y a pas assez de bouteilles PET et si l’eau est trop turbide. En théorie, la méthode pourrait être utilisée aussi en cas de catastrophe ou dans des camps de réfugiés. Quoi qu’il en soit l’approvisionnement en bouteilles peut s’avérer plus difficile que celui de désinfectants contenant du chlore, brome ou iode. En plus, dans certaines circonstances, il pourrait être difficile de garantir que l’eau soit exposée au soleil pour la durée nécessaire.

D’autres méthodes de traitement à domicile existent, par exemple la chloration, différentes procédures de filtration ou de floculation/désinfection. La sélection de la méthode la plus adéquate devrait être basée sur les critères de l’efficacité et l’existence d’autres types de pollution (turbidité, pollution chimique), le coût de traitement, la charge de travail et la préférence de l’utilisateur.

Précautions

Si les bouteilles d’eau ne restent pas la durée nécessaire au soleil, l’eau ne sera pas bonne à boire et pourra causer des maladies. Si le soleil n’est pas assez fort, à cause de nuages ou d'un climat moins ensoleillé, une durée d’exposition plus longue sera nécessaire.

Les points suivants doivent être considérés :

  • MatĂ©riau des bouteilles : certaines bouteilles en verre ou en PVC peuvent empĂŞcher le passage des rayons solaires ultraviolets[2]. Les bouteilles en verre et en PET disponibles sur les marchĂ©s sont recommandĂ©es. Le maniement est beaucoup plus facile avec des bouteilles en PET.
  • Vieillissement des bouteilles en plastiques : l’efficacitĂ© de SODIS dĂ©pend de l’état physique des bouteilles en plastique. Des bouteilles avec des Ă©gratignures ou usagĂ©es doivent ĂŞtre remplacĂ©es.
  • La forme du rĂ©cipient : l’intensitĂ© de la radiation UV-A diminue rapidement avec la profondeur de l’eau. Ă€ une profondeur d’eau de plus de 10 cm et une turbiditĂ© modĂ©rĂ©e de 26 NTU, la radiation UV-A est rĂ©duite de 50 %. Les bouteilles PET sont souvent facilement disponibles et sont les plus pratiques pour l’application SODIS.
  • Oxygène : les rayons du soleil produisent des formes très rĂ©actives d’oxygène (radical libre d’oxygène et de peroxyde hydrogène) dans l’eau. Ces molĂ©cules rĂ©actives contribuent au processus de destruction des micro-organismes. Sous des conditions normales (rivière, fontaines, robinets, puits) l’eau contient assez d’oxygène (plus de mg d’oxygène par litre) et ne doit pas ĂŞtre aĂ©rĂ©e avant l’application de SODIS.
  • Diffusion de substances des bouteilles PET : des questions ont Ă©tĂ© posĂ©es pour savoir si des rĂ©cipients en plastique peuvent relâcher des substances chimiques ou toxiques dans l’eau, processus pouvant ĂŞtre accĂ©lĂ©rĂ© par la tempĂ©rature. L’institut de recherche en science des matĂ©riaux et en technologie a examinĂ© la diffusion des adipates et phtalates (DEHA et DEHP) dans l’eau des bouteilles PET nouvelles et utilisĂ©es lors de l’exposition au soleil. Le niveau de concentration trouvĂ© dans l’eau après un ensoleillement de 17 heures dans de l’eau Ă  60 °C Ă©tait bien en dessous des directives de l’OMS pour l’eau potable et dans les mĂŞmes concentrations que l’on trouve dans l’eau de bonne qualitĂ© du robinet. D’autres doutes pour l’utilisation de bouteilles PET ont Ă©tĂ© soulevĂ©s après un rapport publiĂ© par des chercheurs de l’UniversitĂ© de Heidelberg sur l’antimoine relâchĂ© dans les boissons qui sont conservĂ©es dans des bouteilles PET pendant des mois dans les magasins. Quoi qu’il en soit, la concentration de l’antimoine trouvĂ© dans les bouteilles est bien en dessous de celle des directives de l’OMS[3] et des directives nationales pour les concentrations d’antimoine dans l’eau potable[4] - [5] - [6]. De plus, l’eau SODIS n’est pas stockĂ©e pendant longtemps dans les bouteilles.

Impact sur la santé, réduction de diarrhée

Il a été démontré que la méthode SODIS (et d’autres méthodes de traitement d’eau à domicile) peut efficacement enlever la contamination pathogène de l’eau. De toute façon, des maladies peuvent aussi être transmises par d’autres chemins de contamination dus à un manque d’assainissement ou d’hygiène. Des études sur la réduction de la diarrhée parmi des utilisateurs SODIS ont démontré des taux de réduction de 30 à 80 %[7] - [8] - [9] - [10] - [11].

Recherche et développement de SODIS

L’efficacité de la méthode de la désinfection solaire de l'eau a été découverte par le professeur Aftim Acra de l’université américaine de Beyrouth dans les années 1980. La recherche a été reprise par le groupe de chercheurs de Martin Wegelin de l’Institut fédéral suisse pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux et le Dr Kevin McGuigan du Royal College of Surgeons en Irlande. Des contrôles cliniques ont été initiés par le professeur Ronan Conroy du groupe RCSI en collaboration avec le Dr T. Micheal Elmore-Meegan.

En ce moment un projet de recherche commun est mis en Ĺ“uvre par les institutions suivantes :

L’application mondiale de SODIS

Application de la désinfection solaire de l’eau à travers le monde dans les projets coordonnés par l’EAWAG en 2010.

L’Institut fĂ©dĂ©ral suisse pour l’amĂ©nagement, l’épuration et la protection des eaux (EAWAG), Ă  travers le dĂ©partement Eaux et assainissement dans les pays en dĂ©veloppement (Sandec), coordonne des projets pour la promotion de SODIS dans 24 pays en 2010 : Angola, Bolivie, Burkina Faso, Cameroun, RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, Équateur, Ghana, Guatemala, Honduras, Inde, Kenya, Laos, NĂ©pal, Nicaragua, Ouganda, Pakistan, Papouasie - Nouvelle-GuinĂ©e, PĂ©rou, SĂ©nĂ©gal, Sierra Leone, Tanzanie, Togo, Zambie, et Zimbabwe[12].

Les projets SODIS sont financés par la fondation SOLAQUA, Lions club, Rotary club, la Migros et la fondation de l’eau Michel Comte.

Notes et références

  1. SODIS : Comment fonctionne-t-elle ?.
  2. (en) Materials: Plastic versus Glass Bottles [PDF]
  3. (en) Guidelines For Drinking-Water Quality (excerpts) [PDF]
  4. (de) EMPA-Korrespondenz [PDF].
  5. (en) Toxic risk in bottled water?
  6. (en) University of Heidelberg — Press Releases.
  7. (en) Conroy R.M., Meegan M.E., Joyce T., McGuigan K., Barnes J.(1996), Solar disinfection of drinking water and diarrhoea in Maasai children: a controlled field trial, The LANCET, vol. 348.
  8. (en) Conroy R.M., Meegan M.E., Joyce T., McGuigan K., Barnes J. (1999), Solar disinfection of water reduces diarrhoeal disease, an update, Arch Dis Child, vol. 81.
  9. (en) Conroy R.M., Meegan M.E., Joyce T.M., McGuigan K.G., Barnes J. (2001) Use of solar disinfection protects children under 6 years from cholera. Arch Dis Child; 85:293-295.
  10. (en) Rose A. et al. (2006). Solar disinfection of water for diarrhoeal prevention in Southern India. Arch Dis Child, 91(2): 139-141].
  11. (en) Hobbins M. (2003). The SODIS Health Impact Study, Ph.D. Thesis, Swiss Tropical Institute Basel.
  12. Les adresses de contact ainsi que des exemples de projets coordonnés par l'EAWAG sont disponibles sur www.sodis.ch

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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