Déodat de Séverac
Déodat de Séverac, né à Saint-Félix-Lauragais (Haute-Garonne) le et mort à Céret (Pyrénées-Orientales) le , est un compositeur français.
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Décès |
(à 48 ans) Céret |
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Marie-Joseph-Alexandre Déodat de Séverac |
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Orgue (en) |
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Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 3299, 1 pièce, -)[1] Bibliothèque d’étude et du patrimoine |
Biographie
Marie-Joseph-Alexandre Déodat de Séverac naît le à Saint-Félix-Lauragais[2].
Issu d'une famille de la noblesse, fils du peintre Gilbert de Séverac, Déodat de Séverac fait ses études à Sorèze, Toulouse, puis à la Schola Cantorum de Paris, où il devient l'élève de Vincent d'Indy et d'Albéric Magnard. Il y prend des leçons d'orgue avec Alexandre Guilmant et devient l'assistant d'Isaac Albéniz. Très attaché à ses origines, il se fixe à Céret (Pyrénées-Orientales) à partir de 1910, région qui attire par la suite un certain nombre d'artistes tels que Manolo Hugué, qu'il avait rencontré auparavant à Paris. Séverac fut aussi en relation avec certaines individualités du milieu occultiste français[3].
En 1900, il écrit des poèmes symphoniques sur les saisons. Il met en mélodies des poésies de Baudelaire et de Verlaine ainsi que des vers occitans et compose sa musique chorale avec des arrangements de textes en catalan. Il écrit deux opéras, Le Cœur du moulin, créé à l'Opéra-Comique de Paris le 8 décembre 1909, et Héliogabale, créé aux Arènes de Béziers en 1910 avec l'introduction de la cobla catalane, groupe d'instruments jouant, en particulier, des tibles et des tenoras (hautbois traditionnels catalans de différentes tailles). Sa musique pour piano, au style très personnel, est souvent imagée et colorée, comme dans Le Chant de la Terre, qui décrit une idylle rustique, ou les morceaux En Languedoc et Baigneuses au soleil. La suite Cerdaña, son chef-d'œuvre, illustre son amour pour le terroir catalan.
Déodat de Séverac fut le chantre d'une musique régionale. En rupture avec le parisianisme, il soutint, en 1907, une thèse de fin d’études à la Schola Cantorum sur La Centralisation et les petites chapelles. Dans cet écrit d'une centaine de pages, Séverac se livre à une description et une analyse du fonctionnement du milieu musical de son époque, prenant appui sur son vécu personnel mais aussi sur des observations et des faits méthodiquement relevés. Il s'attache avec soin à montrer que la référence régionale disparaît progressivement dans la musique française et l’explique par l’effet de la centralisation sur la profession musicale :
1) Partant, d'une part, du constat que tout musicien qui voulait réussir sa carrière professionnelle devait passer par Paris, capitale d’une France centralisée dont l’enseignement musical était organisé de façon pyramidale, avec le conservatoire de Paris à son sommet. Les jeunes musiciens les plus talentueux venant depuis leur province natale menaient donc à Paris, aux yeux de Séverac, une vie de « déracinés » ;
2) La conséquence de cette centralisation était que les musiciens se partageaient en deux groupes que Séverac dénomma les « officiels » et les « indépendants ». Les premiers étaient ceux qui fréquentaient les antichambres ministérielles de l’État pour, notamment, pouvoir bénéficier des commandes publiques, contrairement aux seconds, que Séverac subdivisa encore en deux sous-groupes, selon les cercles et salons parisiens qu’ils fréquentaient, en « D’Indystes » et « Debussistes »[4].
À travers cette critique argumentée de la structuration des milieux musicaux français à son époque, Séverac veut donner une explication des choix esthétiques que sont amenés à faire les créateurs et les compositeurs. Pour lui, l’œuvre d’art est aussi l'expression d’un soubassement institutionnel, qu'il épingle dans son mémoire. Il en conclut que la centralisation parisienne est la cause de la perte de la « sève profonde de la nature » et surtout de « l'attache régionale » dans la musique française[4]. Il est vrai qu'avec de telles conclusions, l’auteur de En Languedoc, connu pour ses opinions royalistes, rejoignait les thèses régionalistes que défendait alors ce mouvement. On retiendra surtout qu’en régionaliste convaincu, il tira pour lui-même les conséquences de son analyse et qu’après avoir déposé sa thèse de fin d’études à la Schola Cantorum, il quitta Paris, exactement le lendemain, pour s'installer d'abord dans sa province natale à Saint-Félix-Lauragais puis en Roussillon à Céret[4].
L'admirateur de Mistral [...] apparaît ainsi à la postérité comme le « musicien paysan » qu'il voulut être, célébrant « la rusticité agreste et les géorgiques du folklore languedocien »[5]. Claude Debussy dira que « sa musique sent bon »[6]. Ses recherches de sonorités, les effets de lointain (notamment dans Le Cœur du Moulin mais aussi dans le cortège des muletiers ou dans les Fêtes) font dire à Vladimir Jankélévitch que :
« Déodat de Cerdagne prolonge à cet égard l'heureuse humeur de l'impressionnisme français. »
Parlant du pianisme de Séverac, V. Jankélévitch souligne encore que :
« C'est pour leur moelleuse sonorité que Séverac recherche les neuvièmes de dominante ; il a cette prédilection en commun avec Chausson, Debussy et Satie ; et nous montrions combien les Stances à Madame de Pompadour sont apparentées sous ce rapport aux Sarabandes du maître d'Arcueil[7] »
Décédé à Céret en 1921, il est inhumé dans son village natal à Saint-Félix-Lauragais. Le 14 septembre 1924 un buste en bronze, fait par son ami Joseph Lamasson, a été inauguré au pied des remparts.
- La maison de naissance. à Saint-Félix-Lauragais en Haute-Garonne.
- La maison où est mort Déodat de Séverac à Céret
- Sa tombe à Saint-Felix-Lauragais
- Buste sous les remparts de Saint-Felix-Lauragais
- Portrait de profil gauche de Déodat de Séverac
Principales œuvres
Fichier audio | |
En vacances, Où l'on entend une vieille boîte à musique | |
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- Musique sacrée
- Tantum Ergo
- Œuvres pour piano
- Le Chant de la Terre (1900) ;
- En Languedoc (1904)
- Baigneuses au soleil (1908), dédié à Alfred Cortot ;
- Cerdaña (1904-1911) ;
- En vacances, deux recueils de courtes pièces, le premier datant de 1911, le second compilé et achevé par Blanche Selva, publié en 1922.
- Les Naïades et le Faune indiscret, écrit en 1908 et édité en 1952.
- Œuvres pour orgue
- Suite en mi (Prélude, Choral, Fantaisie-Pastorale, Final) ;
- Petite suite scholastique ;
- Cinq versets d'orgue
- Musique pour le théâtre
- Le Cœur du moulin, Le cœur du moulin créé à l'Opéra-Comique en 1909.
- Héliogabale, tragédie lyrique en trois actes (1910), poème d'Émile Sicard, création au Théâtre des Arènes, à Béziers.
- Mélodies
- Chants
Séverac et l'enregistrement sonore
Déodat de Séverac sera, de son vivant, très mal servi par ce nouveau vecteur de notoriété que fut le disque à partir de 1901. À sa mort, en 1921, aucune de ses œuvres n'avait encore été enregistrée. Il faut attendre pour cela 1925, l'enregistrement de Ma poupée chérie par Jean-Émile Vanni-Marcoux chez Gramophone (La Voix de son Maître). La chanson pour le petit cheval, interprétée par Charles Panzéra, est enregistrée l'année suivante. Quant aux enregistrements de Blanche Selva, ils ne seront réalisés par Columbia qu’entre 1928 et 1930[8].
Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs enregistrements des œuvres pour piano sont publiés (notamment en 1957, celui d'Hélène Boschi par Le Chant du monde). Il faut attendre 1974 pour une intégrale des œuvres pour piano par Aldo Ciccolini. Jordi Masó réalisant une intégrale chez Naxos, puis en 2014, pour une troisième intégrale, par François-Michel Rignol aux Disques du Solstice [DL 2015].
Le Cœur du moulin est enregistré en 2009 par l'Opéra de Tours chez Timpani[9].
Postérité
A l'occasion du 100e anniversaire de sa mort, la bibliothèque d'étude et du patrimoine de Toulouse, qui a acquis une partie des archives personnelles de l'artiste auprès de ses descendants en 2016, organise une exposition, Midi-Rhapsodie, présentée du 25 juin au 2 octobre 2021[10].
Notes et références
- « ark:/36937/s005b097448c6e06 », sous le nom DEODAT DE SEVERAC (consulté le )
- Mairie de Saint-Félix-Lauragais, « Acte de naissance n°87 du 20/07/1872 photo 151/292 2 E 3673 », sur AD Haute-Garonne (consulté le ) : « Marie Joseph Alexandre Déodat de Séverac né ce jourd'hui à 4h du matin fils de Me Gilbert Alexandre de Séverac 37 a et Marie Alexandrine Aglaée Guiraud 26 a »
- Suzy Lévy, Journal inédit de Ricardo Viñes (thèse de Doctorat), Paris, Aux amateurs de livres, 1987. Voir également Déodat de Séverac la musique et les lettres, correspondance rassemblée et annotée par Pierre Guillot, éditions Mardaga, 2000. En particulier dans cette dernière référence p. 30 et 210.
- d'Angelo 2013, p. 116.
- Cahours d'Aspry 2001.
- Larousse de la Musique, tome II, 1957, p. 350
- Jankélévitch 1983, p. 140-141.
- d'Angelo 2013, p. 140.
- Marcel Quillévéré, « A déguster comme un vin du terroir », sur Forumopera.com,
- Bibliothèque municipale de Toulouse, « Livret d'exposition : Déodat de Séverac, Midi-Rhapsodie », sur calameo.com, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Blanche Selva, Déodat de Séverac, Delagrave, .
- Vladimir Jankélévitch, La Présence lointaine : Albeniz, Séverac, Mompou, Paris, Seuil, , 158 p. (ISBN 2-02-006451-0)
- Pierre Guillot, Déodat de Séverac : Écrits sur la musique, éditions Mardaga, 1993.
- Jean-Bernard Cahours d'Aspry, Déodat de Séverac, musicien de lumière. Sa vie, son œuvre, ses amis 1872-1921, Atlantica-Séguier, coll. « Carré Musique », , 145 p. (ISBN 978-2-84049-235-1).
- Pierre Guillot, Déodat de Séverac : La musique et les lettres, éditions Mardaga, 2002.
- Catherine Buser Picard, Déodat de Séverac : ou le chantre du Midi, Genève, Éditions Papillon, coll. « Mélophiles », (ISBN 2-940310-30-0).
- Robert F. Waters, Déodat de Séverac: Musical Identity in "Fin de Siècle" France, 2008 et 2016, Abington et New York, Routledge [extrait en ligne].
- Pierre Guillot, Déodat de Sévérac : musicien français, Paris, L'Harmattan, , 354 p. (ISBN 978-2-296-13156-9, présentation en ligne).
- Déodat de Séverac, Actes du colloque tenu du vendredi 26 au samedi 27 juin 2009 à l'Abbaye-École de Sorèze et organisé par l'Association des amis de l'Abbaye-École de Sorèze, Revel, Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol, 2011.
- Mario d'Angelo, « Musique et musiciens à la Belle Époque : éléments de contextualisation », dans Mario d'Angelo (coord.), La musique à la Belle Époque : Autour du foyer artistique de Gustave Fayet. Béziers, Paris, Fontfroide, Paris, Éditions Le Manuscrit, coll. « Décideurs culturels », (ISBN 978-2-304-04152-1, présentation en ligne).
- (en) Pierre Guillot, Grove Music Online, Oxford University Press, , 945 p. (ISBN 978-1-56159-263-0, lire en ligne)
- (en) Michael Kennedy et Joyce Bourne Kennedy, The Oxford Dictionary of Music, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-174451-8, lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative aux militaires :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Les partitions numérisées de la collection privée du compositeur sur Rosalis
- Partitions libres de Déodat de Séverac sur l'International Music Score Library Project
- Association Sorézienne : Déodat de Séverac (1886-1890) +1921
- Bibliothèque municipale de Toulouse, « Déodat de Séverac, Midi-Rhapsodie. Exposition virtuelle », sur rosalis.bibliotheque.toulouse.fr/,