Accueil🇫🇷Chercher

DĂ©fi de Bonn

Le Défi de Bonn est un effort mondial de reboisement de terres dégradées et déboisées.

Logo du DĂ©fi de Bonn (Bonn Challenge).
Restauration de la forêts feuillue de Nixticuil, dans la municipalité de Guadalajara (État de Jalisco, Mexique ) ; jeunes chênes (ici défoliés en saison sèche). Pour protéger le sol, les radicelles et les éventuelles jeunes pousses, un panneau invite les véhicules à ne pas circuler dans le secteur reboisé.

Il visait d'abord Ă  restaurer - en moins d'une dĂ©cennie (2011 et 2020) - 150 millions d'hectares de paysages forestiers. Puis la DĂ©claration de New York sur les forĂŞts (lors du Sommet sur le climat de 2014) a rĂ©affirmĂ© l’objectif du DĂ©fi tout en lui ajoutant 200 millions d’hectares supplĂ©mentaires (Ă  horizon 2030). Cette dĂ©claration a par la suite Ă©tĂ© approuvĂ©e par plus de 100 gouvernements, organisations de la sociĂ©tĂ© civile et organisations autochtones et entreprises privĂ©es (UNASYLVA, 2014). L'objectif est donc dĂ©sormais de reboiser 350 millions d’hectares avant 2030.

Ce défi s'inscrit dans l'effort mondial pour le climat, mais aussi dans d'autres objectifs de soutenabilité du développement, portés par l'ONU.

Les parties prenantes sont des gouvernements, mais aussi des organisations, des coalitions, les entreprises ou d'autres entités propriétaires ou gestionnaires de terres. Pour participer, elles enregistrent leurs engagements auprès du Secrétariat du Défi de Bonn (secrétariat confié à l'UICN). Les promesses sont affichées et généralement annoncées dans le cadre d’un événement.

Historique

Le défi est notamment parti du constat fait par Costanza et al. (2014)[1] que la dégradation et la reconversion des terres ont causé « une perte estimée à entre 4,3 et 20,2 mille milliards de dollars US par an en valeur de biens et services écosystémiques. Plus directement, 1,5 milliard de personnes sont affectées par plus de 2 milliards d’hectares de terres dégradées et déboisées[2] », et on sait que la dégradation des sols et de l'eau entraîne un cercle vicieux de pauvreté et de dégradation de l'environnement et de la santé publique et environnementale.

Le dĂ©fi a Ă©tĂ© conjointement organisĂ© par l'Allemagne et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et lancĂ© Ă  Bonn le , en collaboration avec le Partenariat mondial sur la restauration forĂŞts/paysages (PMRF ou GPFLR pour les anglophones[3]), et pour contribuer aux « ODD Â» (objectifs de dĂ©veloppement durable Ă©tablis lors des conventions de Rio et aux autres rĂ©sultats du Sommet de la Terre de 1992 (ConfĂ©rence des Nations unies sur l'environnement et le dĂ©veloppement de , Ă  Rio)[4], aux Objectifs d'Aichi de la Convention sur la diversitĂ© biologique (CDB), l’objectif de la REDD+ (RĂ©duction des Ă©missions issues de la dĂ©forestation et la dĂ©gradation) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de l’Accord de Paris sur le climat[5].

Depuis 2011, le Partenariat mondial pour la restauration des paysages forestiers apporte un soutien politique et technique mondial à la mise en œuvre du projet. Et l’UICN (qui en est membre) apporte son soutien scientifique et technique via certains de ses partenaires et via ses centres régionaux sur la restauration des paysages forestiers (basés à Kigali, Yaoundé, Bangkok, San José, Quito, Suva et Washington D.C.). Dans chaque pays les acteurs locaux s'organisent pour la mise en œuvre et le suivi[6].

En 2014, lors du Sommet mondial sur le climat des Nations unies, une DĂ©claration de New York sur les forĂŞts a Ă©tĂ© adoptĂ©e par plus de 100 gouvernements, ONG et entreprises privĂ©es, approuvant l’objectif 2020 du DĂ©fi de Bonn et lui fixant une suite et une nouvelle cible pour 2030 : 350 millions d’hectares reboisĂ©s[5].

Des réunions régionales ministérielles latino-américaines ont eu lieu à El Salvador (août 2015) et à Panama (août 2016) puis au Honduras (Juin 2017), au Guatemala (2018) et à Cuba (2019) [5] ;
Une réunion ministérielle a concerné l’Afrique de l’Est, centrale et de l’Ouest en 2016 (Kigali)[6] ;
Une réunion ministérielle a concerné l’Asie Pacifique en [6] ;
La DĂ©claration de Kigali encourage la restauration Ă  Ă©chelle pan-africaine[6].

Au niveau mondial le Mécanisme RPF de la FAO et l’Initiative pour la restauration des écosystèmes forestiers de la CDB soutiennent le Défi de Bonn et des plateformes de collaboration régionales sont nées : AFR100 en Afrique, 20x20 en Amérique latine[6], de même à des niveaux plus régionaux : l'Engagement d’Agadir[7] et l’Initiative pour la restauration des paysages forestiers africains (AFR100)[8].

Mi-2017, 44 gouvernementsĂ©taient engagĂ©s dans le DĂ©fi[6]. Hors de la ceinture tropicale, les États-Unis touchĂ©s par d'importantes sĂ©cheresses et incendies de forĂŞt se sont aussi impliquĂ©s dans la restauration d'Ă©cosystèmes forestiers[9], via l'USDA Forest Service, en restaurant 12,3 millions d'hectares (chiffre publiĂ© fin 2018) dans le cadre de son engagement de 15 millions d'hectares dans le cadre du DĂ©fi de Bonn.

En 2019 alors que 43 pays tropicaux et subtropicaux sont engagĂ©s dans le projet[10], des scientifiques alertent dans la Revue Nature sur le fait qu'une partie de ces boisement a une vocation trop prioritairement Ă©conomique de commerce du bois, qui peut nuire Ă  l'efficacitĂ© du projet pour le climat. Ils estiment que la restauration de forĂŞts naturelles (plutĂ´t qu’augmenter les surfaces dĂ©diĂ©es Ă  la sylviculture) est le meilleur moyen d'Ă©liminer le carbone atmosphĂ©rique et permettrait d’atteindre d’objectif de 1,5 °C, mais que les projets visant Ă  tripler la superficie des plantations, tels qu'ils sont actuellement prĂ©vus, c'est-Ă -dire avec une vocation d'exploitation du bois dans 50 % des cas environ, ne permettront pas d'atteindre l'objectif climatique de l'Accord de Paris (ne pas dĂ©passer +1,5 °C en 2100)[10]. Ces chercheurs appellent la communautĂ© de la restauration, les experts forestiers et les dĂ©cideurs politiques Ă  donner - dans le cadre du DĂ©fi de Bonn - la prioritĂ© Ă  la rĂ©gĂ©nĂ©ration d'Ă©cosystèmes forestiers naturels, et non Ă  d’autres types de plantation d’arbres de rente, en permettant aux sols perturbĂ©es de retrouver leur Ă©tat antĂ©rieur riche en carbone[10]. Ceci implique d’agir vite, avec rigueur et dans la transparence, en Ă©tant clair sur les compromis pris pour les diffĂ©rentes utilisations des terres. Ils recommandent de rediriger les efforts vers la restauration de forĂŞts naturelles tropicales et subtropicales, les plus intĂ©ressantes pour stocker rapidement du carbone[10]. C’est lĂ  que se sont la plupart des engagements en matière de restauration des forĂŞts. Les terres y sont disponibles Ă  coĂ»t raisonnable[11]. Les arbres y ont gĂ©nĂ©ralement peu d’effet nĂ©gatifs sur l’albĂ©do Ă  l’inverse de ce qui se passe dans les rĂ©gions oĂą il neige en hiver (le tapis de neige reflète l’énergie solaire et aide Ă  rafraĂ®chir la planète). Ils rappellent qu'une bonne gestion forestière converge effectivement avec les objectifs de dĂ©veloppement durable de l’ONU ; notamment les objectifs 1 (pas de pauvretĂ©), 6 (eau salubre), 11 (collectivitĂ©s durables), 13 (action pour le climat) et 15 (vie sur terre)[10].

RĂ©sultats

En 2013, plus de 20 millions d'hectares de terres avaient Ă©tĂ© promis Ă  la restauration de pays tels que le BrĂ©sil, le Costa Rica, El Salvador, les États-Unis et le Rwanda[12]. La CorĂ©e du Sud, le Costa Rica, le Pakistan, la Chine, le Rwanda et le BrĂ©sil se sont lancĂ©s dans des programmes de restauration rĂ©ussi de paysages[13].

En 2017, les engagements pris pour restaurer les paysages forestiers couvraient dĂ©jĂ  plus de 160 millions d’hectares[5].

La promesse pakistanaise de Khyber Pakhtunkhwa est la première promesse sous-nationale, la première promesse à être pleinement mise en œuvre, et la première à avoir été augmentée[14].

Avantages attendus

Avantages Ă©conomiques : l'UICN estime que rĂ©aliser la première tranche (150 millions d’hectares dĂ©gradĂ©s reboisĂ©s) du DĂ©fi gĂ©nĂ©rerait un bĂ©nĂ©fice Ă©conomique net d'environ 84 milliards de dollars/an, susceptibles d'amĂ©liorer les ressources des communautĂ©s rurales concernĂ©es[4]. Le projet tel qu'initiĂ© prĂ©voyait qu'environ 90 % de cette valeur est potentiellement commercialisable, au profit d'emplois locaux. La rĂ©alisation de la seconde tranche (objectif total de 350 millions d’hectares) devrait gĂ©nĂ©rer quant Ă  elle environ 170 milliards de dollars/an de bĂ©nĂ©fices nets. Des bĂ©nĂ©fices secondaires, difficiles Ă  Ă©valuer, sont les coĂ»ts Ă©vitĂ©s par la restauration et protection de l'eau, des sols, Ă  l'Ă©chelle de bassins versants parfois, l’amĂ©lioration du rendement agricole et des produits forestiers[6].

Avantages climatiques : l'autre grand avantage du projet est de contribuer Ă  restaurer un puits de carbone capable de rĂ©duire significativement l'Ă©cart entre le taux de dioxyde de carbone de l'atmosphère et celui visĂ© par les conventions et protocoles internationaux sur le climat (rĂ©duction de 11 Ă  17 % rien qu'en relevant le DĂ©fi), en stockant jusqu’à 1,7 gigatonnes de CO2 Ă©quivalent par an[6].

Voir Ă©galement

Articles connexes

Informations complémentaires, par grande zone géographique

Liens externes

Bibliographie

  • Dave R, Saint-Laurent C, Moraes M, Simonit S, Raes L & Karangwa C (2018) Baromètre des progrès du DĂ©fi de Bonn : Rapport spĂ©cial 2017 |Gland, Suisse : UICN|PDF, 36p.|lire en ligne ; et version francophone : Baromètre des progrès du DĂ©fi de Bonn : rapport spĂ©cial 2017
  • Maginnis, S. et Jackson, W. (2002). Restoring Forest Landscapes. Gland, Suisse, et Cambridge, Royaume-Uni : UICN. https:// www.iucn.org/downloads/restoring_forest_ landscapes.pdf
  • UICN et WRI. (2014) Les principes de la restauration des paysages forestiers. Guide de la mĂ©thodologie d’évaluation des opportunitĂ©s de restauration des paysages forestiers (MEOR) : Évaluer les opportunitĂ©s de restauration des paysages forestiers Ă  l’échelon national ou local. Document de travail (version prĂ©liminaire). Gland, Suisse : UICN
  • Viani R.A.G., Holl, K.D., Padovezi, A., Strassburg, B.B.N., Farah, F.T., Garcia, L.C., Chaves, R.B., Rodrigues, R.R & et Brancalion, P.H.S. (2017). « Protocol for Monitoring Tropical Forest Restoration ». Tropical Conservation Science 10 (janvier):1940082917697265. | https://doi. org/10.1177/1940082917697265
  • Volger, K.C., Ager, A.A., Day, M.A., Jennings, M. et Bailey, J.D. (2015). «Prioritization of Forest Restoration Projects: Tradeoffs between Wildfire Protection, Ecological Restoration and Economic Objectives». Forests 6(12): 4403- 4420. doi:10.3390/f6124375. http://www.mdpi.com/1999- 4907/6/12/4375

Références

  1. Costanza, R. et al. (2014). « Changes in the Global Value of Ecosystem Services. » Global Environmental Change 26: 152–158. doi:10.1016/j.gloenvcha.2014.04.002
  2. CNULD (2014) Enhancing Food Security, 5
  3. www.forestlandscaperestoration.org
  4. « IUCN's policy brief on the economics of forest landscape restoration », IUCN (consulté le )
  5. Dave, R., Saint-Laurent, C., Moraes, M., Simonit, S., Raes, L. et Karangwa, C. (2018) Baromètre des progrès du Défi de Bonn : Rapport spécial 2017 |Gland, Suisse : UICN|PDF, 36p.|lire en ligne ; et version francophone : Baromètre des progrès du Défi de Bonn : rapport spécial 2017
  6. UICN (2017) Le défi de Bonn (www.iucn.org)
  7. http://www.fao.org/forestry/45656-0ed7af343bc2e08d467c000593c2cd9ae.pdf
  8. « African Union Development Agency (AUDA-NEPAD) », sur afr100.org (consulté le ).
  9. US Forest Service. (2014). Forest Service Manual. FSM 2000 / National Forest Resource Management Chapter 2020 – Ecosystem Restoration. Washington, D.C. : Forest Service
  10. Simon L. Lewis, Charlotte E. Wheeler, Edward T. A. Mitchard & Alexander Koch (2019) Restoring natural forests is the best way to remove atmospheric carbon ; Plans to triple the area of plantations will not meet 1.5 °C climate goals. New natural forests can,Nature, Nature 568, 25-28 (2019) ; Doi: 10.1038/d41586-019-01026-8
  11. voir go.nature.com/2ogmbmz et «potentiel de restauration»
  12. « On the Road to the Bonn Challenge », Global Partnership on Forest/Landscape Restoration (consulté le )
  13. "Governments sign up to Bonn Challenge restoring degraded land". 3 News. 19 Jun 2012. Retrieved 7 March 2014.
  14. « Pakistan (KPK) », IUCN (consulté le )
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.