Grande muraille verte (Chine)
La Grande muraille verte de Chine (Chinois simplifiĂ© : äžćéČæ€æ; Chinois traditionnel: äžćéČè·æ; pinyin: SÄnbÄi FĂĄnghĂčlĂn) est le nom donnĂ© par la rĂ©publique populaire de Chine au projet de plantation de forĂȘts destinĂ© Ă freiner la progression du dĂ©sert de Gobi[1], Ă lutter contre le rĂ©chauffement climatique planĂ©taire et Ă rĂ©parer les dĂ©forestations passĂ©es. La mise en place du projet devrait se terminer en 2074[1], date Ă laquelle il devrait s'Ă©tendre sur quelque 4 480 kilomĂštres de long.
Les effets de lâavancĂ©e du dĂ©sert du Gobi
Ă partir de 1958 avec le Grand Bond en avant, des forĂȘts sont rasĂ©es, l'agriculture intensive et la construction conduisent Ă une dĂ©sertification. De plus, le rĂ©chauffement climatique a conduit Ă une augmentation de 2 °C en 50 ans[2].
La Chine a perdu annuellement 3 600 km2 de prairies Ă la suite de la progression du dĂ©sert de Gobi ces derniĂšres annĂ©es[3], ce qui a des consĂ©quences Ă©cologiques nĂ©fastes. Chaque annĂ©e, des tempĂȘtes de sable enlĂšvent en effet quelque 2 000 kilomĂštres carrĂ©s (800 miÂČ) de terre de surface et favorise les inondations massives comme ce fut le cas avec le fleuve bleu en 1998 ; le phĂ©nomĂšne ne faisant qu'empirer annuellement. Les tempĂȘtes dĂ©truisent des terres arables et provoquent d'importants problĂšmes dans les grands centres urbains, y compris au Japon, en CorĂ©e du Nord et en CorĂ©e du Sud[4].
27 % du territoire chinois, sur lequel vivent 400 millions de personnes, est touché par l'expansion du désert, pour un coût estimé de 16 milliards d'euros annuels[5].
Mise en Ćuvre du projet
La phase la plus rĂ©cente â la 4e phase qui a dĂ©butĂ© en 2003 â comporte deux volets : d'une part l'ensemencement aĂ©rien pour couvrir de larges Ă©tendues de terres oĂč le sol est moins aride et d'autre part la rĂ©tribution des agriculteurs pour la plantation d'arbres et arbustes dans les zones qui sont les plus arides[6]. Un budget de 1,2 milliard de dollars a Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©volu Ă la mise en place d'un systĂšme de surveillance (cartographie et bases de donnĂ©es de surveillance)[6]. La « muraille verte » sera constituĂ©e d'une ceinture de vĂ©gĂ©tation tolĂ©rante au sable dont les plantations seront disposĂ©es en damier afin de stabiliser les dunes de sable. Des plates-formes de gravier seront disposĂ©es Ă cĂŽtĂ© de la vĂ©gĂ©tation pour retenir le sable et permettre la formation d'une couche de sol[6]. Les arbres devraient Ă©galement servir de coupe-vent contre les tempĂȘtes de poussiĂšre.
L'armée est également mobilisée pour planter des arbres : 60 000 soldats de l'Armée populaire de libération ont ainsi été affectés au projet au début de l'année 2018[7].
Premiers résultats
En 2009, la plantation de forĂȘts en Chine a couvert plus de 500 000 kilomĂštres carrĂ©s (portant la couverture forestiĂšre de 12 % Ă 18 %), ce qui en fait la plus grande forĂȘt artificielle au monde[8]. En 2008, les tempĂȘtes d'hiver ont dĂ©truit 10 % de la superficie de la nouvelle forĂȘt, amenant la Banque mondiale Ă conseiller Ă la Chine de se concentrer davantage sur la qualitĂ© plutĂŽt que la quantitĂ© des espĂšces et essences forestiĂšres[8]. Selon l'administration des forĂȘts de l'Ătat, ce ne sont pas moins de 13 millions d'hectares de forĂȘt qui ont Ă©tĂ© plantĂ©s depuis 2008. Cette croissance vĂ©gĂ©tale, conjuguĂ©e Ă la repousse sur les terres agricoles russes, aurait permis de compenser Ă hauteur de 85 % les pertes en carbone de la biomasse dues Ă la dĂ©forestation.
Pep Canadell, co-auteur de l'étude, explique qu'il est primordial de reconnaßtre que la croissance végétale capture une grande quantité de nos émissions de CO2 et qu'elle permet de freiner considérablement le réchauffement climatique.
En 2014, la surface de forĂȘt chinoise est de 2,08 M km2, soit environ 22 % du territoire[9].
ProblĂšmes environnementaux
Il y a encore dĂ©bat sur l'efficacitĂ© du projet : si les arbres rĂ©ussissent Ă s'implanter, ils pourraient absorber de grandes quantitĂ©s d'eau souterraine, ce qui est extrĂȘmement problĂ©matique pour les rĂ©gions arides comme le Nord de la Chine[6].
L'Ă©rosion des terres et la surexploitation agricole ont interrompu les semis dans de nombreuses zones du projet. L'essor de la dĂ©mographie chinoise a Ă©galement appauvri le sol, le rendant inutilisable[3]. Les arbres plantĂ©s sont souvent des essences qui ne sont pas adaptĂ©es aux climats locaux rendant la forĂȘt plus fragile et appauvrissant les sols[9].
Le programme de plantation a rĂ©cemment Ă©tĂ© utilisĂ© par la Chine comme moyen de dĂ©fense face aux critiques quant Ă son irresponsabilitĂ© en matiĂšre de changements climatiques. Les scientifiques chinois ont affirmĂ© que les plantations d'arbres en monoculture constituent un moyen plus efficace pour l'absorption des gaz Ă effet de serre que les forĂȘts naturelles Ă croissance lente[8]. Ainsi, si la biodiversitĂ© est moindre, les arbres plantĂ©s sont censĂ©s contrebalancer les Ă©missions de carbone par la Chine.
Critiques
De nombreux sceptiques ne croient pas que la « Grande muraille verte » constitue une solution appropriée au problÚme de la désertification en Chine.
Certaines voix critiques s'inquiÚtent de ce que la Chine n'en fait pas assez sur le plan social, d'aucuns professant que le gouvernement devrait inciter financiÚrement les agriculteurs à réduire leur cheptel ou à se relocaliser loin des zones arides[6].
Annexes
Articles connexes
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Liens externes
- (en) « China's Great Green Wall », BBC News, (consulté le )
- (en) China's forest shelter project dubbed "green Great Wall"
- (en) Grassland ecology to curb sandstorms
- (en) Taming the Yellow Dragon - A Billion Trees in the Desert
- (en) Taming the Yellow Dragon - The Korea Herald
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Green Wall of China » (voir la liste des auteurs).
- (en) « China's Great Green Wall », BBC News, (consulté le )
- « Chine : l'avancée inéxorable du désert de Gobi », sur France 24, (consulté le )
- (en) « WorldChanging: The Fall of the Green Wall of China » (consulté le )
- (en) Reggie Royston, « China's Dust Storms Raise Fears of Impending Catastrophe », National Geographic News, (consulté le )
- SIMON LEPLĂTRE, « En Chine, les arbres font rempart contre le dĂ©sert », sur La Croix, (consultĂ© le )
- (en) « The Green Wall Of China », sur wired.com, Wired (consulté le )
- « En Chine, plus de 60 000 soldats chargĂ©s de planter une forĂȘt de la taille de l'Autriche », sur France tĂ©lĂ©vision, (consultĂ© le )
- (en) Jonathan Watts, « China's loggers down chainsaws in attempt to regrow forests », (consulté le )
- Stéphanie Senet, « Chine: une reforestation rapide, sujette aux critiques », sur journal de l'environnement, (consulté le )