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DĂ©claration de Paris (2003)

La Déclaration de Paris 2003 est un appel rédigé par la magistrate Eva Joly appuyé par une quinzaine de figures internationales et plusieurs ONG rendu public le à Paris. Son objectif est de dénoncer « (…) les effets dévastateurs de la grande corruption, avec son corollaire, l’impunité. (…) » en donnant « (…) une impulsion décisive à la lutte contre la grande corruption dans les secteurs à risque (énergie, bâtiment, armement, aéronautique, industries minières…), notamment dans les pays occidentaux dont les banques et les grandes entreprises sont au cœur de ces trafics (…) ».

Texte

" L’explosion des marchés a favorisé des pratiques de prélèvements, de commissions et de rétro-commissions, qui se sont développées de manière inquiétante au point d’envahir des secteurs entiers de l'économie. Les activités les plus sensibles sont l’énergie, les grands travaux, l’armement, l’aéronautique et l’exploitation des ressources minières. Sur ces marchés d’intérêt national, quelques grandes sociétés ont intégré la corruption comme un moyen d’action privilégiée. Ainsi, plusieurs milliers de décisionnaires à travers le monde échappent à tout contrôle. La grande corruption bénéficie de la complicité de banques occidentales. Elle utilise le circuit des sociétés off shores. Elle profite de la soixantaine de territoires ou d’États qui lui servent d’abri.''

La grande corruption est une injustice. Elle provoque une ponction de richesses dans les pays du Sud et de l’Est. Elle favorise la constitution de caisses noires ou de rémunérations parallèles à la tête des grandes entreprises. Elle rompt la confiance nécessaire à la vie économique. Parce qu’elle a atteint parfois le cœur du pouvoir, la grande corruption mine les vieilles démocraties occidentales. Elle entrave le développement des pays pauvres et leur liberté politique.

Alors que la globalisation a permis la libre circulation des capitaux, les justices financières restent tenues par des frontières qui n’existent plus pour les délinquants. La souveraineté de certains États bancaires protège, de manière délibérée, l’opacité des flux criminels. Logiquement, les bénéficiaires de la grande corruption ne font rien pour améliorer la situation.

Il convient de tirer les conséquences de cette inégalité devant la loi dont profite la grande corruption. Il est indispensable de rétablir les grands équilibres de nos démocraties. Plutôt que d’espérer une vaine réforme de ces États, il est possible d’inventer de nouvelles règles pour nous-mêmes. À un changement de monde, doit correspondre un changement de règles."

1. Pour faciliter les enquĂŞtes

  • la suspension des immunitĂ©s diplomatiques, parlementaires et judiciaires le temps des enquĂŞtes financières (le renvoi devant un tribunal restant soumis Ă  un vote sur la levĂ©e de l’immunitĂ©).
  • la suppression des possibilitĂ©s de recours dilatoires contre la transmissions de preuves aux juridictions Ă©trangères.
  • l’interdiction faite aux banques d’ouvrir des filiales ou d’accepter des fonds provenant d’établissements installĂ©s dans des pays ou des territoires qui refusent, ou appliquent de manière purement virtuelle, la coopĂ©ration judiciaire internationale.
  • l’obligation faite Ă  tous les systèmes de transferts de fonds ou de valeurs, ainsi qu’aux chambres de compensations internationales d’organiser une traçabilitĂ© totale des flux financiers, comportant l’identification prĂ©cise des bĂ©nĂ©ficiaires et des donneurs d’ordre, de telle manière qu’en cas d’enquĂŞte pĂ©nale, les autoritĂ©s judiciaires puissent remonter l’ensemble des opĂ©rations suspectes.

2. Pour juger effectivement les délinquants

  • l’obligation lĂ©gale faite aux dirigeants politiquement exposĂ©s de justifier de l’origine licite de leur fortune. Si celle-ci ne peut ĂŞtre prouvĂ©e, elle pourra faire l’objet d’une “confiscation civile.
  • la crĂ©ation d’un crime de “grande corruption”, passible d’une peine similaire Ă  celles prĂ©vues contre les atteintes aux intĂ©rĂŞts fondamentaux de la nation.

3. Pour prévenir la grande corruption

  • l’obligation faite aux sociĂ©tĂ©s cotĂ©es de dĂ©clarer dans leurs comptes consolidĂ©s, pays par pays, les revenus nets (impĂ´ts, royalties, dividendes, bonus, etc.), qu’elles payent aux gouvernements et aux sociĂ©tĂ©s publiques des pays dans lesquels elles opèrent.
  • la compĂ©tence donnĂ©e Ă  la Justice du pays oĂą est Ă©tabli le siège social des sociĂ©tĂ©s multinationales lorsqu’une de leurs filiales Ă  l’étranger est suspectĂ©e d’un dĂ©lit de corruption, et que le pays ou est commis le dĂ©lit ne peut pas, ou ne souhaite pas, poursuivre l’affaire.
  • la mise en place d’une veille bancaire autour de dirigeants politiquement exposĂ©s et de leur entourage. Par dirigeants politiquement exposĂ©s, nous entendons les hommes et les femmes occupants des postes stratĂ©giques au gouvernement, dans la haute administration et Ă  la direction gĂ©nĂ©rale des entreprises privĂ©es intervenants dans les secteurs “à risque”.
  • les portefeuilles de titres et les comptes bancaires, des dirigeants politiquement exposĂ©s ainsi que ceux de leurs familles proches, ouverts dans leur pays oĂą Ă  l’étranger, sera soumis Ă  une procĂ©dure d’alerte lors de tout mouvement important, avec l’instauration d’une obligation pĂ©nale de signalement pour les cadres bancaires et les gestionnaires de titres.

Combattre la grande corruption est un préalable à toute action politique authentique. Nous devons restaurer la confiance dans les élites politiques et économiques. À l’heure de la globalisation, la responsabilité de ceux qui nous dirigent est immense. Elle doit échapper au soupçon, pour permettre l’espoir.

Les principaux signataires

  • Ă  titre personnel : Nicholas R. Cowerdy, QC, PrĂ©sident of the International Association of Prosecutors, John Williams, Global Organization of Parliamentarians against Corruption.

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