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Corneille (centurion)

Le centurion Corneille (en grec : Κορνήλιος) est, dans la tradition chrétienne basée sur les Actes des apôtres, le premier « gentil » à devenir disciple de Jésus-Christ après la mort de celui-ci et à recevoir le baptême, au Ier siècle de notre ère.

Pierre baptisant le centurion Corneille
Francesco Trevisani, 1709

Un Romain « craignant Dieu »

Corneille (Cornelius en latin) était un centurion de l'armée romaine en Palestine, faisant partie, d'après les Actes des apôtres d'une cohorte italique[1] et résidant à Césarée, capitale de la Judée romaine entre 30 et 60. Il appartient au groupe de prosélytes de la porte qui sont appelés par les Juifs les « Craignant-Dieu ».

Compte tenu du fait que la Judée était dans l'orbite hellénique depuis la conquête d'Alexandre le Grand, il était temps pour les sages et les philosophes, grecs et juifs, d'échanger des connaissances, commençant ainsi le syncrétisme entre l'hellénisme et le judaïsme. Plus tard avec l'arrivée des Romains (déjà hellénisés), il n'y eut plus de problèmes de tolérance religieuse (sauf dans le cas des Zélotes), puisque grâce à l'interpretatio graeca exportée par les Macédoniens, il était possible d'identifier Caelus, Uranus et Yahweh comme le Dieu Suprême lui-même, permettant des cas de conversion comme Corneille[2] - [3] - [4].

Le récit

Alors qu'il est en prière, l'ange du Seigneur lui apparaît en vision, l'informant que le « Seigneur a entendu sa prière ». Il l’invite à faire venir chez lui Simon « que l'on surnomme Pierre », lequel se trouvait alors à Joppé (Ac 10:1-8). Les envoyés de Corneille rencontrent Pierre alors qu’il cherche à comprendre la vision que lui-même a reçue, lui enjoignant de manger de la nourriture que, comme Juif, il considérait impure (Ac 10:19-22).

Répondant à l’invitation de Corneille, Pierre arrive le surlendemain à Césarée où il est cordialement reçu par Corneille, sa famille et une grande assistance. Il comprend alors le sens de sa propre vision : il ne doit pas craindre d’avoir des contacts avec des étrangers (Ac 10:28) : « aucun homme n’est impur ». Corneille l’invite : « nous voici devant toi pour écouter ce que le Seigneur t’a chargé de nous dire ». (Ac 10:33).

Pierre parle et reprend en bref la vie de Jésus (le kérygme) : de la Galilée à Jérusalem, avec sa crucifixion et sa résurrection. De cela, lui doit rendre témoignage. Cependant - c’est la nouveauté - il se rend compte que Dieu est impartial : « en toute nation quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui » (Ac 10:34).

Pierre n’a pas fini de parler que l’Esprit Saint descend sur ceux qui écoutent sa parole (une autre Pentecôte), à la stupeur des circoncis qui accompagnent Pierre : « Ainsi jusque sur les nations païennes l’Esprit de Dieu s’est répandu ! ». Pierre en tire la conclusion : « peut-on refuser le baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous ?» (Ac 10:47). Ils sont tous baptisés « au nom de Jésus-Christ » (Ac 10 :48).

Importance

Corneille et les membres de sa famille sont les premiers païens à être admis à part entière dans la communauté chrétienne des premiers temps, jusque-là exclusivement juive[5]. L’événement est si important, et révolutionnaire, que le livre des Actes des Apôtres lui consacre un chapitre entier (chapitre 10).

Cet événement est présenté comme une œuvre de l'Esprit envoyé par Jésus de Nazareth pour continuer son œuvre, dans une nouvelle Pentecôte[6], et non comme une initiative personnelle de Pierre. C'est d'ailleurs Dieu qui à travers un ange[7] incite Corneille à aller rencontrer Pierre.

La réception de gentils dans la communauté chrétienne suscitera néanmoins d'âpres débats, Corneille, un Craignant-Dieu, n'étant pas « fils de la circoncision ». Mais la décision de Pierre sera finalement[8] avalisée par la réunion de Jérusalem (vers l’an 50), réunion provoquée par les nouveaux chrétiens d’Antioche qui y envoient Paul et Barnabé (Ac 15:1-35). Cette décision de Pierre d'ouvrir la communauté aux païens (Ac 15 :7-11), est confortée par des témoignages donnés par Paul et Barnabé, et Jacques le Juste, chef de la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem, se range à leur avis (Ac 15:13-21).

Évêque de Césarée ?

La tradition fait parfois de Corneille le premier évêque de Césarée, ou encore de Scepsis en Mysie. Liturgiquement il est commémoré comme saint par l'Église catholique le 20 octobre[9] et par l'Église orthodoxe le 13 septembre[10].

Représentation dans les arts

Notes et références

  1. Ac 10. 1
  2. Florus, Epitome 1.40 (3.5.30): "The Jews tried to defend Jerusalem; but he [Pompeius Magnus] entered this city also and saw that grand Holy of Holies of an impious people exposed, Caelum under a golden vine" (Hierosolymam defendere temptavere Iudaei; verum haec quoque et intravit et vidit illud grande inpiae gentis arcanum patens, sub aurea vite Caelum). Finbarr Barry Flood, The Great Mosque of Damascus: Studies on the Makings of an Umayyad Visual Culture (Brill, 2001), pp. 81 and 83 (note 118). The Oxford Latin Dictionary (Oxford: Clarendon Press, 1982, 1985 reprinting), p. 252, entry on caelum, cites Juvenal, Petronius, and Florus as examples of Caelus or Caelum "with reference to Jehovah; also, to some symbolization of Jehovah."
  3. Todd C. Penner, In praise of Christian origins: Stephen and the Hellenists, p. 226, 2004: "The category of Theosebes is notoriously difficult to delineate. It is debatable whether or not the term was ever a widely recognized technical designation of a Gentile "hanger-on," and much of the evidence is difficult to date".
  4. Pieter W. van der Horst, God-fearers (theosebeis) (2015), Oxford Classical Dictionary.
  5. Paul-Irénée Fransen, Pierre qui passait partout, in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 252
  6. François Brossier, Corneille, premier païen converti, in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 266
  7. Ac 10. 3
  8. Ac 11. 17
  9. « Saint Corneille le Centurion », sur cef.fr (consulté le ).
  10. « Forum - orthodoxe .com », sur forum-orthodoxe.com (consulté le ).

Bibliographie

  • Pierre Geoltrain (dir.), Aux origines du christianisme,éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000

Liens

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