CongrĂšs de la Soummam
Le congrÚs de la Soummam est un congrÚs du FLN qui s'est tenu dans la clandestinité pendant la guerre d'Algérie, organisé du au au village d'Ifri dans l'actuelle commune d'Ouzellaguen en Algérie.
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De gauche Ă droite, Youcef Zighoud, Abane Ramdane, Larbi Ben M'Hidi, Krim Belkacem et Amar Ouamrane | ||
Type | CongrĂšs | |
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Localisation | Ouzellaguen (Algérie) | |
CoordonnĂ©es | 36° 33âČ 01âł nord, 4° 33âČ 10âł est | |
Organisateur | FLN | |
Date | au | |
Participant(s) | Abane Ramdane Larbi Ben M'Hidi Krim Belkacem Amar Ouamrane Youcef Zighoud |
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Revendications | Indépendance de l'Algérie | |
Géolocalisation sur la carte : Algérie
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Le congrĂšs rĂ©unit les principaux dirigeants de la RĂ©volution, Larbi Ben M'hidi (zone V, prĂ©sident du CongrĂšs), Abane Ramdane (coordinateur d'Alger, secrĂ©taire du CongrĂšs), Youcef Zighoud (zone II), Krim Belkacem (zone III), Amar Ouamrane (zone IV), Lakhdar Bentobal, Slimane DehilĂšs, Commandant Azzedine, Si Lakhdar, Ali Khodja et Ali Mellah (zone VI). Mostefa Ben BoulaĂŻd (zone I) n'a pu ĂȘtre prĂ©sent lors du congrĂšs, car mort au combat cinq mois auparavant, et la dĂ©lĂ©gation extĂ©rieure dirigĂ©e par Ahmed Ben Bella n'a pu rejoindre le territoire.
Le congrÚs de la Soummam est l'acte majeur structurant de la révolution algérienne, s'est tenu pour structurer et organiser la révolution, lui donner une assise nationale et révolutionnaire et lui assurer une présence sur le plan international. Le congrÚs dote la Révolution d'organes de délibération et d'organisation le Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA) et le Comité de coordination et d'exécution (CCE).
« Le congrĂšs de la Soummam nous a donnĂ© ce formidable sentiment que nous avions dĂ©jĂ un Ătat », dĂ©clara quelques annĂ©es plus tard Ali Lounici, officier de l'ALN Ă la wilaya IV.
Contexte
Les dirigeants FLN ressentirent le besoin de coordonner et de structurer la révolution qui souffre d'absence d'une plate-forme politique cohérente et de l'autonomie des zones[1].
La tenue du congrÚs était prévue à la base à la Kalùa des Aït AbbÚs, symbole de la résistance à l'occupation française lors de l'insurrection de 1871 menée par El Mokrani et El Haddad[2].
Le , Ă la nuit tombĂ©e un groupe composĂ© de la dĂ©lĂ©gation de la Zone IV Ouamrane, Saddek DhilĂšs accompagnĂ©s de Krim Belkacem, SaĂŻd Mohammedi et d'autres maquisards s'apprĂȘte Ă traverser Oued Sahel. Vers 21 h, un accrochage a lieu avec une patrouille de goumiers Ă Tassift Imoussiwen entre Chorfa et Tazmalt. Mohammedi SaĂŻd Ă©tait le seul Ă monter sur une mule. Aux premiers coups de feu, il est tombĂ© par terre. Son compagnon Ă©tait blessĂ© Ă la cuisse. Lorsque le groupe a Ă©tĂ© accrochĂ©, Abderrahmane Mira s'est jetĂ© derriĂšre un tronc dâarbre et a ripostĂ© avec son Colt, Krim Belkacem a Ă©galement ripostĂ© avec son rĂ©volver font fuir les goumiers. EffrayĂ©e par les coups de feu la mule a pris la fuite, emportant sur son dos son prĂ©cieux chargement de documents. Elle est allĂ©e tout droit vers une ferme de colons Ă Tazmalt qui abritait un poste militaire. Ceux-ci sont tombĂ©s entre les mains de l'armĂ©e française. Par mesure de prĂ©caution, Krim Belkacem et les autres chefs ont prĂ©fĂ©rĂ© s'Ă©loigner de la KalĂąa et il fallait en urgence arrĂȘter un autre lieu, puisque les dĂ©lĂ©gations commençaient Ă arriver.
La tenue du premier congrĂšs du FLN, dans le village d'Ifri, le choix de ce village, au milieu de ses chemins difficilement accessibles et des montagnes fortement boisĂ©es, n'est pas fortuit, il a Ă©tĂ© minutieusement Ă©tudiĂ©. Cette rĂ©gion trĂšs boisĂ©e est encerclĂ©e par une chaĂźne de montagnes qui s'Ă©tend jusqu'Ă la forĂȘt d'Akfadou, dâoĂč une facilitĂ© de repli en cas de danger et ce, malgrĂ© une forte prĂ©sence des troupes de l'armĂ©e française sur l'axe de Tazmalt Ă BĂ©jaĂŻa [3].
Ă partir du , les chefs de la RĂ©volution des diffĂ©rentes zones ont commencĂ© Ă arriver Ă Ouzellaguen pour se rendre ensuite Ă Ifri en parcourant plusieurs kilomĂštres Ă pied Ă travers les montagnes et forĂȘts denses.
DĂ©roulement
Les travaux du congrÚs se sont déroulés du 13 au une semaine et furent présidés par Larbi Ben M'hidi, assisté de Abane Ramdane en qualité de secrétaire général. AprÚs une étude approfondie du bilan de 22 mois de processus révolutionnaire présentés par les délégués de chaque zone (hormis la zone I et la délégation extérieure lesquelles n'avaient pas pu assister. La région sud avait, quant à elle, transmis son rapport au CongrÚs.
La rédaction des procÚs-verbaux et des résolutions du congrÚs qui se tient dans le plus grand secret dans la chambre d'à cÎté, Tahar AmirouchÚne et Hocine Salhi sont chargés de la dactylographie des manuscrits ramenés au fur et à mesure de la chambre des congressistes. Devant la porte de la chambre qui abrite les rédacteurs, Saïd Mohammedi monte la garde et faisait la navette entre la chambre des chefs congressistes et celle des rédacteurs.
RĂ©solutions
Le découpage et la délimitation en wilaya
AprÚs le congrÚs de la Soummam, l'Algérie est divisée en six « wilayas » ou états-majors[4]. Une wilaya est divisée en zones. Chaque zone est divisée en régions. La région est divisée secteurs. Les territoires de chacune des wilayas, zones et secteurs sont découpés et les limites définitivement tracées. Alger et ses proches banlieues constituent une zone autonome.
Organisation des PC de wilaya
La wilaya est dirigĂ©e par un conseil de wilaya sous lâautoritĂ© dâun colonel, chef politico-militaire, assistĂ© de trois adjoints avec le grade de commandant, chargĂ©s des diffĂ©rentes missions : militaire, politique, renseignements et liaisons. La zone est dirigĂ©e par un capitaine assistĂ© de trois lieutenants, prenant chacun en charge les diffĂ©rentes missions. La mĂȘme organisation est appliquĂ©e au secteur dont le commandant est un adjudant assistĂ© de trois sergents chefs.
Unités de combat
Le congrĂšs dĂ©finit les unitĂ©s de combat. La plus importante unitĂ© de combat est la compagnie (katiba) composĂ©e de 110 combattants. Elle est divisĂ©e en sections (ferka) qui peut rĂ©unir 35 hommes elle-mĂȘme divisĂ©e en plusieurs groupes (fawdj) avec 11 hommes. Cette organisation nâest pas rigide. Les officiers de l'ALN disposent de la latitude dâadapter leur organisation en fonction des impĂ©ratifs de la lutte sur le terrain qui peuvent varier selon les rĂ©gions et les tactiques imposĂ©es par lâennemi. Les combattants pourront mener des opĂ©rations concertĂ©es qui rĂ©uniront plusieurs katibas pour mener ponctuellement des opĂ©rations communes. Dans d'autres circonstances, ils Ă©clateront leurs forces en petits groupes qui se fonderont dans la nature pour Ă©chapper aux opĂ©rations de ratissage et mener des actions de harcĂšlement rapides et rĂ©pĂ©tĂ©es pour Ă©clater et disperser les forces ennemies. Le congrĂšs fit de la mission de renseignements et liaisons une tĂąche essentielle de lâaction armĂ©e oĂč la rĂ©ussite de toute opĂ©ration militaire exigeait une bonne connaissance des forces ennemies et une grande capacitĂ© de mouvement.
Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA)
La RĂ©volution est dotĂ©e d'organes de dĂ©libĂ©ration et d'organisation (parlement du FLN), joue le rĂŽle de direction suprĂȘme du mouvement. Il prend des dĂ©cisions d'orientation politique, militaire, Ă©conomique et sociale, en mĂȘme temps que celle d'une assemblĂ©e lĂ©gislative, symbole de la souverainetĂ© nationale. Un Conseil national de la RĂ©volution algĂ©rienne (CNRA) est instituĂ©, composĂ© de 34 membres dont 17 titulaires et 17 supplĂ©ants. Il est l'organe dirigeant de la rĂ©volution, seul habilitĂ© Ă ordonner un cessez-le-feu et Ă nĂ©gocier l'indĂ©pendance.
Plusieurs titulaires étaient absents ou morts et furent nommés.
- Mostefa Ben BoulaĂŻd ;
- Rabah Bitat ;
- Mohamed Boudiaf ;
- Mohamed Khider ;
- Hocine AĂŻt Ahmed ;
- Mohamed Lamine Debaghine ;
- AĂŻssat Idir ;
- Ferhat Abbas ;
- M'Hamed Yazid ;
- Benyoucef Benkhedda ;
- Ahmed Taoufik El Madani ;
- Ahmed Ben Bella.
Membres suppléants
- Lâadjoint de Ben BoulaĂŻd ;
- Lakhdar Bentobal ;
- SaĂŻd Mohammedi ;
- Slimane DehilĂšs ;
- Abdelhafid Boussouf ;
- Ali Mellah ;
- SaĂąd Dahlab ;
- Salah Louanchi ;
- Mohammed-Seddik Benyahia ;
- Abdelhamid Mehri ;
- Tayeb ThaĂąlibi ;
- Mohammed Lebdjaoui ;
- Ahmed Francis ;
- AĂŻssa Ben Atallah ;
- UGTA (à désigner par le CCE) ;
- Brahim Mezhoudi ;
- Abdel-Malek Temmam.
Comité de coordination et d'exécution (CCE)
Il dĂ©signe un organe de direction de cinq membres, le ComitĂ© de coordination et dâexĂ©cution (CCE) qui siĂšge Ă Alger. les membres titulaires sont :
Source : « Lâapport de Ramdane Abbane Ă la RĂ©volution » â Benyoucef Benkhedda
Relations entre l'ALN et le FLN
« La primautĂ© du politique sur le militaire[5] » constitue l'un des fondements du CongrĂšs. La primautĂ© sera accordĂ©e au politique par rapport au militaire et dans les centres de commandement, il appartient au chef militaire politique de veiller Ă la prĂ©servation de lâĂ©quilibre entre les diffĂ©rentes branches de la RĂ©volution.
Relations entre lâextĂ©rieur et l'intĂ©rieur
La primauté sera accordée à l'intérieur par rapport à l'extérieur tout en respectant le principe de la direction collégiale.
Conditions dâun cessez-le-feu
Le congrÚs de la Soummam définit les conditions d'un cessez-le-feu, par la reconnaissance de la nation algérienne indivisible, la reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie et de sa souveraineté.
Plate-forme de la Soummam
Le congrĂšs de la Soummam dĂ©finit les buts de guerre : « Il ressort que, vu notre situation, nos buts de guerre sont politico-militaires : L'affaiblissement total de lâarmĂ©e française, pour lui rendre impossible une victoire par les armes. La dĂ©tĂ©rioration sur une grande Ă©chelle de l'Ă©conomie colonialiste par le sabotage, pour lui rendre impossible l'administration normale du pays. La perturbation au maximum de la situation en France sur le plan Ă©conomique et social pour rendre impossible la continuation de la guerre. L'isolement politique de la France en AlgĂ©rie et dans le monde[6]. »
Face Ă la propagande de la France qui accusait le FLN d'ĂȘtre au service dâune puissance Ă©trangĂšre, la plate-forme de la Soummam dĂ©finit ainsi la RĂ©volution : « La RĂ©volution algĂ©rienne est un combat patriotique dont la base est incontestablement de caractĂšre national, politique et social. Elle n'est infĂ©odĂ©e ni au Caire, ni Ă Londres, ni Ă Moscou, ni Ă Washington »[7].
Conflits
La dĂ©lĂ©gation extĂ©rieure installĂ©e au Caire et dirigĂ©e par Ahmed Ben Bella remettra en cause certaines dĂ©cisions d'ordre politique telles la primautĂ© du politique sur le militaire et celle de lâintĂ©rieur sur lâextĂ©rieur. La stratĂ©gie adoptĂ©e par le congrĂšs de la Soummam dans le respect de la dĂ©claration du s'oppose Ă toute forme de tutelle extĂ©rieure notamment la mainmise du nassĂ©risme sur la rĂ©volution algĂ©rienne. L'influence Ă©gyptienne sur la rĂ©volution algĂ©rienne sera effective dĂšs le Conseil national de la RĂ©volution algĂ©rienne (CNRA) du Caire d' et l'assassinat au Maroc d'Abane Ramdane en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e.
La direction de la révolution algérienne connaßtra des conflits (entre pro-nassériens et indépendantistes).
HĂ©ritage
à l'indépendance, les deux principes de primauté de l'intérieur sur l'extérieur et du politique sur le militaire sont balayés durant la crise de l'été 1962 quand Ahmed Ben Bella, Houari BoumédiÚne et l'armée des frontiÚres l'emportent sur le GPRA et les wilayas de l'intérieur.
Depuis le dĂ©but des manifestations de 2019 en AlgĂ©rie, les manifestants (le Hirak) se rĂ©fĂšrent aux conclusions du CongrĂšs de la Soummam et rĂ©clament la primautĂ© du politique sur le militaire scandant « Dawla madania machi Ăąskaria » (« Ătat civil et non militaire »)[8].
Notes et références
- Daniel Guérin, Ci-gßt le colonialisme, , 505 p. (ISBN 978-3-11-165436-2, lire en ligne), p. 88.
- « ANNIVERSAIRE DE LA RĂVOLUTION ALGĂRIENNE : RĂ©flexion sur les enseignements de lâhistorique CongrĂšs de la Soummam : Toute l'actualitĂ© sur lesoirdalgerie.com », sur Le Soir d'AlgĂ©rie (consultĂ© le ).
- http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/112829.
- Yves CourriÚre, La guerre d'Algérie, édition Robert Laffont, pages 63-64.
- Yves CourriÚre, La Guerre d'Algérie, édition Robert Laffont, page 75.
- « memoria.dz/ao-2013/dossier/les⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- « lequotidienalgerie.org/2014/08⊠»(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?).
- « Soummam : la revanche dâAbane et de Ben Mâhidi : Toute l'actualitĂ© sur liberte-algerie.com », sur LibertĂ© (consultĂ© le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Plateforme de la Soummam, plateforme créée à l'issue du congrÚs de la Soummam.
- Extrait du congrĂšs.