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Compagnie belge de colonisation

La Compagnie belge de colonisation est une société anonyme fondée en 1841 en vue de doter la Belgique d'une première colonie (bien qu'elle s'en défende[1]). Inexpérimentée, cette tentative se soldera par un échec et le rapatriement des colons à peine dix ans après leur implantation.

Compagnie belge de colonisation
Histoire
Fondation
Cadre
Pays
Carte de la colonie belge au Guatemala (le nord semble ĂŞtre Ă  gauche).

Histoire

Le , un groupe d'investisseurs, sous le patronage du roi Léopold Ier de Belgique, récupère les chartes de concessions de la Compagnie Commerciale et Agricole des côtes Orientales de l'Amérique centrale (qui opérait pour la couronne britannique), accordée par le régime de la République fédérale d'Amérique centrale dont la république du Guatemala s'est libérée sous la conduite de Rafael Carrera[2] - [3].

Le , la compagnie est constituĂ©e avec pour objet de « crĂ©er des Ă©tablissements agricoles, industriels et de commerce dans les diffĂ©rents États de l'AmĂ©rique centrale et d'autres lieux » et « d'Ă©tablir des relations de commerce entre ces pays et la Belgique »[4]. Dans les faits, la compagnie dispose d'une concession de 404 666 hectares de terres du district de Santo Tomás de Castilla (dĂ©partement de Vera-Paz), accordĂ©e par le jeune et autoritaire rĂ©gime de Rafael Carrera. Cette crĂ©ation est sanctionnĂ©e par arrĂŞtĂ© royal le de la mĂŞme annĂ©e et l'État Belge lui accorde un important subside.

ConformĂ©ment aux statuts, une commission d'exploration est envoyĂ©e le afin de prĂ©parer le terrain (et finaliser le transfert). Après deux mois de voyage, la goĂ©lette arrive au Guatemala, chargĂ©e Ă©galement d'armes et d'or. Les statuts prĂ©voient Ă©galement que « après chaque vente de 1 000 lots de terre, une expĂ©dition partira de la Belgique pour l'AmĂ©rique centrale. » En , un nouveau convoi quitte la Belgique avec quelques notables et une centaine de colons, ex prisonniers et gens de petite condition, recrutĂ©s Ă  grand renfort de publicitĂ©s angĂ©listes et inconscients de ce qui les attend. L'ingĂ©nieur Pierre Simons, pionnier dĂ©chu des chemins de fer de l'État belge et directeur de la première communautĂ© de colons est du voyage. Souffrant, il mourra après quelques jours de mer.

Malgré de nombreux décès dans le premier contingent, un ravitaillement insuffisant depuis la Belgique, et finalement la faillite en 1845 de la Compagnie Belge de Colonisation, d'autres groupes quittent encore la Belgique entre 1844 et 1847, poussés notamment par une situation sanitaire et économique difficile dans les campagnes belges (notamment typhus, choléra ou mildiou).

En 1847, il est clair que l'aventure n'est pas un succès. La colonie vivote sans avoir vraiment expédié de biens vers la métropole. Un premier groupe de colons est rapatrié en Belgique.

En 1855, le Guatemala retire à la Compagnie les droits que celle-ci avait acquis. La Belgique est contrainte d'arrêter définitivement l'expérience. Un dernier rapatriement est organisé pour les colons qui le souhaitent. Certains propriétaires décident de rester sur place et de se développer seuls (souvent au départ de Ciudad Guatemala). Ainsi, le président Óscar Berger (qui officia de 2004 à 2008) est le descendant de colons belges.

Le biologiste et agronome français Jules Rossignon, professeur à l'Université de Paris a été directeur scientifique de l'expédition[5]. Arrivé au Guatemala en 1843, il est resté dans le pays, devenant cultivateur et exportateur de café, mais a changé de lieu, estimant dans l'un de ses livres que la Compagnie belge de colonisation a commis trois erreurs importantes[5]:

  • elle "parlait dans ses prospectus de rĂ©colter Ă  Santo-Tomas de Guatemala les produits les plus variĂ©s qui ne se trouvent que bien loin dans l'intĂ©rieur du pays, sur des plateaux Ă©levĂ©s et dans des conditions atmosphĂ©riques toutes diffĂ©rentes"[5].
  • "le but de la colonie", "ouvrir un chemin", "mettre le port en communication avec l'intĂ©rieur" a Ă©tĂ© "manquĂ©" car "on a voulu faire travailler des EuropĂ©ens aux dĂ©frichements sous un ciel brĂ»lant et sur un sol humide. Les maladies ont dĂ©cimĂ© ces hommes, qui ne peuvent supporter un climat aussi rigoureux"[5].
  • elle a procĂ©dĂ© Ă  "des expĂ©ditions trop rapprochĂ©es des colons qui n'avaient pas le temps de s'installer, qu'on entassait les uns sur les autres dans.de mauvaises huttes"[5].

Historiquement, l'Empire colonial néerlandais, développé par Charles Quint, avait perdu de son lustre au moment où la Belgique prit son indépendance, et le jeune pays — dont les provinces n'avaient été intégrées aux Pays-Bas que quinze ans auparavant — ne pouvait prétendre au moindre droit sur les Compagnie néerlandaise des Indes orientales et occidentales. C'est donc sans la moindre expertise que la jeune Belgique s'aventure au Guatemala, attirée principalement par le potentiel forestier de l'un des derniers territoires disponibles, mais ces terres n'étaient pas inhabitées sans raison. L'échec sera cuisant, et si certaines leçons seront tirées dans l'épopée de la compagnie belgo-brésilienne de colonisation, la Belgique abandonnera peu à peu l'idée coloniale, qui sera reprise à titre personnel par le roi Léopold II pour la colonisation du Congo.

Notes et références

  1. Pourquoi une compagnie anglaise vend-elle des terres dans le Vera-Paz Lire sur Google Livres
  2. Mémoire contenant un aperçu statistique de l'État de Guatemala Lire sur Google Livres
  3. Nouvelle carte physique, politique, industrielle et commerciale de l'Amérique centrale et des Antilles, avec un plan spécial des possessions de la Compagnie belge de colonisation dans l’Amérique centrale, État de Guatemala. (1845) Bibliothèque numérique mondiale.
  4. Compagnie Belge de colonisation, Statuts, contrats et chartes Lire sur Google Livres
  5. « Guide pratique des Ă©migrants en Californie et des voyageurs dans l'AmĂ©rique espagnole Â», par Jules Rossignon aux Editions Adolphe RenĂ©, 1849, lire en ligne

Lien externe

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