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Coloration Hoechst

Les colorants Hoechst font partie de la famille des colorants Ă  l'aide de marqueurs fluorescents utilisĂ©s pour marquer l'ADN. Ces composĂ©s, de la famille des bisbenzimides, ont Ă©tĂ© initialement dĂ©veloppĂ©s par Hoechst AG qui numĂ©rotait ses crĂ©ations. Ainsi, le Hoechst 33342 est le composĂ© no 33342 dĂ©veloppĂ© par cette entreprise. Il existe trois composĂ©s similaires de coloration de l'ADN : le Hoechst 33258, le Hoechst 33342 et le Hoechst 34580. Les colorants Hoechst 33258 et Hoechst 33342 sont les plus frĂ©quents et possĂšdent des spectres d'excitation/Ă©mission similaires. Le Hoechst 33342 a une permĂ©abilitĂ© cellulaire dix fois plus grande que le H33258.

Structure chimique du colorant Hoechst.

Caractéristiques moléculaires

Spectre d'excitation/Ă©mission des colorants de type Hoechst.

Les deux composĂ©s s'excitent Ă  l'aide de rayons ultraviolet Ă  une longueur d'onde autour de 350 nm, ils Ă©mettent tous deux une lumiĂšre bleu-cyan par fluorescence. La longueur d'onde d'Ă©mission maximum est Ă  461 nm. Lorsqu'il est non-liĂ©, le colorant Ă©met son maximum de fluorescence entre 510 et 540 nm. La coloration Hoechst peut ĂȘtre excitĂ©e par une lampe Ă  xĂ©non ou une lampe Ă  vapeur de mercure ou par un laser UV. Le dĂ©placement de Stokes entre le maxima d'excitation et d'Ă©mission rend la coloration Hoechst trĂšs utile dans des expĂ©riences oĂč un grand nombre de fluorophores sont utilisĂ©s. L'intensitĂ© de fluorescence de la coloration Hoechst augmente avec le pH du solvant[1].

Les colorants Hoechst sont soluble dans l'eau et dans les solvants organiques comme le dimĂ©thylformamide ou le dimĂ©thylsulfoxide. On peut obtenir des solutions jusqu'Ă  une concentration de 10 mg/mℓ. Les solutions aqueuses sont stable plus de six mois si stockĂ©es entre 2 et 6 °C et protĂ©gĂ©es de la lumiĂšre. Pour des conservations plus longues, les solutions sont congelĂ©es Ă  une tempĂ©rature infĂ©rieure Ă  −20 °C[1].

Hoechst 33258 (magenta) lié au petit sillon de l'ADN (bleu et vert). Source : PDB 264D[2].

Le colorant se fixe au niveau du petit sillon du double-brin d'ADN avec plus d'affinitĂ© pour les sĂ©quences riches en adĂ©nine et thymine. Une fixation sur ces sĂ©quences riches en AT augmente considĂ©rablement la fluorescence obtenue[3]. La coloration Hoechst est permĂ©able aux cellules : elle permet de marquer les cellules vivantes fixĂ©es.

Utilisations

Image en transmission de cellules HeLa, avec une superposition du marquage Hoechst 33258 (bleu). La cellule la plus à gauche est en prométaphase, une étape de la mitose ; ses chromosomes émettent beaucoup de lumiÚre par fluorescence car l'ADN est trÚs compact (hétérochromatine).

On utilise gĂ©nĂ©ralement une concentration comprise entre 0,1 et 12 ”g/mℓ pour la coloration de cellules eucaryotes ou procaryotes. Le marquage prend de une Ă  trente minutes Ă  tempĂ©rature ambiante ou Ă  37 °C, puis les cellules sont rincĂ©es. Une fluorescence verte, correspondant Ă  du colorant non-liĂ©, peut ĂȘtre observĂ©e si trop de composĂ© a Ă©tĂ© utilisĂ© ou si l'Ă©chantillon n'a pas Ă©tĂ© rincĂ© convenablement[1]. La coloration Hoechst est souvent utilisĂ©e comme alternative Ă  un autre colorant d'acide nuclĂ©ique : le DAPI.

Différences principales entre les colorants Hoechst et DAPI :

  • les colorants Hoechst sont moins toxiques que le DAPI[4] ;
  • les colorants Hoechst possĂšdent un groupe Ă©thyle leur permettant de traverser plus librement les membranes cellulaires ;

Les colorants Hoechst 33342 et 33258 sont dĂ©sactivĂ©s (« quenchĂ© Â» en franglais de laboratoire, [kwenche] en phonĂ©tique) par la bromodĂ©oxyuridine (BrdU), qui est trĂšs utilisĂ©e pour dĂ©tecter les cellules en division. Ces derniĂšres intĂšgrent le BrdU dans l'ADN nĂ©o-synthĂ©tisĂ© Ă  la place de la thymidine. Lorsque le BrdU est incorporĂ© Ă  l'ADN, on suppose que le groupement bromure dĂ©forme le petit sillon de la double hĂ©lice et empĂȘche le colorant Hoechst d'atteindre son site de fixation optimal. Le colorant Hoechst peut ĂȘtre utilisĂ© en mĂȘme temps que le BrdU pour suivre la progression du cycle cellulaire[5] - [6].

On utilise souvent les colorants Hoechst pour colorer l'ADN génomique dans les cas suivants :

Toxicité et sécurité

Du fait de sa fixation Ă  l'ADN, ces colorants interfĂšrent avec la rĂ©plication de l'ADN pendant la division cellulaire. Par consĂ©quent, ils sont potentiellement mutagĂšnes et cancĂ©rigĂšnes, il faut donc respecter un certain nombre de rĂšgles lors de leur manipulation et de leurs traitements comme dĂ©chets. La coloration Hoechst est utilisĂ©e pour trier le sperme dans le cas de stocks humains. Sa sĂ»retĂ© a Ă©tĂ© dĂ©battue[11] - [12].

Références

  1. « Hoechst Stains », Invitrogren (Molecular Probes)
  2. 264D
  3. J Portugal et Waring, MJ, « Assignment of DNA binding sites for 4',6-diamidine-2-phenylindole and bisbenzimide (Hoechst 33258). A comparative footprinting study », Biochimica et Biophysica Acta, vol. 949, no 2,‎ , p. 158–68 (PMID 2449244, DOI 10.1016/0167-4781(88)90079-6)
  4. (en) BD Bioscience, Techniques for Immune Function Analysis, Becton, Dickinson and Company, , 2e Ă©d. (lire en ligne)
  5. M Kubbies et Rabinovitch, PS, « Flow cytometric analysis of factors which influence the BrdUrd-Hoechst quenching effect in cultivated human fibroblasts and lymphocytes », Cytometry, vol. 3, no 4,‎ , p. 276–81 (PMID 6185287, DOI 10.1002/cyto.990030408)
  6. SY Breusegem, Clegg, RM et Loontiens, FG, « Base-sequence specificity of Hoechst 33258 and DAPI binding to five (A/T)4 DNA sites with kinetic evidence for more than one high-affinity Hoechst 33258-AATT complex », Journal of Molecular Biology, vol. 315, no 5,‎ , p. 1049–61 (PMID 11827475, DOI 10.1006/jmbi.2001.5301)
  7. (en) Molecular Probes Handbook : A Guide to Fluorescent Probes and Labeling Technologies, Iain Johnson, Michelle T.Z. Spence, , 11e Ă©d., 1060 p. (ISBN 978-0-9829279-1-5 et 0-9829279-1-6)
  8. M Kubbies, « Flow cytometric recognition of clastogen induced chromatin damage in G0/G1 lymphocytes by non-stoichiometric Hoechst fluorochrome binding », Cytometry, vol. 11, no 3,‎ , p. 386–94 (PMID 1692786, DOI 10.1002/cyto.990110309)
  9. R Mocharla, Mocharla, H et Hodes, ME, « A novel, sensitive fluorometric staining technique for the detection of DNA in RNA preparations », Nucleic Acids Research, vol. 15, no 24,‎ , p. 10589 (PMID 2447564, PMCID 339970, DOI 10.1093/nar/15.24.10589)
  10. W Sterzel, Bedford, P et Eisenbrand, G, « Automated determination of DNA using the fluorochrome Hoechst 33258 », Analytical Biochemistry, vol. 147, no 2,‎ , p. 462–7 (PMID 2409841, DOI 10.1016/0003-2697(85)90299-4)
  11. M.J. Ashwood-Smith, « Safety of human sperm selection by flow cytometry », Oxford University Press, vol. 9, no 5,‎ , p. 757–759 (PMID 7929716, lire en ligne)
  12. I Parrilla, J M VĂĄzquez, C Cuello, MA Gil, J Roca, D Di Berardino et EA MartĂ­nez, « Hoechst 33342 stain and u.v. laser exposure do not induce genotoxic effects in flow-sorted boar spermatozoa », Reproduction, vol. 128, no 5,‎ , p. 615–621 (PMID 15509707, DOI 10.1530/rep.1.00288, lire en ligne)

Liens externes

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