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Colonie du PylĂ´ne

La colonie du Pylône est une maison située sur la commune de Mimizan, dans le département français des Landes. Elle doit sa notoriété au fait d'avoir été louée par Coco Chanel de 1924 à 1930 et employée par cette dernière comme centre de vacances pour ses mannequins et petites mains de la région parisienne.

Colonie du PylĂ´ne
Façade de la colonie du Pylône
Présentation
Destination initiale
Pension de famille
Colonie de vacances
Centre Ă©ducatif
Destination actuelle
Habitation
Construction
Début des années 1920
Propriétaire
Personne privée
Coordonnées
44° 13′ 10″ N, 1° 17′ 35″ O
Carte

Présentation

La colonie du Pylône est une maison bourgeoise de 180 m2[1] édifiée au début des années 1920 à l'extrémité nord de la rue de la Poste[alpha 1], dans un endroit tout à la fois calme et proche du centre de Mimizan-Plage, au pied de la dune et en lisière de la forêt domaniale, à l'emplacement d'un ancien pylône de chasse à la tourterelle qui lui laissera son nom. De style Île-de-France, elle est dotée d'une entrées parée d'un perron à double escalier[2].

Coco Chanel

Elle est bâtie par Madame Lacrouts, qui l'exploite comme pension de famille pendant les premières années, avant de signer un bail en 1924 à Coco Chanel qui souhaite offrir quelques jours de congés à son personnel pendant qu'elle-même séjourne non loin de là, au château Woolsack[2]. À l'autonome 1924, Coco Chanel devient en effet une intime de Hughes Richard Arthur Grosvenor, IIe duc de Westminster, et une visiteuse privilégiée du château dont ce dernier est propriétaire. Jusqu'en 1930, elle y fait des séjours qui lui permettent de se ressourcer, sur les bords du lac d'Aureilhan[2].

Coco Chanel n'occupera elle-mĂŞme jamais la colonie du PylĂ´ne. Dans un souci de marquer la distance avec ses origines modestes et bien plus Ă  son aise chez le duc, elle laisse la maison Ă  la disposition de ses employĂ©es. Quelques annĂ©es avant l'instauration des congĂ©s payĂ©s, elle offre ainsi Ă  ses petites-mains, les « cousettes Â», parfois accompagnĂ©es de leurs enfants[3], et aux mannequins de la Maison Chanel le repos nĂ©cessaire entre deux collections et saisons de dĂ©filĂ©s de mode. Ces jeunes femmes, habituĂ©es au tumulte de la vie parisienne, prennent ici le soleil dans des modèles de maillot de bain Chanel, faisant sensation dans la petite station balnĂ©aire de la cĂ´te landaise[1]. Celles qui le souhaitent assistent durant leur sĂ©jour Ă  l'office religieux Ă  la chapelle Ă  la mer, situĂ©e non loin de lĂ [2]. Certaines d'entre elles trouvent Ă  Mimizan leur conjoint et s'y Ă©tablissent[3].

La belle maison bourgeoise, comptant huit chambres de quatre lits chacune, peut accueillir jusqu'à 32 employées en même temps. Le confort y est à l'origine sommaire. La bâtisse ne compte ni eau courante ni salle-de-bain, une simple pompe Japy dans le jardin permet aux jeunes femmes de se ravitailler en eau[1]. La monitrice, Madame Rose, et la directrice, Fernande Cheroute, se rendent quant à elles à pied vêtues de peignoirs blancs au nouvel établissement d'hydrothérapie de Mimizan afin d'y prendre un bain chaud à l'eau de mer. La vie des vacancières au Pylône reste malgré tout très encadrée. Elles sont ainsi astreintes au respect d'horaires, d'un règlement, et au suivi de cours de couture le matin deux à trois fois par semaine[2].

L'oisiveté et l'ennui ont raison de la relation entre Coco Chanel et le duc[1]. Le couple se sépare en 1930 et Coco Chanel cesse de venir à Mimizan avec ses employées. À Paris, elle s'enferme dans l'hôtel Ritz et se réfugie dans le travail. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'hôtel Ritz est réquisitionné par l'armée d'Occupation et c'est ainsi qu'elle rencontre l'attaché d'ambassade allemand Hans Gunther von Dincklage qui devient son amant. Interrogée par le comité d'épuration des FFI à la Libération, elle ne sera finalement pas inquiétée, grâce à son amitié avec Winston Churchill, née sur les bords du lac d'Aureilhan en 1927[1].

Madame Lacrouts reprend l'exploitation de sa maison comme pension de famille en 1931 pendant quatre ans avant de la vendre Ă  Daniel et Christiane Kolm[2].

Occupation allemande

Issue d'un milieu favorisĂ©, Christiane Ă©pouse Daniel Kolm, Juif polonais de condition plus modeste. Devenus propriĂ©taires de la villa en 1935, ils la transforment en colonie de vacances pour y accueillir des enfants de diffĂ©rents milieux, notamment des enfants juifs. Ils emploient pour les aider une main d'Ĺ“uvre locale (cuisinières, agent d'entretien, moniteurs). Madame Kolm, ancienne Ă©lève de l'École du Louvre, Ă©veille certains de ses jeunes pensionnaires Ă  diverses disciplines artistiques. Au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, le couple fuit Paris pour trouver refuge dans sa propriĂ©tĂ© de Mimizan-Plage. Le recensement des habitants de Mimizan est effectuĂ© dès le afin de distribuer une carte d'alimentation aux rĂ©sidents permanents et aux rĂ©fugiĂ©s Ă©tablis dans la commune[4]. Les enfants juifs que compte la colonie sont immĂ©diatement dĂ©clarĂ©s sous une fausse identitĂ©, la directrice changeant les registres d'inscription dans la nuit. Ce geste de « Madame Christiane Â», tel que la surnomment ceux qui la cĂ´toient, et la discrĂ©tion de ses employĂ©s les mettront Ă  l'abri[2].

Le , l'armĂ©e d'occupation allemande fait son entrĂ©e Ă  Mimizan. Des parents font revenir leurs enfants Ă  eux. Une vingtaine d'enfants seront nĂ©anmoins confiĂ©s Ă  Mme Kolm pendant toute la durĂ©e du conflit. En 1942, la colonie est rĂ©quisitionnĂ©e pour y loger les prisonniers russes enrĂ´lĂ©s de force sous l'uniforme allemand et affectĂ©s aux travaux de construction des blockhaus du Mur de l'Atlantique (Ă  Mimizan-Plage, deux sont Ă©difiĂ©s sur le cordon dunaire au Nord tout proche de la colonie du PylĂ´ne, un au Sud) et des routes en bĂ©ton. Les enfants de la colonie sont Ă©vacuĂ©s Ă  Escource, au lieu-dit « Le Gaye Â», oĂą ils poursuivent leur scolaritĂ© et leurs activitĂ©s Ă©ducatives jusqu'Ă  la fin du conflit. Mme Kolm sera plus tard dĂ©corĂ©e de la mĂ©daille de la RĂ©sistance française et de la Croix Rouge[3].

Après-guerre

La Datcha, ancienne colonie de vacances Ă  Mimizan-Plage

Après la guerre, certains enfants reviennent dans la colonie du Pylône puis devenus adultes, y envoient leurs propres enfants. Le Pylône est aussi un centre éducatif qui accueille toute l'année des enfants retirés de leur famille, notamment dans des cas de maltraitance sur mineur. Ces enfants, accueillis dans la colonie, sont scolarisés dans les établissements de la commune avec les petits Mimizannais. Une annexe à la colonie, surnommée la Datcha[alpha 2], située sur les bords du Courant de Mimizan, accueille les enfants âgés de 4, 5 et 6 ans. Noël Kolm, troisième des quatre enfants du couple Kolm, reprend avec sa femme Martine la suite de l'œuvre de sa mère. Il décède le . La colonie du Pylône ferme quelque temps avant d'être vendue. Elle fait l'objet de travaux en 2019 pour y aménager des appartements.

Notes et références

Notes

  1. Colonie du PylĂ´ne, 59 avenue de la Poste, 40200 Mimizan-Plage
  2. La Datcha, 9 avenue du Courant, 40200 Mimizan-Plage

Références

  1. Les étés landais de Coco Chanel, journal Sud Ouest, publié le 20 juillet 2010
  2. Georges Cassagne, Mimizan, Woolsack, Coco Chanel et Le PylĂ´ne, Labouheyre, Imprimerie Andres, , 49 p.
  3. Georges Cassagne, Mimizan, Clins d'œil au passé, Biarritz, Éditions Atlantica, , 143 p. (ISBN 978-2-7588-0008-8), p. 102.
  4. Mimizan au XXe siècle, mémoire de Jean Guignet

Voir aussi

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