Claudine Perretti
Claudine Perretti, née le à Lausanne d'un père italien et d'une mère hollandaise et morte le à Boulogne-Billancourt[1], est une pianiste suisse.
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(Ă 70 ans) Boulogne-Billancourt |
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Biographie
Elle commence à étudier la musique avec sa mère, avant de rejoindre le Conservatoire de sa ville natale. À l’âge de 16 ans, elle s’installe à Paris et entre à l’École normale de musique dans la classe d'Alfred Cortot et Yvonne Lefébure où elle obtient en 1956 sa Licence de concert. Parallèlement, elle suit le cursus d’esthétique musicale générale (classe de Marcel Beaufils) au Conservatoire et reçoit un premier prix en 1957 pour son mémoire « À la recherche d’une magie musicale ».
Elle prend ensuite des leçons particulières avec Christiane Sénart, Pierre Kostanoff, Magda Tagliaferro et Henriette Faure. De 1957 à 1965, elle participe aux cours publics d’interprétation de l’Académie d’été de Nice, du Mozarteum de Salzbourg ainsi que ceux donnés sur l’œuvre pour piano de Maurice Ravel par Suzanne Roche et Vlado Perlemuter. Elle recevra également des conseils de Ilona Kabos et d'Annie Fischer lors d’un séjour à Londres.
À la fin des années 1950, Claudine Perretti devient productrice à l’ORTF (Office de radiodiffusion télévision française) d’une émission de radio intitulée « Comment aimer la musique » sous la direction de France Yvonne Bril. Elle côtoie des écrivains engagés comme Louis Aragon et signe des articles de critique musicale sous le pseudonyme de Claude Cendray dans « Les Lettres françaises », « Le Guide du concert » et « La Semaine à Paris » en collaboration avec Hélène Jourdan-Morhange qui lui apprend le métier de critique suivant les principes d’une école qui « défend de détruire un artiste sans lui donner les moyens de faire mieux ».
Hélène Joudan-Morhange, qui publia un ouvrage de référence sur Maurice Ravel en collaboration avec Vlado Perlemuter, fut pour Claudine Perretti un guide unique durant les deux années où selon ses propres mots, elle a « traîné dans tous les concerts de la capitale en sa compagnie ». C’est aussi à cette époque qu’elle devient assistante, puis professeur attitrée à l’Académie internationale de piano Magda-Tagliaferro, au même titre que son amie, la pianiste vénézuélienne Isabel Tinoco Revenga.
En 1961, Claudine Perretti est lauréate du Concours international de piano de Bilbao en Espagne (I Concurso Internacional de Piano Caja de Ahorros Vizcaina), auquel participent aussi Lucie Robert, André Gorog et Bruno Leonardo Gelber[2]. Un an plus tard, elle intègre l’agence artistique parisienne d'Yves Dandelot, mais ce n’est qu’en 1965 que sa carrière internationale commence véritablement. Elle se produira en récital à Paris, Salle Gaveau, Salle Pleyel, au Wigmore Hall de Londres et en tant que soliste avec l’Orchestre des Concerts Lamoureux, l’Orchestre du Capitole de Toulouse, l’Orchestre de la Suisse romande, l’Orchestre symphonique du Venezuela, l’Orchestre symphonique de Colombie, du Salvador et du Nicaragua sous la direction de chefs tels que Robert Blot, Pierre Wissmer et Antonio Estévez.
Ses concerts la conduiront en France, en Suisse[3] - [4], en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Belgique, en Espagne, en Grèce, en Bulgarie, en Turquie, en Yougoslavie de même qu’au Canada et en Australie sans oublier l’Amérique latine où elle sera très appréciée du public. Elle fut également la première pianiste suisse à être invitée pour une tournée de concerts en Union soviétique (Russie, Sibérie)[5].
À partir des années 1980, elle se consacre de plus en plus à l'enseignement et crée à Genève une école de piano qui porte son nom (aujourd'hui reprise par Corinne Walker qui a été son assistante pendant 15 ans). Les principes de la méthode Tagliaferro y sont enseignés à de jeunes enfants et à des adolescents.
Ses rencontres avec des personnalités du monde artistique parisien en font une pédagogue aussi intéressante qu'éclectique. Elle a rencontré les compositeurs Iannis Xenakis, Francis Poulenc, Olivier Messiaen, Alexandre Tcherepnine, Jean Françaix, André Jolivet et Pierre Wissmer dont elle a enregistré le 2e Concerto en 1969, le critique Roland-Manuel, et surtout la danseuse de caractère Olga Stens avec laquelle elle noua une grande amitié, qui l'inspira dans son enseignement du piano, à savoir les parallèles existant entre la musique, la gestuelle pianistique et la danse.
Son jeu s'apparente profondément à celui d'Yves Nat, qu'elle avait rencontré au Conservatoire de Paris dans les dernières années de sa vie et est très représentatif de la grande école française du piano. Les pièces maîtresses de César Franck, Ravel et Claude Debussy constituent son répertoire de prédilection au même titre que des grandes œuvres comme la Sonate n° 3 de Brahms, l'opus 110 de Beethoven et la 3e Sonate de Dmitri Kabalevski.
Claudine Perretti est décédée à Boulogne-Billancourt en janvier 2005 et a laissé un souvenir marquant à tous ses élèves. Plus qu'une pédagogue du piano, elle avait cette énergie et cette vitalité de la jeune génération de l'après-guerre qui fut le témoin privilégié des grands bouleversements de la seconde moitié du XXe siècle. Son parcours original lui a donné une vision du monde musical peu commune et surtout une connaissance approfondie des différentes écoles du piano. Elle fut l'instigatrice du Concours de Piano des Clubs Zonta de France (en collaboration avec la Fondation Georges Cziffra dont le but était d'aider de jeunes femmes pianistes à commencer leur carrière.
RĂ©ception
L'interprète reçoit un accueil critique favorable, comme :
« Claudine Perretti appartient à cette étonnante nouvelle vague du piano solidement armée — techniquement et musicalement. C'est un surprenant "petit bout de femme" qui tire de son instrument une puissance "symphonique" que l'on pensait ne pouvoir trouver que sous les doigts de quelques géants du clavier... »
— Maurice Tournade, La Nouvelle République (Suisse romande), 12 avril 1976
« Claudine Perretti a fait preuve d'un niveau artistique exceptionnel dans les œuvres de Scarlatti et Debussy qui requièrent de l'artiste une identification du son pur. Avec un équilibre dans l'expression, elle sait dégager les arabesques toniques et les couleurs propres à chacune de ses interprétations. »
— S. Golabovski, Nova Makedonija, 2 décembre 1974
Enregistrements
- Concerto n° 2 pour piano et orchestre, Claudine Perretti piano, Pierre Wissmer dir., Orchestre de la Suisse romande, label SEPM Quantum, 1991.
- Marcello, Scarlatti, Debussy, Chopin, Claudine Perretti piano, label Pegase Records, Londres, 1975.
Ouvrage
Une vie pour la musique, par Claudine Perretti (publication : Corinne Walker)
Notes et références
- Relevé généalogique sur Filae
- « Boletin EstadĂstico De la Villa - Noticias de Bilbao »,
- https://www.letempsarchives.ch/page/GDL_1962_11_07/3/article/2547744/%22Claudine%20Perretti%22.
- https://scriptorium.bcu-lausanne.ch/s/srrrFTSBrd.
- https://scriptorium.bcu-lausanne.ch/zoom/11544/view?page=48&p=separate&search=%22Claudine%20Perretti%22&hlid=228217086&tool=search&view=987,153,2733,942.