Claude François Chauveau-Lagarde
Claude François Chauveau-Lagarde[1], né à Chartres le et mort à Paris le au 31, rue Jacob, est un avocat et homme politique français, célèbre pour avoir notamment défendu Marie-Antoinette et Charlotte Corday.
Conseiller Ă la Cour de cassation | |
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Bâtonnier Ordre des avocats aux conseils | |
Avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation |
Naissance | |
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Décès |
(Ă 85 ans) Paris |
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Biographie
Premières années
Fils de Pierre Chauveau, maître perruquier, et de Marie Magdeleine Lagarde, il naît à Chartres, paroisse Saint-André. Après des études au collège de Chartres, il fait des études de droit à Paris.
La Révolution française
Déjà l'un des avocats les plus connus de Paris, Claude François Chauveau-Lagarde se fit connaître du public dès le début de la Révolution. 1789 le remplit d'abord d'espoir et, quand les états généraux furent convoqués, il publia une Théorie des États généraux ou la France régénérée. Sous la Révolution il continua à exercer sa profession sous le nouveau nom de défenseur officieux qu'on avait donné à l'avocat. Son nom apparaît dans les listes des jugements civils dans la collection d'Aristide Douarche, Les Tribunaux civils pendant la Révolution. On y voit que le il était l'avocat du général Francisco de Miranda devant le Tribunal révolutionnaire, alors que ce dernier avait encore une certaine bonne volonté envers les accusés ; l'efficacité de son plaidoyer fit acquitter son client, un triomphe pour l'accusé et son avocat. Pourtant, Marat dénonça Chauveau-Lagarde pour avoir fait libérer un coupable.
Il se distingua par son courage moral sous la Terreur. Il dut défendre les Girondins modérés, en particulier Brissot, son compatriote de Chartres, qui avait deux ans de plus que lui. Il prit la défense de Marie-Antoinette, avec une chaleur qui attira les soupçons du Comité de sûreté générale ; dès que la sentence eut été prononcée contre la reine, il fut convoqué devant le comité, accusé de l'avoir trop bien défendue, mais il réussit à se justifier.
Madame Roland lui demanda de préparer sa défense, qu'elle avait l'intention de présenter elle-même devant ses juges. Il prit la défense de Madame Élisabeth, sœur du roi, sans être autorisé à voir sa cliente.
On lui confia la défense de Charlotte Corday, qui avait assassiné Marat. Dans son cas, l'issue du jugement ne faisait aucun doute, il en était bien conscient. Il se limita à rappeler pour la défendre « l'exaltation du fanatisme politique » qui avait mis le couteau dans sa main. Il eut également à défendre Louis-Marie-Florent, duc du Châtelet, Jean Sylvain Bailly, ancien maire de Paris, les « vierges de Verdun » qui ont inspiré une ode à Victor Hugo[2], les vingt-sept défenseurs de Tonnerre et d'autres.
Quand fut instaurée la loi draconienne du 22 prairial an II (), qui supprimait pour les accusés le recours à un avocat, il se retira dans sa ville natale. Là il fut arrêté, accusé de montrer trop d'indulgence envers les contre-révolutionnaires. Son mandat d'arrestation spécifiait qu'il devait comparaître devant le tribunal dans les trois jours, mais sa détention dura en fait six semaines, pendant lesquelles il resta très discret, et cela le sauva de la guillotine. Après le 9 thermidor de l'an II () il fut remis en liberté.
Ses cosectionnaires l'élurent président de la section « l'Unité », la plus royaliste de la capitale. Compromis par l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV (), il fut condamné à mort par contumace. Il se cacha, attendant que le calme fût revenu assez longtemps, si bien que, quand il reparut finalement, la sentence fut annulée.
Après que, sous le Directoire, on fut revenu à un ordre plus normal, il reprit sa profession. En 1797 il fut chargé de défendre l'abbé Charles Brottier, comme ce fut le cas pour plusieurs royalistes accusés de conspiration. Son courage et son éloquence habituels ne lui permirent pas néanmoins d'obtenir l'acquittement pour les « ravisseurs » présumés de Clément de Ris, Auguste de Canchy et Jean de Mauduison.
Après la Révolution
Le , il est nommé avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation.
Il prit la défense des protagonistes de l'affaire du Quesnay, et spécialement celle de la marquise de Combray et de sa fille Caroline, dont le procès dura un mois à compter du .
Après la Restauration, il devint avocat au Conseil du roi et président du conseil de l'Ordre des avocats à la Cour de cassation[3].
Le , il est nommé chevalier de la Légion d'honneur[4].
En 1816, il assure la défense du général Jean-Gérard Bonnaire et publie une notice historique sur la vie de son client : "Exposé simple et fidèle de la conduite du général Bonnaire, ex-commandant de la place de Condé, accusé d'avoir ordonné le meurtre du colonel Gordon, envoyé au nom du Roi comme parlementaire à Condé, et d'avoir participé à ce meurtre."
En 1824, 1825 et 1826, il s'associe à son compatriote d'Eure-et-Loir François-André Isambert, avocat, dans l'affaire des déportés de la Martinique, où ils ont notamment en charge la défense de Cyrille Bissette, Jean-Baptiste Volny et Louis Fabien. Il publie alors un "Plaidoyer pour les sieurs Bissette, Fabien fils et Volny, condamnés à la marque et aux travaux forcés à perpétuité par la Cour royale de la Martinique." et obtient la cassation de l'arrêt de condamnation. Dans sa plaidoirie, il avait annoncé que c'était sa dernière affaire et cède quelques jours après son cabinet à son fils[5].
En 1826 il défend François-André Isambert, poursuivi pour provocation à rébellion : dans un article publié le , celui-ci avait écrit que les gendarmes isolés et les agents de la police administrative n'avaient pas le droit d'ordonner de leur propre chef l'arrestation d'un citoyen.
En 1828, il est nommé conseiller à la Cour de cassation (section criminelle).
Il a longtemps travaillé à l'écriture de l'histoire de sa vie judiciaire : "Si Dieu me laisse le temps de la terminer, on y lira des pages bien curieuses"[6].
Famille - Descendance
Du premier mariage de Claude François Chauveau-Lagarde avec Antoinette Françoise Rollin, naquit une fille unique : Marie Françoise Adèle Lucile, épouse de Louis Mayet-Terengy, président du tribunal civil de Bourges, décédée le à Bourges (Cher), dont postérité.
De son second mariage avec Scholastique Mélanie Thérèse Meslier, naquit deux fils : 1°) Pierre Aimé Urbain Chauveau-Lagarde, né le à Paris, avocat à la Cour de cassation, juge au Tribunal de première instance de la Seine, nommé chevalier de la Légion d'honneur le [7]. Décédé le à Paris. Sans postérité. 2°) François Olivier Léon Chauveau-Lagarde, conservateur des hypothèques. Né le à Paris, décédé à Bourges (Cher) le . Marié le à Bourges avec Louise Gabrielle Zénaïde Baudet. Duquel mariage sont issues deux filles : 1. Marie Joséphine Scholastique Léonie Chauveau-Lagarde, mariée le à Issoudun (Indre) avec Joseph Ferdinand Babin de Lignac (1835-1906) ; morte le à Issoudun, à l'âge de 23 ans. Son époux se remaria avec la sœur cadette de sa défunte épouse. 2. Louise Françoise Marie Chauveau-Lagarde (1835-1918), mariée le à Guilly (Indre) avec son beau-frère, Joseph Ferdinand Babin de Lignac (1835-1906), dont postérité[8].
Obsèques
Ses obsèques ont lieu le . Les coins du drap mortuaire sont portés par Dominique-François-Marie de Bastard d'Estang, pair de France, le baron de Crouseilhes, conseiller à la Cour de cassation, le baron Meyronnet de Saint-Marc, conseiller à la Cour de cassation et M. Hello, avocat général à la Cour de cassation[9].
Il est enterré dans la 1re division du cimetière du Montparnasse à Paris.
Caractère
D'un caractère aimable et enjoué, connu pour ses saillies, il faisait des vers. Quand il racontait quelque anecdote, sa parole était vive, animée, ses yeux brillaient avec éclat. Il était d'une grande modestie et plein de dévouement pour ses amis[6].
Hommages et postérité
- Son nom a été donné à une rue de Paris dans le huitième arrondissement, la rue Chauveau-Lagarde ;
- En 1874, Chartres, sa ville natale, a attribué son nom à l'une de ses rues, qui relie la rue Pierre-Nicole à la rue Philippe-Desportes.
Aujourd'hui, les papiers personnels de Claude François Chauveau-Lagarde sont conservés aux Archives nationales sous la cote 476AP[10].
Références
- Né Chauveau, il fut officiellement autorisé à changer son patronyme en "Chauveau-Lagarde" par ordonnance royale du 10 janvier 1815.
- In Odes et ballades, octobre 1818.
- Nouvelle biographie universelle depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter, Volume 10, Didot Frères, 1854
- « Chauveau-Lagarde Claude François », base Léonore, ministère français de la Culture.
- Le Moniteur universel du 30 septembre 1826, page 4 et Journal des débats politiques et littéraires du 15 octobre 1826, page 2.
- Journal de Chartres, 23 février 1841, article de l'avocat chartrain Doublet de Boisthibault.
- « Chauveau-Lagarde Pierre Aimé Urbain », base Léonore, ministère français de la Culture.
- Jean-Charles Leloup, Histoires de la Beauce et de l'Eure-et-Loir, de 1757 à 1913, Tome II, 1830-1831 : Vie et mort de Claude-François Chauveau-Lagarde (1753-1841) par Jules Doublet de Boisthibault, pp.155-164, publication indépendante, 2023.
- Journal de Chartres, 28 février 1841.
- Description du fonds conservé aux Archives nationales, salle des inventaires virtuelle.
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Claude François Chauveau-Lagarde » (voir la liste des auteurs).
- Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française 1789-1799, Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, Paris, 1987. (ISBN 270282076X)
- Jules Michelet, Histoire de la Révolution française
- Bernard Berdou d’Aas Chauveau Lagarde, éd. L’Harmattan, Paris, 2018
Voir aussi
Liens externes
- Ressource relative aux militaires :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Deux révolutionnaires chartrains, Chauveau-Lagarde et Sergent-Marceau, Les bibliothèques de Chartres, consulté le .