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Claude Fleury

Claude Fleury, né le à Paris, mort le , est un prêtre français, historien de l'Église et juriste. De 1672 à 1705, il mène une longue carrière d'éducateur : il est précepteur des fils du prince de Conti, puis du comte de Vermandois, puis sous-précepteur des petits-fils de Louis XIV. De 1716 à 1722, il est confesseur de Louis XV, et titulaire de la feuille des bénéfices.

Claude Fleury
Image illustrative de l’article Claude Fleury
Claude Fleury, portrait gravé
par Dominique Sornique.
Biographie
Naissance
Paris (royaume de France)
Ordination sacerdotale
Décès
lieu inconnu
Abbé de l'Église catholique
Bénédiction abbatiale
Abbé commendataire de Loc-Dieu
–
Autres fonctions
Fonction religieuse
historien de l'Église
prieur commendataire de N.-D. d'Argenteuil
confesseur de Louis XV
Fonction laĂŻque
avocat
précepteur
membre de l'Académie française
Mœurs des Israelites, traduction allemande de 1754, dans la collection du musée juif de Suisse.

Biographie

Jeunesse et formation

Il naĂ®t Ă  Paris le , sur la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs. Son père, Claude[1], originaire de Rouen[2], est avocat au Conseil privĂ©. Sa mère est Marie Citolle[1]. De 1650 Ă  1656, le garçon est Ă©lève des jĂ©suites au collège de Clermont[1] - [2]. Il Ă©tudie ensuite le droit civil et l'histoire[2]. Il est reçu avocat au parlement de Paris avant ses 18 ans, en 1658[3].

Il exerce ce métier neuf ans durant[2]. Il est alors un protégé de Bossuet[4]. C'est peut-être sous l'influence de ce dernier qu'il entreprend des études de théologie. Il est ordonné prêtre le [1].

Éducateur

De 1672 Ă  1680, il est prĂ©cepteur des orphelins d'Armand, prince de Conti : Louis-Armand et François-Louis[1], qui sont Ă©levĂ©s avec le dauphin[2]. Louis XIV le nomme ensuite prĂ©cepteur de son fils lĂ©gitimĂ©, le comte de Vermandois, âgĂ© de 13 ans. Fleury conserve cette fonction jusqu’à la mort du jeune homme, Ă  16 ans, en 1683[1]. L'annĂ©e suivante, en tĂ©moignage de reconnaissance, Louis XIV lui octroie le bĂ©nĂ©fice de l'abbaye de Loc-Dieu, dans l'Ă©vĂŞchĂ© de Rodez[5]. Il en prend possession le [1].

De 1689 à 1705, il est sous-précepteur des petits-fils de Louis XIV : les ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry, dont Fénelon est le précepteur. Durant cette période, il travaille à son œuvre capitale, son Histoire ecclésiastique, dont le premier volume paraît en 1691[6].

Académicien

Le , il est élu membre de l'Académie française, au fauteuil no 36, où il remplace La Bruyère. En 1718, il sera l’un des quatre académiciens déclarant vouloir entendre les explications de l'abbé de Saint-Pierre avant de décider de son exclusion[7].

En 1706, Louis XIV lui octroie le riche prieuré d'Argenteuil. Fleury résigne alors son abbaye de Loc-Dieu[1].

Confesseur de Louis XV

Le , dans son deuxième codicille, Louis XIV décide qu'à sa mort son propre confesseur, le père jésuite Le Tellier, deviendra le confesseur du nouveau roi[8]. Louis XIV meurt le . Louis XV a cinq ans. Les conseillers du Régent souhaitent écarter les jésuites du pouvoir[9]. Le confesseur — traditionnellement, un jésuite —, titulaire en ce temps-là de la feuille des bénéfices[10], est à un poste hautement stratégique. Le Régent écarte Le Tellier en prétextant que Louis XV n'a pas besoin d'un confesseur avant ses sept ans. Le , il ordonne à Le Tellier de quitter Paris[11]. Celui-ci s'exécute le .

Le royaume est déchiré par l'affaire de la bulle Unigenitus et la controverse entre gallicans et partisans des jésuites[11]. En 1716, la querelle est ravivée par l'incident du prêche de l'Avent au roi[12]. Le Régent décide alors, pour apaiser les esprits, de nommer sans plus attendre un homme neutre comme confesseur du roi. Son choix se porte sur l'abbé Fleury[13], « gallican convaincu et quelque peu jansénisant[14] », mais sans goût pour la controverse[1] et n'appartenant à aucun des clans en présence[13] : « Je vous ai choisi, dit le Régent, parce que vous n'êtes ni janséniste, ni moliniste, ni ultramontain[15]. » Nommé le [1], Claude Fleury est présenté cinq jours plus tard à Louis XV[8]. En tant que confesseur, il est titulaire de la feuille des bénéfices[10]. Le , dimanche de Pâques, il confesse le roi pour la première fois[14].

DĂ©possĂ©dĂ©s d'un emploi qui leur donnait un très grand pouvoir, les jĂ©suites attendent leur heure[13]. L'occasion leur est fournie quelques annĂ©es plus tard lorsque le RĂ©gent, par politique, prend momentanĂ©ment leur parti contre le cardinal de Noailles. En mars 1722, ils obtiennent que l'abbĂ© Fleury soit destituĂ©[16] - [17], et remplacĂ© par le jĂ©suite Bertrand Claude Taschereau de Linières[16].

Claude Fleury meurt d'apoplexie le , Ă  82 ans[18].

Ĺ’uvre

Son Ĺ“uvre majeure, Ă  laquelle il travailla 30 ans, est une Histoire ecclĂ©siastique en 20 volumes, qui paraĂ®t de 1691 Ă  1720[18]. Elle connaĂ®tra de nombreuses Ă©ditions et sera traduite en latin, en allemand et en italien. Elle couvre la pĂ©riode allant de l'Ă©tablissement du christianisme jusqu’à l'annĂ©e 1414 et sera plus tard complĂ©tĂ©e par une Ă©dition en 36 volumes allant jusqu’à l'annĂ©e 1595.

Plusieurs de ses autres ouvrages seront eux aussi souvent réédités ; certains, que l'Église de Rome juge teintés de jansénisme, y compris son très populaire Catéchisme, seront également mis à l'Index. Le plus curieux, dans le contexte de la Déclaration des Quatre articles de Bossuet qui plaît tant à Louis XIV, est que Fleury réussit malgré tout à faire s'accorder au moins sur un point — lui-même — les deux ennemis Bossuet et Fénelon qui s'affrontent en regard du quiétisme : les deux le déclarent modeste, pieux, loyal et désintéressé[19].

Voltaire a dit de lui qu'il « vécut à la cour dans la solitude et dans le travail. Son Histoire de l’Église est la meilleure qu’on ait jamais faite, et les discours préliminaires sont fort au-dessus de l’histoire. Ils sont presque d’un philosophe, mais l’histoire n’en est pas[20] ».

Principales publications

  • Histoire du droit français (1674)
  • CatĂ©chisme historique, contenant en abrĂ©gĂ© l'histoire sainte et la doctrine chrĂ©tienne (1679). Ouvrage mis Ă  l'Index.
  • Les MĹ“urs des Israelites (1681)
  • Les MĹ“urs des ChrĂ©tiens (1682)
  • La Vie de la vĂ©nĂ©rable mère Marguerite d'Arbouze (1684)
  • TraitĂ© du choix et de la mĂ©thode des Ă©tudes (2 volumes, 1686)
  • Institution au droit ecclĂ©siastique, Paris, Aubouin, 1687, 2 vol. Ouvrage mis Ă  l'index.
  • Les Devoirs des maĂ®tres et des domestiques (1688)
  • Histoire ecclĂ©siastique, prĂ©cĂ©dĂ©e du Discours sur cette histoire (20 volumes, premier volume publiĂ© en 1691[21])
  • Histoire ecclĂ©siastique, pour servir de continuation Ă  celle de M. l'abbĂ© Fleury (36 volumes, 1691-1738). Continuation par Jean-Claude Fabre et Claude-Pierre Goujet.
  • Neuvième discours de M. l'abbĂ© Fleury, sur les libertĂ©s de l'Église gallicane (1725). Ouvrage mis Ă  l'index.
  • Maximes et libertĂ©s gallicanes, rassemblĂ©es et mises en ordre, avec leurs preuves. MĂ©moire sur les libertĂ©s de l'Église gallicane, trouvĂ© parmi les papiers d'un grand prince (1755)
  • Table gĂ©nĂ©rale des matières contenues dans les XXXVI volumes de l'Histoire ecclĂ©siastique de M. Fleury et du P. Fabre (1758)
  • Droit public de France, ouvrage posthume de M. l'abbĂ© Fleury, composĂ© pour l'Ă©ducation des princes (1769)
  • Le Soldat chrĂ©tien, ouvrage posthume de M. l'abbĂ© Fleury (1772)
  • Opuscules (5 volumes, 1780-81)
  • Nouveaux Opuscules (1807)
  • Ĺ’uvres de l'abbĂ© Fleury, contenant : TraitĂ© du choix et de la mĂ©thode des Ă©tudes. MĹ“urs des IsraĂ©lites et des chrĂ©tiens, Discours sur l'histoire ecclĂ©siastique, Grand catĂ©chisme historique, Histoire du droit français, etc., pour faire suite aux Ĺ“uvres de FĂ©nelon : prĂ©cĂ©dĂ©es d'un Essai sur la vie et les ouvrages de l'abbĂ© Fleury (1837)
  • Écrits de jeunesse : tradition humaniste et libertĂ© de l'esprit, Champion, Paris, 2003
  • Vie de la mère d'Arbouse, rĂ©formatrice de l'abbaye du Val-de-Grâce, dans Opuscules de M. l'abbĂ© Fleury, prieur d'Argenteuil, tome 3, Nismes, 1780, pp. 1-126 ; suivie dans le mĂŞme fascicule par : Suite de la vie de la mère d'Arbouze : RĂ©cit de ce qui est arrivĂ© de plus mĂ©morable au Val-de-Grâce, sous les trois premières abbesses qui ont succĂ©dĂ© Ă  Marguerite d'Arbouze, pp. 127-146. Ă€ la suite de ces deux textes se trouvent de nombreux Ă©crits : Portrait du dauphin (Louis de Bourgogne, 1682-1712), Discours acadĂ©miques et lettres, Discours sur Platon, Fragments de Platon, Extraits de la RĂ©publique de Platon, RĂ©flexions sur les oeuvres de Machiavel, Lettre Ă  M… sur la justice, Politique chrĂ©tienne tirĂ©e de saint Augustin, PensĂ©es politiques, etc ; voir la table des matières pp. 637-644.

Notes et références

  1. Roman d'Amat, « Fleury, Claude », Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey et Ané, 1976, fasc. LXXIX, col. 35.
  2. Abbé Lécuy, « Fleury (Claude) », dans Biographie universelle (Michaud), Paris, Desplaces, sans date, t. XIV, p. 230.
  3. Alexis Chassang, « Fleury, l'abbé Claude », dans Jean-Chrétien-Ferdinand Hœfer (dir.), Nouvelle Biographie générale, Copenhague, Rosenkilde et Bagger, 1965, t. XVII, col. 915.
  4. (en) Amy Tikkanen, « Claude Fleury », sur britannica.com, 2019 (consulté le 29 mai 2019).
  5. Alexis Chassang, op. cit., col. 916.
  6. Alexis Chassang, op. cit., col. 917.
  7. « Claude Fleury », sur academie-francaise.fr (consulté le 29 mai 2019). — Hélène Carrère d'Encausse, « L’abbé de Saint-Pierre, symbole de l’indépendance de l’Académie française », sur academie-francaise.fr, 6 décembre 2018 (consulté le 30 mai 2019).
  8. Michel Antoine, Louis XV, Paris, Fayard, , p. 53.
  9. Alfred Hamy, « Notices biographiques sommaires des jésuites du collège d'Alençon », dans Bulletin de la Société historique et archéologique de l’Orne, sur gallica.bnf.fr, t. XVIII, Alençon, 1899, p. 126 (consulté le ).
  10. « Feuille des bénéfices », sur conseilduroi.fr (consulté le 30 mai 2019).
  11. Pascale Mormiche, « Éduquer un roi ou l’histoire d’une modification progressive du projet pédagogique pour Louis XV (1715-1722) », sur journals.openedition.org, Histoire de l'éducation, no 132, 2011, p. 17-47, § 38. Mis en ligne le (consulté le ).
  12. Pascale Mormiche, op. cit., § 39.
  13. Pascale Mormiche, op. cit., § 40.
  14. Michel Antoine, Louis XV, Paris, Fayard, , p. 78.
  15. Abbé Lécuy, op. cit., p. 231.
  16. Pascale Mormiche, op. cit., § 65.
  17. D'autres historiens évoquent une démission en raison de son âge (abbé Lécuy, op. cit., p. 231, et Alexis Chassang, op. cit., col. 917) ou de son état de santé (Michel Antoine, Louis XV, Paris, Fayard, , p. 101. ) .
  18. Roman d'Amat, op. cit., col. 36.
  19. Marcel Louis. Abbé Gaston Dartigue - Le traité des études de l'abbé Claude Fleury (1686). Examen historique et critique (compte rendu). Dans Revue d'histoire de l'Église de France, 1922, Volume 8, n° 40, pp. 336-339.
  20. Voltaire, Le siècle de Louis XIV. Catalogue de la plupart des écrivains français qui ont paru dans le siècle de Louis XIV, pour servir à l’histoire littéraire de ce temps (1751).
  21. Hyacinthe Robillard D'Avrigny, Memoires pour servir à l'histoire universelle de l'Europe depuis 1600 jusqu'en 1716, 1783, p. 539 : "collection complète des œuvres de Mr l'abbé Fleury".

Annexes

Bibliographie

Fabrice Hoarau, Claude Fleury, 1640-1723 : la raison et l’histoire, Atelier national de reproduction des thèses, Lille, 2005, 641 p. (ISBN 9782284050087)

Liens externes

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