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Classe Magdeburg

La classe Magdeburg est une classe de croiseurs légers construit pour la Kaiserliche Marine peu avant le début des années 1910. Quatre navires, le SMS Magdeburg, Breslau, Strassburg et Stralsund, furent conçus par les chantiers navals AG Weser, AG Vulcan et Kaiserliche Werft des villes de Brême, Stettin et Wilhelmshaven.

Classe Magdeburg
Image illustrative de l'article Classe Magdeburg
Le SMS Strassburg dans les années 1910.
Caractéristiques techniques
Type Croiseur léger
Longueur 138,70 m
MaĂ®tre-bau 13,50 m
Tirant d'eau 4,40 mètres Ă  5,16 mètres
DĂ©placement 4 570 t
Port en lourd 5 587 t
Propulsion 2 Ă  3 turbines Ă  vapeur
16 chaudières mixtes mazout et charbon
2 à 4 hélices
Puissance 25 000 cv (19 000 kW)
Vitesse 27,5 nœuds (50,9 km/h)
Caractéristiques militaires
Blindage Ceinture = 18 Ă  60 mm
Pont = 20 Ă  60 mm
Château = 100 mm
Tourelles = 50 mm
Magasins = 60 mm
Traverses = 40 mm
Armement En 1911
12 Ă— canons de 105 mm
2 Ă— tubes lance-torpilles de 500 mm
120 Ă— mines
En 1917
7 Ă— canons de 150 mm
2 Ă— canons AA de 88 mm
2 / 4 Ă— tubes lance-torpilles de 500 mm
120 Ă— mines
Rayon d’action 5 820 milles marins (10 800 km) Ă  12 nĹ“uds (22 km/h)
900 milles marins (1 700 km) Ă  25 nĹ“uds (46 km/h)
Autres caractéristiques
Équipage 18 officiers, 336 hommes d'équipage
Histoire
Constructeurs AG Weser
AG Vulcan
Kaiserliche Werft
A servi dans Kaiserliche Marine
Pavillon de la marine turque Marine turque
Marine nationale
Regia Marina
Commanditaire Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
PĂ©riode de
construction
1910-1912
PĂ©riode de service 1912-1942
Navires construits 4
Navires prévus 4
Navires perdus 2
Navires démolis 2

Conception

La conception de la classe a été dessinée en 1908–1909[1]. Elle marquait un tout nouveau jalon dans la conception des croiseurs Allemands : nettement plus grands que la classe Kolberg, ils concentraient en outre un panel d'améliorations considérables. Ils furent les premiers à disposer d'une ceinture en nickel courant sur 80% de la ligne de flottaison[2], et soudée à la coque elle-même, comme partie intégrante de sa structure. La coque était montée un utilisant une technique de cadres longitudinaux, et l’hydrodynamique avait été retravaillée de manière intensive[3]. L'abandon du gaillard d'arrière était d'autre part une nécessité pour donner à ces bâtiments une capacité de mouiller des mines. Toutes ces nouvelles caractéristiques, dont le développement avait retardé la construction de trois à quatre ans, allait équiper la totalité des classes ultérieures de croiseurs allemands[3].

Caractéristiques générales

Les navires avaient une longueur de flottaison de 136 mètres et une longueur hors-tout de 138,70 mètres, un faisceau de 13,50 mètres et un tirant d'eau de 4,40 mètres Ă  la proue et 5,16 mètres Ă  la poupe. Ils dĂ©plaçaient 4 570 tonnes en charge nominale et 5 587 tonnes Ă  pleine charge[4]. Leurs coques ont Ă©tĂ© construites avec des armatures en acier longitudinales. La coque des Magdeburg, Strassburg et Stralsund ont Ă©tĂ© divisĂ©es en quatorze compartiments Ă©tanches et celle du Breslau en seize compartiments. Elles incorporaient un double fond qui s'Ă©tendait sur 45% de la longueur de la quille[1].

Le Breslau en 1912.

L'Ă©quipage comprenait 18 officiers et 336 hommes d'Ă©quipage. Ils embarquaient plusieurs navires plus petits, dont un navire piquet, une barge, un cotre, deux yawls et deux dinghy.

Ils Ă©taient très manĹ“uvrables et avaient un rayon de braquage serrĂ©, perdant jusqu'Ă  60% de leur vitesse dans un virage. D'une tendance naturelle Ă  lofer mĂŞme pendant une petite houle, les navires Ă©taient considĂ©rĂ©s comme ardents. La direction Ă©tait contrĂ´lĂ©e par un seul gouvernail. Leur hauteur mĂ©tacentrique transversale Ă©tait de 0,79 mètre[1].

Machinerie

Chaque navire disposait d'un système de turbines Ă  vapeur diffĂ©rents ; elles Ă©taient construites par diffĂ©rents fabricants afin d'Ă©valuer chaque conception et configuration. Les trois turbines (produit par Bergmann) du Magdeburg entraĂ®naient trois hĂ©lices Ă  trois pales d'un diamètre de 2,75 m. Le Breslau Ă©tait Ă©quipĂ© d'une paire de turbines AEG Vulcan, actionnant quatre hĂ©lices Ă  trois pales de 2,47 m de diamètre. Le Strassburg avait une paire de turbines de type Marine entraĂ®nant deux hĂ©lices de 3,40 m. Le Stralsund possĂ©dait initialement trois turbines Bergmann avec trois hĂ©lices de 2,75 m, bien qu’à la fin de la guerre, l’arbre central ait Ă©tĂ© enlevĂ©[5].

Les turbines Ă©taient alimentĂ©es par seize chaudières Ă  tubes d’eau (11 selon une autre source[6] - [7]) de type Marine alimentĂ©es au charbon, bien qu’elles aient ensuite Ă©tĂ© modifiĂ©es afin d'utiliser du mazout pulvĂ©risĂ© sur le charbon pour augmenter son taux de combustion. Celles-ci Ă©taient divisĂ©es en cinq chaufferies sur la ligne mĂ©diane. Les navires embarquaient 106 tonnes de mazout et 1 200 tonnes de charbon au maximum[7]. Sa puissance Ă©tait de 25 000 chevaux-vapeur (19 000 kW) produisant une vitesse de pointe de 27,5 nĹ“uds (50,9 km/h), et une autonomie de 5 820 milles marins (10 800 km) Ă  12 nĹ“uds (22 km/h) et 900 milles marins (1 700 km) Ă  25 nĹ“uds (46 km/h). Lors des essais (en charge lĂ©gère), les quatre navires ont dĂ©passĂ© cette vitesse d'au moins un demi-nĹ“ud (Ă©valuĂ©e Ă  28,2 nĹ“uds (52 km/h)). Les Magdeburg, Strassburg et Stralsund avaient chacun quatre turbo-gĂ©nĂ©rateurs d’une puissance totale de 320 kW (430 ch), Ă  220 volts ; le Breslau n'avait que deux gĂ©nĂ©rateurs[5].

Armement

Maquette d'un croiseur de la classe Magdeburg exposé dans le Marinemuseum à Dänholm.

Leur armement principal comprenait 12 canons simples de 105 mm SK L/45 montĂ©s sur un socle ; deux Ă©taient placĂ©s cĂ´te Ă  cĂ´te en avant sur le gaillard, huit au milieu du navire (quatre de chaque cĂ´tĂ©), et deux en tourelles superposĂ©es Ă  l'arrière[3]. Ces canons tiraient un obus de 17 kg Ă  une vitesse Ă  la bouche de 710 mètres par seconde[7]. Leurs cadences Ă©taient de 15 obus/min. Les canons avaient une altitude maximale de 30 degrĂ©s, ce qui leur permettait d'engager des cibles jusqu'Ă  12 700 mètres[8]. Ils disposaient de 1 800 cartouches de munitions, pour 150 obus par canon. Les navires comprenaient Ă©galement 2 tubes lance-torpilles (immergĂ©s dans la quille) de 500 mm (19,7 poucess), embarquant 5 torpilles de 500 mm G7 stockĂ©es dans la coque du cĂ´tĂ© de la bordĂ©e. D'une charge de 195 kg, leur portĂ©e Ă©taient de 4 000 mètres Ă  37 nĹ“uds (68,5 km/h) et 9 300 mètres Ă  27 nĹ“uds (50 km/h)[7]. Les navires de la classe emportaient Ă  bord jusqu'Ă  120 mines marine[1].

Au cours de leur carrière, l'armement de tous les navires a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©, Ă  l'exception du Magdeburg. En 1915-16, le Strassburg et le Stralsund furent rĂ©armĂ©s avec 7 pièces de 150 mm SK L/45, 2 de 88 mm SK L/45 AA et deux tubes lance-torpilles supplĂ©mentaires de 500 mm sur le pont. Le Stralsund a Ă©tĂ© modifiĂ©e de la mĂŞme manière, bien que ses tubes lance-torpilles immergĂ©s aient Ă©tĂ© retirĂ©s lors des modifications[1]. Le Breslau fut lui rĂ©armĂ© avec deux pièces de 150 mm en 1916 et 8 en 1917. Ces canons tiraient un obus de 45 kg Ă  une vitesse Ă  la bouche de 835 mètres par seconde. Leurs cadences Ă©taient de 4,5 obus/min. Ils avaient une altitude maximale de 30 degrĂ©s, ce qui leur permettait d'engager des cibles jusqu'Ă  17 600 mètres[7]. Les canons antiaĂ©riens de 88 mm tiraient des obus de 10 kg Ă  une vitesse Ă  la bouche de 765 m/s, pour une cadence de 15 obus/min. Leur portĂ©e Ă©tait de 11 800 mètres Ă  45 degrĂ©s[7].

Blindage

Leur blindage Ă©tait rĂ©alisĂ© en acier de type Krupp. Ils Ă©taient protĂ©gĂ© par une ceinture blindĂ©e de 60 mm (2,4 pouces). La ceinture Ă©tait rĂ©duite Ă  18 mm Ă  la proue. La poupe n'Ă©tait pas blindĂ©e. Le pont Ă©tait recouvert d'une plaque de blindage de 60 mm d'Ă©paisseur Ă  l'avant, de 40 mm au milieu et de 20 mm (0,79 pouce) Ă  l'arrière. Le château avait des cĂ´tĂ©s de 100 mm (3,9 pouces) d'Ă©paisseur et un toit de 20 mm d'Ă©paisseur. Les traverses inclinĂ©e d’une Ă©paisseur de 40 mm reliaient le pont au blindage de la ceinture. Le blindage des magasins Ă©tait de 60 mm d'Ă©paisseur. Le tĂ©lĂ©mètre au sommet de la tourelle bĂ©nĂ©ficiait d'un placage d'acier de 30 mm (1,2 pouce). Des boucliers de 50 mm (2,0 pouce) d'Ă©paisseur protĂ©geaient les Ă©quipages des batteries de 105 mm[1] ; ultĂ©rieurement 150 mm.

Construction

CommandĂ© sous le nom de contrat « Ersatz Bussard », le Magdeburg a Ă©tĂ© mis sur cale au chantier naval AG Weser de BrĂŞme en 1910. Il est lancĂ© le puis mis en service dans la Hochseeflotte le . Sa construction aura coĂ»tĂ© 8 058 000 marks. CommandĂ© sous le nom de contrat « Ersatz Falke », le Breslau a Ă©tĂ© mis sur cale au chantier naval AG Vulcan de Stettin en 1910[1]. Lors de son lancement le , il est baptisĂ© par le maire de la ville de Breslau, d'oĂą est originaire son nom[9]. Il a subi de nombreux travaux d’amĂ©nagement jusqu'Ă  la mi-1912, avant son entrĂ©e en service dans la Hochseeflotte le [1].

Commandé sous le nom de contrat « Ersatz Condor », le Strassburg a été mis sur cale au chantier naval Kaiserliche Werft de Wilhelmshaven en 1910. Il est lancé le puis mis en service dans la Hochseeflotte le .

Commandé sous le nom de contrat « Ersatz Cormoran », le Stralsund a été mis sur cale au chantier naval AG Weser de Brême en 1910. Il est lancé le puis mis en service dans la Hochseeflotte le [5].

Historique

Magdeburg

Le Magdeburg en 1911.

Le Magdeburg effectuait une sortie de minage en mer Baltique le lorsqu'il s'échoua sur un récif de l'île Odensholm et fut ensuite bombardé par un croiseur russe[4]. Ce dernier fit prisonnier l'équipage[10] et récupéra le livre de codes de la Hochseeflotte qui fut transmis à l'intelligence service britannique[11]. Quinze membres d'équipage ont été tués dans ce bref engagement[4]. L'épave a été détruite après la guerre[4].

Breslau

Le Breslau, battant pavillon turc sous le nom de Midilli.

Le Breslau de son côté était le matelot du Goeben, l'escadre de Méditerranée du contre-amiral Wilhelm Souchon durant les guerres des Balkans[12]. Réfugié à Constantinople, il fut officiellement acquis par la marine Turque et devint le Midilli[13] - [14]. Il heurta une mine en 1915 et fut hors de service pendant un an et demi[15]. Il sombra le durant la campagne du Caucase[16] - [17], en heurtant des mines au large d'Imbros[18]. La majorité de son équipage ont été tués dans le naufrage[19].

Strassburg

Le Strassburg naviguant Ă  pleine vitesse.

Le Strassburg passa la première année de son service outre-mer, avant de rejoindre les forces de reconnaissance de la Hochseeflotte[4]. Il assista à une action importante lors de la bataille de Heligoland en août 1914 et participa au raid sur Scarborough, Hartlepool et Whitby (en) en décembre 1914[20] - [21]. En 1916, le navire fut transféré dans la Baltique pour lutter contre la marine russe[22]. Il participa à l'opération Albion dans le golfe de Riga en octobre 1917[23] et opéra dans l'écran des cuirassés König et Markgraf lors de la bataille du détroit de Muhu[24]. Il retourna en mer du Nord au cours des dernières semaines de la guerre afin de préparer une ultime opération contre la Grand Fleet de la Royal Navy, qui fut finalement annulée en raison d'une mutinerie générale[25] - [26].

Le navire servit brièvement dans la nouvelle Reichsmarine en 1919 avant d’être transféré en Italie en tant que prix de guerre. Il fut officiellement muté en juillet 1920 et renommée Taranto pour servir dans la marine italienne en tant que croiseur éclaireur. Il subit une refonte en 1936-37 pour de futures missions coloniales et des canons antiaériens lui sont installés. Il ne participe à aucune action significative durant le début de la Seconde Guerre mondiale. Lors de l'armistice qui a mis fin à la participation italienne dans la guerre, le bâtiment est sabordé par son équipage. Renfloué par les Allemands il est coulé par un bombardement allié en octobre 1943. Renfloué de nouveau, il est coulé par des bombardiers en septembre 1944. Il est mis à la ferraille en 1946-47[27].

Stralsund

Le Stralsund en 1913.

Le Stralsund a été affecté aux forces de reconnaissance de la Hochseeflotte pendant la majeure partie de sa carrière[28]. Il participa à plusieurs actions importantes au début de la Première Guerre mondiale, notamment plusieurs opérations au large des côtes britanniques et aux batailles de Heligoland et Dogger Bank en août 1914 et en novembre 1915[29] - [30]. Durant la bataille du Jutland, il fut en carénage au chantier naval[22]. Après la fin de la guerre, il servit brièvement dans la Reichsmarine avant d'être livré aux Alliés[4]. Cédé à la Marine française, il servit sous le nom de Mulhouse jusqu'en 1925. Il fut mis en réserve en 1933 et démoli deux ans plus tard[31].

Notes et références

  1. Gröner 1990, p. 107
  2. Miller 2001, p. 218
  3. Gardiner et Gray 1985, p. 159
  4. Gröner 1990, p. 108
  5. Gröner 1990, p. 107–108
  6. chaudron-graphique, « Magdeburg », sur www.navistory.com (consulté le )
  7. « CLASSE Magdeburg », sur le.fantasque.free.fr (consulté le )
  8. Gardiner et Gray 1985, p. 140.
  9. Hildebrand, Röhr & Steinmetz, p. 139
  10. Halpern 1995, p. 184
  11. Halpern 1995, p. 36.
  12. Halpern 1995, p. 15.
  13. Halpern 1995, p. 51–58.
  14. Halpern 1995, p. 63–64.
  15. Langensiepen et GĂĽleryĂĽz 1995, p. 49.
  16. Halpern 1995, p. 228–229, 241–242.
  17. Langensiepen et GĂĽleryĂĽz 1995, p. 50.
  18. Langensiepen et GĂĽleryĂĽz 1995, p. 32.
  19. Meek, et al., p. 95
  20. Bennett 2005, p. 149–150.
  21. Tarrant 1995, p. 31.
  22. Campbell, p. 23
  23. Staff 2008, p. 4.
  24. Staff 2008, p. 113–114.
  25. Woodward 1973, p. 118–119.
  26. Tarrant 1995, p. 282.
  27. Gardiner et Gray 1985, p. 264.
  28. Gardiner et Gray 1985, p. 160.
  29. Bennett 2005, p. 145–147.
  30. Scheer 1920, p. 77.
  31. Gardiner et Gray 1985, p. 201.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Robert Gardiner et Randal Gray, Conway's All the World's Fighting Ships (1906-1921), [dĂ©tail de l’édition]
  • (en) Geoffrey Bennett, Naval Battles of the First World War, London, UK, Pen & Sword Military Classics, (ISBN 1-84415-300-2)
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