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Circuit détecteur d'enveloppe

Un circuit de détecteur d'enveloppe est un circuit électrique redresseur simple alternance, composé d'une diode et d'un condensateur en série.

Schéma électrique de base du circuit de détection

Quand il sert, par exemple en radio, pour extraire le signal basse fréquence d'une fréquence porteuse modulée en amplitude, on l'appelle circuit de détection.

Dans les autres applications,

  • quand le signal Ă©lectrique d'entrĂ©e est suffisamment grand, ou qu'on utilise un amplificateur opĂ©rationnel pour linĂ©ariser la caractĂ©ristique de la diode dans le sens passant, la tension de sortie prend une valeur proche de la valeur de crĂȘte de la tension d'entrĂ©e. On dĂ©signe alors le circuit par l'expression dĂ©tecteur de crĂȘte. Si on s'intĂ©resse aux variations de cette valeur au cours du temps, on parle de circuit dĂ©tecteur d'enveloppe.
  • quand le signal d'entrĂ©e est infĂ©rieur au seuil de conduction de la diode, le mĂȘme circuit donne en sortie une approximation de la valeur efficace du signal, et on l'appelle circuit de dĂ©tection quadratique.

Principe

Un circuit détecteur d'enveloppe est constitué d'une diode en série reliée à une charge constituée d'un condensateur et d'une résistance.

Son signal d'entrée est une fréquence porteuse dont on veut extraire la modulation. C'est donc un courant alternatif, présentant une tension tantÎt positive, tantÎt négative.

Quand la tension d'entrĂ©e est positive, la diode conduit et le condensateur se charge. Quand la tension d'entrĂ©e est nĂ©gative, la diode se bloque, le condensateur se dĂ©charge dans la charge. Comme la rĂ©sistance prĂ©sente dans le circuit lors de la charge de la capacitĂ© est faible, celle-ci est beaucoup plus rapide que la dĂ©charge dans la rĂ©sistance. Si la constante de temps du circuit rĂ©sistance-condensateur est correctement choisie, sa tension reste Ă  peu prĂšs constante entre deux crĂȘtes de la porteuse[1].

L'Ă©quation Ă©lectrique du systĂšme est la suivante :

Quand la tension d'entrée est positive
en supposant une tension continue établie supérieure à la tension de seuil de la diode, le condensateur ne laisse passer aucun courant, et
, oĂč I est le courant d'entrĂ©e, qui traverse aussi la charge ;
Supposant maintenant une variation de la tension d'entrée, la constante de temps du circuit s'obtient avec Rs et Rcharge en parallÚle :
Dans le cas idéal la tension de la diode serait nulle ainsi que la résistance de sortie et le condensateur se chargerait instantanément[2] - [3].
Quand la tension d'entrée est négative
La diode étant polarisée en inverse équivaut à une coupure. Le condensateur se décharge dans la résistance de charge, avec une constante de temps

Dans les deux cas, plus la constante de temps τ est grande, plus la tension de sortie est constante.

Il est tout à fait indifférent, du point de vue de la fonction du circuit, que la constante de temps soit obtenue par un circuit résistance série - condensateur parallÚle ou un circuit résistance - bobine en série, ou tout autre, actif ou passif, de n'importe quel ordre.

DĂ©modulation

L'enveloppe du signal modulé est indiquée en rouge sur la courbe
Le signal d'entrée est en rouge, le signal de sortie en noir. Ici la décharge de la capacité est prise en compte

La modulation d'amplitude transforme un signal basse fréquence en signal haute fréquence afin d'en faciliter l'émission. L'information, c'est-à-dire le signal basse fréquence, forme l'enveloppe ou signal modulant, du signal haute fréquence qu'on appelle signal porteur. Mathématiquement :

oĂč f est la frĂ©quence porteuse, C son amplitude en l'absence de modulation et s(t) le signal Ă  transmettre, ou modulation.

C + s(t) est l'enveloppe.

Dans la modulation de fréquence, l'enveloppe est constante. Cependant, de nombreux récepteurs FM la mesurent afin d'avoir une information sur la puissance du signal.

La constante de temps τ = RC doit permettre l'Ă©limination de la frĂ©quence porteuse, tout en n'affectant pas trop les frĂ©quences supĂ©rieures du signal[2] - [4]. On peut proposer

oĂč Tmin modulation est la pĂ©riode correspondant Ă  la frĂ©quence minimale du signal modulant et Tporteuse est celle de la porteuse (inverse de sa frĂ©quence)[5].

Cet idĂ©al implique que la frĂ©quence de la porteuse soit au moins cent fois la frĂ©quence de la modulation. Cette condition n'est pas souvent remplie ; la diffusion radio en grandes ondes se fait entre 150 et 300 kHz pour des bandes passantes dont la borne supĂ©rieure atteint ou dĂ©passe les 10 kHz. On dĂ©tecte donc avec un rĂ©sidu de porteuse, qu'on filtre ensuite, ou mieux, on utilise une dĂ©tection hĂ©tĂ©rodyne avec une frĂ©quence intermĂ©diaire constante, qu'il est plus facile d'Ă©liminer.

Un filtre passe-haut Ă©limine la composante continue[6].

Associé uniquement à un circuit d'accord et un écouteur, un circuit de détection forme un poste à galÚne permettant d'écouter un signal de radiodiffusion pourvu qu'il soit suffisamment puissant.

Schéma à amplificateur opérationnel

Circuit détecteur d'enveloppe à amplificateur opérationnel

Un amplificateur opĂ©rationnel peut ĂȘtre ajoutĂ© au montage[7]. Le circuit diode-RC est influencĂ© par la caractĂ©ristique exponentielle de la diode, qu'on assimile souvent Ă  une tension de seuil. La dĂ©tection est faussĂ©e si les crĂȘtes de la modulation s'approchent du zĂ©ro de la porteuse. En radio cela n'arrive pas, parce que les rĂšglements limitent le niveau de modulation et qu'on utilise une frĂ©quence intermĂ©diaire, Ă  une amplitude bien dĂ©terminĂ©e, pour la dĂ©tection hĂ©tĂ©rodyne. Dans d'autres applications, la modulation peut atteindre les 100 %, et il faut utiliser un circuit actif pour la dĂ©modulation.

Si la crĂȘte de modulation approche de l'amplitude de la frĂ©quence porteuse, la tension, Ă  cet instant, va se trouver infĂ©rieure au seuil de conduction de la diode, et la modulation se trouve Ă©crĂȘtĂ©e en sortie.

L'amplificateur opĂ©rationnel bouclĂ© sur lui-mĂȘme compense la diffĂ©rence entre ses deux bornes d'entrĂ©e (+ et -). En anglais ce montage est dĂ©nommĂ© peak detector[8].

DĂ©tection double alternance

Quand le signal n'est pas symĂ©trique, et qu'on veut en extraire la valeur de crĂȘte Ă  crĂȘte, il faut redresser les deux alternances. Cela peut s'effectuer, soit par un circuit Ă  diodes, soit par un circuit Ă  amplificateurs opĂ©rationnels.

CrĂȘte Ă  crĂȘte

DĂ©tection double alternance

Un circuit de clamp (en) (cadre rouge dans le schéma) ajoute la tension nécessaire pour avoir un signal toujours positif : le circuit devient alors un doubleur de tension.

Lorsque la tension d'entrĂ©e est nĂ©gative, le courant passe dans la diode Dc et charge le condensateur Cc. Quand la tension redevient positive, la diode est bloquĂ©e et le circuit de dĂ©tection ajoute la valeur de la crĂȘte supĂ©rieure Ă  celle de la crĂȘte infĂ©rieure restĂ©e dans Cc[9].


Valeur absolue maximale

DĂ©tection d'amplitude de crĂȘte sans seuil.

Ce circuit dĂ©tecte celle des crĂȘtes la plus Ă©loignĂ©e de zĂ©ro. Il peut servir pour vĂ©rifier que le signal ne dĂ©passe pas les limites, positive ou nĂ©gative, admises.

L'un des deux amplificateurs opérationnels est un détecteur sans seuil comme indiqué précédemment.

L'autre est monté en inverseur suiveur, avec la diode intercalée dans la sortie, et redresse sans seuil l'alternance négative.

Les deux sorties convergent sur le condensateur.


Audio

En gĂ©nĂ©ral, le signal audio n'est pas symĂ©trique. Pour mesurer l'amplitude du signal de crĂȘte Ă  crĂȘte en vue de vĂ©rifier qu'elle ne dĂ©passe pas une valeur limite ou de l'empĂȘcher de le faire, il faut utiliser un montage dĂ©tecteur double alternance.

Dans le domaine musical, des dĂ©tecteurs d'enveloppe peuvent servir dans des pĂ©dales d'effet, oĂč le circuit dĂ©tecteur d'enveloppe sert Ă  rĂ©gler le gain d'un amplificateur commandĂ© en tension ((en) VCA) ou la frĂ©quence de coupure d'un filtre. Dans ce cas, oĂč l'on se prĂ©occupe, non de l'intĂ©gritĂ© du signal ou de sa distorsion, mais d'obtenir un son intĂ©ressant, on peut se dispenser de la dĂ©tection double alternance. Les mĂȘmes considĂ©rations peuvent s'appliquer, ou non, aux autres effets, plus perfectionnĂ©s, et aux filtres commandĂ©s en tension des synthĂ©tiseurs analogiques sont des circuits similaires.

Dans d'autres circuits comme les compresseurs audio, il sert rarement, sauf dans les Ă©crĂȘteurs doux ((en) soft clippers) destinĂ©s Ă  empĂȘcher qu'un signal audio dĂ©passe les limites admissibles avant un convertisseur analogique-numĂ©rique ou un Ă©metteur de radio. La grandeur utile pour le contrĂŽle de la dynamique est en effet la valeur efficace du signal, reliĂ©e Ă  la puissance et au volume sonore perçu. On utilise le montage en dĂ©tection quadratique double alternance.

DĂ©tection quadratique

Pour obtenir une valeur de sortie proche de la valeur efficace au lieu de la valeur de crĂȘte, on utilise le mĂȘme montage que pour un dĂ©tecteur d'enveloppe, mais avec un signal d'entrĂ©e trĂšs infĂ©rieur Ă  la tension de seuil de la diode.

Quand une tension directe V est appliquée à la diode, un courant d'intensité I la traverse, suivant une loi exponentielle:

oĂč Is est le courant de saturation, dĂ©pendant de la diode utilisĂ©e, q, la charge d'un Ă©lectron (1,6 Ă— 10−19 C), K, la Constante de Boltzmann (1,38 Ă— 10−23 J degrĂ©âˆ’1) et T la tempĂ©rature en kelvin.

Pour une tension , soit environ 0,026 V Ă  la tempĂ©rature ambiante, vers 300 K, l'exposant de l'exponentielle est nul et I = Is. On peut Ă©crire

On peut développer l'exponentielle en série, et

Si on se donne comme objectif une prĂ©cision de 1 %, et qu'on veuille nĂ©gliger les termes au-delĂ  de la puissance deux, il faut que l'intĂ©grale de ces termes soit de moins de 0,01. On peut considĂ©rer que c'est le cas si V vaut moins de 0,2 × v0. Dans ces conditions, on a

Le signal d'entrée peut se décomposer en une somme de sinusoïdes. Posons

et comme ,

Le condensateur étant supposé court-circuiter les composantes alternatives dont on cherche à établir l'enveloppe, il reste

Sur une charge résistive, la tension de sortie sera donc raisonablement proportionnelle au carré de l'amplitude du signal alternatif d'entrée, c'est-à-dire proportionnel à la puissance de ce signal, tant que son amplitude ne dépasse pas environ mV[10].

Avec un redressement double alternance par pont de diodes, il y a toujours deux diodes en série dans le circuit, et la valeur maximale de la tension alternative à l'entrée est doublée.

Ce principe est à la base du VU-mÚtre pour les mesures audio. Dans cet appareil, l'inertie du galvanomÚtre, bien définie par la norme, remplace le condensateur pour l'élimination des composantes alternatives.

Si on utilise un redresseur double alternance pour doubler la fréquence d'un signal d'entrée sinusoïdal, garder l'amplitude du signal dans les limites de la détection quadratique réduit dans de grandes proportions le niveau des harmoniques à filtrer.

Signaux numériques

Pour les signaux numériques, la détection de l'enveloppe se résume à créer une variable valeur_enveloppe pour la valeur de sortie, et, pour chaque nouvel échantillon :

  1. faire décroßtre valeur_enveloppe d'une proportion qui détermine la constante de temps de sortie ;
  2. si la valeur de l'échantillon courant est supérieure à celle de valeur_enveloppe, elle remplace celle-ci.
  3. Comme la fréquence maximale de l'enveloppe est largement inférieure, moins d'échantillons sont nécessaires pour la représenter. On ne renvoie la valeur enveloppe que de temps en temps.

La dĂ©tection de la valeur efficace (dĂ©tection quadratique) implique l'Ă©lĂ©vation au carrĂ© de la valeur de l'Ă©chantillon ; pour Ă©viter ce calcul, on peut prĂ©alablement comparer l'ordre de grandeur de la valeur de sortie et celle du nouvel Ă©chantillon, qui est directement accessible lorsque les valeurs sont codĂ©es en virgule flottante. Le taux de dĂ©croissance de la valeur est le carrĂ© de celui de la valeur de crĂȘte.

Notes et compléments

Bibliographie

  • Bogdan Grabowski, Fonctions de l'Ă©lectronique, Paris, Dunod, , p. 23-25.
  • Tahar Neffati, L'Ă©lectronique de A Ă  Z, Paris, Dunod, (ISBN 978-2-10-049487-3), p. 76-77.
  • Richard Taillet, LoĂŻc Villain et Pascal Febvre, Dictionnaire de physique, Bruxelles, De Boeck, , p. 183-185.

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. « Démodulateurs » (consulté le )
  2. « TS – SpĂ©cialitĂ© physique : DĂ©modulation » (consultĂ© le )
  3. « TPP 12 démodulation » (consulté le )
  4. Grabowski 1980, p. 25
  5. « Modulation et démodulation d'amplitude » (consulté le )
  6. « Resumé démodulation » (consulté le )
  7. « DĂ©tecteur de crĂȘte » (consultĂ© le )
  8. (en) « Peak Detector Circuit », sur youTube (consulté le )
  9. Neffati 2006, p. 85-86
  10. Pour l'ensemble de ce raisonnement, Neffati 2006, p. 77.
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