Le CinemaScope est un procĂ©dĂ© de prise de vues et de projection qui consiste Ă anamorphoser (comprimer) l'image Ă la prise de vue, pour la dĂ©sanamorphoser Ă la projection. Ce rapport de compression est de 2. Le CinemaScope ne dĂ©signe pas directement le format d'image, mais un procĂ©dĂ© d'anamorphose de l'image, qui peut ĂȘtre utilisĂ© en 35 mm comme en 16 mm, avec des ratios d'image diffĂ©rents.
C'est la Society of Motion Picture and Television Engineers (SMPTE) qui dĂ©finit les normes de la fenĂȘtre de projection de ce qu'on appelle le scope : CinemaScope 35 mm avec son optique. Le scope a aujourd'hui un ratio de 2,39:1.
C'est une image qui est comprimĂ©e lors du tournage puis Ă©tirĂ©e lors de la projection pour ne plus ĂȘtre dĂ©formĂ©e et retrouver son format panoramique.
Sommaire
Technique
GrĂące Ă un objectif dĂ©formant (anamorphose), l'image est comprimĂ©e dans le sens horizontal lors de la prise de vue sur film classique ; Ă la projection, elle est Ă©tirĂ©e dans les mĂȘmes proportions, ce qui permet de retrouver une image panoramique.
Image originale (haut) et image anamorphosée sur une pellicule 35 mm (bas) |
Expansion de l'image Ă la projection |
Historique
Le dispositif optique est basé sur celui de l'Hypergonar, inventé en 1926 par le Français Henri Chrétien. Il s'agit principalement d'une lentille cylindrique placée devant l'objectif primaire, sphérique.
Ce n'est qu'en 1953 que la 20th Century Fox conclut un accord avec l'inventeur du procĂ©dĂ©, Henri ChrĂ©tien et prĂ©senta la mĂȘme annĂ©e le premier film en CinemaScope La Tunique (The Robe) d'Henry Koster. C'Ă©tait en rĂ©alitĂ© le second film tournĂ© selon ce procĂ©dĂ©, le premier Ă©tant Comment Ă©pouser un millionnaire, longtemps aprĂšs le film expĂ©rimental de Claude Autant-Lara de 1928 Construire un feu. Pour des raisons commerciales, il est sorti aprĂšs La Tunique. La premiĂšre projection publique a eu lieu le . Le premier dessin animĂ© utilisant ce procĂ©dĂ© est le court mĂ©trage de Disney Les Instruments de musique (Toot Whistle Plunk and Boom, 1953)[1], suivi ensuite par le long mĂ©trage d'animation La Belle et le Clochard (1955)[2]. Au sujet du film L'Infernale Poursuite (1956), le rĂ©alisateur Francis D. Lyon explique qu'il a apprĂ©ciĂ© ce nouveau format « plus facile pour la mise en scĂšne et plus Ă©conomique en rĂ©duisant les installations principalement pour les tournages en extĂ©rieur[3]. »
Le premier film français en CinemaScope est Nouveaux Horizons de Marcel Ichac (1953), diffusĂ© en avant-programme de La Tunique et qui tire mieux parti, par sa recherche de l'effet de profondeur via le travelling, des avantages du CinemaScope. La revue La Recherche explique ; « L'impression de profondeur disparaĂźt dĂšs lors que la camĂ©ra est statique ». Marcel Ichac, qui avait assistĂ© aux Ătats-Unis Ă la projection de This is Cinerama, avait tenu compte de cette particularitĂ© lorsqu'il avait tournĂ© Nouveaux horizons. Le compte rendu de la projection de son film devant la Commission supĂ©rieure technique de l'image et du son (CST) indiquait en effet ; « Les membres de la CST ont pu constater lors de la projection que M. Ichac avait parfaitement compris pour ce premier film l'utilisation qui peut ĂȘtre faite du procĂ©dĂ© du Professeur ChrĂ©tien et qu'il a su donner aux spectateurs ce pseudo-relief obtenu par la rĂ©pĂ©tition des travelling avant, travelling arriĂšre et latĂ©ral ; les spectateurs ont en effet eu une forte impression de plans dĂ©tachĂ©s, impression qui a disparu avec la projection de La Tunique (...) Beaucoup de critiques qui avaient assistĂ© en dĂ©cembre 1953 Ă la projection des deux films avaient remarquĂ© en effet que La Tunique Ă©tait beaucoup moins convaincant de ce point de vue. »[4]
En 1955, lors du tours du Mans, lâAngleterre a utilisĂ© le CinĂ©maScope.
Le rapport du CinemaScope a varié depuis sa création :
- à partir de 1953, le son utilisé étant magnétique, l'image utilisait toute la largeur disponible du négatif. Le rapport était de 2,55:1. Le CinemaScope avec piste optique avait lui, un rapport de 2,35:1.
- En 1957, la Society of Motion Picture and Television Engineers (SMPTE) normalise les dimensions de la fenĂȘtre de projection du CinemaScope Ă 21,31 Ă 18,16 mm, soit un rapport de 1,1734:1, donc de 2,35:1 aprĂšs dĂ©sanamorphose.
- En 1970, l'interimage n'Ă©tant pas assez grande, la SMPTE revoit les normes et diminue lĂ©gĂšrement la hauteur de l'image simplifiant ainsi la prĂ©cision du cadrage Ă la projection, les dimensions sont ramenĂ©es Ă 21,29 Ă 17,78 mm, soit Ă un rapport de 2,39:1.
- En 1993, les dimensions sont encore trĂšs lĂ©gĂšrement diminuĂ©es (20,95 Ă 17,52 mm) mais le rapport reste Ă 2,39:1.
Depuis, diffĂ©rents procĂ©dĂ©s basĂ©s sur le mĂȘme principe sont utilisĂ©s, dont les plus connus sont Panavision et Technovision.
Variantes
- En 1954, la Paramount crée le procédé VistaVision.
- En 1954, dĂ©veloppement du procĂ©dĂ© Ă©conomique Superscope, principalement exploitĂ© par le studio RKO. Ce procĂ©dĂ© est considĂ©rĂ© comme l'ancĂȘtre du Super 35.
- Le Techniscope est une version Ă©conomique du Superscope. Ă la prise de vue l'image est moins haute, le film avance de deux perforations au lieu de quatre.
- Dans les années 1960, la Shaw Brothers à Hong Kong invente son propre CinemaScope, baptisé Shawscope.
- Dans les années 2000, Arri met au point le procédé Mscope, permettant d'utiliser des objectifs anamorphiques sur une caméra numérique prévue à cet effet, la D21.
Bibliographie
- Le cinémascope entre art et industrie : Cinemascope between art and industry, Ed. afrhc, Paris, 2004.
Notes et références
- (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 565
- (en) Dave Smith, Disney A to Z: The Updated Official Encyclopedia, p. 104
- (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 133.
- Le Scope fĂȘte son cinĂ©ma - Jean-Jacques Meusy (CNRS), La Recherche n°359
Voir aussi
Liens externes
- Les formats cinématographiques - Académie de Nancy-Metz
- (en) Le Guide Ultime des formats pour réalisateur - vashivisuals.com
- Le Scope fĂȘte son cinĂ©ma - La Recherche
- (en) The Cinemascope Wing - The American Widescreen Museum