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Ciguë aquatique

Cicuta virosa

La ciguë aquatique ou ciguë vireuse[1] (Cicuta virosa) est une plante herbacée, rhizomateuse et vivace de la famille des Apiacées, mortellement toxique (c'est la plus toxique des Ciguës).

Synonymes

  • Autre nom scientifique : Cicuta mackenzieana Raup
  • Autres noms communs : ciguĂ« vĂ©nĂ©neuse, cicutaire du Nord ou encore persil des marais.

Ces dénominations sont toutes à éviter car il s'agit d'une plante toxique pour laquelle tout risque de confusion est à éliminer.

Description

Vivace de 0,5 Ă  1,2 m de hauteur.

  • Racine : elle est volumineuse, charnue, mais creuse et cloisonnĂ©e, ses cavitĂ©s Ă©tant emplies d'un suc Ă  odeur dĂ©sagrĂ©able et jaunâtre (alors qu'il est blanc chez la Grande ciguĂ«). Sa ressemblance avec la racine du Panais a causĂ© de fatales mĂ©prises[2].
  • Tige : robuste, elle est creuse, lisse (non poilue) et striĂ©e, rougeâtre Ă  la base et parfois au niveau des nĹ“uds, mais non tachetĂ©e (alors qu'elle est ponctuĂ©e de tâches chez la Grande ciguĂ«, Conium maculatum) ;
  • Feuilles : bi ou tripennatisĂ©quĂ©es, elles sont Ă  segments ovales très aigus et dentĂ©s, aiguĂ«s Ă  leurs extrĂ©mitĂ©s. Elles sont plus grandes et plus aiguĂ«s que celles de la Grande ciguĂ«[2] ; froissĂ©es, elles dĂ©gagent une odeur dĂ©sagrĂ©able et non de carotte :
  • Fleurs : visibles de juin Ă  septembre. Leurs corolles sont petites, blanches Ă  5 pĂ©tales pleins et entiers. Elles sont rĂ©unies en ombelles (Ă  involucre rĂ©duit ou sans involucre), composĂ©es de 10-25 ombellules Ă  involucelles de 3 Ă  5 bractĂ©es linĂ©aires) ;
  • Fruits : diakènes[3]. L'ombelle a des rayons nombreux, inĂ©gaux et très longs, de mĂŞme pour l'ombellule mais dans une proportion moindre[2].

Habitat

Sols de zones humides, marécages, bords de cours d'eau.

Toxicité, empoisonnement

Chez l'ĂŞtre humain

Cette plante contient un alcaloïde dépresseur du système nerveux central qui est l'un des poisons végétaux les plus puissants : la cicutoxine (en). C'est un alcool hautement insaturé qui agit comme antagoniste des récepteurs GABA. La plante entière en contient au-dessus du seuil de toxicité, particulièrement le rhizome au printemps[4], rhizome pouvant être confondu avec celui du Panais ou de la Carotte sauvage (mais il n'en a pas l'odeur et il est cloisonné). Le broyat de graines fraîches a aussi été utilisé comme poison[5].

Cette plante fut probablement employée, comme la Grande ciguë, au moins depuis l'Antiquité pour le suicide ou l'assassinat par empoisonnement. Par exemple, Socrate fut ainsi exécuté en -399.

Les symptômes apparaissent 15 minutes à une heure après l'ingestion : ils sont de type nicotinique avec initialement une sensation de bouche sèche puis tachycardie, tremblements, transpiration, mydriase, convulsions et parésie musculaire, certains auteurs évoquent aussi des nausées, vomissements, salivation et trismus[6].

En 1876, les vétérinaires Hippolyte Rodin et J. Rothschild recommandaient en cas d'empoisonnement par la Ciguë aquatique de « vomir par toute espèce de moyens, puis boire dans de l'eau une ou deux cuillerées de tannin, enfin avaler de l'eau vinaigrée ou acidulée »[2].

Chez les herbivores domestiqués

Ces animaux herbivores y semblent bien moins sensibles que l'homme, selon Henri Coupin (1868-1937 in « Les plantes qui tuent », le cheval doit ingérer environ 2 à 2,5 kilogrammes de Ciguë fraîche pour mourir et le bœuf y serait encore moins sensible (4 à 5 kilogrammes sont nécessaires pour le tuer, selon le même auteur qui ajoute que « les moutons et les chèvres ont le privilège de pouvoir s’en nourrir sans en être incommodés »)[7].

HĂ´tes

Les fleurs alimentent de nombreux pollinisateurs et l'espèce est l'hôte de plusieurs espèces d'insectes dont Lixus paraplecticus.

Protection

La plante est protégée en Franche-Comté[8].

Notes et références

  1. La réforme de l’orthographe de 1990 recommande cigüe.
  2. Hippolyte Rodin & J. Rothschild (1876) Les plantes médicinales et usuelles des champs - jardins - forêts: description et usages des plantes comestibles - suspectes - vénéneuses, employées dans la médecine, dans l'industrie et dans l'économie domestique | voir pp324/478 pages
  3. Joel Reynaud, La Flore du Pharmacien, Ed.TEC et DUC 2002
  4. Système canadien d'information sur les plantes toxiques
  5. « La ciguë, plante toxique et dangereux poison », sur Binette & Jardin (consulté le )
  6. (en) Lewis S. Nelson, M.D. ; Richard D. Shih, M.D. ; Michael J. Balick, Ph.D., Handbook of Poisonous and Injurious Plants, Second Edition, Springer, , 340 p. (ISBN 978-0-387-31268-2 et 0-387-31268-4)
    pages 122 Ă  123
  7. Henri Coupin, « Les plantes qui tuent », sur Les plantes qui guérissent.- Paris : Schleicher frères et Cie, 1904.- 15 p.-IV f. de pl. ; 24 cm., (consulté le )
  8. Arrêté du 22 juin 1992 relatif à la liste des espèces végétales protégées en région Franche-Comté complétant la liste nationale (lire en ligne)

Voir aussi

Liens externes

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