Christiane Gilles
Christiane Gilles, née Christiane Platon le à Vincennes (Val-de-Marne) et morte le à Chécy (Loiret)[1], est une syndicaliste et féministe française.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(à 86 ans) Chécy |
Nom de naissance |
Christiane Jeanne Benoite Platon |
Nationalité | |
Activités |
Syndicaliste, militante pour les droits des femmes |
Parti politique |
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Biographie
NĂ©e d'un pĂšre contrĂŽleur dans les chemins de fer et dâune mĂšre femme de mĂ©nage, Christiane Platon obtient son brevet Ă©lĂ©mentaire, mais arrĂȘte ses Ă©tudes Ă cause de difficultĂ©s financiĂšres. Ă 16 ans, elle devient « employĂ©e aux titres » au siĂšge central du CrĂ©dit lyonnais Ă Paris, un travail qu'elle trouve sans intĂ©rĂȘt[1].
En 1947, lors de la grĂšve des banques, Christiane Platon s'encarte Ă la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale du travail (CGT). Ă l'Ăąge de 21 ans, elle est Ă©lue dĂ©lĂ©guĂ©e du personnel puis dĂ©lĂ©guĂ©e au comitĂ© dâĂ©tablissement en alternance. Ensuite, elle devient secrĂ©taire du syndicat CGT du CrĂ©dit lyonnais. Parmi ses revendications envers les femmes, elle obtient la suppression du travail le samedi matin pendant six mois par an. EntourĂ©e par le professeur Paul Milliez, chef du service mĂ©dical de la banque durant la fin des annĂ©es 1950, elle rĂ©ussit Ă avoir une augmentation du nombre de jours de garde pour les enfants malades, notamment de la coqueluche qui sĂ©vit en France Ă cette Ă©poque[1].
En 1952, Christiane Platon adhÚre au Parti communiste français (PCF), c'est pour elle le « prolongement de l'action syndicale ». Elle devient membre du PCF de Paris entre 1962 et 1965, ce qui l'amÚne à quitter ses fonctions de secrétaire du syndicat, alors qu'elle était animatrice de la commission féminine du Crédit lyonnais[1].
En 1965, le service dans lequel elle travaille, dĂ©mĂ©nage Ă Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) ; des actions syndicales y sont menĂ©es comme Ă la crĂ©ation d'une crĂšche au sein de l'entreprise. Deux ans plus tard, Christiane Gilles occupe le poste de permanente Ă l'union dĂ©partementale des Hauts-de-Seine et se consacre sur la main-d'Ćuvre fĂ©minine. Durant les grĂšves de Mai 68, les rĂ©unions pour la fĂȘte des mĂšres se modifient en dĂ©bats sur les inĂ©galitĂ©s professionnelles entre les hommes et les femmes[1].
En 1969, Georges SĂ©guy fait appel Ă elle en la faisant entrer au bureau confĂ©dĂ©ral de la CGT, pour s'occuper secteur fĂ©minin. Cinq ans plus tard, en 1974, Christiane Gilles prend la direction du magazine fĂ©minin Antoinette, crĂ©Ă© par Madeleine Colin. Elle y aborde des sujets nouveaux comme la contraception, lâavortement, les problĂšmes du couple, la sexualitĂ© et le fĂ©minisme, qui agacent la CGT et le PCF. Le 14 octobre 1981, avec Jean-Louis Moynot, ils quittent le bureau confĂ©dĂ©ral de la CGT Ă la suite de plusieurs dĂ©saccords avec Georges SĂ©guy, notamment la non mise en Ćuvre de l'« Ă©largissement de la dĂ©mocratie » promis en 1978[1]. Lors de la pĂ©riode de l'Ătat de siĂšge en Pologne, elle est, avec jean-Louis Moynot, une des deux communistes, parmi les neuf membres de la commission exĂ©cutive de la CGT, qui marquent leur dĂ©saccord avec la ligne confĂ©dĂ©rale et publient une dĂ©claration. Le texte appelle les travailleurs Ă "se rĂ©unir dans les entreprises et Ă discuter des modalitĂ©s de soutien aux travailleurs polonais" et Ă discuter notamment d'un arrĂȘt de travail[2].
Ensuite, Christiane Gilles est engagĂ©e au cabinet dâYvette Roudy, ministre des droits des femmes. Elle devient chargĂ©e de l'emploi et de la formation, tout en se mobilisant Ă fond dans la loi de 1983 sur l'Ă©galitĂ© professionnelle[1]. Elle est Ă©galement prĂ©sidente de l'association France-URSS, puis dĂ©fend la cause des droits des femmes Ă la ligue internationale des droits de l'homme et Ă la fĂ©dĂ©ration syndicale mondiale[3].
En dĂ©cembre 1985, elle revient travailler pour le CrĂ©dit lyonnais en tant que « cadre » Ă la direction de la formation. Elle dĂ©clare : « Au CrĂ©dit lyonnais, je me sens le 1â43 000, alors que, Ă la confĂ©dĂ©ration ou au cabinet ministĂ©riel, j'avais le sentiment de pouvoir influer sur les dĂ©cisions ». En 1988, elle devient ensuite, nommĂ©e Ă la tĂȘte du Bureau emploi, de la formation et Ă©galitĂ© professionnelle[1].
De 1988 Ă 1995, elle adhĂšre au Parti socialiste, sans jamais quitter la CGT. Durant sa retraite dans le Loiret, elle remplit diverses missions pour les droits des femmes, le combat de sa vie[1].
Elle dĂ©cĂšde le dans sa maison de ChĂ©cy des suites dâun cancer, Ă lâĂąge de 86 ans[1].
Vie privée
En 1955, elle se marie avec Philippe Vernoux, dont elle a une fille, puis en secondes noces avec Joël Gilles en 1965, avec qui elle aura une autre fille[1].
Notes et références
- Michel Noblecourt, « La mort de Christiane Gilles, syndicaliste et féministe » sur Le Monde, 9 novembre 2016
- Cette action est annoncĂ©e au journal tĂ©lĂ©visĂ© de 20h (Antenne 2) du 17 dĂ©cembre 1981, par Christine Ockrent. Ce journal peut ĂȘtre visualisĂ© en ligne sur le compte YT de l'INA.
- Yves Housson, « Christiane Gilles alliait féminisme et syndicalisme » sur L'Humanité, 4 novembre 2016