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Christian Bobin

Christian Bobin, né le au Creusot en Saône-et-Loire et mort le à Chalon-sur-Saône, est un écrivain et poète français.

Christian Bobin
Christian Bobin en 2020.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Cimetière de Marciac (d)
Nom de naissance
Christian GĂ©rard Bobin
Nationalité
Activité
Conjoints
Ghislaine Marion (d) (jusqu'en )
Lydie Dattas (jusqu'en )
Autres informations
Genre artistique
Poésie, essai, fragment
Distinction
Ĺ’uvres principales
  • Le Huitième Jour de la semaine (1986)
  • Une petite robe de fĂŞte (1991)
  • Le Très-Bas (1992)
  • La plus que vive (1996)
  • Autoportrait au radiateur (1997)
  • Ressusciter (2001)
  • Les Ruines du ciel (2009)
  • Noireclaire (2015)
  • Pierre, (2019)

Il se fait connaître du grand public en 1992 avec Le Très-Bas, livre consacré à saint François d’Assise, et n’a depuis cessé de gagner en popularité. Auteur très prolifique, il a publié une soixantaine d’ouvrages durant sa carrière.

Biographie

Jeunesse

Fils d'un père dessinateur et d'une mère calqueuse, tous deux employés à l’usine Schneider du Creusot, il est le dernier né d’une famille de trois enfants. Il passe son enfance en solitaire, préférant la compagnie des livres[1].

À propos de son enfance, il a déclaré : « Je serais incapable de faire des récits d'enfance. Je me demande comment sont faits ces livres-là. Je me sens infirme devant ça. Et pour aggraver les choses, j'ai l'impression d'avoir une mémoire presque anéantie de tout ça[2]. »

Il déclare aussi au sujet de l'école : « Ce qui me paraît le plus insupportable — et c'est aussi ce que fait notre société — c'est que l'école me séparait de moi-même. Ce n'était pas d'une personne, mais de moi-même, dans le vagabondage des heures, des humeurs. C'était ça dont j'étais séparé[3]. »

Attiré par l’écriture vers l’âge de 15 ans, il se lance dans des études de philosophie et se passionne pour les œuvres de Platon, Spinoza et Kierkegaard.

À 25 ans, il commence à écrire Lettre pourpre, un premier ouvrage qui sera publié en 1977 grâce à sa rencontre avec Laurent Debut, jeune fondateur des éditions Brandes.

Ne cherchant pas vraiment le succès, Christian Bobin continue à écrire, tout en enchaînant les petits boulots. Il est ainsi tour à tour bibliothécaire (bibliothèque municipale d’Autun), guide à l’écomusée du Creusot[4], rédacteur à la revue Milieux, élève infirmier en psychiatrie et professeur de philosophie.

Parcours littéraire

Ses premiers textes, brefs et se situant entre l'essai et la poésie, sont publiés aux éditions Brandes, Paroles d’Aube, Le Temps qu'il fait, chez Théodore Balmoral, et surtout chez Fata Morgana (où il publie notamment Lettres d'or). À partir de la fin des années 1980, ses livres paraissent alternativement chez Fata Morgana et chez Gallimard, puis, en alternance avec Gallimard, aux éditions Lettres Vives et Le Temps qu'il fait.

En 1991, il connaĂ®t un premier succès littĂ©raire avec Une petite robe de fĂŞte, ouvrage vendu Ă  270 000 exemplaires. L’annĂ©e suivante, l’auteur toujours aussi discret fait sensation dans les librairies avec Le Très-Bas, livre consacrĂ© Ă  saint François d’Assise, qui s’écoule Ă  plus de 400 000 exemplaires et est saluĂ© par la critique[5] (prix des Deux Magots et grand prix catholique de littĂ©rature en 1993).

En 1995, marqué par la mort prématurée de son amie de cœur (connue lors d'une soirée et déjà mère) Ghislaine Marion, Christian Bobin rend un hommage vibrant à la vie dans La plus que vive (1996), œuvre qui ne fait qu’accroître davantage son public. Malgré ces succès, il reste un auteur « amoureux du silence et des roses », fuyant les mondanités de la scène littéraire. « Ma vie, écrit-il dans Louise Amour, s’était passée dans les livres, loin du monde, et j’avais, sans le savoir, fait avec mes lectures ce que les oiseaux par instinct font avec les branches nues des arbres : ils les entaillent et les triturent jusqu’à en détacher une brindille bientôt nouée à d’autres pour composer leur nid. »

Il tient également une chronique intitulée Regard poétique dans le magazine mensuel Le Monde des religions[6].

En 2016, il reçoit le prix d'Académie de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre[7].

Analyse de l’œuvre

Christian Bobin trouve un écho et une grande inspiration chez des poètes et romanciers capables, comme lui, de s’émerveiller des choses simples de la vie, comme Jean Grosjean, André Dhôtel ou l’écrivain allemand Ernst Jünger.

Sa forme de prédilection est le fragment, une écriture concentrée faite de petits tableaux représentatifs d’un moment. Ses ouvrages tiennent à la fois ou séparément du roman, du journal et de la poésie en prose[8].

Auteur contemplatif, il donne Ă  ses textes un caractère presque religieux par l’emploi d’une prose poĂ©tique et aĂ©rienne qui invite au recueillement et Ă  la mĂ©ditation. La foi chrĂ©tienne tient ainsi une place importante dans son Ĺ“uvre, dont Le Très-Bas (1992) et Ressusciter (2001) sont les exemples les plus frappants. Christian Bobin dĂ©clarait Ă  ce sujet en 2010 dans Psychologies : « Ma foi est de l’ordre de la contemplation : c’est ne pas me remettre d’être sur Terre, c’est ĂŞtre Ă©tonnĂ© comme un nouveau-nĂ©, c’est avoir un appĂ©tit immense du « jamais vu Â» de la vie. Cela n’a rien Ă  voir avec le Dieu enfermĂ© dans les consignes automatiques des Églises[8]. » La religion est pourtant loin d’être son seul sujet de prĂ©dilection.

Abordant des thèmes universels, comme l’enfance, la mélancolie et l’absence, ses ouvrages sont comme des fragments de vie appartenant tous au même puzzle. Voguant entre essai et poésie, Christian Bobin marque sa préférence pour la brièveté. Ses livres prennent ainsi parfois la forme d’un journal intime, comme dans Autoportrait au radiateur (1997), ou d’une suite de lettres, comme dans Un bruit de balançoire (2017).

Vie privée

Il a partagé la vie de la poétesse Lydie Dattas qu'il a épousée. Ayant toujours vécu à l'écart du monde, il s'installe en 2005 avec Lydie Dattas dans une maison isolée à la lisière du bois du Petit Prodhun à Saint-Firmin (Saône-et-Loire), à une dizaine de kilomètres de son Creusot natal[9].

Mort

Christian Bobin meurt à l'âge de 71 ans le [9], à Chalon-sur-Saône, « des suites d'une grave maladie »[10], en l'occurrence d'un cancer « ayant brusquement évolué de manière foudroyante[11] ». Il est inhumé au cimetière de Marciac, dans le Gers[12].

Ĺ’uvres

Romans et essais

  1. Lettre pourpre, Éditions Brandes, 1977
  2. Le Feu des chambres, Brandes, 1978
  3. Le Baiser de marbre noir, Brandes, 1984
  4. Souveraineté du vide, Fata Morgana, 1985
  5. L'Homme du désastre, Fata Morgana, 1986
  6. Le colporteur, Brandes, 1986
  7. Ce que disait l'homme qui n'aimait pas les oiseaux, Brandes, 1986
  8. Dame, roi, valet, Brandes, 1987
  9. Lettres d'or, Fata Morgana, 1987
  10. La Part manquante, Gallimard, 1989
  11. Éloge du rien, Fata Morgana, 1990
  12. L'autre visage, Lettres Vives, 1991
  13. La Merveille et l'Obscur, Paroles d'Aube, 1991 – Entretiens avec Christian Bobin, (ISBN 2-909096-00-9)
  14. Une petite robe de fĂŞte, Gallimard, 1991
  15. Le Très-Bas, Gallimard, 1992 – Prix des Deux Magots 1993, Grand prix catholique de littérature 1993
  16. Isabelle Bruges, Le temps qu'il fait, 1992
  17. Cœur de neige, Théodore Balmoral, 1993
  18. L'Éloignement du monde, Lettres Vives, 1993
  19. L'Inespérée, Gallimard, 1994
  20. L'Épuisement, Le temps qu'il fait, 1994, 118 pages (ISBN 2-86853-205-5)
  21. Quelques jours avec elles, Le temps qu'il fait, 1994
  22. L'Homme qui marche, Le temps qu'il fait, 1995
  23. La Folle Allure, Gallimard, 1995
  24. Bon à rien, comme sa mère, Lettres Vives, 1995
  25. La plus que vive, Gallimard, 1996
  26. Clémence Grenouille, illustrations de Saraï Delfendahl, Le temps qu'il fait, 1996
  27. Une conférence d'Hélène Cassicadou, illustrations de Saraï Delfendahl, Le temps qu'il fait, 1996
  28. Gaël Premier, roi d'Abimmmmmme[13] et de Mornelonge, illustrations de Saraï Delfendahl, Le temps qu'il fait, 1996
  29. Le Jour oĂą Franklin mangea le soleil, illustrations de SaraĂŻ Delfendahl, Le temps qu'il fait, 1996
  30. Donne-moi quelque chose qui ne meure pas, Gallimard, 1996 – Photographies en noir et blanc d'Édouard Boubat, textes de Christian Bobin (rééd. Gallimard, 2010)
  31. Autoportrait au radiateur, Gallimard, 1997
  32. Mozart et la pluie suivi de Un désordre de pétales rouges, Lettres Vives, 1997
  33. Geai, Gallimard, 1998
  34. L'Équilibriste, Le temps qu'il fait, 1998
  35. La Grâce de solitude, Dervy, 1998 – Dialogue avec Christian Bobin, Jean-Michel Besnier, Jean-Yves Leloup, Théodore Monod, (ISBN 2-85076-959-2)
  36. Tout le monde est occupé, Mercure de France, 1999
  37. La Femme Ă  venir, Gallimard, 1999
  38. Ressusciter, Gallimard, 2001
  39. La Lumière du monde, Gallimard, 2001
  40. Paroles pour un adieu, Albin Michel, 2001
  41. Le Christ aux coquelicots, Lettres Vives, 2002
  42. Louise Amour, Gallimard, 2004
  43. Prisonnier au berceau, Mercure de France, 2005, (ISBN 2-7152-2592-X)
  44. Une bibliothèque de nuages, Lettres Vives, 2006
  45. La Dame blanche, Gallimard, 2007
  46. Les Ruines du ciel, Gallimard, 2009 – Prix du livre de spiritualité 2010 Panorama-La Procure[14]
  47. Carnet du soleil, Lettres Vives, 2011
  48. Un assassin blanc comme neige, Gallimard, 2011
  49. L'Homme-joie, L'Iconoclaste, 2012
  50. La Grande Vie, Gallimard, 2014
  51. Noireclaire, Gallimard, 2015
  52. La Prière silencieuse, Gallimard, 2015 – Photographies de Frédéric Dupont, texte de Christian Bobin
  53. Un bruit de balançoire, L'Iconoclaste, 2017
  54. La Nuit du cœur, Gallimard, 2018, à propos de sa relation avec l'Abbatiale Sainte-Foy de Conques
  55. La Muraille de Chine, Lettres Vives, 2019
  56. L'Amour des fantĂ´mes, L'Herne, 2019 (collection "carnets" ; 80 p.)
  57. Pierre,[15], Gallimard, 2019 (portrait intime du peintre Pierre Soulages)
  58. L'Homme du désastre, Fata Morgana, 2021 (longue lettre adressée à Antonin Artaud)
  59. Le Muguet rouge, Gallimard, 2022
  60. Les Différentes Régions du ciel. Oeuvres choisies (préface illustrée inédite de l'auteur) (1024 pages, 58 ill.), Collection Quarto, Série Voix contemporaines, Éditions Gallimard, 06/10/2022 (anthologie)[16] - [17]
  61. Cœur de neige, éditions Fario, collection Théodore Balmoral, mai 2023

Poésie

  1. Le Huitième Jour de la semaine, Lettres Vives, 1986
  2. L’Enchantement simple, Lettres Vives, 1989
  3. Le Colporteur, Fata Morgana, 1990
  4. La Vie passante, Fata Morgana, 1990
  5. Un livre inutile, Fata Morgana, 1992
  6. La Présence pure, Le temps qu'il fait, 1999
  7. L’Enchantement simple et autres textes, Poésie/Gallimard, 2001
  8. La Présence pure et autres textes, Poésie/Gallimard, 2008.
  9. Éclat du Solitaire, Fata Morgana, 2011
  10. Le Plâtrier siffleur, Poesis, 2018
  11. Les poètes sont des monstres, Lettres Vives, 2022

Préfaces et postfaces

  • Air de solitude de Gustave Roud, Éditions Fata Morgana, 1988 (prĂ©face)
  • L'ombre la neige de Maximine, Éditions Arfuyen, 1991 (lettre-postface)
  • Sorianoda de Patrick Renou, Éditions de l'Envol, 1992 (lettre en postface)
  • Tu m'entends ? de Patrick Renou, Éditions Deyrolle, 1994 (rĂ©Ă©d. Verdier) (prĂ©face)
  • Devance tous les adieux de Ivy Edelstein, Éditions Points, 2015 (prĂ©face)
  • NuditĂ  della Parola : Le sette parole di GesĂą in croce d'Emmanuel Borsotti, Edizioni Qiqajon, 2018 (lettre en prĂ©face)

Revues

  • « Le Bouclier », revue La Chair et le Souffle, vol. 8, no 2, 2013, p. 48-56.

Collaborations

  • Quand la brume se dĂ©chire (sous-titre : Dans la nuit d'Alzheimer) (extraits de La PrĂ©sence pure (1999) de Christian Bobin, illustrĂ©s de photographies d'Eleonore Demey), Éditions du Palais, 2020.

Distinctions

Prix littéraires

Hommages

  • Christian Bobin est citĂ© au BelvĂ©dère du Grau-d'Agde.

Pour approfondir

Bibliographie

Filmographie

  • Christian Bobin, La grande vie, documentaire de Claude Clorennec (France, 15 fĂ©vrier 2022, 52 min., Nour Films, 1 DVD)[19]

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Ce volume critique réunit de nombreux textes inédits (et non inédits) de l'auteur (et un entretien inédit avec l'auteur) ainsi que les contributions d'écrivains (Sylvie Germain, Jacques Réda, Dominique Pagnier, Yves Leclair...), de poètes (Alain Borer, Jean-Philippe de Tonnac, Pierre Bettencourt...), de philosophes (André Comte-Sponville...), d'universitaires (Serge Linarès, Bertrand Degott), d'artistes (Olivier Py, Franck Olivar...), de compositeurs de musique (Benoît Menut, Olivier Bogé), de journalistes (Jérôme Garcin) ou de lecteurs anonymes) qui débattent ici des "idées reçues qui depuis quarante ans déforment l'œuvre de l'auteur."
  2. Lors de sa première publication, le bandeau promotionnel entourant le cahier portait les mots "Puissance de la lenteur".

Références

  1. Prisonnier au berceau (Ed. Mercure de France, 2005).
  2. Interview sur « le matricule des anges ».
  3. « Christian Bobin, l'impertinence de la clarté », Le Matricule des Anges, mensuel de la littérature contemporaine,
  4. « Christian Bobin », sur Babelio.
  5. « Les bons sentiments de Christian Bobin font-ils de la bonne littérature ? », BibliObs, .
  6. Le Monde des religions> Chroniques > Regard poétique : les chroniques de Christian Bobin.
  7. Académie Française.
  8. L’Express, « Christian Bobin, Nous ne sommes pas obligĂ©s d’obĂ©ir Â».
  9. « Avis de décès de Christian Bobin », sur www.libramemoria.com, (consulté le )
  10. « Hommage d'Antoine Gallimard à Christian Bobin ».
  11. www.famillechretienne.fr > « L’âme est une espèce non protégée » : Christian Bobin, mort d’un « chrétien hors les murs » (28/11/2022)
  12. Cimetière de France et d'ailleurs
  13. "Abimmmmmme" comporte bien 6 fois la lettre M dans le titre, confer la fiche du livre sur le site de la BnF.
  14. « Les ruines du ciel, Christian Bobin, Livres, LaProcure.com », sur La Procure (consulté le ).
  15. La virgule fait partie du titre.
  16. metahodos.fr > Mort de Christian Bobin : Une vie en poésie
  17. www.gallimard.fr > Christian Bobin : Les différentes régions du ciel. Œuvres choisies
  18. lepoint.fr > article "Christian Bobin très haut sur le Rocher" ("L'auteur de « Très-Bas » reçoit le prix littéraire Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre. Le palmarès 2020 reflète notre besoin de lire.") par Valérie Marin La Meslée (13/10/2020)
  19. nourfilms.com > Christian Bobin, La grande vie – DVD
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