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Cholangite biliaire primitive

La cholangite biliaire primitive ou CBP (autrefois nommée cirrhose biliaire primitive[1] - [2]) est une maladie chronique, inflammatoire des petites voies biliaires intrahépatiques. Le terme de cirrhose est inapproprié. Elle est absente ou ne se développe pas lors de l'évolution chez la majorité des malades.

Cholangite biliaire primitive
(cirrhose biliaire primitive)
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Coupe histologique d'une cholangite biliaire primitive montrant l'inflammation et la lésion des voies biliaires. Coloration à l'hématoxyline et à l'éosine.
Traitement
Médicament Pénicillamine, acide ursodesoxycholique (en), acide obéticholique et acide ursodesoxycholique (en)
Spécialité Gastro-entérologie

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Historique

La premiĂšre description en a Ă©tĂ© faite par Thomas Addison, avec Gull W, en 1851[3], et Victor Hanot en 1876. Elle reçoit de nouvelles appellations dans les annĂ©es 1950[2]. Le rĂŽle diagnostique fondamental des anticorps antimitochondries a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence en 1965[4]. Lors de l'International Liver Congress 2014 Ă  Londres, il a Ă©tĂ© proposĂ© de changer de nouveau le nom de la maladie tout en conservant son acronyme (CBP/PBC). Le nom retenu et adoptĂ©[1] - [2] par les associations savantes — The American Association for the Study of Liver Diseases, AASLD, The European Association for the Study of the Liver, EASL, The International Association for the Study of the Liver, IASL, etc. — est : « Primary Biliary Cholangitis », en français « cholangite biliaire primitive ».

ÉpidĂ©miologie

La maladie touche principalement les femmes (90 % des cas)[5]. La cholangite biliaire primitive est une maladie rare, dont la prĂ©valence est comprise entre 40 et 400 cas par million d'individus[6]. Elle dĂ©bute en gĂ©nĂ©ral entre 35 et 55 ans. Elle est plus frĂ©quente en Europe du Nord et aux États-Unis[7]. Elle semble plus frĂ©quente Ă©galement en cas d'infections urinaires rĂ©cidivantes[8]. Le tabagisme et l'utilisation de certains cosmĂ©tiques pourraient ĂȘtre des facteurs de risque[9].

Il existe une prédisposition génétique avec un risque augmenté de développer la maladie chez les porteurs de certains variants du complexe majeur d'histocompatibilité de type II, sur deux gÚnes intervenant dans la synthÚse de l'interleukine-12[10] ainsi que sur d'autres gÚnes (IL21, IL21R, CTLA4, CD58, ARID3A, IL16[11]).

La prévalence des porteurs d'anticorps anti-mitochondrie serait d'environ 0,5 %[12], soit dix fois plus que la fourchette haute de la prévalence de la maladie.

Cause

Il s'agit probablement d'une maladie auto-immune, mais la forte proportion de personnes ayant des anticorps anti-mitochondrie et ne présentant pas la maladie plaide pour une cause multifactorielle. Ainsi des facteurs chimiques ou infectieux pourraient intervenir, possiblement par similitude avec l'auto-antigÚne[5]. De plus, l'absence de corrélation entre la gravité de la maladie et le taux d'anticorps anti-immun, l'absence d'efficacité d'un traitement immunosuppresseur et l'existence de rares formes de la maladie sans auto-anticorps font douter de l'aspect uniquement auto-immun de la maladie[5].

Clinique

Pendant une longue période (5 à 10 ans), seules des anomalies biologiques peuvent permettre un diagnostic précoce.

La phase symptomatique associe asthénie dans prÚs de la moitié des cas[13] à des signes de cholestase : prurit, ictÚre.

Les manifestations extra-hépatiques les plus fréquentes (un tiers des cas[5]) sont de type auto-immunes :

  • le syndrome de Goujerot-Sjögren ;
  • la maladie de Raynaud ;
  • manifestations rhumatologiques de type rhumatisme inflammatoire ;
  • manifestations cutanĂ©es de type sclĂ©rodermie. Le syndrome de Reynolds est dĂ©fini par l'association d'une cholangite biliaire primitive et d'une sclĂ©rodermie (gĂ©nĂ©ralement limitĂ©e, type CREST) ;
  • toutes les maladies auto-immunes peuvent s'associer entre elles.

Examens complémentaires

La cholestase biologique associe une augmentation des phosphatases alcalines, des gamma-GT et de la bilirubine conjuguée. L'augmentation des transaminases est modérée sauf dans les formes appelées syndrome de chevauchement hepatite autoimmune-CBP.

Les anticorps anti-mitochondrie sont prĂ©sents dans 95 % des cas, dĂšs le dĂ©but de la maladie[14], Ă  un titre souvent Ă©levĂ©. Ils peuvent ĂȘtre associĂ©s Ă  des anticorps anti-nuclĂ©aires aspect circulaire. Il existe une Ă©lĂ©vation du taux des immunoglobulines M non spĂ©cifiques[15].

L'imagerie est peu parlante, non spécifique mais permet d'éliminer une cirrhose biliaire non primitive, de mécanisme obstructif ou une cholangite sclérosante primitive.

La biopsie hĂ©patique signe le diagnostic, mais est rarement pratiquĂ©e, surtout dans les cas oĂč les anticorps anti-mitochondrie font dĂ©faut. L'examen histologique montre alors des lĂ©sions de cholangite et des altĂ©rations des voies biliaires interlobulaires[5].

Évolution

L'Ă©volution se fait en quatre stades.

  1. Stade asymptomatique avec tests hĂ©patiques normaux. Le diagnostic peut ĂȘtre fait sur la prĂ©sence d'anticorps anti-mitochondrie.
  2. Stade asymptomatique avec tests hépatiques anormaux : augmentation des phosphatases alcalines et des transaminases.
  3. Stade symptomatique avec prurit et asthénie.
  4. Stade de cirrhose décompensée avec ascite, hémorragies digestives, ictÚre.

Traitement

La prise en charge de la maladie a fait l'objet de la publication des deux recommandations, l'une par l’European Association for the Sudy of the Liver datant de 2017[16] et l'autre, par l’American association for the study of liver diseases[17], datant de 2018.

Immunosuppresseurs, glucocorticoĂŻdes, colchicine n'apportent qu'un bĂ©nĂ©fice faible dans la forme habituelle de la maladie, mais peuvent ĂȘtre nĂ©anmoins utiles dans certaines circonstances (formes avec signes d'hĂ©patite auto-immune).

L'acide ursodésoxycholique (en) (Ursodiol) pris en continu, le plus précocement possible, à la dose de 13-15 mg/kg/j, est le traitement de base de la maladie. Les résultats sont plus discutés sur l'évolution à long terme[18] - [19]. Cependant, 30 % des patients ont une amélioration insuffisante des tests biologiques ce qui justifie d'autres mesures thérapeutiques afin d'éviter l'évolution vers la cirrhose[20].

Les fibrates semblent apporter un bénéfice[21], mais l'expérience reste limitée.

Tous les traitements symptomatiques et la prise en charge spécifique des complications sont indispensables.

Les agonistes du récepteur farnésoïde X[22], comme l'acide obéticholique (Ocaliva) qui permet d'améliorer la biologie hépatique de ces patients[23], et des PPARs (Elafibranor) semblent avoir des résultats prometteurs.

Dans les formes graves, une transplantation hĂ©patique peut ĂȘtre proposĂ©e. La maladie peut cependant rĂ©cidiver sur le greffon, mais l'Ă©volution est habituellement favorable[5].

Notes et références

  1. « CBP – cholangite biliaire primitive – finalement le changement du nom ! », sur albi-france.org, Association albi, (consultĂ© le ).
  2. (en) Ulrich Beuers et al., « Changing nomenclature for PBC: From ‘cirrhosis’ to ‘cholangitis’ », Journal of Hepatology, vol. 63, no 5,‎ , p. 1285-1287 (prĂ©sentation en ligne).
  3. (en) T. Addison et W. Gull, « On a certain affection of the skin, Vitiligoidea—α plana, ÎČ tuberosa. With remarks and plates », Guys Hosp Rep, no 7,‎ , p. 265-276.
  4. (en) J. G. Walker, D. Doniach, I. M. Roitt et S. Sherlock, « Serological tests in diagnosis of primary biliary cirrhosis », Lancet, no 285,‎ , p. 827-831.
  5. (en) C. Selmi, C. L. Bowlus, M. E. Gershwin et R. L. Coppel, « Primary biliary cirrhosis », Lancet, no 377,‎ , p. 1600-9. (PMID 21529926, DOI 10.1016/S0140-6736(10)61965-4, prĂ©sentation en ligne).
  6. (en) M. M. Kaplan et M. E. Gershwin, « Primary biliary cirrhosis », N Engl J Med, no 353,‎ , p. 1261-1273 (lire en ligne).
  7. (en) C. Selmi, P. Invernizzi, M. Zuin, M. Podda et M. E. Gershwin, « Genetics and geoepidemiology of primary biliary cirrhosis : following the footprints to disease etiology », Semin Liver Dis, no 25,‎ , p. 265-280.
  8. (en) A. K. Burroughs, I. J. Rosenstein, O. Epstein, J. M. Hamilton-Miller, W. Brumfitt et S. Sherlock, « Bacteriuria and primary biliary cirrhosis », Gut, no 25,‎ , p. 133-137 (prĂ©sentation en ligne).
  9. (en) M. I. Prince, S. J. Ducker et O. F. James, « Case-control studies of risk factors for primary biliary cirrhosis in two United Kingdom populations », Gut, no 59,‎ , p. 508-512 (prĂ©sentation en ligne).
  10. (en) G. M. Hirschfield, Liu Xiangdong, Xu Chun et al., « Primary biliary cirrhosis associated with HLA, IL12A, and IL12RB2 variants », N Eng J Med, no 360,‎ , p. 2544-2555 (prĂ©sentation en ligne).
  11. Qiu F, Tang R, Zuo X et al. A genome-wide association study identifies six novel risk loci for primary biliary cholangitis, Nat Commun, 2017;814828
  12. (en) A. Mattalia, S. Quaranta, P. S. Leung et al., « Characterization of antimitochondrial antibodies in health adults », Hepatology, no 27,‎ , p. 656-661.
  13. (en) N. Al-Harthy, T. Kumagi, C. Coltescu et G. M. Hirschfield, « The specificity of fatigue in primary biliary cirrhosis: evaluation of a large clinic practice », Hepatology, no 52,‎ , p. 562-570 (prĂ©sentation en ligne).
  14. (en) S. Oertelt, R. Rieger, C. Selmi et al., « A sensitive bead assay for antimitochondrial antibodies : chipping away at AMA-negative primary biliary cirrhosis », Hepatology, no 45,‎ , p. 659-665 (prĂ©sentation en ligne).
  15. (en) Lleo A, Wang GQ, Gershwin ME, Hirschfield GM, « Primary biliary cholangitis », Lancet, vol. 396, no 10266,‎ , p. 1915–26. (PMID 33308474, DOI 10.1016/S0140-6736(20)31607-X, lire en ligne)
  16. (en) Hirschfield GM, Beuers U, Corpechot C et al., « EASL clinical practice guidelines: the diagnosis and management of patients with primary biliary cholangitis », J Hepatol, vol. 67, no 1,‎ , p. 145-72. (PMID 28427765, DOI 10.1016/j.jhep.2017.03.022, lire en ligne)
  17. Lindor KD, Bowlus CL, Boyer J, Levy C, Mayo M, Primary biliary cholangitis: 2018 practice guidance from the American Association for the Study of Liver Diseases, Hepatology, 2019;69:394-419
  18. (en) Y. Gong, Z. Huang, E. Christensen et C. Gluud, « Ursodeoxycholic acid for patients with primary biliary cirrhosis : an updated systematic review and meta-analysis of randomized clinical trials using Bayesian approach as sensitivity analyses », Am J Gastroenterol, no 102,‎ , p. 1799-1807 (prĂ©sentation en ligne).
  19. (en) K. D. Lindor, T. M. Therneau, R. A. Jorgensen, M. Malinchoc et E. R. Dickson, « Effects of ursodeoxycholic acid on survival in patients with primary biliary cirrhosis », Gastroenterology, no 110,‎ , p. 1515-1518 (prĂ©sentation en ligne).
  20. (en) U. Beuers, M. Trauner, P. Jansen et R. Poupon, « New paradigms in the treatment of hepatic cholestasis: From UDCA to FXR, PXR and beyond », J Hepatol, vol. 62, no 1S,‎ , S25-S37. (PMID 25920087, DOI 10.1016/j.jhep.2015.02.023, lire en ligne [html], consultĂ© le ).
  21. Honda A, Ikegami T, Nakamuta M et al. Anticholestatic effects of bezafibrate in patients with primary biliary cirrhosis treated with ursodeoxycholic acid, Hepatology, 2013;57:1931-1941
  22. (en) A. Mason, V. Luketic, K. Lindor et al., « Farnesoid-X receptor agonists : a new class of drugs for the treatment of PBC? An international study evaluating the addition of INT-747 to ursodeoxycholic acid », J Hepatol, no 52 (supplĂ©ment 1),‎ , p. S1-S2 (prĂ©sentation en ligne).
  23. (en) Nevens F, Andreone P, Mazzella G et al., « A placebo-controlled trial of obeticholic acid in primary biliary cholangitis », N Engl J Med, vol. 375,‎ , p. 631-43. (PMID 27532829, DOI 10.1056/NEJMoa1509840, lire en ligne)

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