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Charles Joubert de La Bastide

Joseph-Charles Joubert de La Bastide, chevalier puis marquis de Châteaumorand (ou Château-Morand), mort le à Paris, est un officier de marine et administrateur colonial français des XVIIe et XVIIIe siècles. Il est gouverneur de Saint-Domingue du à , et Lieutenant général des Armées Navales (). Il est Chevalier de Saint-Louis, et Chevalier de l'Ordre royal de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem.

Joseph-Charles Joubert de La Bastide
Marquis de Châteaumorand
Naissance ca 1658
Décès
Ă  Paris
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Lieutenant général des Armées Navales
Années de service 1672 – 1722
Commandement Le Glorieux
Le Triomphant
Le Parfait
Conflits Guerre de la Ligue d'Augsbourg
Guerre de Succession d'Espagne
Faits d'armes Bataille de la Hougue
Distinctions Chevalier de Saint-Louis
Chevalier de l'Ordre royal de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de JĂ©rusalem
Autres fonctions Gouverneur de Saint-Domingue

Biographie

Origines et famille

Joseph-Charles descend de la maison de Joubert de la Bastide de Châteaumorand, originaire du Limousin, où son existence est constatée dès 1150. Cette famille a le titre de baron de Châteaumorand depuis le XVe siècle, et celui de marquis depuis le règne de Louis XIV. Cette Maison compte parmi ses membres un grand-maitre de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, Joubert de Syrie, mort en 1177 ou 1179.

Il est le fils d'Annet Joubert de La Bastide, comte de Châteaumorand († 1699) et de Françoise de Costentin de Tourville, sœur du maréchal de Tourville. Parmi ses frères, deux se distingueront au service des armées du Roi de France :

Carrière dans la Marine royale

Neveu de Tourville, il entre au service dans la marine sous les auspices de son oncle, en 1672 et suit son oncle dans presque toutes ses campagnes. Il sert pendant la guerre de la Ligue d'Augsbourg et se distingue tout particulièrement lors de la bataille de la Hougue, le au commandement du Glorieux, de 66 canons.

L'historien de la Marine, Léon Guérin écrit, non sans lyrisme :

« Mais il ne faut point omettre ce vaisseau français dont les Anglais s'étaient montré longtemps les uns aux autres avec terreur la croix noire attachée au hunier d'avant : c'est le Glorieux, qui ne mesure ni le courage ni les hauts faits de son équipage au nombre de ses canons; il n'en compte que 66 au plus : mais ce qu'on ne peut compter, c'est le nombre des hommes qu'il a fauchés sur les ponts ennemis. Le capitaine du vaisseau à la croix noire, c'est le chevalier de Château-Morand qui se couvrit en cette bataille d'une gloire que nulle autre n'éclipsa; nulle, hormis celle de Tourville, qui fut, à la même heure, une gloire surhumaine[1]. »

C'est à lui que l'amiral anglais Edward Russell, après la bataille de la Hougue, écrivit pour le complimenter sur ce qu'il « avait fait un fort beau feu sur lui et sur ses matelots »[2].

Il est fait chevalier de Saint-Louis par le Roi, lors de la première promotion en 1693[3]. L'annĂ©e suivante, il « fait cinq prises considĂ©rables qu'il envoie Ă  Toulon[4] Â». En 1699, Ă  la suite de la mort de son frère aĂ®nĂ© François Annet - en faveur de qui Louis XIV avait Ă©rigĂ© la terre de Châteaumorand en marquisat -, il devient le deuxième marquis de Châteaumorand.

Missions en Amérique du Nord et fondation de la Louisiane

D’Iberville rentre en France en 1697, où il est choisi par le ministre de la Marine comme chef d’une expédition d’exploration afin de redécouvrir l'embouchure du fleuve Mississippi et de coloniser la Louisiane que les Britanniques convoitaient. Château-Morand est chargé de l'escorter.

La flotte française met les voiles de Brest le . Après trois mois de navigation, elle arrive à l’île de Santa Rosa face à Pensacola, en Floride, le , une ville espagnole. D’Iberville part pour la baie de Mobile, et commence à explorer l’île Massacre, appelée plus tard Dauphin Island. Il s’arrête entre Cat Island et Ship Island le , puis continue ses explorations jusqu’au continent, à Biloxi, avec son frère Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville. Le 20 avril, Château-Morand, qui n'était venu que pour escorter d'Iberville, reprend avec son vaisseau le chemin de l'Europe.

Guerre de Succession d'Espagne (1701-1714)

En 1699, sur l'Agréable et en compagnie d'un autre petit vaisseau, il part pendant deux ans dans l'océan Indien protéger les navires de la Compagnie des Indes, faire la chasse aux pirates et y convoyer des fonds[5]. Lorsqu'il revient, la guerre a repris en Europe.

En 1702, il est fait capitaine de vaisseau avec 1 500 livres de solde[6]. Au printemps 1704, il « fait une prise fort riche[7] Â» Ă  proximitĂ© du dĂ©troit de Gibraltar. Le 24 aoĂ»t de la mĂŞme annĂ©e, Ă  la bataille navale de VĂ©lez-Málaga, il commande Le Parfait, vaisseau de 74 canons, dans le corps de bataille, conduit par le comte de Toulouse, Amiral de France. Il est alors le matelot du chef d'escadre Jean-Bernard de Pointis.

En 1705, ses appointements sont portĂ©s Ă  2 400 livres par an[8]. Il est promu au grade de chef d'escadre en 1712. Il succède Ă  Charles de Courbon au poste de gouverneur de Saint-Domingue[9] Ă  , mais ses « frĂ©quentes indispositions le rendant peu propre Ă  demeurer dans le paĂŻs, il demanda son rappel Ă  la Cour Â». Il est remplacĂ© le par M. de Sorel. Il est Ă©levĂ© au grade de lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es navales le .

Il meurt Ă  Paris, le .

Notes et références

  1. Guérin 1846, p. 150
  2. « Le grand amiral Russel lui Ă©crivit pour le fĂ©liciter de la valeur qu'il avait montrĂ©e en le combattant avec des forces si inĂ©gales ; il fĂ©licitait aussi d'Amfreville et Château-Morand du beau feu qu'ils avaient fait sur lui et sur ses deux matelots. Â» (GuĂ©rin 1846, p. 157)
  3. Gazette de France du 6 février 1694
  4. Gazette de France du 8 mai 1694
  5. La Roncière 1932, p. 575-579.
  6. Gazette de France du 23 décembre 1702
  7. Gazette de France du 19 avril 1704
  8. Gazette de France du 10 octobre 1705
  9. « Gouverneur-GĂ©nĂ©ral pour le Roi des Isles de la Tortue, Cote Saint-Domingue et Terre-Ferme de l'AmĂ©rique MĂ©ridionale Â»

Voir aussi

Ouvrages récents

  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • RĂ©mi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, Ă©ditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, coll. « Dictionnaires », , 537 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 978-2847340082)
  • Lucien BĂ©ly (dir.), Dictionnaire Louis XIV, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1405 p. (ISBN 978-2-221-12482-6)
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions, , 619 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)

Ouvrages anciens

Article connexe

Liens externes

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