Charles Beys
Charles Beys[1] - [2] est un dramaturge et poète français baptisé le en l'église Saint-Benoît-le-Bétourné, à Paris, et mort également à Paris, le .
De cet épicurien « qui n'aim[ait] pas trop le travail ni la gloire »[3], de ce poète à la versification « communément aisée, naturelle, exacte même »[4], la postérité a retenu qu'il avait, le premier, porté sur la scène du théâtre français le spectacle de l'asile d'aliénés.
Biographie
Fils de Marie Lemesle (ou Le Mesle) et d'Adrien Beys (1574-1612), Charles Beys appartient à une famille d'imprimeurs-libraires. Son grand-oncle Gilles Beys, natif des environs de Breda en Hollande, avait épousé en 1572 l'une des filles du célèbre Christophe Plantin, lequel l'avait envoyé à Paris, en 1567, pour créer une succursale, rue Saint-Jacques. Adrien Beys y tiendra boutique, jusqu'à sa mort, en 1612. Il est le libraire attitré de l'humaniste suisse Isaac Casaubon. Sa veuve se remariera avec un autre libraire, le protestant Abraham Pacard, et reprendra l'affaire elle-même en 1622, après la mort de ce dernier[5] - [6]. Denys, frère aîné de Charles[7], sera reçu libraire à son tour en .
S'il faut en croire l'«Avertissement au lecteur» de ses Œuvres poétiques (1651), le jeune Beys commence très tôt, à l'âge de quatorze ans, à composer des pièces de vers.
Un acte notarié le qualifiera, en 1641, « avocat au parlement de Paris »[8]. Depuis quand exerçait-il alors? On l'ignore, et l'on ne sait pas mieux combien de temps encore il l'exercera[9].
En 1634, il fait représenter avec grand succès L'Hospital des fous, tragi-comédie inspirée de Los locos de Valencia et d'El Peregrino en su patria[10] de Lope de Vega. La pièce sera publiée l'année suivante[11], sans épître dédicatoire mais avec un avis au lecteur[12], par l'imprimeur-libraire Toussaint Quinet, spécialisé dans la vente des pièces de théâtre[13].
En même temps que L'Hospital des fous, Quinet met en vente Le Jaloux sans sujet, tragi-comedie de Beys, dont on ignore s'il a été représenté. La pièce est dédiée à « Monsieur de Gondy, abbé de Buzay et de Quimperlay, etc », le futur cardinal de Retz, de trois ans son cadet, dont Beys semble être un familier. Il évoque, en effet, « l'honneur que vous me faites de m'estimer » et « cette généreuse facilité qui donne de la résolution aux timides », ajoutant : « Sans cette facilité, qui m'introduit si librement dans votre maison, je n'aurais pas si bien remarqué, ni la vivacité de votre esprit, ni la force de votre jugement, qui se donnent pour objet les matières agréables aussi bien que les sérieuses. »
Au cours de l'été 1636, un pamphlet intitulé Le Gouvernement présent, ou Éloge de son Éminence. Satyre ou la Miliade, circule dans Paris; il dénonce en termes violents et crus, la politique de Richelieu, ses turpitudes et celles de ses affidés[14]: le chancelier Pierre Séguier et sa femme, le Père Joseph, Isaac de Laffemas, Sublet de Noyers, Claude et Léon Bouthillier de Chavigny, Michel Moreau[15], Louis Testu de Frouville[16], Nicolas Le Jay[17] etc. Beys, qu'on soupçonne, avec trois ou quatre autres, d'en être l'auteur, est emprisonné à la Bastille. Quelques pièces de vers qu'il y compose pour sa défense[18] convainquent les autorités, et il est remis en liberté. L'attribution de ce libelle n'est toujours pas clairement établie.
Dans les premiers mois de 1637, Toussaint Quinet met en vente Céline ou les Frères rivaux, tragi-comédie de Beys (achevée d'imprimer le ), qui a dû être représentée l'année précédente.
En , Beys compose une «Ode pour la Naissance du Roy» et une série de «sixains sur les figures du feu d'artifice fait devant l'Hostel de Ville pour la Naissance du Roy». Ils seront publiés en tête du recueil de ses Œuvres poétiques, en 1651, suivis d'une «Ode pour le sujet du Feu d'Artifice fait sur la Riviere devant le Louvre, pour celebrer le jour de la Naissance du Roy, en l'année 1645».
Le , son frère Denis, qui a abandonné le commerce de la librairie, crée, avec Madeleine Béjart, Jean-Baptiste Poquelin (futur Molière) et quelques autres, la troupe de l'Illustre Théâtre[19]. On ignore si, au cours de sa brève existence, la troupe a représenté des œuvres de Charles, mais il est certain que Molière et ses camarades n'en donneront aucune sur leurs scènes du Petit-Bourbon et du Palais-Royal, après leur retour à Paris en 1658[20].
En 1646, Beys est choisi par la reine régente Anne d'Autriche et le jeune Louis XIV pour composer les pièces en vers français des Triomphes de Louis le Juste, luxueux in-folio destiné à célébrer le règne du feu roi Louis XIII[21]. L'ouvrage, «entrepris et fini par Jean Valdor, Liégeois, calcographe du Roy[22]», sera imprimé en 1649 par Antoine Estienne, «premier imprimeur et libraire ordinaire du Roy».
Au mois de , un carrousel est organisé à Stockholm dans le cadre des festivités du couronnement de Christine de Suède; Beys en a composé les vers, qu'il intégrera l'année suivante à ses Œuvres poétiques[23]. Est-ce à dire qu'il avait fait le voyage de Suède? Rien ne permet de l'affirmer.
Le recueil des Œuvres poétiques de Beys est achevé d'imprimer le , en pleine Fronde des Princes. Il s'ouvre sur une dizaine de pièces liminaires signées, entre autres, de Scarron[24], Guillaume et François Colletet, Jean Royer de Prade[25], Tristan L'Hermite, Georges de Scudéry, Gabriel Gilbert, pièces que l'auteur prie son lecteur «de ne pas considérer comme des forces que je veux opposer à la critique, mais comme des présents que mes amis m'ont faits et que je n'ai pu refuser civilement».
Parmi les amis et connaissances de Beys on compte également le pâtissier-poète Cyprien Raguenau[26], glorifié par Edmond Rostand, les poètes Dassoucy[27] et Chapelle, et très probablement Cyrano de Bergerac.
En , Toussaint Quinet met en vente un in-quarto de 116 pages intitulé Les Odes d'Horace[28] en vers burlesques[29]. Le nom de l'auteur n'apparaît ni au titre ni dans l'extrait du privilège, accordé au libraire le [30]. En 1722, renseigné par le critique Bernard de La Monnoye, Denis-François Camusat, en attribuera la paternité à «un comédien (sic) nommé Beïs»[31]. Depuis lors, les historiens, ceux du moins qui, au XXe siècle, ont lu l'œuvre et en ont étudié les thèmes et la prosodie, s'accordent sur l'attribution de ces Odes à Charles, qui, à la différence de son frère Denis, n'a jamais été comédien.
Toussaint Quinet étant mort au printemps 1652, c'est le libraire Olivier II de Varennes, cousin de Beys, qui fait paraître l'année suivante un bel in-quarto intitulé Les Illustres fous, comedie de Beys[32], refonte de L'Hospital des fous de 1635. Le livre est dédié au duc Louis d'Arpajon, qui en a sans doute financé la publication, comme il fera quelques mois plus tard celle de La Mort d'Agrippine de Cyrano de Bergerac. Le poète s'est-il mis lui aussi sous la protection du duc? C'est ce que suggèrent ces lignes de l'épître dédicatoire : « Je deviens moi-même insensé, puisqu'il semble que j'entreprends de mettre votre panégyrique à la tête d'une comédie, moi qui fais vœu d'écrire un livre à part, où j'espère marquer toutes les belles circonstances de votre histoire. »
Vers la fin de l'année 1654, il compose les vers d'un petit drame lyrique, Le Triomphe de l'Amour sur les Bergers et les Bergeres[33], dont la partition musicale a été confiée à l'organiste Michel de la Guerre. Ce spectacle, dans lequel certains musicologues voient le premier opéra français, sera donné deux fois devant la cour, les 15 et [34].
À l'occasion du carnaval de 1657, il se voit confier, au nom du duc Henri de Guise, grand chambellan de Louis XIV, l'écriture des vers de la mascarade des Plaisirs troublez, dont la musique est composée par Louis de Mollier[35]. Le spectacle sera créé dans les premiers jours de février à l'hôtel de Guise, puis donné à plusieurs reprises devant la cour. Loret et la Gazette de Renaudot en rendront compte le 17[36] - [37].
Charles Beys meurt le [38], à Paris, âgé de quarante-neuf ans, terrassé probablement par une crise d'apoplexie due à son éthylisme chronique. Son ami François Colletet composera sur ce décès une «élégie burlesque» intitulée «Beys au tombeau»[39]:
Passant, celui qui gît ici
Fut un poète sans souci
Qui pratiqua de bonne grâce
Le précepte du bon Horace :
Bois, mange tout, aujourd'hui sain,
Et moque-toi du lendemain.
Les Muses furent ses délices
Et ses plus nobles exercices.
Il sacrifia maints écus
Dessus les autels de Bacchus
Et se plut tant à ce mystère
Qu'il en perdit un luminaire[40],
Perte qui, depuis, bien souvent
Le fit tomber le nez devant.
Toutefois, dans cette disgrâce,
Bacchus lui faisait faire place,
De peur que quelques étourdis
Ne heurtassent Monsieur Beys.
Mais enfin, las d'être son guide,
Soit qu'il fût plein, soit qu'il fût vide,
Il ne voulut point, ce dit-on,
Servir à Beys de bâton.
Quoi ! dit-il, rouge de colère,
Si Beys a le sort d'Homère,
Faudra-t-il que je sois réduit
À le conduire jour et nuit ?
Non, non, j'aime bien mieux qu'il meure.
Beys, qui buvait à cette heure
Que le mot fut dit de Bacchus,
S'écria qu'il n'en pouvait plus
Et qu'une chaleur intestine
S'allumait dedans sa poitrine,
Qui donnait cent assauts divers
À sa tête pleine de vers.
Guénault[41] accourut à son aide,
Qui ne lui put donner remède ;
Car quand l'homme est blessé d'un dieu,
Le médecin lui dit adieu.
Ainsi la Mort, d'une main fière,
Lui vint fermer l'autre paupière,
Un mois après que pour guérir
Beys eut dit: Il faut mourir.
« Tout invite, écrit René Pintard[42], à prêter à Charles Beys […] les traits d'un libertin. Libertin peut-être moins par doctrine que par la façon de sentir, d'imaginer et de jouir, par l'attitude devant la vie; libertin à la manière de tant d'humanistes et de lettrés, dont l'âme, envoûtée par la beauté antique, ne demandait pas seulement aux poètes latins des satisfactions littéraires, mais un art de vivre: la légitimation du plaisir, l'encouragement à profiter de l'instant, le refus des contraintes, une indolente sagesse. »
Bibliographe
Œuvres
- Le Jaloux sans sujet, tragi-comedie de Beys, Paris, 1636[43].
- L'Hospital des fous, tragi-comedie de Beys, Paris, 1636. Réédition Toussaint Quinet, «Sur l'imprimé», Paris, 1638[44], et sous le titre L'Ospital (sic) des fous, Paris, 1639.
- Celine, ou Les Freres rivaux. Tragi-comédie de Beys, Paris, Toussaint Quinet, 1637[45]. Réédition, Paris, 1640, sous le titre Les Freres rivaux.
- Les Triomphes de Louis le Juste, XIII. du nom, Roy de France et de Navarre, Paris, Antoine Estienne, 1649[46].
- Les Œuvres poetiques de Beys, Paris, Toussaint Quinet, 1651[47].
- Stances sur le depart de Monseigneur le premier President, garde des Seaux (sic) de France, Paris, Antoine Estienne, 1652[48].
- Les Illustres fous, comedie de Beys, Paris, Olivier de Varennes, 1653 (nouvelle version de L'Hospital des fous)[49]. Rééd : Les Illustres Fous of Charles de Beys, ed. by Merle I. Protzman, Baltimore, Johns Hopkins Press, 1942.
- Le Triomphe de l'Amour sur les Bergers et les Bergeres, dédié au Roy, mis en musique par De la Guerre, organiste de Sa Majesté en sa Saincte Chapelle du Palais à Paris, Paris, Charles Chenault, 1654.
- Les Plaisirs troublez. Mascarade. Dansée devant le Roy par Monsieur le Duc de Guise. Paris, Robert Ballard, 1657[50].
Œuvres d'attribution incertaine
- Le Gouvernement present, ou Eloge de son Eminence. Satyre ou la Miliade, sans lieu ni date [1636][51].
À partir du XVIIIe siècle, les bibliographes attribuent à Beys deux comédies et un recueil de vers burlesques dont aucun document d'époque ne suggère qu'il les ait composés :
- La Comedie de chansons, Paris, Toussaint Quinet, 1640[54] - [55].
- Les Odes d'Horace en vers burlesques, Paris, Toussaint Quinet, 1653 [achevé d'imprimer daté du ][56]. La même édition chez Thomas Jolly, sous la date de 1652, et à Leyde (Hollande), chez Jean Sambix, sous la date de 1653. Réédition par André Lebois, Avignon, Édouard Aubanel, 1963.
Bibliographie critique
- Abbé Claude-Pierre Goujet, Bibliothèque françoise ou Histoire de la litterature françoise : dans laquelle on montre l'utilité que l'on peut retirer des livres publiés en françois depuis l'origine de l'imprimerie, tome XVI, p. 293-302[57].
- Comte de Puymaigre, «Un poète apologiste de Louis XIII», Revue des questions historiques, nouvelle série, tome XX, Paris, 1898, p. 204-223[58].
- Eduard Stemplinger, «Ch. de Beys: Odes d'Horace en vers burlesques», Zeitschrift für französische Sprache und Literatur, 27, 1904, p. 266-277[59].
- Henri Quittard, «La première comédie française en musique», Bulletin français de la S.I.M. (Société internationale de musique), Paris, , p. 377-396[60].
- Jean Marmier, Horace en France au dix-septième siècle, Paris, P.U.F., 1962, p. 237-242 et 399-401.
- René Pintard, «Charles Beys, gai poète et libertin», Revue d'histoire littéraire de la France, juillet-, p. 451-453[61].
- André Lebois, «Mais qui était Charles Beys?», XVIIe siècle, 1966, p. 74-100.
- André Lebois, «Le Latin: Horace rapproché par Charles Beys, 1652», Marseille, 1er trimestre 1972 (Colloque de Marseille, «Le XVIIe siècle et l'éducation», Supplément au numéro 88), p. 169-173.
- Timothée J. Reiss, «Un théâtre de l'homme dans - ou devant? - le monde: Les Illustres fous (Beys)», dans Baroque, no 6, 1973, Actes des journées internationales d'étude du Baroque[62].
- Valeria Pompejano Natoli, «Il tema della follia ne L'Hospital des fous di Charles Beys», dans Il Teatro al Tempo di Luigi XIII, Quaderni del Seicento Francese, I, Paris, Nizet, 1974, p. 137-150.
- Marie-France Hilgar, «La folie dans le théâtre du XVIIe siècle en France», Romance Notes, n° 16, Winter 1975, p. 383-389.
- Gérard Defaux, «Sagesse et folie d’Érasme à Molière», Modern Language Notes 91, 1976, n° 4, p. 655-671.
- Georges Forestier, Le Théâtre dans le théâtre sur la scène française au XVIIe siècle. Genève, Droz, 1981.
- G.J. Mallison, «L'Hospital des fous of Charles Beys: the Madman and the Actor», dans French Studies, vol. XXXVI, 1982, p. 12-25.
- Stéphane Clerget, Aspects de la folie dans le théâtre de Charles Beys (1610-1659), thèse établie sous la direction de Jean Adès, Université de Paris VII, 1991.
- Ziad Elmarsafy, «Actors, Lovers and Madmen: Theatricality and Identity in Charles Beys’ Les Illustres Fous», dans Papers on French Seventeenth-Century Literature, 40 (1994), p. 81–94.
- Valeria Pompejano Natoli, «La follia ‘ospitalizzata’. Dal trattato di Tommaso Garzoni al teatro di Charles Beys», Studi di Letteratura francese (Biblioteca dell’Archivum Romanicum) Serie I, Storia Lett., 1992, 19 (249), p. 229-245.
- Paul Scott, «Subversive revisions in the work of Charles de Beys», French Studies, vol. LX, no 2, Oxford University Press, 2006, p. 177-190[63].
- Thomas Leconte, «La Comédie de chansons (1640) et son répertoire d'airs», dans Poésie, musique et société: l'air de cour en France au XVIIe siècle (Georgie Durosoir éd.), Sprimont (Belgique), Pierre Mardaga éditeur, 2006, p. 291-316.
- Hélène Tropé, «Variations dramatiques espagnoles et françaises sur le thème de l'Hôpital des fous aux XVIe et XVIIe siècles: de Lope de Vega à Charles Beys», Bulletin hispanique, tome 109, no 1, 2007, p. 97-135[64].
- Jean Leclerc, «Les Odes d’Horace en vers burlesques de Charles Beys, ou les avatars d’un épicurisme bachique, G. Hodgson (ed.), «Libertinism and Literature in 17th-century France», Biblio 17. Papers on French Seventeenth Century Literature, Tübingen, Verlag, 2009, p. 159-174.
- Paul Scott (éd.), Le Gouvernement présent, ou éloge de son Eminence, satyre ou la Miliade, MHRA (Modern Humanities Research Association) Critical Texts, vol. 14, Londres, 2010[65].
- Françoise Poulet, «L’asile dans le théâtre : la folie comme miroir tendu au spectateur dans Les illustres fous de Charles Beys (1653)», Métathéâtre, théâtre dans le théâtre et la folie, 2010, p. 65-88[66].
- Françoise Poulet, «Fou enfermé ou fou en liberté? Étude comparée des "pièces d'asile" sur la scène européenne du premier XVIIe siècle (Espagne, Angleterre, France)», Shakespeare en devenir - Les Cahiers de La Licorne, n° 3, 2009. Publié en ligne le [67].
- Guy Thuillier, «Une satire contre Richelieu: la Miliade (1636)», Revue administrative, 2012, vol. 65, n° 390, p. 584-590.
- Françoise Poulet, «Dans les interstices du pouvoir, entre centre et excentricité: le poète et dramaturge Charles Beys (1610-1659)», dans Ombres et pénombres de la République des Lettres. Marges, hétérodoxie, clandestinité (XVe-XVIIIe siècles) (Actes du 10e colloque Jeunes chercheurs du Cercle Interuniversitaire d’Étude sur la République des Lettres (CIERL)). Paris, Hermann, 2014.
Notes et références
- On trouve dans la documentation une abondance de "Charles de Beys", avec une particule que rien ne justifie : aucun des nombreux descendants du Hollandais Cornelis Gieliszoon Beys (1497-1559) établis en France n'a jamais été anobli, et Charles lui-même a toujours signé ses œuvres d'un simple "Beys". On relève cependant un « sieur de Beys » dans l'extrait du privilège du Jaloux sans sujet.
- Si l'on se fie à la prosodie des pièces liminaires de ses Œuvres poétiques, le nom de Beys se prononçait [beïs] ou [baïs] en deux syllabes.
- « Épigramme à Monsieur Chapelle sur une grande écritoire qu'il m'a donnée », dans Les Œuvres poétiques de Beys, p. 146« Les Œuvres poétiques de Beys », sur Google Livres.
- Abbé Goujet, Bibliothèque françoise, tome XVI, p. 300.
- Imprimeurs et libraires parisiens du XVIe siècle, ouvrage publié d'après les manuscrits de Philippe Renouard, Paris, 1979, tome III, p. 379« Imprimeurs et libraires parisiens », sur Gallica.
- Dans une «épître burlesque» adressée à son ami Didier Prieur, procureur au parlement de Paris, Charles Beys se montrera encore fin connaisseur de l'histoire de l'imprimerie parisienne. Évoquant la maison de cet amateur de beaux livres, il écrit: «Le haut est orné de tableaux, / Et dans six brillantes armoires / Sont les Morales, les Histoires / Et le Droit du plus beau papier. / Là se reconnaît L'Angelier; / Là les Plantins et les Rouvilles, / Pour les corrections habiles, / Montrent leur caractère net; / Morel, Vascosan, Cotinet, / Henry, Robert, Antoine Estienne / N'ont rien qui les yeux ne retienne; / Là brille Mamert Patisson / De la belle et bonne façon; / Frellon, pour corriger austère, / Y montre son beau caractère. / Bref, toutes les impressions / N'y font rien voir que ne surprenne…« Les Œuvres poétiques », sur Google Livres»
- Il a été baptisé le 31 janvier 1609 à Saint-Benoît-le-Bétourné.
- 25 juillet 1641. « Obligation par Denys Beys, libraire, demeurant rue Saint-Jacques, à l'enseigne de la Victoire, et Charles Beys, son frère, avocat en parlement, demeurant rue Saint-Honoré, envers Léonard Aubry, paveur ordinaire du roi, de 150 livres, pour prêt d'argent, remboursable dans six mois », cité par Alan Howe dans Documents du Minutier central des notaires de Paris. Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649. Paris, Centre historique des Archives nationales, 2000« Le Théâtre professionnel », sur Archives nationales.
- On peut noter cependant ce qu'il écrira dans son « épître burlesque » à Didier Prieur, procureur au parlement de Paris: «Je ne blâme point cet office, / Ni les officiers de justice; / Car tous les jours j'ai le bonheur / D'y voir beaucoup de gens d'honneur…« Les Œuvres poétiques », sur Google Livres»
- Traduit et adapté en 1614 par Vital d'Audiguier sous le titre Les Diverses fortunes de Panphile et de Nise.
- Sous la date de 1636, mais avec un achevé d'imprimer daté du 30 novembre 1635.
- « L'Hôpital des fous. Préface. », sur paris-sorbonne.fr
- À partir de 1643, il sera l'éditeur attitré de Paul Scarron.
- Gui Patin parle de «ses adherans [=adhérents]».
- Lieutenant civil et oncle paternel de Claude-Emmanuel Luillier, dit Chapelle, il mourra le 12 octobre 1637.
- Gouverneur de la Bastille, il mourra le 11 septembre 1636, peu après la mise en circulation de la Miliade.
- Nicolas Le Jay, 1573-1640. Premier président du parlement de Paris de 1630 à 1636. Une centaine de vers lui sont consacrés.
- Certaines d'entre elles seront intégrées en 1651 dans le recueil des Œuvres poétiques de Beys, p. 176-197: «Stances contre l'auteur inconnu d'un libelle dont je fus soupçonné», «Requête à M. de Laffemas composée dans la Bastille», «Stances à Monseigneur le cardinal de Richelieu commencées dans la Bastille».
- À l'incitation de Charles, dramaturge à succès, selon certains historiens.
- Mais il n'est pas impossible que Charles Beys soit l'auteur de stances «À Monseigneur le duc de Guise sur les presens qu'il a faits de ses habits aux comediens de toutes les troupes» publiées en 1646 dans le Nouveau recueil des bons vers de ce tems« Nouveau recueil », sur Google Livres, stances dans lesquelles sont nommés trois des acteurs de l'Illustre théâtre: «… La Béjart, Beys et Molière, / Brillants de pareille lumière, / M'en paraissent plus orgueilleux, / Et depuis cette gloire extrême, / Je n'ose plus m'approcher d'eux, / Si ta rare bonté ne me pare de même.» Charles Beys évoquera cette pratique dans ses Illustres fous (1653): «Leur [des comédiens] garde-robe, au reste, est ample et magnifique, / Éclatante d'habits à la mode, à l'antique, / Que les plus grands seigneurs autrefois ont portés / Aux noces, aux ballets, dans les solennités, / Pour honorer des rois les célèbres entrées / Ou pour quelque ambassade aux étranges contrées.« Les Illustres fous », sur Gallica»
- La lettre du jeune Louis XIV, datée du 25 septembre (il vient d'avoir 8 ans), qui figure parmi les pièces liminaires du livre, est ainsi libellée: «Monsieur Beys, Dans le généreux désir que j'ai d'imiter la vie du feu roi, mon très-honoré seigneur et père, et d'avoir un abrégé de ses actions pour servir de règle à la conduite des miennes, le sieur Valdor, chalcographe, a si heureusement secondé mon intention, qu'à la peinture qu'il a faite des glorieux exploits de ce grand prince et de ses vertus, il ne manque qu'un poème héroïque pour exprimer ce qu'elle semble vouloir dire; et pour me satisfaire et comme vous avez la réputation d'exceller en l'art de poésie, et que l'on juge, par quelques pièces que vous avez produites, que vous êtes capable de cet emploi, je vous fais cette lettre, avec l'avis de la reine régente Madame ma mère, pour vous exhorter d'entreprendre l'explication de ce que signifie chacun des tables de cet abrégé. Outre que le choix que je fais de vous pour cet effet peut exciter votre courage à répondre dignement à la bonne opinion que j'ai de votre capacité, l'honneur que vous aurez de contribuer votre éloquence pour immortaliser la mémoire de votre roi vous doit obliger de préférer cette entreprise à toute autre, et d'espérer qu'en satisfaisant promptement à mon attente, je prendrai plaisir à vous donner des marques de ma bienveillance. C'est ce que j'avais à vous dire sur ce sujet; cependant je prie Dieu qu'il vous ait, Monsieur Beys, en sa sainte garde.« Les Triomphes de Louis le Juste », sur Gallica»
- Voir la notice de l'Inventaire du département des arts graphiques du Louvre« Inventaire », sur arts-graphiques.louvre.fr.
- Pages 215-232: «Vers du Carrousel fait au Couronnement de la tres-Auguste Christine Reyne de Suede».»
- Ses Stances «à Monsieur Beys sur ses Œuvres poétiques» commencent par une comparaison de Beys à Malherbe: «Oui, des Beys, oui, des Malherbes / Doivent mettre leurs vers au jour, / Mais que la Ville et que la Cour / Souffre jamais ces mangeurs d'herbes, / Ces petits rimeurs déchaînés / Qui depuis le Blocus sont nés / Par l'avarice des libraires, / Ah! par ma foi c'est un abus…» Dans le chapitre VIII de son Romant (sic) comique, achevé d'imprimer une semaine avant les Œuvres poétiques de Beys, Scarron fait un autre parallèle du même ordre; évoquant le Poète qui accompagne sa troupe itinérante, il écrit: «Le Poète, sur tous les autres, environné de deux ou trois qui devaient être les beaux esprits de la ville, se tuait de leur dire qu'il avait vu Corneille, qu'il avait fait la débauche avec Saint-Amant et Beys, et qu'il avait perdu un bon ami en feu Rotrou.« Le Romant comique », sur Gallica» On lit, dans les Œuvres poétiques de Beys (p. 201-204), une longue élégie «À Monsieur Scarron sur son Virgile travesty»« Les Œuvres poétiques », sur Google Livres, qui ne figure dans aucune édition de ce dernier.
- Sa longue «Élégie»« Les Œuvres poétiques de Beys », sur Google Livres, semble ridiculement dithyrambique.
- Voisin de Beys, rue Saint-Honoré.
- Voir l'apostrophe à Beys dans Les Avantures d'Italie de Monsieur d'Assoucy, Paris, 1677, p. 283-288: «… Ragueneau connu de tout le Parnasse, Ragueneau aimé de tous les poètes et chéri de tous les comédiens, enfin […] ce fameux pâtissier Ragueneau, qui ne faisait pleuvoir sur le Parnasse que des pâtés de godiveau, ce père nourricier des Muses, après avoir nourri ces ingrates filles, hélas ! qu’est-il devenu ? C’est à vous, Beys, que je le demande, qui lui inspirâtes la folie de faire des vers ; vous, Beys, qui nous avez ravi le plus excellent pâtissier de Paris pour en faire le plus méchant poète de l’univers. C’est vous, barbare, qui répondrez un jour, dans la vallée de Josaphat, non seulement de toute l’encre et de tout le papier qu’il a gâté dans ce bas territoire, mais encore de tous les pâtés que (sans comprendre ceux que le Parnasse lui a escroqués) vous lui avez mangés à la gueule du four. Oui, Beys, vous rendrez compte un jour de ce pauvre innocent…« Les Avantures d'Italie », sur Gallica»
- Il ne s'agit en fait que des 38 odes du Livre I.
- L'abbé Michel de Marolles venait de faire paraître, chez le même Toussaint Quinet, son édition bilingue, en prose pour la traduction, des Odes et Épodes.
- Alors que s'achevait l'impression des Œuvres poétiques de Beys.
- « Mémoires historiques et critiques », sur Google Livres
- Achevé d'imprimer le 8 février 1653.
- Ces vers sont reproduits par Henri Quittard dans son article «»« Bulletin français de la S.I.M. », sur Gallica.
- Loret rendra compte de la première représentation (qui est plus précisément une répétition générale) dans sa Lettre en vers du 19, v. 105-138« La Muze historique », sur Gallica, et la Gazette dite de Renaudot signalera la seconde dans son ordinaire du 26: «Le 22 du courant, fut chanté au Louvre, par la musique du Roi, dans l'appartement de Son Éminence (Mazarin), en présence de Leurs Majestés (Anne d'Autriche et Louis XIV), de Monsieur (Philippe d'Anjou, frère de Louis XIV, futur duc d'Orléans), de Sadite Éminence et de la plus belle partie de la Cour, une pastorale en vers composée par le sieur Beys, accompagnée d'un concert de différentes sortes d'instruments musicaux, touchés par onze des plus excellents Maîtres en cet art, cet ouvrage ayant pour sa nouveauté et son agréable composition, été reçu de toute la Compagnie avec beaucoup d'applaudissement.»
- Sur ce danseur, poète, luthiste, théorbiste et compositeur (dont le nom se prononçait comme celui du dramaturge), né vers 1615 et mort en 1688« Louis de Mollier », sur L'Opéra baroque, voir Elizabeth Maxfield-Miller, «Louis de Mollier musicien et son homonyme Molière», dans Recherches sur la musique française classique, 3, 1963, p. 25-38.
- « La Muze historique », sur Gallica
- « La Gazette », sur Gallica
- La date se déduit de l'hommage que Jean Loret rendra au défunt dans sa lettre en vers du 4 octobre« La Muze historique », sur Gallica: «À propos de rimeurs, Beys, / Qu'on estimait par tout pays, / Non pas pour son instinct bachique / Mais pour son talent poétique, / Depuis huit jours est décédé, / Dont Apollon a bien grondé, / Car il aimait ce galant homme / Plus qu'un Normand n'aime la pomme…»
- La Muse coquette, quatrième partie, Paris, 1665, p. 220.
- Beys avait perdu un œil en 1653 au cours d'une débauche et portait un œil de verre. Voyez son « Épigramme sur un œil perdu » dans ses Œuvres poétiques, p. 64 : « Œil qui découvrais tout par de vifs ressorts, / Et qui d'aucun objet ne vois plus l'étendue, / Si l'on nomme les yeux sentinelles du corps, / On peut bien t'appeler sentinelle perdue. ».
- François Guénault (1618-1698), docteur-régent en la Faculté de médecine de Paris, médecin du prince de Condé, puis de la reine Marie-Thérèse, consultant de Louis XIII, Louis XIV et du cardinal Mazarin.
- « Charles Beys, gai poète et libertin », Revue d'histoire littéraire de la France, juillet-septembre 1964, p. 453.
- « Le Jaloux sans sujet », sur Gallica
- « L'Hospital des fous », sur bibliotheque-numerique.nimes.fr
- « Céline ou les Frères rivaux », sur Gallica
- « Les Triomphes des Louis le Juste », sur Gallica
- « Les Œuvres poetiques de Beys », sur Google Livres
- « Stances sur le départ », sur Gallica
- « Les Illustres fous », sur Gallica
- « Les Plaisirs troublez », sur Gallica
- Le texte donné sur Wikisource est celui d'une édition des années 1640, rééditée et annotée par Édouard Fournier, en 1859, dans le 9e volume de ses Variétés historiques et littéraires« Variétés historiques », sur Gallica. L'édition originale peut être consultée en ligne« Le Gouvernement présent », sur Gallica, ainsi que l'édition parue pendant la première Fronde« Le Tableau du gouvernement », sur Gallica, et la transcription très exacte, elle aussi annotée, que Tallemant des Réaux fit de ce libelle« Recueil de pièces de vers », sur Gallica.
- « L'Amant libéral », sur Gallica
- Sur l'attribution à Beys d'une partie de cette comédie de Guérin de Bouscal, voir José-Manuel Losada-Goya, Bibliographie critique de la littérature espagnole en France au XVIIe siècle, Genève, Droz, coll. "Travaux du Grand siècle", 1999, p. 152« Bibliographie critique », sur Google Livres.
- « La Comédie de chansons », sur Gallica
- Émile Roy l'attribue avec quelque vraisemblance à Charles Sorel. La Vie et les œuvres de Charles Sorel, sieur de Souvigny (1602-1674), Paris, 1891, p. 422« La Vie et les œuvres », sur Gallica.
- « Les Odes d'Horace en vers burlesques », sur Google Livres
- « Bibliothèque françoise », sur Gallica
- « Revue des questions historiques », sur Gallica
- « Ch. de Beys: Odes d'Horace », sur DigiZeitschriften
- « Bulletin français de la S.I.M. », sur Gallica
- « RHLF », sur Gallica
- « Un théâtre de l'homme », sur Baroque.revues.org
- « Subversive revisions », sur academia.edu
- « Variations », sur Persée.fr
- « Le Gouvernement présent », sur Google Livres
- « Françoise Poulet », sur Université François-Rabelais de Tours, CNRS/UMR 6576
- « Fou enfermé ou fou en liberté? », sur shakespeare.edel.univ-poitiers.fr
Articles connexes
Liens externes
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- Ressource relative à la santé :
- Céline ou Les Frères rivaux sur le site Théâtre classique.
- Les Illustres fous sur Gallica.
- La Comédie de chansons sur Gallica.