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Georges Forestier (professeur de littérature)

Georges Forestier, né le à Nice, est depuis 2020 professeur émérite de littérature française à la faculté des lettres de Sorbonne Université (anciennement l'université Paris-Sorbonne), où il a enseigné l'histoire du théâtre du XVIIe siècle[1] de 1995 à 2020.

Georges Forestier
Georges Forestier au festival Embaroquement immédiat de Valenciennes, en juillet 2021.
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Directeur de thèse
Jacques Morel (d)
Distinctions
Prix Château-de-Versailles du livre d'histoire (d) ()
Prix de la biographie de l'Académie française ()

Historien des formes littéraires et, à ce titre, spécialiste de dramaturgie, il a mis au point une méthode particulière d'analyse des textes dramatiques qu'il a nommée « génétique théâtrale », grâce à laquelle il a contribué à renouveler l'approche des grands dramaturges classiques comme Corneille, Racine et Molière.

Carrière universitaire

Georges Forestier est agrégé de lettres classiques, docteur en littérature française et docteur d'État (HDR)[2].

Il a été assistant à l'université de Coimbra au Portugal, professeur à l'IUFM de Rouen, maître de conférences puis professeur à l'université de Reims Champagne-Ardenne et ensuite à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, avant de devenir professeur à l'université Paris-Sorbonne en 1995[3], devenue au la faculté des lettres de Sorbonne Université. Il y a dirigé successivement le Centre de recherche sur l'histoire du théâtre (CRHT) et le Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF), une unité mixte de recherche CNRS/Sorbonne Université (UMR 8599)[4] - [5].

Il est depuis 2011 membre senior (honoraire depuis 2016) de l'Institut universitaire de France[2].

Il a fondé en 2017 — et préside depuis cette date — le Théâtre Molière Sorbonne[6].

Travaux et publications

Ses travaux d'édition portent principalement sur Racine et Molière (édition des œuvres complètes dans la Bibliothèque de la Pléiade, avec la collaboration notamment de Claude Bourqui)[7] - [8] - [9], mais aussi, de façon plus générale, sur le théâtre du XVIIe siècle[10]. Ses travaux de recherche incluent une dimension historique. On peut citer parmi ses principaux ouvrages[3] :

  • Le Théâtre dans le théâtre sur la scène française du XVIIe siècle, Genève, Droz, 1981
  • EsthĂ©tique de l'identitĂ© dans le théâtre français (1550-1680) : le dĂ©guisement et ses avatars, Genève, Droz, 1988
  • Passions tragiques et règles classiques : essai sur la tragĂ©die française, Paris, PUF, 2003

et des travaux sur Pierre Corneille qui font référence[3], dont :

  • Essai de gĂ©nĂ©tique théâtrale : Corneille Ă  l’œuvre, Paris, Klincksieck, 1996[11]
  • Corneille : le sens d’une dramaturgie, Paris, SEDES, 1998[12]

Il met (notamment) en valeur l'importance des travaux réflexifs de Corneille (examens, discours) et souligne la construction « à rebours » de ses tragédies[11] - [12].

De 1995 Ă  2006, il a consacrĂ© de très nombreuses recherches Ă  Jean Racine. Elles ont donnĂ© lieu Ă  la publication, en 1999, du tome I des Ĺ’uvres complètes de Racine (Théâtre et PoĂ©sies) dans la Bibliothèque de la PlĂ©iade (Gallimard) et, en 2006, Ă  celle d'une biographie intitulĂ©e Jean Racine dans la collection « Biographies/nrf »[9].

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, il consacre l'essentiel de ses recherches Ă  Molière. De 2006 Ă  2010, il dirige avec Claude Bourqui le Projet « Molière 21 »[13], qui dĂ©bouche en 2010 sur la crĂ©ation du site Internet Molière21[14] et sur la publication des Ĺ’uvres complètes de Molière dans la Bibliothèque de la PlĂ©iade. En 2011, il crĂ©e le site Molière auteur des Ĺ“uvres de Molière[15], oĂą il aborde la question de la paternitĂ© des Ĺ“uvres de Molière. Il y explique point par point que la thèse exposĂ©e en 1919 par le poète Pierre LouĂżs, selon laquelle Corneille aurait Ă©crit les meilleures pièces de Molière, ne repose sur aucun fondement. En , il fait paraĂ®tre une biographie de Molière, publiĂ©e elle aussi dans la collection « Biographies/nrf ».

Georges Forestier a fait de nombreuses interventions radiophoniques, et il est notamment intervenu Ă  l'invitation de France Inter mais aussi de France Culture dans plusieurs Ă©missions pour Ă©voquer ses publications[1], notamment :

  • en 2006 : Pierre Corneille (1606-1684)
  • en 2009 : Les pièces les plus cĂ©lèbres de Molière : « Le Misanthrope » ou La dialectique de l'ĂŞtre et du paraĂ®tre
  • en 2016 : Jean Racine, le camĂ©lĂ©on (1639-1699)
  • en 2017 : Molière : dramaturge doublĂ© de comĂ©dien

Sur France Inter, il est notamment intervenu dans La Marche de l'histoire de Jean Lebrun pour la semaine Molière[16].

Le Tartuffe en 3 actes

En 2010, Georges Forestier réalise une adaptation en 3 actes du Tartuffe d'après la pièce en 5 actes, afin de proposer ce qui lui semble être la version la plus proche possible du premier état de la comédie interdite par Louis XIV en mai 1664[10]. Cette adaptation est jouée en 2011 par les élèves de la classe Théâtre du lycée Montaigne, sous la direction d'Isabelle Grellet, et, à nouveau, en 2017-2018 par la troupe du Théâtre Molière Sorbonne créée par Georges Forestier pour cette occasion, toujours dans une mise en scène d'Isabelle Grellet.

Le texte est également repris en 2019-2020 par Nicolas Hocquenghem, notamment au Théâtre Antoine Vitez - scène d’Ivry[17]. Pour celui-ci, « le texte de Le Tartuffe ou l'hypocrite de 1664, dans la première version écrite par Molière, […] est plus dense, plus compact, sans concessions : comme une sublime provocation. C'est pour cela que j'ai retenu cette version quasi inédite, avec l'accord bienveillant de Georges Forestier qui l'a reconstruite[18]. »

L'adaptation de Forestier est publiée sous le titre Le Tartuffe ou l'hypocrite en 2021 aux éditions Portaparole, et c'est elle qui, pour l'année 2022, est choisie par la troupe de la Comédie-Française[10] - [19] - [20] pour célébrer le 400e anniversaire de la naissance de Molière. La première a lieu le 15 janvier 2022, date d'anniversaire du baptême de Molière, dans une mise en scène d'Ivo van Hove[21].

En octobre 2022, Georges Forestier attaque en justice la Comédie-Française et réclame des droits d’auteur pour ce Tartuffe, au motif qu’il en serait l’auteur-adaptateur[22] et que son travail d'adaptation n'aurait pas été reconnu.

MĂ©thodologie

Pour Georges Forestier, la mission principale des études littéraires consiste à se détacher de l'attitude normale du lecteur ou du spectateur (ressentir des émotions, et se livrer à des interprétations) pour tenter de pénétrer dans l'atelier de l'écrivain afin d'essayer de comprendre comment l'œuvre se fait et quel a pu être le cheminement de son auteur.

Selon lui, Corneille, par exemple, identifie dans un récit ancien non pas un ensemble d’éléments, mais un seul élément fondamental — le dénouement, qui est en même temps le sujet de l’œuvre — à partir duquel il reconstruit à rebours un enchaînement de causes et d’effets[11]. Il montre que si les tragédies de Corneille prennent souvent beaucoup de libertés avec leurs sources historiques, c’est à cause de ce principe de composition régressive : en ne retenant que le seul dénouement, elles reconstruisent à rebours à partir de lui une intrigue qui obéit à ses lois propres de cohérence et qui, partant, peut être parfaitement imaginaire[11].

Toujours selon Forestier, Molière, de son côté, se sert, pour construire ses pièces, de canevas préexistants dans la culture populaire tels que des fabliaux du Moyen Âge, ou des pièces de la commedia dell'arte. Il met ensuite en place des intrigues périphériques et adapte la pièce aux desiderata du roi, tout en cherchant à répondre aux critiques et aux risques de censure[10].

Ĺ’uvres

Ouvrages de recherche

  • Le Théâtre dans le théâtre sur la scène française du XVIIe siècle, Genève, Droz, 1981, 385 p.[23] ; 2e Ă©d. Droz, 1996
  • EsthĂ©tique de l'identitĂ© dans le théâtre français (1550-1680) : le dĂ©guisement et ses avatars, Genève, Droz, 1988, 670 p.[24]
  • Essai de gĂ©nĂ©tique théâtrale : Corneille Ă  l'Ĺ“uvre, Paris, Klincksieck, coll. « EsthĂ©tique », 1996, 396 p. ; 2e Ă©d. Genève, Droz, 2004
  • Corneille : le sens d’une dramaturgie, Paris, SEDES, 1998, 138 p.
  • Passions tragiques et règles classiques : essai sur la tragĂ©die française, Paris, PUF, 2003, 370 p. ; nouvelle Ă©d. revue La TragĂ©die française : passions tragiques et règles classiques, Paris, Armand Colin, coll. « U », 2010
  • Jean Racine, Paris, Gallimard, coll. « NRF Biographies », 2006, 940 p. (ISBN 2-07-075529-0)
  • Molière, Gallimard, coll. « NRF Biographies », 2018, 541 p. Prix Château de Versailles du livre d'histoire le .
    Grand prix de la biographie décerné par l'Académie française le .

Ouvrages de synthèse

  • Molière, Paris, Bordas, coll. « En toutes lettres », 1990, 192 p.
  • Introduction Ă  l'analyse des textes classiques : Ă©lĂ©ments de rhĂ©torique et de poĂ©tique du XVIIe siècle, Paris, Nathan, coll. « 128 », 1993, 128 p.

Éditions critiques

  • Brosse, Les Songes des hommes esveillez, comĂ©die (1646), Ă©d. critique, Paris, SociĂ©tĂ© des Textes français modernes, 1984, 228 p.
  • Boyer, Oropaste ou Le faux Tonaxare, tragĂ©die, Ă©d. critique en collab. avec Chr. Delmas, Genève, Droz, coll. « Textes littĂ©raires français », 1990, 213 p.
  • Corneille, Le Cid, Ă©d. critique des textes de 1637 et de 1660, Paris, SociĂ©tĂ© des Textes français modernes, 1992, 224 p.
  • Racine, Ĺ’uvres complètes. 1 : Théâtre et poĂ©sies, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la PlĂ©iade », 1999.
  • Georges Forestier et Claude Bourqui, Molière : Ĺ’uvres complètes, t. 1, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la PlĂ©iade », , 1 728 (ISBN 9782070117413, prĂ©sentation en ligne)
  • Georges Forestier et Claude Bourqui, Molière : Ĺ’uvres complètes, t. 2, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la PlĂ©iade », , 1 792 (ISBN 9782070117420, prĂ©sentation en ligne)

Adaptation originale

  • Molière, Le Tartuffe ou l'hypocrite, comĂ©die en trois actes restituĂ©e par Georges Forestier, Arles, Ă©ditions Portaparole, 2021, 120 p.

Notes et références

  1. « Georges Forestier : biographie, actualités et émissions France Culture », sur France Culture (consulté le ).
  2. « Forestier », sur obvil.sorbonne-universite.site (consulté le ).
  3. « http://lettres.sorbonne-universite.fr/article/georges-forestier », sur lettres.sorbonne-universite.fr (consulté le ).
  4. « CNRS - Institut des Sciences humaines et sociales », sur cnrs.fr (consulté le ).
  5. « Forestier, Georges (1951-....) », sur Canal-U.
  6. Suzanne Gervais, « À la Sorbonne, une troupe d’étudiants fait revivre le théâtre comme à l’époque de Molière », France Musique,‎ (lire en ligne).
  7. Jean-Louis Jeannelle, « Molière à l’œuvre sous le regard de l’historien Georges Forestier », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  8. Alice Develey, « Que savez-vous vraiment de Molière ? », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  9. Claude Habib, « La vérité sur Racine », L'Express,‎ (lire en ligne).
  10. Anne Diatkine, « “Tartuffe” de Molière : “Cette version n’existait plus, mais je l’ai refabriquée grâce à la génétique littéraire” », Libération,‎ (lire en ligne).
  11. Roger Zuber, « Essai de génétique théâtrale, Corneille à l'œuvre by Georges Forestier. Review », Revue d'histoire littéraire de la France, no 6,‎ , p. 1181-1183 (lire en ligne).
  12. (en) Harriet Allentuch, « Corneille : le sens d'une dramaturgie by Georges Forestier. Review », The French Review, vol. 74, no 2,‎ , p. 365–67 (lire en ligne).
  13. Base de donnée « Molière 21 ».
  14. Voir sur moliere.huma-num.fr.
  15. Voir sur moliere-corneille.huma-num.fr.
  16. Du lundi 29 décembre 2014 au vendredi 2 janvier 2015.
  17. « Dom Juan et Le Tartuffe de Molière, mise en scène de Nicolas Hocquenghem » sur journal-laterrasse.fr.
  18. Voir sur billetreduc.com.
  19. Albane Harmange, « Le Tartuffe interdit par Louis XIV joué pour la première fois à la Maison de Molière », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  20. Philippe Chevilley, « Le “Tartuffe” à l'encre noire d'Ivo van Hove », Les Échos,‎ (lire en ligne).
  21. Brigitte Salino, « La folle aventure du Tartuffe de Molière », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  22. Brigitte Salino, « Bataille juridique autour du Tartuffe de la Comédie-Francaise », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  23. Version remaniée de sa thèse de 3e cycle.
  24. Version remaniée de sa thèse de doctorat d'État.

Liens externes

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