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Char Ă  voile

Un char à voile est un véhicule à roues propulsé par une voile. Par métonymie, ce terme désigne aussi le sport et l'activité vélique de loisir qui consiste à conduire cet engin. Il est pratiqué sur les grandes plages de sable et quelquefois dans les terres.

Chars Ă  voile sur la plage de Quend, en baie de Somme.
Il existe un équivalent du char à voile qui se pratique sur les lacs ou cours d'eau gelés (ici en Allemagne, sur le Müggelsee gelé, en 1928)
Le char à voile de Simon Stevin, au début du XVIIe siècle
L'aviateur Louis Blériot sur son aéroplage, ancêtre du char a voile, Hardelot-Plage.
Alignement de chars Ă  voile sur la plage de Cabourg.
Char Ă  voile en Normandie.
Championnat d'Europe 2022 Ă  Sainte-CĂ©cile.

Historique

La première utilisation connue du char Ă  voile est attestĂ©e en Égypte antique, oĂą il est apparemment construit pour transporter des matĂ©riaux et se dĂ©placer rapidement. Les Chinois ont des chariots poussĂ©s par le vent depuis le VIe siècle sous la dynastie Liang, puis ont montĂ© des mâts et des voiles sur de grandes brouettes. L'ingĂ©nieur Simon Stevin rĂ©invente le concept en Hollande Ă  la fin du XVIe siècle en construisant un navire sur roue qui transporta vingt-huit personnes sur 75 km Ă  une vitesse moyenne de 37 km/h entre SchĂ©veningue et Petten sur les plages de la mer du Nord. Cette invention est ensuite utilisĂ©e Ă  des fins utilitaires de transport de matĂ©riaux et pour se dĂ©placer rapidement. La pratique ludique remonte Ă  1898. On la doit aux frères Benjamin et François Dumont (fils de l'architecte Albert Dumont, urbaniste de La Panne), en Belgique, Ă  Coxyde, qui fabriquent les premiers chars Ă  voile destinĂ©s spĂ©cifiquement Ă  une utilisation ludique et sportive. Dès 1905, le char Ă  voile sort des frontières de la Belgique et s'invite sur les plages du Nord de la France, Hardelot-Plage, Paris-Plage, Berck. La première compĂ©tition officielle se dĂ©roule en Belgique en 1909 Ă  La Panne. Louis BlĂ©riot qui possède une villa Ă  Hardelot, s’intĂ©resse Ă  cet engin et construit son propre modèle, il atteint par grand vent la vitesse de 100 km/h. Devant l'engouement suscitĂ© par son engin, il le fait fabriquer en sĂ©rie dans ses usines et le nomme « aĂ©roplage ». La Première Guerre mondiale voit l’arrĂŞt brutal, presque fatal de la pratique de l’aĂ©roplage. Il faut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour que l’on ressorte les vieux engins et qu’on les remette au goĂ»t du jour. Ainsi, entre 1947 et 1950 avec Henri Demoury, meunier Ă  Fère-en-Tardenois, le char Ă  voile connaĂ®t une Ă©volution importante lui faisant prendre un tour plus compĂ©titif (toujours sous le nom d'aĂ©roplage…)[1] - [2].

TraversĂ©e du dĂ©sert en char Ă  voile : la première traversĂ©e du dĂ©sert organisĂ©e par le colonel du Boucher (Mauritanie/SĂ©nĂ©gal) a lieu en 1967, Monique Gimel Debreucq, championne d’Europe classe 1 en 1967 a Ă©tĂ© la seule femme de l'expĂ©dition ; Ă  la suite de ce raid, Monique est sollicitĂ©e par l'Organisme de coopĂ©ration industrielle (OCI) pour un projet d’implantation touristique hĂ´telière oĂą le char Ă  voile aurait Ă©tĂ© la distraction des touristes, ainsi au cours d'une de ses missions l'amenant vers El GolĂ©a, Monique a eu l'idĂ©e d'organiser une seconde aventure en char Ă  voile dans le dĂ©sert : une compĂ©tition sur 500 km nommĂ©e « la croisière des oasis ». Elle en fait la reconnaissance terrain et la course a lieu Ă  Pâques 1969 avec douze chars Ă  voile identiques rĂ©alisĂ©s pour l’occasion par le constructeur Henri Demoury du Touquet-Paris-Plage. Cette mĂŞme annĂ©e Monique Gimel est Ă  nouveau championne d'Europe en classe 1 Ă  Cherrueix en baie du Mont-Saint-Michel, la transmission tĂ©lĂ©visuelle en direct est alors animĂ©e par Michel Drucker.

Christian Nau fait partie de l’équipée ; il a également réalisé une traversée en solitaire de Zouerate à Dakar en char à voile (de taille classe 2) en 1972.

Les premiers clubs apparaissent sur les plages du Nord de la France dans les années 1950. La Fédération française de char à voile apparait en 1964. Elle reconnaît en 1979 une discipline proche, le speed sail. Chaque année une rencontre internationale se déroule dans chacune des régions près de la mer ou autres emplacements convenables pour faire du mini-char à voile.

Description

Structure

Le char à voile se compose de deux éléments :

  • le châssis, composĂ© d'une coque oĂą l'on s'installe (assis ou allongĂ©), d'un palonnier pour faire pivoter la roue avant avec les pieds, de deux roues arrière avec essieux, d'une roue avant ;
  • le grĂ©ement, composĂ© d'un mât qui se pose sur l'avant du châssis, une voile composĂ©e de lattes en rĂ©sine et fibre de verre pour maintenir la voile horizontalement, d'une Ă©coute (un cordage Ă©pais qui permet d'orienter la voile) et d'une bĂ´me en mĂ©tal pour faire la liaison entre l'Ă©coute et la voile.

Fonctionnement

Le vent ne fait pas que pousser la voile. Le vent passe des deux côtés de la voile, pour pousser d'un côté (intrados) et aspirer de l'autre (extrados). L'aspiration est deux fois plus importante que la pression. Ceci met en évidence l'importance de l'orientation de la voile par rapport au vent.

Un angle trop important entre la voile et le vent engendre un décrochage des filets d'air. La succion sur l'extrados est alors quasi inexistante, la poussée vélique est beaucoup plus faible, le char roule lentement ou s'arrête.

L'angle idéal permet aux filets d'air de coller à la voile des deux côtés (couche limite accrochée à la voile), générant ainsi une force de pression plus une force de succion.

Deux repères visuels sont utilisables :

  • une girouette qui permet d'estimer l'angle qu'elle forme avec la voile ;
  • des pennons placĂ©s de chaque cĂ´tĂ© de la voile sur une surface transparente :
    • pennon vertical = couche limite dĂ©crochĂ©e (pas ou peu de poussĂ©e vĂ©lique) ;
    • pennon horizontal = Ă©coulement accrochĂ© (bon rĂ©glage, poussĂ©e vĂ©lique maximale).

Pour maintenir une propulsion maximale, il faut que la poussée vélique soit la plus forte possible, l'écoulement doit être accroché à la voile (pennons horizontaux) aussi bien sur l'extrados que sur l'intrados. Le réglage de voile est donc primordial (voir les articles Effort sur une voile et Théorie du déplacement d'un mobile à voile contre le vent pour des approches théoriques tant de la poussée vélique maximale que de la composante propulsive maximale).

Manœuvres et règles de sécurité

Le char à voile permet d'atteindre des vitesses élevées. Le port d'un casque est de ce fait recommandé, surtout pour les débutants car le char pourrait être emporté par le vent et l'on peut se blesser.

Il existe des règles de croisement et d'évitement :

  • lorsque les chars Ă  voile sont face Ă  face, il faut se dĂ©porter vers la droite chacun de son cĂ´tĂ© ;
  • un char Ă  voile qui arrive de la droite est toujours prioritaire, il faut ralentir pour le laisser passer ou changer de direction ;
  • lors d'un dĂ©passement, le char dĂ©passĂ© ne doit pas ĂŞtre gĂŞnĂ©. Par contre le char qui dĂ©passe doit gĂ©rer le dĂ©passement.

Pratique

Lieux

Le char Ă  voile se pratique dans plusieurs pays :

  • en France sur les plages de la CĂ´te d'Opale, de la cĂ´te picarde, en Normandie, en Bretagne, en Loire Atlantique ou en VendĂ©e, en Gironde et sur quelques plages mĂ©diterranĂ©ennes
  • en Belgique ;
  • en Allemagne sur les plages de St. Peter Ording (Nordfriesland), et sur les Ă®les de Juist, Borkum, Norderney et Langeoog ;
  • au Royaume-Uni ;
  • aux Pays-Bas ;
  • aux États-Unis sur les grands lacs salĂ©s.

Compétitions

Les classes

Pour les compétitions, les chars à voile sont classés en fonction de leurs caractéristiques techniques.

Liste des classes et de leurs principales caractéristiques (pour plus de précisions, des liens en bas de cet article permettent d'accéder aux sites internet des fédérations sportives concernées) :

  • Mini4 : largeur environ 170 cm; constituĂ© d'un châssis tubulaire, il est utilisĂ© pour l'initiation ou la compĂ©tition des jeunes entre 11 et 15ans ;
  • Classe 2 : largeur supĂ©rieure Ă  3,65 m, longueur de la coque supĂ©rieure Ă  4,15 m, surface propulsive comprise entre 8 et 11,3 m2 ;
  • Classe 3 : largeur infĂ©rieure Ă  3,50 m, empattement maximum de 3,80 m, longueur maximale du mât de 6,10 m, surface propulsive maximale de 7,35 m2, poids minimum de 100 kg ;
  • Classe Standart' : Monotype international, largeur infĂ©rieure Ă  2,64 m, longueur totale de 4,12 m, longueur du mât : 5,45 m, surface propulsive maximale de 5,80 m2, poids minimum de 75 kg ;
  • Classe 5 : largeur infĂ©rieure Ă  m, empattement maximum de 2,50 m, sommet du mât Ă  moins de 5,50 m de hauteur, surface propulsive maximale de 5,50 m2, poids minimum de 50 kg ;
  • Classe Promo : largeur infĂ©rieure Ă  m, empattement maximum de 2,50 m, sommet du mât Ă  moins de 5,50 m de hauteur, surface propulsive maximale de 5,50 m2, poids minimum de 50 kg. La diffĂ©rence par rapport Ă  la classe 5 se faisant sur des dĂ©tails ;
  • Classe 7 : elle comprend toutes les machines se pilotant debout et sur lesquelles le grĂ©ement est tenu par le pilote ;
  • Classe 8 : elle correspond Ă  des chars Ă  cerfs-volants. Le cerf-volant ne pouvant pas ĂŞtre fixĂ© au char.
  • Classe BK : elle correspond Ă  des chars Ă  voile de la marque Blokart.

Championnats du monde

Les championnats du monde sont répartis en six catégories : classes 2, 3, 5, 8, Standart et Promo.

  • Brice Petit, France : champion du Monde 1998, 2002, 2014 et plusieurs fois champion d'Europe en classe 5 sport.
  • Georges Ameele, Belgique : 3 fois champion du monde Classe 2 entre 1981 et 1997
  • Vivian Ellis, Angleterre : 1 fois championne du monde entre 1981 et 1986, 10 fois championne d'Europe (1978 Ă  1982, 1987 Ă  1991)
  • Jean-Philippe Krischer, Belgique, rĂ©sident Français et coureur AmĂ©ricain : champion du monde et plusieurs fois champion d'Europe entre 1984 et 1988, entre 1992 et entre 1997, en classe 5 principalement, une fois en classe 3 en 1994 une fois en classe Standart' 1996, et vainqueur des championnats d'Europe 2015 en classe Mini-Yachts (fondateur de l'entreprise Chars Ă  Voile SEAGULL)
  • Christine Touati : France, championne du Monde en Classe 5 en 1987 et 4 fois championne d'Europe entre 1984 et 1988 et championne du Monde en 2014.en classe "Mini-Yacht" appelĂ© en France "Kart Ă  voile 5.6" nouvelle classe qui a dĂ©butĂ© en 2012
  • Marie Clouet, France : Championne du Monde en 2012 en classe "Mini-Yacht".
  • Paula Leah, Angleterre : 6 fois championne du monde entre 1994 et 1999, 5 fois championne d'Europe (1995 Ă  1999)
  • Paul Ganier, France, catĂ©gorie Standart :
    • 1995 : champion d'Europe,
    • 1996 : vice-champion d'Europe,
    • 1998 : champion du monde,
    • 2000 : mĂ©daille de bronze aux championnats du monde.
  • François Garnavault, France, catĂ©gorie Standart :
    • 2006-2008 mĂ©daille de bronze au championnat du Monde
    • 2007 champion d'Europe
    • 2010 vice-champion du Monde
    • 2011 vice-champion d'Europe
    • 2012 champion du Monde
  • Thierry Kaisin, Belgique, catĂ©gorie Standart :
    • champion du monde 2014 et champion d'Europe 2015
    • 2013 vice-champion d'Europe
    • 2014 champion du monde
  • Morgane Floc'h : vice-championne d'Europe en 2009 en promo ; en classe Standart vice-championne d'Europe 2016 et championne d'Europe 2017, championne du Monde en 2012, 2014, et 2018
  • les frères Henri et Pascal Demuysere, Belgique : champions du monde et Europe 16 fois entre 1980 et 2014, multiples champions du monde et d'Europe par Ă©quipe
  • Olivier Imbert, France, champion d'Europe 2009 et du monde 2010 en classe 3
  • Les frères AurĂ©lien et Alban Morandière, France, respectivement en 2006, 2010, 2014 et 2018, en classe 5. (fondateurs des chars Ă  voile de compĂ©tition AMX)
  • Hugo Perron, France,

En classe 2 : champion d'Europe 2011, 2016 et du monde 2012 en individuel et en Ă©quipe, 3e au championnat d'Europe en individuel et 1er en Ă©quipe en 2022 et champion de France en 2022. En classe 3 : Vice champion de France par Ă©quipe.

Records

  • Vitesse :
    • En 1989, Jean-Christophe Villedieu Ă©tablit le record mondial de vitesse sur l'autoroute A13 Ă  85,55 km/h.
    • En 1991, Bertrand Lambert bat le record Ă  Berck (Pas-de-Calais) en atteignant 151,55 km/h. Il dĂ©tient toujours le record sur sable.
    • Le , Tadeg Normand bat le record du monde Ă  la vitesse de 151,9 km/h.
    • Le , le Greenbird atteint la vitesse de 202,9 km/h, conduit par l'ingĂ©nieur britannique Richard Jenkins sur le lac d'Ivanpah aux États-Unis[3].
    • Le , l'Horonuku de l'Emirates Team New Zealand bat le record Ă  222,4 km/h, conduit par Glenn Ashby sur le lac Gairdner, en Australie[4].
  • Distance :
    • , Virginie Parenty, Anne-Marie QuĂŞtu et Anita Vermeulen battent le record du monde de distance en 24h00 en classe 3 avec 1 314,75 km sur la plage de Marck, battant ainsi le record masculin dĂ©tenu depuis plus de 17 ans (1 299 km)
    • , Christophe Lefebvre, Bernard Morel et Jean-Claude Morel Ă©tablissent le record du monde de distance en 24h00 en classe 2 avec 1 521,66 km sur la plage de Marck.
    • - : Le comĂ©dien Capitaine RĂ©mi rĂ©alise en six jours un Paris - Nantes en char Ă  voile (480 kilomètres). Du Parc des Princes (Paris) au stade de la Beaujoire (Nantes)[5].

Pour approfondir

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

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