Château du Louvre
Le château du Louvre était un château fort construit par le roi Philippe-Auguste entre 1190 et 1202 pour renforcer lʼenceinte quʼil avait construite autour de Paris pour protéger la ville. Il a été démoli par étapes pour laisser la place au palais du Louvre.
Louvre | |
Gravure figurant le Louvre à la fin du XIIe siècle, réalisée vers 1800. | |
Période ou style | Médiéval |
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DĂ©but construction | 1190 |
Fin construction | 1202 |
Propriétaire initial | Roi de France |
Destination initiale | DĂ©fense de la ville de Paris |
Destination actuelle | détruit |
Coordonnées | 48° 51′ 37″ nord, 2° 20′ 17″ est |
Pays | France |
RĂ©gion historique | ĂŽle-de-France |
Localité | Paris |
La seigneurie
Le Louvre était le siège de la capitainerie, juridiction sur la chasse et de la louveterie ressortant directement du Conseil du roi[1], ainsi que plus généralement le siège de la vicomté de Paris.
La forteresse
Avant son départ pour la troisième croisade en 1190, Philippe Auguste veut protéger Paris sa capitale, notamment vis-à -vis des Anglais avec qui il a été longtemps en conflit. Il veut aussi disposer d'un emplacement sûr pour son trésor, ainsi que pour ses archives qu'il avait perdues à la bataille de Fréteval (1194) contre Richard Cœur de Lion et qu'il avait reconstituées depuis.
Il fait bâtir l'enceinte qui porte son nom autour de Paris. De 1190 à 1209 sur la rive droite, de 1200 à 1215 sur la rive gauche moins exposée. Le château du Louvre se situe à l'ouest, du côté le plus exposé car les Anglais occupent la Normandie à moins de 100 kilomètres. C'est également de l'aval de la Seine qu'est venue l'invasion des Normands de 845 qui ont failli s'emparer de la ville[2].
Le château est composé d'une forteresse de plan approximativement carré (78 × 72 mètres), entourée d'un fossé[note 1] d'une dizaine de mètres de large alimenté par l'eau de la Seine toute proche. Le mur du côté ouest, donnant sur la campagne et jugé le plus exposé, est le plus épais et sans porte. Le périmètre est renforcé par dix tours de défense, notamment aux angles. Il existe deux portes, la principale au sud et une plus petite à l'est. Elles sont protégées par un pont-levis et encadrées par deux tours jumelles. Deux bâtiments abritant les garnisons et les arsenaux sont accolés à l'extérieur du mur d'enceinte, à l'ouest et au sud de la cour centrale. Les tours ne sont pas éloignées de plus de 25 mètres, distance correspondant à la portée efficace d'un arc. Elles sont percées d'archères à ébrasement simples pour assurer la couverture des remparts[2] - [4] - [5].
L'ensemble des courtines et des murs possède des bases légèrement talutées, avec l'objectif de gêner les tentatives de sape et de faciliter le rebond des projectiles jetés depuis les sommets[4].
Au centre de la cour se trouve un donjon ou Grosse tour construit en 1200. Il est circulaire de 15,6 mètres de diamètre avec une épaisseur de mur de 4,25 mètres à sa base, et une hauteur de 30 mètres. Il est entouré d'un fossé de 9 mètres de large et 6 mètres de profondeur. Ce fossé est sec (non inondé), pavé de grosses pierres irrégulières. Il se franchit par un pont-levis. Les volumes intérieurs sont voutés en pierre pour limiter les risques d'incendie. Le donjon a un toit conique en ardoise au-dessus des mâchicoulis. Il dispose d'un puits et d'une grande citerne pour supporter un long siège[2] - [5] - [6].
Philippe Auguste avait choisi par expérience de construire un donjon rond et non pas carré ou rectangulaire pour des raisons militaires. En effet, les pionniers ennemis pouvaient plus facilement réaliser un travail de sape sur chaque côté d'un angle d'une tour carrée que sur la paroi d'une tour de plan circulaire[7].
Le donjon avait une fonction initialement militaire (ultime refuge du roi), mais il abrita essentiellement les archives et le trésor royal sans doute jusqu'à Philippe le Bel[8]. Il servit également de prison au XIIIe et XIVe siècles. Le comte Ferrand de Flandre, vaincu et capturé à la bataille de Bouvines en 1214, y a été enfermé treize ans[6].
Les travaux prennent fin en 1202.
Le château est le prototype de ce qui sera appelé l'architecture philippienne.
La résidence royale
Sous Saint Louis, le château est agrandi ; de nouvelles salles sans réel but défensif sont construites, comme la salle Saint-Louis (1230-1240).
À l'époque du roi Charles V, qui règne de 1364 à 1380, Paris s'est étendu largement au-delà de l'enceinte de Philippe Auguste. Le roi fait construire une nouvelle enceinte qui englobe ces nouveaux quartiers, ainsi que le château du Louvre qui perd donc une grande partie de son intérêt militaire. Le roi peut alors sacrifier certains dispositifs militaires du château pour le rendre plus habitable, tout en disposant d'une résidence royale sûre, notamment après avoir été menacé à l'intérieur du palais de la Cité lors de la révolte du 22 février 1358 menée par le prévôt des marchands Étienne Marcel.
L'architecte Raymond du Temple effectue d'importants travaux entre 1360 et 1371. Il conserve les maçonneries des murailles mais il les perce de nombreuses fenêtres pour éclairer les intérieurs[9]. Les couvertures sont transformées en véritables toitures et richement ornées avec la création de cheminées. Le donjon est réaménagé et percé de huit grandes fenêtres à chaque étage. Les logis sont modifiés pour avoir une hauteur de quatre étages. En plus des deux logis existants à l'ouest et au sud, deux nouveaux sont créés à l'est et au nord[10].
Des escaliers à vis sont construits dans les angles pour atteindre plus facilement les différents étages. Sur l'aile nord, un escalier monumental, la Grande vis du Louvre, fait l'admiration des visiteurs : haut de vingt mètres, il est richement orné de sculptures dont deux représentant le roi et la reine[10].
Au nord du château, le roi fait aménager des jardins, et à l'ouest fait construire des communs pour libérer des espaces à l'intérieur du château[10].
Le roi Charles V fait aussi construire la première bibliothèque royale en transformant la tour nord-ouest (ou tour de la Fauconnerie) en tour de la Librairie qui contient neuf cents manuscrits.
Les miniatures du manuscrit des Très Riches Heures du duc de Berry montrent le château du Louvre à cette époque. Elles permettent de se faire une idée de l'aspect général de la forteresse, même si à cette époque on a procédé à des aménagements esthétiques ou de confort au détriment des préoccupations militaires[2].
Pendant la guerre de Cent Ans, les anglais commandés par Henri V d'Angleterre alliés aux bourguignons maîtres de Paris entrent dans la ville le et occupent sans combat le château du Louvre. Ils trouvent la ville ruinée par la guerre civile et la disette. Ils y resteront jusqu'en 1436.
Une démolition progressive pour laisser place à la Cour carrée
En 1525, François Ier, subit la défaite de Pavie. Pendant sa captivité, la Cour s'immisce par l'usage de son droit de remontrance, la faculté de théologie et le Parlement de Paris manifestent une certaine autonomie. Le roi tient un lit de justice les , et au cours duquel il manifeste son autorité et décide de reprendre en main son royaume en faisant du Louvre sa principale résidence parisienne[11]. Symbole de son autorité, il fait abattre le donjon en 1528 pour construire un palais à l'italienne[5]. En 1546, il confie à l'architecte Pierre Lescot le projet de construction d'un palais moderne dans l'esprit de la Renaissance avec un grand corps d'hôtel et des salles d'apparat. Après la mort du roi (1547), son fils Henri II fait continuer les travaux par Pierre Lescot. Il fait détruire le mur ouest (de à ) pour construire notamment la salle de bal, ainsi que le mur sud pour édifier le pavillon du roi (1553-1556) abritant les appartements royaux et la petite galerie.
Après la mort d'Henri II, Catherine de Médicis poursuit les aménagements de l'aile sud pour ses appartements.
Sous Charles IX et Henri III, le Louvre devient l'espace du pouvoir monarchique, un lieu de divertissements et le théâtre d'événements historiques (comme le mariage du futur roi Henri IV avec Marguerite de Valois qui débouche, en 1572, sur le massacre de la Saint-Barthélemy).
À partir de 1564, la reine Catherine de Médicis privilégie la construction du nouveau palais des Tuileries et l'établissement d'un grand jardin d'agrément.
Henri IV fait disparaitre les éléments restants du côté sud, dont le fossé, pour édifier la Grande Galerie ou galerie du bord de l'eau reliant le Louvre au palais des Tuileries et achevée en 1610. Il commence aussi la construction d'une cour carrée sur la base de l'aile Lescot déjà édifiée. La surface est multipliée par quatre par rapport à celle de la cour médiévale. Il fait aussi détruire des constructions entre les deux palais. Ce projet, appelé le « Grand Dessein », a également une fonction militaire : en établissant un cheminement couvert entre le Louvre intra-muros et les Tuileries à l'extérieur des remparts de la ville, Henri IV se ménage une galerie qui lui permet de rejoindre la Grande Écurie pour fuir à cheval en cas d'émeute[12].
Pour asseoir son pouvoir, le , le jeune Louis XIII fait assassiner Concino Concini le favori de la régente Marie de Médicis, sa mère, dans la porte d'accès du château à la ville.
Louis XIII fait démolir la partie nord de l'enceinte médiévale afin de prolonger l'aile Lescot dans cette direction dans un souci de symétrie. Louis XIV fait de même sur la partie est pour permettre la construction de la colonnade du Louvre.
Les vestiges du Louvre médiéval
Lors de travaux au XIXe siècle, il s'est avéré que le donjon et deux des quatre murailles avaient simplement été rasés et les fossés comblés lors de la destruction du château en vue de la construction du palais du Louvre.
Lors de la construction du Grand Louvre, les bases du donjon et de ces deux murailles ont été dégagées. Une campagne de fouilles importantes a permis de retrouver des centaines d'objets de la vie quotidienne. Elles sont maintenant accessibles au public dans les collections du Louvre médiéval, ainsi que la salle basse (dite aujourd'hui salle Saint-Louis) et ces objets de la vie quotidienne retrouvés lors des fouilles (petits jeux, cruches, flacons, etc.)
Notes et références
Notes
- Les fossés étaient régulièrement curés et les poissons qu'ils contenaient étaient vendus au profit du Trésor royal[3].
Références
- .
- « Le Louvre de Philippe Auguste », sur chrisagde.free.fr (consulté le ).
- Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 90.
- « Chateau du Louvre, XIIe, XIVe siècle - Description. », sur richesheures.net (consulté le ).
- « Paris à l'époque de Philippe Auguste, Le Louvre de Philippe Auguste », sur philippe-auguste.com (consulté le ).
- « La Grosse Tour, premier donjon de Paris », sur templedeparis.fr (consulté le ).
- « Donjon », sur patrimoine-de-france.com (consulté le ).
- André Châtelain, Châteaux forts et féodalité en Île de France, du XIe au XIIIe siècle, Éditions Créer, , p. 147.
- Pierre Rosenberg, Dictionnaire amoureux du Louvre, Plon, , p. 47.
- Daniel Soulié, Le Louvre pour les nuls (Vulgarisation historique), Paris, First Editions, coll. « Pour les nuls », , 444 p. (ISBN 978-2-7540-1404-5), chap. 4 (« Le Louvre au Moyen-Âge »), p. 48.
- La Naissance de la souveraineté nationale, Archives Nationales, , p. 86.
- Le Grand Louvre, Electa Moniteur, , p. 9.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Pierre Babelon, D'un fossé à l'autre. Vingt ans de recherches sur le Louvre, dans Revue de l'Art, 1987, tome 78, no 1, p. 5-25 (lire en ligne)
- Mary Whiteley, Le Louvre de Charles V : dispositions et fonctions d'une résidence royale, dans Revue de l'Art, 1992, tome 97, no 1, p. 60-71 (lire en ligne).
- Monique Chatenet, Le logis de François Ier au Louvre, dans Revue de l'Art, 1992, tome 97, no 1, p. 72-75 (lire en ligne).
- Michel Fleury et Venceslas Kruta, Le Château du Louvre, Paris, 1991.
- Denis Hayot, Une nouvelle vision du rapport entre le Louvre et l’enceinte de Philippe Auguste à Paris, dans Bulletin monumental, 2013, tome 171, no 1, p. 3-10 (lire en ligne).