Château de Saint-Denis-en-Bugey
Le château de Saint-Denis-en-Bugey est un ancien château fort, du XIIIe siècle, centre de la seigneurie de Saint-Denis puis de la baronnie de Saint-Denis-le-Chosson, qui se dresse sur la commune de Saint-Denis-en-Bugey dans le département de l'Ain, en région Auvergne-Rhône-Alpes et dont il ne subsiste essentiellement que le donjon carré restauré[3].
Château de Saint-Denis-en-Bugey | |
Période ou style | Médiéval |
---|---|
Type | Château fort |
Début construction | XIIIe siècle |
Destination initiale | RĂ©sidence seigneuriale |
Propriétaire actuel | Commune de Saint-Denis-en-Bugey |
Protection | Classé MH (1899)[1] |
Coordonnées | 45° 56′ 57″ nord, 5° 20′ 02″ est[2] |
Pays | France |
RĂ©gion | Auvergne-RhĂ´ne-Alpes |
DĂ©partement | Ain |
Commune | Saint-Denis-en-Bugey |
La tour fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par arrêté du [1].
Situation
Les vestiges du château de Saint-Denis-en-Bugey sont situés dans le département français de l'Ain sur la commune de Saint-Denis-en-Bugey, au sommet d'un coteau d'une colline alluviale, à 335 mètres d'altitude, contrôlant l'entrée de la cluse de l'Albarine, avec le Château de Saint-Germain (Ain), empruntée par des commerçants et visée par la politique expansionniste des Comtes de Savoie .
Histoire
Il existait, dès la plus haute antiquité, un ouvrage fortifié sur la colline où se trouvent les restes du château. Près du château et sur plusieurs points de la commune, on a recueilli, à diverses époques, des médailles et des objets gallo-romains.
La présence d'un ancien château est attesté en 1032.
Pendant longtemps, les historiens ont considéré que l'édifice, du XIIe siècle, construit par les seigneurs de Coligny, comprenait cinq grosses bastides reliées par d’énormes remparts[4]. Or, l'archéologie moderne a démontré qu'il s'agissait d'une modeste forteresse militaire, d'abord de terre et de bois au XIIIe siècle puis, à partir de 1326, d'une bâtie en pierre, constituée d'une unique tour carrée et d'une enceinte quadrangulaire[5].
Avant le conflit delphino-savoyard
La forteresse de Pont de Chausson appartenait, avant le XIVe siècle, au sires de Coligny, qui contrôlaient la vallée de l'Ain.
Pendant le conflit delphino-savoyard
La seigneurie de Saint-Denis était au début du XIVe siècle[6] la possession des dauphins de Viennois, qui la tenaient très probablement des seigneurs de Coligny.
À la suite de la bataille de Varey , la bâtie est détruite par les troupes savoyardes du comte Édouard de Savoie. Elle sera reconstruite en 1326 par le Dauphin Guigues VIII de Viennois.
En 1349, elle est aux mains du roi de France, à la suite de la cession du Dauphiné. Philippe VI, par le traité d'échange du , la cède aux comtes de Savoie[7]. Après le traité de Paris, qui met définitivement un terme au conflit delphino-savoyard, la forteresse devenue savoyarde, est inféodée à une succession de vassaux.
Après le conflit delphino-savoyard
Le [6], le comte Vert, Amédée VI de Savoie l'inféode à Girard d'Estrées, chancelier de Savoie, qui la vend à Hugues, seigneur de Grammont, lequel la vend, le [6], à Pierre de Gerbais, seigneur de Châteauneuf en Valromey (Songieu). Le [6], Pierre de Gerbais la rend au comte de Savoie, qui l'inféode de nouveau, à Étienne, bâtard de la Baume, chevalier décoré de l'Ordre du Collier, amiral et maréchal de Savoie et à ses enfants mâles, seulement. N'ayant eu que deux filles, une dame de Saleneuve et l'autre dame de Gerbais, la terre retourne à la maison de Savoie.
Alexandre de Saleneuve, après avoir fait résilier la vente consentie à Antoine de Cordon, écuyer, seigneur de Pluvy, premier baron de Saint-Denis, l’aliène, le [6], à Charlotte d'Orléans, duchesse de Nemours, qui la cède le même jour, à André de Bignins, écuyer. Louise d'Inteville, veuve et héritière de ce dernier, la vend, le [6], à Jacques de Savoie, duc de Nemours. Jacques de Savoie la revend, le [6], à Nicolas du Pré, auquel succédèrent d'abord les de Bachod, seigneurs de la Verdatière, puis Claude de la Cou de Chenavel, abbé d'Ambronay.
Lancelot de Pougny, seigneur de Génissiat, l'acheta des héritiers de Claude de La Cou et la lègue à François d'Oncieu (famille d'Oncieu), son petit neveu, fils ainé de Janus d'Oncieu, chevalier, seigneur de Cognac, premier président au Sénat de Savoie, qui en reprend le fief en 1655[6] et devint baron de Saint-Denis. François-Antoine d'Oncieu l'aliène, le [6], en faveur de Claude Le Clerc, écuyer, seigneur de Nicudey, dont le fils en reprend le fief en 1777[6].
La baronnie de Saint-Denis-le-Chosson est dans la famille de Murat de Lestang, lors de la convocation des États-Généraux.
Description
Il ne reste qu'une tour du château, qui fut ruiné par les troupes de Biron, vers 1600, lors de la conquête de la Bresse et du Bugey.
Analyse du site
La tour possèderait trois étages. Une disposition très classique dans l'architecture des donjons du XIVe siècle. Une maquette, présente au château des Allymes, réalisée par l'association des Amis de Saint-Germain et son château, montre les différentes fonctions de ces salles : le larderius au rez-de-chaussée, une pièce borgne où l'on stockait les denrées alimentaires, la magna aula, au deuxième étage, où le seigneur assoit son pouvoir, et la camera au dernier étage où vivait le seigneur de la construction militaire.
La porte au rez-de-chaussée est donc postérieure à la construction de la bâtie en pierre de 1326[8].
- Deux courtines partent de la tour mais une seule d'entre elles part au milieu d'un des côtés de la tour.
Cette disposition rappelle celle du château des Allymes, une bâtie modeste avec la même fonction d'avant-poste, construite également au XIVe siècle, et suggère une entrée de la forteresse côté ouest. Cela permettait aux ennemis de se présenter au pied de la tour, sur une pente très raide, en utilisant le principe d'adextrement.
- On peut apercevoir les portes d'accès au chemin de ronde au deuxième étage de la tour. Ce chemin de ronde devait épouser le relief et constituer, à l'instar des bâties alentours (bâtie des Allymes, bâtie de Luisandre), un quadrilatère ceinturant une haute-cour.
- La tour devait posséder à son sommet, non pas un toit avec une charpente, mais une terrasse avec un engin de jet de type Bricole (arme)[9] - [8].
On distingue, à l'instar du donjon du château des Allymes, au sommet de l'édifice, deux fenêtres, sur chaque face de la tour, pourvus autrefois de volets en bois, derrière lesquels les soldats devaient protéger la forteresse à l'aide d'Arbalète[8].
Manifestations culturelles
Un sentier historique, avec des bornes pédagogiques en pierre, permet de découvrir l'histoire du site.
- fĂŞte de la tour en juillet 2014
Des spectacles son et lumières, faisant parfois intervenir une troupe médiévale, ont déjà été organisés, lors de fête de la tour début juillet.
Iconographie
La tour du château de Saint-Denis-en-Bugey est représentée sur une des cinq fresques conservées au château de la Tour-des-Échelles. L'une d'elles, restaurées, nous montre notamment la tour des Échelles à l'intérieur d'une perspective alignant la tour de Saint-Denis et les châteaux de Saint-Germain et des Allymes[8].
Notes et références
- « Château (ancien) », notice no PA00116547, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Coordonnées trouvées sur Géoportail.
- Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 1021.
- « Un peu d'histoire », sur www.mairie-saintdenisenbugey.fr (consulté le ).
- Alain Kersuzan, Châteaux et fortifications au Moyen-Age dans l'Ain des montagnes, Patrimoine des Pays de l'Ain, (ISBN 978-2-90-765653-5), pp.154-157.
- Topographie historique du département de l'Ain 1873, p. 339-340.
- Charles-Laurent Salch et Joseph-Frédéric Finó (photogr. Dominique Martinez), Atlas des châteaux forts en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 19e éd. (1re éd. 1977), 834 p., p. 26 (cf. Saint-Denis-en-Bugey).
- Alain Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey - Les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné (1282 - 1355), collection Histoire et Archéologie médiévales no 14, Presses universitaires de Lyon, Lyon, 2005, (ISBN 272970762X), p. 13.
- Alain Kersuzan, Châteaux et fortifications au Moyen-Age dans l'Ain des montagnes, Patrimoine des Pays de l'Ain, (ISBN 978-2-90-765653-5)
Voir aussi
Bibliographie
- Aimé Vingtrinier, La tour de Saint-Denis-en-Bugey, Lyon, (lire en ligne).
- Marie-Claude Guigue, Topographie historique du département de l'Ain, Bourg, Gromier Ainé, , 518 p. (BNF 30556006, lire en ligne)
- Alain Kersuzan, DĂ©fendre la Bresse et le Bugey, 2005
- Alain Kersuzan, Châteaux et fortifications au Moyen-Age dans l'Ain des montagnes, 2015