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Château de Montanier

Le château de Montagnier est un ancien château fort, probablement du XIIIe siècle, dont les ruines se dressent dans la commune de Samoëns dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Entre les XIVe et XVIe siècles, il est le siège d'une châtellenie. Depuis 1906, il est intégré dans le jardin botanique alpin La Jaÿsinia.

Château de Montanier
Image illustrative de l’article Château de Montanier
Ruines du château
Nom local de Samoëns
de Montagnier,
de Montagny,
de Tournelette,
de Tornalta(z)
Type Château fort
Début construction vers le XIIIe siècle
Propriétaire initial inconnu
Destination initiale Résidence seigneurial
Destination actuelle Ruines
Coordonnées 46° 05′ 55″ nord, 6° 43′ 03″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Faucigny
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Samoëns
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Montanier
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Château de Montanier

Toponyme

On trouve plusieurs formes attestées pour nommer le château. Dans son article « Les anciens châteaux du Faucigny » (1929), l'érudit local Lucien Guy, de l'Académie Florimontane, tout comme l'archéologue suisse, Louis Blondel (1956), relèvent dans de nombreux actes la mention castrum Montanerii[2] - [3]. Le premier retient la forme moderne Montanier, que l'on trouve également sous les formes Montagnier, Montagny[2] - [4]. Ces deux dernières étant celles retenues par les auteurs du Régeste genevois (1866)[5]. Le nom pourrait « [rappeler] sans doute sa situation au milieu des montagnes »[2].

Louis Blondel prend pour titre, dans sa classification des châteaux savoyards, la forme château de Samoëns (Castrum et Castellania Septimontii)[2], tout comme anciennement Jean-Louis Grillet (1807)[6].

Le château est aussi parfois qualifié, selon les auteurs, « vulgairement et improprement Tournelette » (Guy 1929)[2] - [4], que l'on trouve sous les formes la Tornaltaz (« tour haute » en franco-provençal)[7], voire plus récemment la Tornalta.

Localisation

Le château de Montagnier se situait sur un rocher nummulitique[8], à 200 mètres au-dessus, du développement du bourg de Samoëns[9] - [10].. Le château contrôle ainsi en partie la haute-vallée du Giffre, et l'accès notamment aux cols de Joux Plane (vallée d'Aulps - Chablais), de la Golèse (Golaise) et de Cou (Couz) (Val d'Illiez - Valais)[11] et l'accès à Sixt.

Le lieu-dit s'appelait encore « le Château » à la fin du XIXe siècle[5], avant son intégration au jardin botanique alpin La Jaÿsinia en 1906, créé par la fondation Cognacq-Jay[8].

Historique

Le château n'est pas mentionné avant le début du XIVe siècle, mais il semble avoir été édifié dans le style du siècle précédent pour les spécialistes[10] - [7]. Albanis Beaumont, dans « Description des Alpes grecques et cotiennes (IV) » (1802 et 1806), émet même l'hypothèse d'une première installation castrale remontant l'époque burgonde[7] :

« Le bourg de Samoens est très ancien, mais l'on n'a rien de certain sur son origine ; on sait seulement que, dans le dixième siècle les barons de Faucigny venaient résider dans leur château de la Tournellette pendant l'été pour chasser aux bêtes fauves. Ce château, dont il ne reste plus que des ruines, date d'une très haute antiquité. Je le croirais même bâti du temps du premier royaume de Bourgogne par un des gouverneurs de ces souverains, car il n'existe aucun doute que les Bourguignons aient occupé cette vallée[12]. »

Il n'est cependant pas nommé dans la liste des châteaux que le seigneur de Faucigny Pierre de Savoie et sa femme, Agnès[12] - [13] possèdent.

Les premières mentions du château sont plutôt tardives 1309[3] - [7]. Dans un acte indiquant que le château est mis en hypothèque pour la dot du mariage entre Hugues, fils d'Humbert Ier, dauphin de Viennois, et Marie, fille du comte Amédée V de Savoie[3]. C'est vers cette période, vers 1305[14] ou 1309[15], que le château devient le centre d'une châtellenie. Jusque-là, il dépendait de Châtillon[15]. Il semble par ailleurs que la fortification ait été réaménagée ou renforcée à cette date[10].

En 1339, un échange s'effectue entre Humbert de Viennois et Hugues de Genève[3]. Le château est cédé à Hugues, avec d'autres biens, en raison de son soutien lors des guerres delphino-savoyardes[3]. Lorsque le conflit prend fin avec les traités de 1354-1355, la châtellenie passe définitivement, avec la baronnie de Faucigny, à la maison de Savoie[8].

Dans le contexte des guerres de Bourgogne, opposant les Bourguignons et les Savoyards à la Confédération suisse, les Valaisans repoussent les armées savoyardes en Bas-Valais. Ils traversent ensuite les monts, passent le col de Joux Plane et descendent sur Samoëns, le . Le château est très probablement détruit lors de la prise et de l'incendie du bourg de Samoëns[10] - [8] - [16]. Il ne semble pas avoir été restauré par la suite[10].

En 1699, la seigneurie, devenue un marquisat, est achetée par la famille Salteur de la Serraz[6] - [14].

Avec l'aménagement du jardin botanique alpin La Jaÿsinia, en 1906, les ruines ont été transformées en partie en abri[10].

Description

Le château s'est établi sur une motte naturelle avec une pente escarpée facile à défendre[9] - [7]. L'ensemble reste cependant assez sommaire[15].

De nos jours, il ne reste visible qu'une ancienne enceinte quasi circulaire de 75 mètres de circonférence[9] - [2], qui reprend les courbes de la motte[10].

Les comptes de châtellenie de Samoëns, conservés aux Archives départementales de la Savoie, permettent de connaître les différents travaux effectués sur le château à partir de 1355, sur une période de 165 ans[17]. Ils ont ainsi permis aux archéologues de reconstituer l'organisation castrale. La fortification comprenait ainsi un ou deux corps de logis[10], « une petite et une grande prison, plusieurs salles à plafond lambrissé, une grande pièce dite la Chambre (aula), des escaliers en bois »[17].

L'entrée principale se trouvait à l'est[17]. À l'ouest, se trouvait une ouverture, dite « l'archière »[17]. L'édifice possédait une tour de 3 mètres par 4[18] - [10].

Châtellenie de Samoëns

Organisation

Le château de Montanier est le centre d'une châtellenie, dite aussi mandement, en Faucigny[19] - [20], mise en place dès 1305[3] - [14] ou 1309[15]. Le Faucigny serait organisée autour de neuf châtellenies[Note 1] à la fin du XIIe siècle dont Samoëns occupait le 7e rang dans l'ordre de préséance, selon l'ancien inventaire des titres du Faucigny (1431), cité notamment par le chanoine Jean-Louis Grillet[21] - [19].

Durant la période delphinale, le Faucigny serait organisé (à partir de 1342-1343) autour de quinze châtellenies, dont Montanier[22].

Le territoire de la châtellenie comprend Morillon et ses trois hameaux (le Vernet, Honora et les Miaux), situés à l'ouest sur la rive gauche du Giffre et en aval du bourg de Samoëns[23], le village de Vallon, dans une plaine située au sud-est[24]

Villages, paroisses, fortifications de la châtellenie de Montanier[25]
CommuneNomType
MorillonLe Châtelardchâtelet
SamoënsChâteau de Samöenschâteau
SamoënsMaison forte de Lucingemaison forte
SamoënsMaison forte de Vallonmaison forte

Au XVIIe siècle, les armes du mandement se blasonnaient ainsi : trois paux de gueules sur or avec un pin[26].

Châtelains

Le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[27] - [28]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[29]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[30].

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes : Le Faucigny, Roanne, Éditions Horvath, , 619 p. (ISBN 2-7171-0159-4), p. 535-544 « Samoëns ».
  • Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p., p. 295.
  • Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN 978-2-84265-326-2), p. 59.
  • Colette Gérôme, Histoire de Samoëns : Sept montagnes et des siècles, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 255 p. (ISBN 978-2-84206-274-3, lire en ligne).
  • Lucien Guy, « Les anciens châteaux du Faucigny - Château de Chuet (section) », Mémoires & documents, vol. 47,‎ , p. 143-147 (lire en ligne).
  • [PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263,‎ (lire en ligne) extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Etienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne).
  • André Perret, « Les fiefs de la châtellenie de Samoëns. Leur origine et la succession de Lucinge », Mémoires et documents publiés par l'Académie du Faucigny, t. 10,‎ , p. 15-21 (lire en ligne)
  • André Perret, « Les fiefs de la châtellenie de Samoëns. De l'émiettement féodal à la baronnie de Saint-Christophe », Mémoires et documents publiés par l'Académie du Faucigny, t. 11,‎ , p. 17-24 (lire en ligne)
  • Hippolyte Tavernier, Histoire de Samoëns, Haute-Savoie : 1167-1792, Chambéry, imp. Ménard, , 291 p. (lire en ligne).

Fonds d'archives

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Liste des neuf châtellenies reprenant l'ordre de préséance : Châtillon, Toisinges (Bonneville), Bonne, Sallanches, Faucigny, Le Châtelet du Crédoz, Samoëns, Montjoie et Flumet[21].
  2. Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[34].

Références

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. Guy 1929, p. 196.
  3. Blondel 1956, p. 295.
  4. Tavernier 1892, p. 31 (lire en ligne).
  5. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 467, Table alphabétique générale, « Montagny » (lire en ligne).
  6. Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 346-349 « Samoens ». (lire e ligne).
  7. Histoire de Samoëns, p. 18-19 (lire en ligne).
  8. Guy 1929, p. 197.
  9. Tavernier 1892, p. 29 (lire en ligne).
  10. Histoire des communes savoyardes 1980, p. 544.
  11. Tavernier 1892, p. 36 (lire en ligne).
  12. Tavernier 1892, p. 30 (lire en ligne).
  13. Acte du publié dans le Régeste genevois (1866) (REG 0/0/1/955).
  14. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 84.
  15. Histoire des communes savoyardes 1980, p. 536.
  16. Histoire de Samoëns, p. 44 (lire en ligne).
  17. Tavernier 1892, p. 44-47 (lire en ligne).
  18. Tavernier 1892, p. 52 (lire en ligne).
  19. Auguste Dufour et François Rabut, Histoire de la commune de Flumet, t. 11, Chambéry, Imprimerie du Gouvernement - Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, coll. « Mémoires et documents », , 62-68 p. (lire en ligne).
  20. Guy Gavard (préf. Paul Guichonnet), Histoire d'Annemasse et des communes voisines : les relations avec Genève de l'époque romaine à l'an 2000, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 439 p. (ISBN 978-2-84206-342-9, lire en ligne), p. 65.
  21. Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 264. (Volume 2, lire en ligne)
  22. Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 195.
  23. Tavernier 1892, p. 49 (lire en ligne).
  24. Tavernier 1892, p. 51 (lire en ligne).
  25. Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
  26. J.-F. Gonthier, « Funérailles de Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1659) », Revue savoisienne, vol. XI, no série II,‎ , p. 249 (lire en ligne)
  27. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  28. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  29. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe-XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  30. Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
  31. ADS1.
  32. Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
  33. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 948, « Samoëns ».
  34. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.
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