Château de Lacoste (Vaucluse)
Le château de Lacoste (anciennement et conformément à l'étymologie, La Coste) est situé dans le village éponyme, dans le département de Vaucluse et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les habitants du village et de la région le nomment généralement « le château du marquis de Sade », car ce fut son dernier propriétaire, jusqu'au moment où l'édifice fut détruit, pendant la Révolution française.
Château de Lacoste | ||||
Les ruines du château de Lacoste une des trois résidences du marquis de Sade en Vaucluse. | ||||
Début construction | XIe siècle | |||
---|---|---|---|---|
Propriétaire initial | Famille de Simiane | |||
Destination initiale | résidence seigneuriale | |||
Propriétaire actuel | Pierre Cardin | |||
Protection | Inscrit MH (1992) | |||
Coordonnées | 43° 49′ 57″ nord, 5° 16′ 19″ est | |||
Pays | France | |||
RĂ©gion historique | Provence | |||
RĂ©gion | Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur | |||
DĂ©partement | Vaucluse | |||
Commune | Lacoste | |||
GĂ©olocalisation sur la carte : Vaucluse
GĂ©olocalisation sur la carte : Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur
GĂ©olocalisation sur la carte : France
| ||||
Emplacement
Il est posé sur le sommet d'une extension du flanc nord du petit Luberon sur laquelle est regroupé le village. Cette position offre à ses occupants de superbes vues sur la vallée du Calavon, les monts de Vaucluse avec en arrière-plan le Ventoux et les Alpes, mais aussi sur le village de Bonnieux que l'on aperçoit sur une proche colline.
Histoire
Son origine est du XIe siècle[1], mais il a été largement modifié par la suite.
Il est longtemps resté la propriété de la famille des Simiane issue de la maison d’Agoult[2].
Deux hypothèses s'affrontent quant au passage des Simiane aux Sade.
- En 1627, Diane Simiane épouse Jean-Baptiste de Sade, ancêtre du Marquis de Sade, qui devient alors propriétaire du domaine.
- En 1716, Isabelle Simiane lègue le château à son cousin Gaspard François de Sade, Seigneur de Saumane et de Mazan. Cette dernière hypothèse reste la plus probable.
Le marquis de Sade y séjourna de 1769 à 1772, entre le scandale d'Arcueil et celui de Marseille, puis après celui-ci et sa fuite en Italie, s'y réfugia jusqu'à son incarcération au donjon de Vincennes en 1777. Évadé lors de son transfert à Aix, il s'y réfugiera une dernière fois du au [3] avant d'être reconduit à Vincennes.
C’est en 1772 qu'il fit ici son plus long séjour, au cours duquel il se fit construire dans son château un théâtre pouvant accueillir 120 spectateurs à chaque représentation. Tout au long de ses internements, il aura pour La Coste « un attachement extraordinaire », comme en témoigne sa correspondance, en particulier avec Gaufridy, notaire d'Apt qui s'occupe de ses affaires et biens en Provence.
À la Révolution, le château est vandalisé et détruit en grande partie, en . Les matériaux qui le composaient sont revendus pour d'autres constructions. Sade, qui est alors à Paris et membre de la section des Piques, est au désespoir : « Quelle perte ! Elle est au-dessus de l'expression. [...] Je suis au désespoir ! »[4]
Criblé de dettes, en l’an IV de la République[5], Sade est contraint de vendre le château[6] et ses terres à Rovère, député de Vaucluse, natif de Bonnieux, qui entend « fonder une sorte de dynastie »[7] dans la région. Mais le grand projet de prospérité du député fera long feu, puisqu'il sera victime du coup d'État du 18 fructidor, et sera déporté en Guyane où il mourra à Sinnamary en 1798.
Le , Maître André rédige l'acte de vente du domaine de Lacoste au Sieur Pierre Grégoire, menuisier et agriculteur. Le château est acheté pour la somme de douze cents francs à Madame Marie de Belmont, veuve Rovère : « en ruine... sans portes, fenêtres ni fers et couvert en partie avec dépendances quelconques en terre labourable, hermes et rochers... »[8].
En 1952, André Bouer, professeur des collèges, en devient propriétaire et se consacre alors à sa restauration[1].
Le , le château est inscrit au titre des monuments historiques[9].
En 2001, le couturier français d'origine italienne Pierre Cardin (1922-2020), membre de l'Académie des beaux-arts depuis 1992, l'achète[1], s'engageant auprès de l'ancien propriétaire à le céder à l'Institut de France à sa mort[10]. Il y lance le Festival de Lacoste d'art lyrique et de théâtre, événement estival annuel organisé dans les carrières à l'ouest du château en ruine[11] dont il entreprend la restauration[10]. En 2020, il lance le premier Festival du Cinéma de Lacoste. Pierre Cardin meurt le .
Le château dans l'art
Le marquis de Sade avait décrit son château dans La Marquise de Gange (1813) et dans Les Cent Vingt Journées de Sodome sous le nom de château de Silling.
Notes
- Page du château sur le site de l'office de tourisme
- « Château de Lacoste » (consulté le )
- Maurice Heine, Le Marquis de Sade, Gallimard, 1950, p. 244.
- Cité par Jean-Jacques Pauvert, Sade vivant, Éditions Le Tripode, 2013, p. 828.
- Ce qui correspond à l'année 1796.
- Il était devenu pour lui « ce caprice de la nature ».
- Jean-Jacques Pauvert, Sade vivant, p. 974. Sur les détails compliqués de cette vente du château par Sade, voir le chapitre « Obsessions et châteaux de sable », p. 974-980.
- [actes n°133 et 134 (7 folios) AD Vaucluse 3E20 374
- Notice no PA00082229, base Mérimée, ministère français de la Culture
- La grogne des habitants de Lacoste quand Pierre Cardin rachetait une partie du village..., franceinfo Culture, 29 décembre 2020 (en ligne sur francetvinfo.fr
- www.festivaldelacoste.com Site du Festival de Lacoste
Bibliographie
- Jules Courtet, Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique du département du Vaucluse, Avignon, 1876.
- Robert Bailly, Dictionnaire des communes du Vaucluse, Éd. A. Barthélemy, Avignon, 1986.
- Henri Fauville, La Coste – Sade en Provence, Édisud, Aix-en-Provence, 1984